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Fresques peintes par Raphaël dans la chapelle de San Severo à Pérouse © Greta Gabaglio - Shutterstock.Com.jpg

Antiquité

D’occupation ancienne, les Marches disposent de sites antiques d’intérêt tels que le village de Faleria ou l’ancienne cité romaine du IIe siècle avant J.-C., Urbisaglia dont les reconstructions successives ont inclus les fondations romaines.

L’histoire de la charmante petite ville de Fermo, à quelques kilomètres de la côte adriatique, remonte à l’âge du bronze. Elle connaît ensuite un essor entre les VIIIe et IVe siècles avant notre ère. Son développement est retracé au Museo archeologico de Fermo, qui réunit les trouvailles des alentours. A visiter également, le Musée archéologique des Marches (Museo Archeologico Nazionale delle Marche) à Ancône, installé dans le Palazzo Ferretti. Le palais du XVIe siècle est par ailleurs orné de fresques et de bas-reliefs anciens qui méritent un arrêt.  Les collections archéologiques couvrent de larges périodes, du Paléolithique au Moyen Âge. Parmi ses pièces maîtresses, la Vénus de Frasassi a été retrouvée à l’entrée d’une grotte de la région. Sculptée dans un stalactite, la statuette de 8,7 cm porte merveilleusement ses 28 000 ans. Sa grande particularité tient à ses mains, jointes dans un geste d’offrande rarissime à cette époque. Son corps aux formes voluptueuses atteste une maîtrise remarquable.

Age d’or de la fresque : le Trecento

L’Ombrie et les Marches connaissent une forte prospérité au Moyen Âge, puis à la Renaissance. De ce fait, l’Ombrie attire des artistes d’exception : Giotto, Fra Angelico, Cimabue pour n’en citer que quelques-uns. L’art de la fresque atteint son apogée aux XIIIe et XIVe siècles. Les révolutions picturales sont portées par des talents qui feront école. Giotto à la basilique Saint-François d'Assise, Fra Lippi à Spolète, Raphaël à Pérouse et Urbino. Certains artistes sont originaires de ces régions, d’autres sont invités à exécuter des commandes parvenues jusqu’à nous.

Giotto, né aux alentours de 1266 et mort en 1337, est à la fois peintre, sculpteur et architecte. Les œuvres de cet artiste florentin marquent un renouveau dans la peinture occidentale. Il affirme son style dans l’art de la fresque, qui fait de lui un précurseur reconnu. Comme on peut le constater dans le cycle des fresques de la vie de saint François à Assise, qui couvrent les murs de l’église supérieure de la Basilica San Francesco, il applique avant l’heure la technique du trompe-l’œil. Pour cela, il se base sur les codes de la perspective. Ces principes sont en premier lieu élaborés dans les scènes de la Vie d’Isaac, qui ornent le transept. Par le truchement du trompe-l’œil, il peint un rideau et des éléments d’architecture pour ajouter un cadre à l’intérieur de la peinture. En jouant avec des colonnes torsadées, il crée l’illusion : les représentations de la vie de saint François semblent intégrées à la construction de l’édifice. Giotto réalise ces fresques remarquables à la demande du supérieur des Franciscains, dans les dernières années du XIIIe siècle. La basilique présente en outre les Épisodes de la vie et de la Passion du Christ, de Simone Martini (1280-1344).

Le Quattrocento

A Pérouse, Assise et Orvieto, le peintre du Quattrocento Fra Angelico (1387/1395-1455) témoigne d’un talent salué par Vasari. Le célèbre « frère des anges » a insufflé toute sa spiritualité dans ses scènes religieuses. Son sujet de prédilection qu’est la Vierge à l’Enfant est dépeinte avec une grâce émouvante. Dans ses peintures sur bois aussi bien que dans ses fresques, il associe les préceptes de la Renaissance aux canons médiévaux, notamment la force mystique de la lumière. Dans la cathédrale d’Orvieto (Duomo di Orvieto), la chapelle San Brizio abrite le fameux cycle de fresques Storie degli Ultimi Giorni (Histoires des Derniers jours). Débutée par Fra Angelico en 1447, avec l’assistance de Benozzo Gozzoli, la série est achevée par un élève de Piero della Francesca, Luca Signorelli, en 1502 (l’Apocalypse et le Jugement Dernier). Signorelli est considéré comme un artiste caractéristique de la Renaissance par l’importance qu’il accorde à la perspective et à l’anatomie.

La Cattedrale Santa Maria Assunta de Spolète, édifiée au XIe siècle à l’aide de blocs de pierre repris des constructions romaines, accueille dans son abside des fresques du peintre florentin de la première Renaissance, Filippo Lippi. Héritier des apports de Masaccio, Lippi n’a pas terminé d’illustrer dans le Duomo di Spoleto la vie de la Vierge lorsque survient son décès. Pour ne pas laisser ses fresques inachevées, Laurent de Médicis fait le voyage de Florence pour charger Filippino, le fils de Lippi, de mener le projet à terme. Il commande à l’occasion la construction d’un mausolée pour rendre hommage à Filippo Lippi. L’artiste repose dans le transept de la cathédrale. Lippi a compté parmi ses élèves le célèbre Sandro Botticelli.

La Renaissance classique : Raphaël

L’épanouissement pictural se prolonge dans ces régions, comme dans tout le nord de l’Italie. L’un des trois grands maîtres de le Renaissance voit le jour à Urbino. Raphaël, né Raffaello Sanzio en 1483, s’éteint prématurément en 1520, à Rome où il est devenu peinture officiel du Vatican. Peintre et architecte, il exercera, comme les deux autres maîtres de la Renaissance que sont Michel-Ange et Léonard de Vinci, une immense influence sur les arts des siècles à venir. Le père de Raphaël, Giovanni Santi, est un peintre reconnu qui dispense ses enseignements dans son atelier d’Urbino. Raphaël s’en imprègne et retient de lui la technique du travail à plusieurs mains qu’il reprendra pour orner les chambres du Vatican. A Pérouse, il travaille avec Le Pérugin. Puis il part à Florence où il parachève sa formation avec Léonard de Vinci et Michel-Ange. Dès l’âge de 16 ans, Raphaël est demandé dans tout le pays. Il reçoit des commandes de retables et des portraits qui l’amènent à voyager à travers l’Italie. Les caractéristiques qui font sa spécificité sont présentes dès ses premières œuvres : un réalisme expressif auréolé d’une douceur dont lui seul a le secret. En 1514, le pape lui confie l’embellissement de la basilique Saint-Pierre de Rome. Il mène plusieurs chantiers de front, grâce à son système d’assistants, tout en poursuivant ses recherches picturales qu’il consigne dans de précieux carnets. La fièvre l’emporte prématurément, laissant une partie de ses peintures au Vatican. Une étude de sa Transfiguration a été vendue 38 millions d’euros…

La Casa di Raffaello, à Urbino, retrace le parcours du génie. Dans cette maison du XVe siècle, Raphaël peignit l’une de ses premières fresques, une Vierge à l’Enfant. La visite éclaire sur l’influence déterminante de son père, Giovanni Santi, ainsi que sur les premiers pas du maître. Explorer Urbino, c’est aussi se plonger dans l’ancienne capitale des ducs de Montefeltro, et l’une des plus belles villes des Marches avec Ascoli Piceno. Le centre historique d’Urbino est d’ailleurs classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Le Palazzo Ducale abrite désormais la Galerie nationale des Marches, prisée pour ses chefs-d’œuvre artistiques dont Le Miracle de l’hostie profanée de Paolo Uccello et un portrait empli de sensibilité : La Muta (La Muette) de Raphaël.

Vers le baroque

Des peintres de la génération de Raphaël affluent pour travailler dans les Marches et en Ombrie. C’est le cas de Lorenzo Lotto, né à Venise en 1480 et mort à Lorette (province d’Ancône) en 1556, ville où il fut particulièrement actif. Cinq de ses plus belles réalisations sont conservées à la pinacothèque de Jesi dont La Madone des roses, célèbre pour la beauté de son enfant Jésus.  

La Galleria Nazionale dell’Umbria à Pérouse couvre l’art pictural du XIIIe au XVIIe siècle. Parmi les peintures et les sculptures de l’école ombrienne, on retrouve des œuvres du Pérugin, de Fra Angelico et de Piero della Francesca. Le gothique y est représenté par la Vierge avec l'Enfant et des anges de Gentile da Fabriano et la Renaissance tardive par Federico Fiori dit Baroccio (le Baroche). Né vers 1535 à Urbino, où il décède en 1612, ce peintre maniériste, dessinateur et graveur compte parmi les précurseurs du baroque en Italie. Il grandit au sein d’une famille lombarde, dans la ville qui vit naître Raphaël. A l’époque de Baroccio, l’Eglise est traversée par le souffle du renouveau : la peinture doit désormais susciter l’émotion. Les personnages restent naturels, mais la théâtralité des compositions est soulignée par l’emploi du clair-obscur. Dotées d’une simplicité narrative, ces scènes ont pour mission de porter vers la spiritualité. Baroccio propose une vision du maniérisme qui séduit immédiatement dans la région des Marches.

Art abstrait

Né en 1915, à Città di Castello, dans la province de Pérouse, Alberto Burri poursuit des études de médecine puis est fait prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale. Envoyé dans un camp au Texas, il se livre alors à ses premières expériences picturales. Rentré en 1946 en Italie, il s’installe à Rome et fait une entrée remarquée sur la scène artistique des années 1950. D’abord peintre abstrait, il brouille les frontières entre forme et matière. A ses toiles, il intègre des objets aussi banals que des chiffons et des sacs en toile de jute. Il fonde le groupe Origine, avec Mario Balloco, Ettore Colla et Giuseppe Capogrossi, réunis par un questionnement autour d’un art abstrait épuré, aussi bien dans la construction que dans les choix chromatiques. Dès 1953, alors qu’il expose un peu partout en Europe, il élargit le champ des matériaux incorporés à l’huile au sable, à la pierre ponce ou à la terre. Il en découle des séries monochromes : Neri (« noirs »), Muffe (« moisissures ») ou Catrami (« goudrons »). Le travail de la matière devient primordial. L’artiste, avare en explications, attribue cependant des titres éloquents à ses œuvres comme en 1952, Umbria vera (La Vraie Ombrie), sa terre d'origine.

La collection de l’artiste est réunie depuis 1978 à la Fondazione Palazzo Albizzini - Collection Burri, à Città di Castello.

Les amateurs d’art contemporain accourent au Palazzo Lucarini Contemporary de Trevi. Ce haut lieu de la production et de la promotion de la culture contemporaine réserve une manifestation à la photographie : Photology se tient tous les mois d’octobre.

A ciel ouvert

Véritable galerie d’art à ciel ouvert, la Via delle Viola, dans le centre ancien de Pérouse, allie magnifiquement tradition et modernité. Le quartier universitaire, baptisé « elcegallery », prête ses murs à toutes les formes d’expression. Les fresques urbaines ne sont pas pour autant entrées dans les mœurs, même si la carte du street art s’élargit d’année en année. De fortes amendes sont encore distribuées aux graffeurs, en particulier s’ils s’expriment sur les monuments. Certains street artists s’organisent en collectif. A Pérouse, SAD (Sempre Allegri Dentro – toujours heureux à l’intérieur) veille à stimuler la créativité dans un bel esprit de partage !