L'archipel de Vénus
Si loin et si proche, l’archipel toscan, encore intact, constitue le plus grand parc marin d'Europe avec ses 61 474 hectares de mer et ses 17 694 hectares de terre, et dont la création remonte à 1996. Ce chapelet d’îles offre une nature sauvage, des sanctuaires préservés, d'anciennes forteresses et des plages merveilleuses.
Selon la légende, tel un don des dieux, les sept îles toscanes se formèrent lorsque Vénus naquit des eaux, et que le diadème de perles qui embellissait son front se cassa. Les perles se dispersèrent alors à la surface de la mer devenant ainsi les îles de l'archipel toscan : Elbe, Gorgona, Capraia, Pianosa, Montecristo, Giglio et Giannutri.
Sur un plan historico-géographique, l'île d'Elbe représente un petit morceau de la Pangée, le supercontinent qui, il y a 250 millions d'années, regroupait l'ensemble des terres émergées. Là se sont formés les Alpes et les Apennins, dont l'île est la ramification la plus occidentale.Riche de ses 223 kilomètres carrés, l'Elbe est la plus grande île de l'archipel toscan et la troisième plus grande des îles italiennes, après la Sicile et la Sardaigne. Elle est aussi la préférée des touristes ! Longue de 29 kilomètres et large de 18,5 kilomètres, l’île étire ses 147 kilomètres de côtes découpées et offre des paysages variés : maquis, forêts de pins et de châtaigniers, cultures en terrasses, criques de galets ou de sable fin... Le mont Capanne, point culminant de l'île avec ses 1 019 mètres, résulte d'une levée de magma souterrain il y a 7 millions d’années, et se compose de granodiorite (un type de roche granitique).
D’un point de vue administratif, l'île d'Elbe appartient à la province de Livourne, en Toscane. D’une superficie de 22 987 kilomètres carrés, la Toscane est l’une des vingt régions d’Italie. L’île comprend huit communes : Portoferraio (chef-lieu et port principal), Campo nell'Elba, Capoliveri, Marciana, Marciana Marina, Porto Azzurro, Rio Marina et Rio nell'Elba.
Une île, trois régions
L’île d’Elbe est géographiquement, historiquement, géologiquement et culturellement divisée en trois régions distinctes. Cette approche se retrouve sur la plupart des cartes insulaires, mais aussi dans l’esprit de chaque Elbois. C’est également le découpage géographique que vous retrouverez au fil de ce guide, avec l’intention de coller au plus près de la réalité sur place.
La région occidentale, tout d’abord, constitue le versant ouest de l'île d'Elbe, isolée par la grande barrière naturelle que forme le mont Capanne. La côte de cette partie de l'île est si courbée que l'on semble être sur un grand balcon ouvert sur la mer.
Quant à la région centre de l'île d'Elbe, son relief est nettement plus plat que les versants voisins. Pinèdes et garrigues couvrent de douces collines, autrefois cultivées et pâturées. Les fortifications médicéennes de Portoferraio, capitale historique et principale porte d'entrée de l'île, se dressent sur la côte nord. La région centrale compte en outre quelques-unes des plus belles plages elboises.
Enfin, la région orientale, qui forme le versant est de l’île, dévoile un formidable caractère minéralogique. Entre les plages de sable noir et les rochers de couleur rouge violacé, infiltrés d'oxyde de fer, qui s'avancent dans la mer, c’est une véritable explosion de couleurs qui vous attend ! Les nombreux minerais et hydroxydes de fer (magnétite, hématite, limonite, pyrite, ilvaïte...), de teintes et d'oxydations exceptionnellement variées, sont presque partout visibles. Cette région constitue le cœur minier ancestral de l'île d’Elbe, et offre une saisissante palette de contrastes entre plages, montagnes, maquis et anciennes carrières de fer.Géologie
Initiée il y a 230 millions d'années, la formation géologique des sept îles de la Toscane est très diversifiée : Capraia est par exemple volcanique, Pianosa constituée de calcaire, tandis que Giglio et Montecristo sont essentiellement granitiques. Cette variété géologique influence la forme et le paysage de chaque île.
Sur l’île d'Elbe, la variété géologique est remarquable. Parmi les sept îles de l'archipel, l’Elbe est la plus diversifiée sur le plan géomorphologique. Il existe trois zones distinctes : la région occidentale avec les crêtes granitiques du mont Capanne ; la région centrale formée de plaines et peu de relief ; la zone orientale, enfin, riche en roches métamorphiques contenant du fer. Les minerais de fer présents à l'est de l'île ont, en effet, été exploités dès l'ère étrusque. Le promontoire du mont Calamita abrite notamment la mine de Ginevro (galleria del Ginevro), l'unique mine souterraine sur l'île d'Elbe, creusée jusqu'à plus de cinquante mètres au-dessous du niveau de la mer, et surtout la plus grande réserve de fer d'Europe ! On dit que cette mine, fermée en 1981, comportait tellement de fer que même les boussoles des marins s'y perdaient ! Il fallait donc faire de savants calculs afin de pallier cet inconvénient et de se repérer.
Sachez que l'île d'Elbe détient l'un des gisements minéralogiques les plus importants au monde. L'Unesco a d’ailleurs classé l'Elbe dans la liste des sites d'intérêt géologique. Un véritable musée minéralogique à ciel ouvert ! Les gisements de l’Elbe figurent également parmi les plus anciens dépôts ferrifères de la planète. L'exploitation et la production de fer sur l’île sont notamment liées à l’ancienne ville minière de Rio Marina, caractérisée par la couleur rougeâtre de l'oxyde de fer, en outre citée par Virgile dans l'Enéide.
Particulièrement abondants, les minerais de fer ont influencé pendant des siècles la vie et les évènements historiques des insulaires. Parmi eux, citons l'hématite qui se trouve principalement dans les mines de Rio Marina, sur le versant est de l’île ; et la magnétite, le minéral le plus riche en fer, de couleur noire, essentiellement extraite sur le mont Calamita, au sud de Capoliveri. La pyrite est le plus visible des minéraux ferreux, car très brillant et de couleur jaune métal, en raison de la présence de soufre.
Un autre minerai de fer est l'ilvaïte, qui doit son nom au fait qu'il fut découvert sur l'île d'Elbe (Ilva en latin) en 1803. Il se reconnaît par ses cristaux prismatiques allongés, sa couleur noire mate, et se trouve principalement sur le mont Calamita. C’est d’ailleurs dans le Parc minier de Calamita que se trouve le musée Vecchia Officina, idéal pour saisir l'importance de l'industrie du fer depuis les Etrusques sur l’île, alors appelée « l’île aux mille feux ».