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Une immensité proche du Pôle Nord

L'Alaska est une sorte de presqu'île à l'ouest du Canada, avec qui elle partage une frontière sur près de 2 500 km. Le reste des frontières est formé par des côtes très découpées. Elles sont baignées par la mer de Béring, celle de Chukchi et les océans Arctique et Pacifique. Cette côte, longue d'environ 50 000 km, juxtapose des paysages contrastés : des plages au nord, en passant par des falaises et des fjords majestueux au sud. Comme le Lynn Canal qui, avec ses 150 km, est le plus long fjord d'Amérique du Nord. La quasi-totalité de l'Etat (hormis les dernières îles Aléoutiennes et l'extrême sud de la "queue-de-poêle", "panhandle" en anglais) se situe au-delà du 56° Nord. Un quart du territoire se trouve même au-delà du cercle polaire. Sous ces latitudes aux contrées hostiles, la densité de population est infime : imaginez la population de Montpellier répartie sur trois fois la taille de la France ! Cet Etat américain compte 739 795 habitants, dont 401 499 dans la seule ville d’Anchorage. Pour vivre en Alaska, il ne faut redouter ni la nature, ni la solitude, ni les températures polaires. La capitale administrative depuis 1905 est Juneau, avec seulement 32 700 habitants, même si Anchorage s'est imposée comme la capitale économique.

De spectaculaires chaînes de montagnes

L’Alaska possède d’importantes chaînes de montagnes qui partitionnent le pays et conditionnent son climat. La chaîne Brooks arctique est longue de 1 000 km pour environ 240 km de large. C’est une succession de plateaux et de petites montagnes, dont l’élévation moyenne est de l’ordre de 1 500 m. La chaîne côtière, plus proche du Pacifique dans le sud-est alaskien, est longue de 1 900 km et culmine avec le mont St Elias à 5 500 mètres d’altitude. Elle débute par les montagnes Chugach au pied d’Anchorage et se prolonge par la chaîne de Wrangell - rien à voir avec la ville - plus au nord. Les sommets dépassent pour la plupart les 4 000 m, comme le mont Blackburn (4 996 m) ou le mont Marcus Baker (4 016 m). Du haut de ses 6190 mètres d’altitude, le Mont Denali domine la chaîne Alaska qui s’étire sur 900 km de long. Il est sans aucune mesure avec ses voisins.

Le Mont Denali, le sommet

Denali est un mot athabascan signifiant « le plus haut ». En 1896, un orpailleur vit pour la première fois ce sommet et lui donna le nom de McKinley en l’honneur du candidat républicain à la présidence. Depuis, l’Etat et bon nombre de personnes ou d’institutions, dont la société de géographie d’Alaska, ont souhaité redonner le nom original à la plus célèbre montagne d’Alaska. Mais les institutions fédérales ont refusé en 1975, puis en 2007, préférant différencier le nom de la montagne de celui du parc où elle se situe. En 2015, Barack Obama a réussi à redonner son nom à la montagne, par respect pour les populations autochtones. Son ascension est particulièrement hardue. Le mont présente la face montagneuse la plus haute du monde avec un dénivelé de 4 330 m ! Lors de furieuses tempêtes, les vents dépassent parfois les 200 km/h. En fait, le Mont Denali cache deux sommets, le pic Nord et le pic Sud, ce dernier étant le plus haut. La première ascension du pic Nord remonte à 1910 lorsque Charles Mc Gonagall, Peter Anderson et Bill Taylor, trois chercheurs d’or ne connaissant rien à l’alpinisme, sont parvenus à atteindre le sommet. Lorsqu’ils ont raconté leur exploit, personne n'a voulu les croire. Heureusement ils ont eu la bonne idée d’emporter avec eux un pieu qu’ils avaient planté au sommet. Piolet retrouvé au sommet en 1913 par Hudson Stuck, Harry Karstens, Walter Harper et Robert Tatum, des alpinistes qui ont atteint alors le pic Sud. Aujourd’hui environ 1 000 alpinistes tentent chaque année de rallier le sommet. Ils sont en général la moitié à y parvenir, mais beaucoup y ont laissé leur vie.

Des volcans sur la ceinture de feu du Pacifique

Selon la théorie sur la dérive des continents d’Alfred Lothar Wegener, la plaque tectonique pacifique glisse en direction du nord-ouest sous la plaque nord-américaine. Ces mouvements provoquent en Alaska un nombre important de tremblements de terre et une activité volcanique permanente. Ainsi, le 49e État américain est considéré comme étant une des zones sismiques les plus actives au monde, en pleine ceinture de feu du Pacifique. En particulier dans la chaîne des îles Aléoutiennes, qui compte 41 volcans en activité ! Plusieurs failles du type de celle de San Andreas en Californie sont présentes en Alaska, dont une à Denali. Ainsi cet État enregistre une moyenne de mille tremblements de terre par an, mais la quasi-totalité a une magnitude inférieure à 3,5 sur l’échelle de Richter.

Des tremblements de terre et tsunamis dévastateurss

Entre 1899 et 1996, 75 tremblements ont eu une magnitude comprise entre 7 et 8 et 10 ont été supérieurs à 8. La terrible éruption du mont Katmaï en 1912 a duré 60 heures, projetant 30 km3 de roches, de cendres et de ponces. Trois jours durant, une pluie de cendres s’est abattue sur 100 000 km2. La ville de Kodiak, pourtant située à 100 km, est alors plongée dans le noir et recouverte d’une couche de 30 cm de cendre. Un nouveau volcan vient de sortir de terre : il porte le nom de Novarupta. Le mont Katmaï a lui perdu 200 m d’altitude mais gagné un très beau lac aux eaux cristallines en son centre. En juillet 1958, au sud de l’île de Khantaak, dans la baie de Yakutat, un tremblement de terre d’une magnitude de 7,9 provoque un glissement de terrain dans la mer : 40 millions de m3 de terre tombent dans la mer et soulèvent une gerbe d’eau de plus de 500 m de haut. Elle passe par-dessus les montagnes et entraîne un raz-de-marée dont la vague principale mesure 30 m de haut et se déplace à 180 km/h dans la baie de Lituya ! En mars 1964, le tremblement de terre le plus tristement célèbre de l’histoire de l’Alaska atteint une magnitude de 9,2 sur l’échelle de Richter et dure 4 minutes. L’énergie développée par ce phénomène est 10 millions de fois plus forte que la bombe atomique d’Hiroshima, 80 fois plus importante qu’à San Francisco en 1906. En 22 heures, la vague formée atteint les côtes japonaises, pourtant distantes de 13 500 km, soit une vitesse moyenne de 600 km/h !

Des glaciers dans le sud du pays

L’Alaska compte pas moins de 100 000 glaciers recouvrant environ 75 000 km2 de terre. Ils se trouvent en majorité dans le sud du pays car les précipitations de neige y sont beaucoup plus importantes qu’au nord. Certains se trouvent au milieu de chaînes de montagne, d’autres se jettent en mer. Ils doivent leur couleur bleue à un petit ver long de 2 cm qui vit dans la glace en se nourrissant d’algues microscopiques. Les Alaskiens plaisantent en attribuant cette couleur extraordinaire au reflet des yeux bleus de ces petits vers. L’explication scientifique ne manque pas de poésie. En fait, un glacier - ou un iceberg - absorbe toutes les couleurs du spectre sauf le bleu qui se répand sur lui et le colore.
Apparus à l’époque quaternaire durant les périodes dites de glaciation ce sont toujours les mêmes glaciers qui subsistent aujourd’hui. En effet à cette époque, l’Alaska n’était pas recouvert de glace, comme la France ; les glaciers sont donc au même endroit. C’est la thèse la plus courante car on ne trouve pas de formes morainiques ailleurs que là où ils se trouvent actuellement. Les glaciers sont ici si importants et nombreux qu’ils ont donné leur nom à un type de formation issu de hautes montagnes et s’étalant en plaine, le glacier de type alaskien ; comme le glacier Malaspina et ses 2 200 km2. Le plus grand glacier d’Alaska est celui de Béring, long de 160 km et recouvrant 5 850 km2.

Mais le plus impressionnant est sans conteste l’ensemble de glaciers formant la Glacier Bay, sur la côte découpée qui borde Juneau. Dans un fjord de 100 km de long se trouve une douzaine de spectaculaires glaciers déversant leurs icebergs dans le fjord. Cette zone fut découverte en 1794 par George Vancouver, mais à l’époque la baie n’existait pas : elle n’était qu’un immense champs de glace, sans doute le plus grand du monde. En raison du réchauffement de la planète, la mer a pris du terrain peu à peu. Cet endroit extraordinaire a été étudié pour la première fois par John Muir en 1879. Parcourir la baie en bateau de croisière, ou mieux en kayak de mer, laisse des souvenirs impérissables. Mais attention, lorsque des icebergs se détachent d’un glacier, ils provoquent une vague puissante qui pourrait en retourner plus d’un ! Il est impératif de conserver une distance de sécurité. D’autres sites permettent d’observer des glaciers s’épancher en mer, notamment les magnifiques fjords de Kenai, depuis les villes de Seward (Ressurection Bay) et tout autour de la baie de Prince William Sound, que l’on explore en bateau depuis Whittier et Valdez.