Annonciation de Jacopo Bellini, Chiesa di Sant'Alessandro à Brescia © Renata Sedmakova - Shutterstock.com .jpg
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Bustes de Saints par Cosimo Fanzago, Certosa di San Martino © Cosimo Fanzago - shutterstock.com.jpg

Antiquité

La constitution de l’Empire romain coïncide avec l’apogée de la tradition grecque. La manière romaine se perfectionne au contact de l’art hellénique, en particulier des bronzes. Les sculpteurs copient les œuvres grecques pour se former. Puis, à partir de ces modèles, ils innovent : on leur doit notamment le buste (qui s’arrête aux épaules ou au cou) et la popularisation du portrait qui n’est plus l’apanage de l’empereur.

Héritées de la tradition byzantine, les fresques et les mosaïques illustrent des scènes mythologiques ou quotidiennes. Elles embellissent aussi bien les maisons que les temples, parfois associées aux fresques, peintes directement sur les murs. L’une des plus riches et des plus anciennes collections d’art antique du monde, le Museo Archeologico nazionale di Napoli abrite au rez-de-chaussée des sculptures grecques et romaines de la collection Farnèse. À l’étage, des vestiges proviennent de Pompéi et Herculanum dont la célèbre mosaïque d’Alexandre le Grand, issue de la Maison du Faune. La visite complète l’excursion du site, jadis recouvert par les cendres du Vésuve. Parmi les merveilles in situ : les fresques flamboyantes de la villa des Mystères ; la Maison du poète tragique, pour ses scènes de mythologie grecque ; la somptueuse Domus des Vettii.

Le style byzantin marque longuement l’art chrétien. Il se caractérise par les thèmes religieux et impériaux, la pratique de l’icône et de la mosaïque, la stylisation des motifs et l’or qui suscite l’émerveillement. Les apports de Byzance imprègnent particulièrement la Basilicate et certains bourgs calabrais. L’Italie méridionale s’affirme comme le premier foyer de la peinture byzantine, du Xe au XIVe siècle. À voir : les fresques de Carpignano (Xe siècle), de Vaste ou de San Vito dei Normanni (XIIe siècle) et la Chapelle de San-Stefano à Soleto (XIIIe et XIVe siècles).

Dans le Nord, le modèle byzantin disparaît au profit d'un art chrétien. Les églises s’ornent de peintures et de sculptures pieuses. L'art médiéval, mis au service des croyances, s’appuie sur le symbolisme pictural pour chanter les valeurs chrétiennes.

Sculpture médiévale

Après une domination étrusque, les Lombards s’installent en territoire romain dès 568. Dans le nord-ouest de l’Italie, le style roman se développe à la fin du XIe siècle et rayonne jusqu’en Sardaigne et en Angleterre. Les innovations esthétiques arrivent par les Alpes, apportées par les artistes venus des pays frontaliers pour travailler. Les modèles nés en Europe du Nord sont ainsi diffusés dans la région de Côme. Ils modifient l’architecture et l’art religieux en général.

Les premiers maîtres de l’art roman lombard sont des sculpteurs anonymes itinérants. Nombre d’entre eux convergent dans la région de Côme. Ces « Maîtres de Côme » contribuent à l’émergence du style lombard. Ils taillent des figures zoomorphes, griffons et autres monstres à l’extérieur de la basilique Sant’Abbondio ainsi que dans le chœur de la basilique San Fedele. Plus rares à cette époque, les représentations humaines, trapues et peu réalistes, contrastent avec les ornements animaliers et végétaux plus élaborés.

À leur suite, d’autres maîtres s’illustrent dans le nord de l’Italie : Wiligelmo à Modène, Nicolaus à la cathédrale de Piacenza et à Ferrare ; en 1138, il participe au tympan polychrome de la basilique San Zeno à Vérone. En 1139, il sculpte pour le portail de la cathédrale de Vérone une Madone, une scène d’Annonciation et une Adoration des Mages qui révèlent des éléments empruntés au nord de l’Espagne.

Peinture murale

De larges peintures murales ornent les églises au XIe siècle. La Lombardie conserve de magnifiques fresques romanes comme à Civate (Lecco), à San Pietro Al Monte, ou encore la chapelle San Martino à Carugo (Côme). Les artistes s’affranchissent du modèle byzantin. Les figures s’allongent et un courant plus naturaliste émerge au début du XIIIe siècle ainsi qu’on peut le noter dans la fresque du Sacrifice d’Isaac de l’église San Jacopo do Grissiano qui a pour décor les pics enneigés des Dolomites.

Le XIIIe siècle sonne le début d’une vaste conquête de la réalité qui bouleverse la peinture occidentale. Cimabue et son élève Giotto sont les premiers à bousculer le modèle byzantin. Insérant de la vie, des émotions et des éléments de paysage dans sa peinture, cet artiste lance le « nouveau naturalisme ». Les personnages divins se rapprochent de l’humain.

À l’École de Sienne, les traditions byzantines sont balayées par un art gothique animé par Simone Martini et les frères Lorenzetti, remarquables pour leur travail du détail.

Des scuole à l’école vénitienne

Apparues au XIIIe siècle à Venise, les scuole se définissent comme des confréries de bienfaisance. Les plus aisées font appel aux artistes pour bâtir ou embellir leurs locaux, et ainsi affirmer leur prestige. Indirectement, elles stimulent la création artistique et participent à l’épanouissement de l’école vénitienne. Elle aboutit à un style unique, le plus reconnaissable de toutes les écoles italiennes, entre enseignements gothiques et byzantins, et particularités locales.

La Renaissance arrive à Venise par l’atelier de Jacopo Bellini (1400-1470). Premier peintre à se dégager pleinement du gothique, il repense la notion de perspective et de composition de l’espace. À Venise, ses œuvres sont visibles à la Galleria dell’Accademia ou au Museo Correr.

Disciple de Giovanni Bellini, fils de Jacopo, le Titien (vers 1488-1576) explore tous les genres au cours de sa longue vie : fresques (Histoire de saint Antoine, Scuola del Santo de Padoue), portraits et autoportraits, scènes mythologiques et religieuses. Il excelle dans le rendu de la lumière et du mouvement. Inventeur de l’effet de halo, il privilégie la couleur à la forme. L’art du Titien exerce un retentissement considérable sur l’art européen.

Coloriste sans égal, Véronèse (1528-1588) est le peintre de la splendeur vénitienne. Même dans ses sujets bibliques, le luxe et la beauté l’emportent sur la ferveur religieuse. Les fresques de la Villa Barbaro di Maser mettent en évidence une recherche sur la perception de l’espace pictural confronté à l’espace architectural.

Mécénat et Quattrocento

À la fin du Moyen Âge, la misère frappe le sud de l’Italie. Le centre et le nord, particulièrement florissants, canalisent les innovations de la Renaissance.

À Rome, le principal commanditaire est le pape. Pie II, amateur d’art, ne jure que par l’Antiquité. Mais nous devons à Sixte IV la première phase du projet le plus ambitieux de cette période : la chapelle Sixtine réunit Michel-Ange, Raphaël et Sebastiano del Piombo. En peinture aussi bien qu’en sculpture, ces génies de la Renaissance romaine redéfinissent radicalement la notion de classicisme.

Au XVe siècle, les grandes familles princières règnent sur les cités italiennes. Le mécénat bat son plein : les Médicis à Florence, les Sforza à Milan. C'est d'ailleurs avec l’École florentine que les premiers peintres de la Renaissance s'expriment.

La première Renaissance italienne, ou Quattrocento, est représentée par Masaccio. Inventeur du point de fuite unique, il redéfinit la perspective, les volumes et les proportions. L’architecte Brunelleschi conçoit la première coupole. À cette époque décisive d'ouverture sur le monde et la connaissance, l'art religieux s’en trouve bousculé. Les sujets profanes entrent en scène.

Sforza, Milan et Leonardo

La scène artistique milanaise atteint son apogée avec l’arrivée de deux maîtres : Bramante, en 1479, et Léonard de Vinci en 1482. Cette explosion créative est rendue possible par les mécènes.

Francesco Sforza et ses descendants sont à l’origine des commandes les plus exceptionnelles. Vincenzo Foppa exécute pour lui quelques fresques de la chapelle Portinari. Là, il applique magnifiquement les leçons de l’architecture à la peinture : créer l’illusion de l’espace par l’entremise d’un point de fuite unique.

Ludovico il Moro confie à Leonardo la décoration d’un petit mur du réfectoire de Santa Maria delle Grazie, le Cenacolo Vinciano. Le génie réalise en 1498 la célébrissime Cène. Les vives émotions des apôtres dominent la composition des figures regroupées par trois, ce qui isole le Christ au centre. La lumière reprend l’éclairage naturel de la pièce afin de donner au spectateur l’impression d’entrer dans la scène.

Le génie de Leonardo (1452-1519) frappe les esprits de ses élèves directs et indirects durant plusieurs décennies. Fils de paysan, Leonardo entre à la cour du duc de Milan Ludovic Sforza en tant qu’ingénieur. Féru de mathématiques, de musique, de sculpture, de sciences, de dessin et d’architecture, il reçoit bien vite des commandes de tableaux. Il consigne ses études dans des carnets, ses œuvres restant pour la plupart inachevées. La perspective et son ordonnance géométrique compte parmi ses principaux sujets d’étude.

La composition étudiée, la mélancolie des visages, le sfumato (contours atténués par une sorte de brume), les visages androgynes, l’éclairage diffus constituent ses apports majeurs, perpétués par les « leonardeschi ». Actifs au XVIe siècle, Boltraffio, Andrea Solario, Cesare da Sesto, Bernardino Luini et Agostino da Lodi participent à l’harmonisation du goût en diffusant ses enseignements dans le Duché et même bien au-delà de Milan.

Parmi les chefs-d’œuvre de l’incontournable Pinacoteca ambrosiana de Milan, citons Leonardo, Raphaël, Botticelli ainsi que Caravage dont la Nature morte préfigure la peinture baroque.

Style baroque

« L’école napolitaine » s’affirme au XIVe siècle. De Naples, le souffle baroque s’étend en Campanie, dans les Pouilles et en Calabre. L’une de ces tendances dérive du style du Giotto, venu exécuter les fresques à la Santa-Chiara et à l'Incoronata (Naples). Parmi ses élèves, Tommaso de Stefani, né à en 1324, est connu sous le surnom de « Giottino ».

Chassé de Rome, le Caravage (1571-1610) séjourne à Naples. Reconnu comme le grand peintre baroque, ce personnage tumultueux et maître absolu du clair-obscur fait une forte impression sur les artistes napolitains. Parmi les peintres régionaux à retenir : Mattia Preti (1613-1699), le « cavalier calabrais », est l’un des peintres du XVIIe siècle les plus réputés en son temps. Certains de ses travaux ornent l’église de San Domenico, à Taverna. Sa peinture est fortement imprégnée du style du Caravage et de Véronèse.

Le baroque, paroxysme de la ferveur religieuse, fait fureur dans toute l’Italie jusqu’au XVIIIe siècle. À Naples, Cosimo Fanzago (1593-1678) sculpte une abondance de saints à l’étrange réalisme. À l’inverse, à Rome, un courant austère du baroque est porté par Borromini, et un plus fantaisiste par Bernini. Ces maîtres sont représentés dans les sublimes collections de la Villa Borghese à Rome.

La Pinacoteca Nazionale de Bologne présente un large panorama de l’art religieux du XIIIe siècle au baroque : Giorgio Vasari, Guido Reni, Raphaël ou Le Tintoret.

Vers le modernisme

Le néoclassicisme part en quête de la beauté absolue, avec le sculpteur Antonio Canova (1757-1822). Mais aux XVIIIe et XIXe siècles, l'art italien s’essouffle.

En 1909, le poète Filippo Marinetti (1876-1944) publie le Manifeste du futurisme qui pose les jalons du courant futuriste. Constitué à Milan, cet art urbain ne se limite pas aux arts graphiques. Le futurisme prône une esthétique fondée sur le progrès, la machine, la vitesse. Le futurisme figure des cités imaginaires ou le mouvement stylisé des machines dans des couleurs vives. Dans ses rangs, on compte Sant'Elia, Balla, Cara ou Russolo.

À découvrir au Padiglione d'arte contemporanea) et au Museo del Novecento qui abrite le célèbre bronze de Boccioni, Homme en mouvement.

Création au grand air

En Italie du Sud, le street art est un mode de vie. La fresque publique, digne héritière de l’Antiquité, est prisée jusque dans les bourgs les plus reculés.

La Calabre est une pionnière de la revalorisation d’une ville par le street art. Dès 1981, « l’Operazione Murales » est lancée par Nani Razetti et hisse Diamante au statut de ville des fresques. Catanzaro accueille l’Altrove Festival et son célèbre concours qui lui a valu le titre de capitale italienne du street art 2016. Autre particularité, ce village promeut à travers l’art urbain le tourisme religieux !

Dans les Pouilles, à Lecce, le quartier 167 accueille un vaste projet chapeauté par Don Gerardo Ippolito, prêtre de l’église San Giovanni Battista. De grands noms de la scène mondiale ont rejoint ce programme d’envergure.

Le centre-ville de Bari abrite une variété de fresques. Via Quintino Sella, une peinture murale d’Angela Matarrese rend hommage au compositeur Ennio Morricone. Le circuit autour de San Cataldo part du « muro della gentilezza » réalisé par trois artistes de Bari. Le quartier de San Cataldo associe embruns et graffitis.

Et dans les métropoles, cosa succede ? À Rome, on dénombre pas moins de 75 Spaces Invaders, des mosaïques signées par l’artiste français Invader. Les quartiers de Monti, Trastevere et Tor Marancia sont à explorer en priorité. Insolite : la plus grande fresque écologique d’Europe a été réalisée dans le quartier Ostiense, à l’aide d’une peinture mangeuse de pollution. Hunting pollution est une « mange smog » signée par Federico Massa.

Naples conserve un Banksy mythique, sur la Piazza Gerolomini : la « Madone au pistolet » est la première fresque à avoir reçu la bénédiction de l’Église ! Dans le Quartier des Espagnols comme ailleurs, la thématique religieuse domine le street art napolitain.

À Milan, un parcours Musée d’Art Urbain Augmenté ou MAUA guide de fresques en graffitis. Par le truchement d’un smartphone, les œuvres de 200 artistes ressortent du mur sous les yeux ébahis des visiteurs.

Destination photo

Premier musée public d’Italie consacré à la photographie, le MUFOCO (Balsamo) met la photographie contemporaine à l’honneur en accordant une place de choix aux enfants du pays, comme Giovanni Gastel (1955-2021).

Les amateurs de photo feront halte à Matera, au Museo per la Fotografia – Pino Settanni. Settanni se définissait comme « un peintre avec un appareil photo ». Né en 1949 à Taranto, il réalise à ses débuts une série ayant pour thème l’Italie méridionale qui révèle son talent.

La photo contemporaine s’expose au MADRE de Naples au sein d’une exceptionnelle collection d’art international : Anish Kapoor, Buren, Sol Lewitt, Jimmie Durham…

Terre des passions

La collection d’art moderne et contemporain de la Fondation Biscozzi est conservée dans une demeure historique. Elle couvre l’abstraction européenne en faisant la part belle à l’Italie : Angelo Savelli, Mario Schifano, Gianni Bertini, Alberto Burri. Les onze salles abritent également des œuvres de Josef Albers, Hans Hartung et Jean Fautrier.

Deux collectionneurs de renom se sont établis à Venise. La mécène et galeriste américaine Peggy Guggenheim rachète en 1949 le Palazzo Venier dei Leoni sur le Grand Canal. Ce musée, collezione Peggy Guggenheim, à taille humaine rassemble des maîtres de l’art contemporain : Picasso, Mondrian, Chagall, Pollock, Dali, Kandinsky ou encore Magritte.

La collection Pinault se répartit sur deux sites d’exception restaurés par l’architecte Tadao Ando : le Palazzo Grassi et la Punta della Dogana. Les artistes sont conviés à réaliser des œuvres in situ, dans la pure tradition des mécènes qui font rayonner la culture italienne à travers le monde.