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Loutres de mer © Gerald Corsi - iStockhoto.com.jpg
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Les ours, de grands carnassiers

Ceux qui l’ont rencontré à l’improviste ont connu la peur de leur vie. Fort heureusement les accidents sont rares. Sur les 20 dernières années, 56 personnes ont été tuées par un ours (86 % par un ours brun). C’est peu au regard du nombre de rencontres annuelles entre humains et ours. Le seigneur de l’Alaska n’aime pas être surpris, il réagit alors en attaquant. Pour éviter tout problème, il suffit de faire du bruit, chanter, siffler, utiliser une clochette pour manifester votre présence.

L’ours polaire est le plus difficile à observer. Sa population est difficilement quantifiable puisqu’il vit et se déplace sur la calotte glaciaire du pôle Nord. Le chiffre de 20 000 à 25 000 dans le monde, dont 900 en Alaska, est avancé par certains biologistes travaillant en Arctique. Néanmoins, sa population est en dangereux déclin : sur 80 oursons, moins d’une poignée survivent. Cet animal peut atteindre 650 kg et mesurer jusqu’à 1,50 m au garrot. Il se rencontre sur la côte nord et nord-ouest de l’Alaska, mais il a perdu son titre de plus grand carnivore terrestre au profit du grizzli. En effet, sur l’île de Kodiak vit une sous-espèce, Ursus arctos middendorffi, dont les représentants, lorsqu’ils se mettent debout sur les pattes arrière toisent 3 m et accusent un poids proche de 600 kg. Le détenteur du record mesure 3,63 m et pèse 720 kg ! 

Le grizzli ou ours brun. L’Alaska en compte environ 35 000, répartis sur tout le territoire, sauf dans l’extrême nord. Leur région de prédilection étant le parc national de Katmaï et surtout l’île de Kodiak. L’archipel compte à lui seul 3 000 spécimens et parmi les plus gros. Il se nourrit à 80 % de végétaux qu’il complète avec du saumon, des rongeurs, des charognes et plus rarement des élans ou des caribous. 

L’ours noir est beaucoup plus petit que ses congénères. Son poids est de 100 à 150 kg en moyenne pour une hauteur d’un mètre au garrot, la femelle étant toujours plus petite que le mâle. Sa population est estimée à 110 000 sur le territoire alaskien. Son aire de répartition est plus centrée que celle de son cousin. Ainsi on ne le retrouve pas sur l’île de Kodiak et très peu sur la péninsule des Aléoutiennes. 

Une multitude de loups et renards

Le loup fait également partie des grands carnassiers que compte l’Etat. L’estimation actuelle est comprise entre 7 000 et 11 000 loups se répartissant aussi bien au nord sur la toundra arctique que dans les forêts du sud-est. Cet habitant joue un rôle essentiel dans le maintien des populations d’élans ou de caribous en éliminant les sujets les plus faibles. Malheureusement l’espèce n’est pas considérée en danger, ce qui l’expose au fusil des chasseurs. C'est le seul Etat qui autorise la chasse aux loups. L’Alaska Department of Fish and Game délivre des permis pour la chasse au loup, l'autorise même à l'intérieur des parcs nationaux, pour 3, 4 ou même 12 loups...  Des trophées pour la fourrure ou juste pour le « plaisir » de chasser.

Le renard se retrouve un petit peu partout et il n’est pas difficile de l’apercevoir. Lorsque celui-ci se trouve à proximité d’habitation, il se laisse très facilement approcher et il est même parfois possible de lui donner à manger, mais attention car c’est strictement interdit par la loi américaine ! Le lynx et le glouton sont, quant à eux, quasi invisibles. Leur absolue discrétion complique leur observation, en apercevoir relève de l’exploit. 

Des herbivores dominés par les cervidés

L’élan est le plus gros représentant de la famille des cervidés. Avec un poids pouvant atteindre plus de 700 kg chez les mâles, son allure est aisément reconnaissable. Sa population – en progression – est estimée à 150 000. On le rencontre très souvent, et pas toujours au bon 

endroit. Par an, il est impliqué dans une centaine de collisions avec des voitures juste à Anchorage. C’est l’animal le plus craint en Alaska : il n’hésite jamais à charger et la seule défense possible est de se réfugier derrière un arbre pour barrer son passage. Les femelles ne possèdent pas de bois et les mâles les perdent tous les automnes. Lorsqu’on se trouve aux environs d’Anchorage où il est quasiment le seul cervidé présent, on remarque son passage, car les saules en bord de rivière sont mangés par les élans en hiver.

Le caribou est lui le grand seigneur de la toundra même si quelques-uns d’entre eux ont élu domicile sur la péninsule de Kenai. Ils vivent en harde (trente-deux dénombrées) et migrent le plus souvent entre l’hiver et l’été. Cela donne lieu, comme en Afrique avec les gnous, à de véritables colonnes d’animaux traversant d’immenses étendues à la recherche de nourriture abondante. En effet, certaines hardes parcourent plus de 600 km lors de ces déplacements. Avec un poids moyen de 160 kg pour les mâles et 100 kg pour les femelles, le caribou offre depuis toujours une importante source de nourriture pour les Indiens et Inuits d’Alaska. La population des caribous est estimée à 950 000 en comptant quelques hardes vivant entre l’Alaska et le Canada. 

Le mouflon de Dall et la chèvre des montagnes Rocheuses sont également très présents en Alaska. Vivant en haute montagne, ces deux représentants de la famille des bovidés sont facilement discernables l’été lorsque la couleur blanche de leur pelage se détache des parois rocheuses. Néanmoins, sans de bonnes jumelles, il est fréquent de les confondre. 

Le cerf de Sitka est originaire de la côte ouest de l’Alaska et de la Colombie-Britannique. Il se rencontre dans le Sud-Est et a été introduit sur l’île de Kodiak et d’Afognak où il est chassé par les ours bruns. Sa population est très fluctuante car ce mammifère est relativement sensible aux rigueurs du climat. Ainsi, après un hiver difficile, sa population décroît. Heureusement, son pouvoir de reproduction élevé permet au cheptel de se régénérer rapidement, mais il doit faire face à un autre problème beaucoup plus grave. La déforestation massive menace son habitat et compromet sa survie même si actuellement elle n’est pas encore en réel danger. 

Le bœuf musqué, exterminé au milieu du XIXe siècle, a été réintroduit en 1930 en Alaska. Trente-quatre animaux capturés au Groenland furent placés en semi-captivité durant cinq ans ; les survivants partirent pour l’île de Nunivak. Ils sont aujourd’hui environ 600 sur cette île. Cette souche permit la réintroduction de l’espèce dans différents endroits en Alaska. Aujourd’hui la population totale de bœufs musqués est estimée à 2 400. 

Baleines, orques et mammifères marins à foison

L’orque est certainement le plus emblématique des mammifères marins d’Alaska. Adulé par certaines tribus indiennes, ce maître des océans vit tout autour de l’Etat, depuis la mer de Béring jusqu’au Sud-Est. Son recensement (partiel) fait état de 750 individus répartis en plusieurs dizaines de groupes, la majorité séjournant dans le Prince William Sound et dans le Sud-Est. Il ne craint aucun prédateur hormis l’homme et se nourrit, en Alaska, principalement de poissons. Les phoques, lions de mer, loutres de mer peuvent faire partie de son alimentation, mais de façon moins régulière.

Les baleines à bosse sont présentes depuis le Sud-Est jusque dans le Prince William Sound. Leur population est estimée à environ 650 l’été. En effet, avec leurs baleineaux nés durant l’hiver dans les eaux chaudes d’Hawaï et du Mexique, elles rejoignent durant la belle saison les eaux d’Alaska pour trouver de la nourriture. Leur taille moyenne est d’environ 12,50 m. 

Les baleines grises sont également très présentes et viennent en mer de Béring et de Chukchi, après avoir mis bas dans la Baja California. Ce périple leur fait parcourir environ 16 000 km par an. Avec une taille pouvant atteindre 15 m et un poids de 41 tonnes, la baleine grise trouve en Alaska une nourriture de choix constituée de crustacés vivant dans la vase qu’elle filtre grâce à ses fanons. La consommation moyenne d’une baleine grise par jour est de 1 200 kg de crustacés ce qui représente une consommation de 18 tonnes par baleine lors de son passage en Alaska.

Le morse migre également, mais reste entre les côtes russes et américaines dans les mers de Béring et de Chukchi. Sa population actuelle est d’environ 20 000 individus. Mais les scientifiques sont particulièrement inquiets depuis une dizaine d’années car les naissances sont faibles. Aucune explication n’a pour le moment été avancée. Le mâle pèse 1 500 kg pour une taille pouvant aller jusque 3,50 m alors que la femelle dépasse rarement les 3 m pour un poids de 1 300 kg. Le veau marin, l’otarie à fourrure, le phoque barbu, le phoque rubané, le phoque marbré, le phoque largué, le lion de mer, la loutre de mer vivent également ici, en plus ou moins grand nombre. Il est donc difficile de passer à côté de la faune marine lorsqu’on se rend en Alaska.

Oiseaux. Près de la ville de Haines, 4 000 aigles se réunissent chaque automne pour capturer les saumons retardataires. C’est un véritable spectacle que de les observer avec leurs ailes de 2,50 m déployées. Le corbeau est également très fréquent, surtout dans le sud-est où il est vénéré par les Indiens. Mais en fait, l’Alaska compte surtout beaucoup d’oiseaux migrateurs venant passer l’été à la recherche de nourritures abondantes comme les oies, canards, limicoles... 

Les biotopes nombreux, de l’Arctique au Sud-Est

Bien entendu la flore en Alaska est riche et variée, les biotopes sont nombreux depuis les plaines du North Slope à la forêt humide. L’Alaska compte près de 1 500 espèces de plantes incluant les arbres, arbustes, fleurs et fougères. Les parties alpines sont les plus diversifiés et abritent des plantes rares. Ici pas d’exubérance : cette végétation rase lutte contre vent, froid et neige. La profusion de baies, en fin d’été et à l’automne, provoque chez les Alaskiens une véritable fièvre de la cueillette. Myrtilles, mûres, groseilles, fraises des bois font partie de leur butin qu’ils transforment en confitures, gâteaux… Sur une cinquantaine de baies comestibles, chaque région se flatte d’avoir la sienne. Ces fruits font partie intégrante de la vie des Inuits, pendant longtemps ce furent les seuls fruits disponibles. Aujourd’hui encore, les autres fruits sont un luxe très cher puisque importés. 

Dans le même registre, les champignons sont nombreux ; les Alaskiens en font de véritables « ventrées ». Le cèpe et la girolle sont les plus répandus, mais la morille est la plus appréciée. Chacun a son coin et le garde évidemment secret. 

A des altitudes moindres, les iris, lupins et autres variétés forment des tapis de fleurs absolument fabuleux au printemps. L’été voit s’envoler les étamines des pissenlits qui est une plante importée. Elle fait néanmoins le bonheur des amateurs de salade. Et puis, un petit peu partout, pousse le myosotis des Alpes (forget me not) qui depuis 1949 est devenu l’un des emblèmes de l’Alaska. L’érechtite (fireweed) est également une plante très commune en Alaska avec ses fleurs violettes qui, d’après les Alaskiens, s’ouvrent lorsque l’été prend fin.