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Protection de l’environnement contre exploitation des ressources

Le pétrole et le gaz représentent 80 % des revenus de l’Alaska, premier Etat producteur de pétrole des Etats-Unis avec le Texas. Suivent la pêche commerciale (qui s’essouffle en raison de la prolifération des fermes d’élevage de saumons), l’exploitation des minerais et l’exploitation forestière, elle aussi touchée par une conjoncture défavorable avec des cours très bas. L’extraction minière, qui a connu une crise importante jusqu’en 2001, n’a cessé de remonter la pente depuis. Les réserves alaskiennes semblent énormes et l’importance de cette économie est aujourd’hui capitale. Un immense gisement pétrolier a en outre été découvert par la compagnie texane Caelus Energy à Smith Bay, à 500 km du cercle polaire. Une promesse entre 6 et 10 milliards de barils d’or noir. Ce qui doublerait la réserve de brut d’Alaska et constituerait la plus grande découverte depuis celle de Prudhoe Bay en 1967. Une « bonne nouvelle » pour les partisans de son exploitation, au moment ou l’oléoduc est vide aux trois quarts. Le pétrole fournit des emplois en nombre et des subsides considérables à l’Etat. Mais c’est aussi un sujet de préoccupation pour les populations indigènes et pour les défenseurs de l’environnement. Quelle que soit l’envergure que prendra l’exploitation de la zone dans les années à venir, il faudra savoir composer entre le développement économique et la protection de l’environnement, la modernisation et la sauvegarde des traditions culturelles des populations locales, ainsi que la coopération transfrontalière entre les Etats-Unis et le Canada. Des préoccupations passées à la trappe sous le règne de Donald Trump qui voulait relancer le projet d’exploitation pétrolière, et qui est actuellement gelé par l’administration Biden depuis 2021. La question n’est pas réglée pour autant.

La place du tourisme grandissante

L’industrie touristique en Alaska, même si elle reste très saisonnière, est intense. Les prévisions étaient de 2,26 millions de visiteurs en 2020 avant le Covid, chiffres qui devraient atteindre dans les prochaines années, avec un retour à la normale du secteur. La plupart des touristes sont Américains, et cette hausse est due en partie au nombre toujours plus important de visiteurs transportés par les bateaux de croisière. Si en hiver 95 % des arrivées se font par avion, en été, les croisières apportent près de 51 % des touristes. Ce tourisme de masse se ressent fortement sur la côte est où beaucoup d’établissements ont des horaires adaptés aux arrivées des bateaux. C'est peu réjouissant pour les eaux alaskiennes d'autant plus que l’économie locale bénéficie peu des retombées de ce tourisme qui visite vite et mal les lieux.

Séismes, marées noires et incendies menacent l’Alaska

En 1964, l'Amérique du Nord enregistre le plus fort séisme de toute son histoire : 9,2 degrés sur l'échelle de Richter dans la région du Prince William Sound. Les ports et villes de Seward, Valdez, Kodiak sont rayés de la carte, Anchorage est durement touchée par le tsunami qui s’ensuit. Le 24 mars 1989, le pétrolier Exxon Valdez s'échoue peu après avoir quitté le port de Valdez dans le Prince William Sound. Une partie de sa cargaison, 41 000 litres de pétrole brut, se déverse sur les côtes alaskiennes, provoquant la plus importante marée noire de l’Etat. En 2006, un oléoduc appartenant au géant pétrolier britannique BP va laisser s'échapper dans la toundra de Prudhoe Bay et dans l'Arctique entre 700 000 et 1 000 000 de litres de pétrole. Les incendies de forêt sont également très destructeurs, et s’accélèrent avec le réchauffement climatique. La végétation, après avoir passé de longs mois sous la neige, se trouve complètement desséchée. Six des 10 plus grands incendies de forêt aux États-Unis ont brûlé en Alaska en 2021. Même avant cette flambée, les incendies ont consumé plus de 12,7 millions d'hectares en 20 ans, soit plus du double des deux décennies précédentes. L'incendie de d'East Fork, à l'ouest d'Anchorage, a consumé plus de 100 000 hectares de toundra et a forcé les villageois Yup'ik à évacuer.

Une zone stratégique pour le commerce maritime et l’armée

Le Code Polaire, entré en vigueur en 2017 et élaboré par l’Organisation Maritime Internationale, entend « renforcer la sécurité de l’exploitation des navires et d’atténuer son impact sur les gens et l’environnement dans les eaux polaires ». Un pas pour tenter de rassurer l’opinion internationale et les populations locales dans cette volonté de développement du commerce dans la zone. Car avec le réchauffement climatique, le détroit de Béring autrefois toujours encombré de glace s’ouvre peu à peu comme une nouvelle route commerciale de premier plan pour les Etats-Unis. De plus, les USA ont la volonté de faire de l’Alaska une base arrière des forces armées US, afin d’exercer un contrôle sur le Pacifique et l’océan Indien. Ainsi, la région augmente progressivement son poids stratégique dans la défense et l’expansion économique du pays, tenant fermement son rôle de clé de l’Arctique. D’autant plus aujourd’hui avec la guerre en Ukraine en 2022 et le voisin très proche de l’autre côté du Détroit de Béring : la Russie relance les tensions dans la région qui s’étaient estompées avec la fin de la guerre froide.

Des revendications autochtones

Suite au boom démographique entraîné par les ruées vers l'or dans la région et craignant de se voir dépossédés de leurs terres, les natifs commencèrent à se mobiliser. En 1962, ils lancent le premier journal aborigène : le Tundra Times. En 1966, ils créent la Fédération des Autochtones d'Alaska (AFN) pour demander la restitution des terres ancestrales. En 1971, la lutte aboutit à la signature de l'Alaska Native Claims Settlement Act : le gouvernement fédéral restitue aux autochtones 17,6 millions d'hectares, soit 11 % du territoire de l'Alaska, et leur verse 963 millions de dollars en échange de leur renoncement aux droits traditionnels de chasse et de pêche sur le reste des terres. Les 23 réserves créées depuis 1936 sont dissoutes, sauf celles de Metlakalta, et la gestion de l'argent et le choix des terres confiés à 12 corporations régionales, 4 urbaines, et 200 villageoises. Chaque membre de ces corporations reçoit une centaine d'actions, qui doit être mises sur le marché public au bout de 20 ans... Le piège : ces actions peuvent être rachetées par des multinationales, ce qui ruine l'économie des indigènes.