- 5000 ans av. J.-C.

Une préhistoire déjà riche

La vie des hommes dans la baie de Khor était rythmée par la taille du silex, le ramassage des coquillages, la production de poissons pour son séchage et son transport et des activités domestiques. Leur relation avec la Mésopotamie obéidienne, dont ils représentent la zone d’influence la plus méridionale, est indiscutable. Île, puis péninsule, le Qatar a bien participé au déroulement de la très riche préhistoire du Moyen-Orient, même si son sol ne porte pas trace d’architecture monumentale.


Du VIIe au Ve millénaire av. J.-C.

L’émergence de Kutara

Certains textes évoquent une région formée d’une longue façade maritime, d’îles ainsi que d’une grande péninsule nommée « Kutara » qui pourvoyait les royaumes mésopotamiens en perles fines, en bois, en pierres précieuses, en cuivre et en diverses marchandises. Le futur Qatar. La côte est intégrée au bassin de civilisation sud-mésopotamien, comme en témoignent des poteries trouvées autour de Mesaieed. Ce qui révèle des liens avec la culture d’Obeïd, florissante du sud de l’actuel Irak au nord du golfe Persique. La région connaît l’influence de toutes les grandes civilisations qui marquèrent l’Orient ancien, des Perses achéménides aux civilisations alexandrine, séleucide, puis à nouveau perse avec les Sassanides. 

IIe siècle ap. J.-C.

Des échanges commerciaux avec Bagdad


À la période islamique, le Qatar noue des liens solides avec le califat de Bagdad. On trouve d’ailleurs à Murwab, près de Zubarah, les vestiges d’un fort abbasside. Ce sont les grandes découvertes qui contribuent à exposer la région au contact direct et pérenne des Européens. Le Golfe était une des voies importantes pour le commerce vers le sud de l’Arabie, l’Afrique de l’Est, l’Inde et la Chine, en parallèle à la voie de la mer Rouge, avant même l’avènement de l’Islam. Les sources mentionnent une région très large du Golfe sous le dénominatif de Bahreïn qui regroupe une aire géographique comprenant les actuels Qatif, ‘Uqair (villes sur la côte orientale de l’Arabie saoudite), l’île de Bahreïn elle-même et le Qatar. La notion de territoire est « mouvante » car la population est nomade et les territoires tribaux peuvent fluctuer suivant les parcours et leurs rivalités.

632

Conversion des tribus de l’Arabie à la religion musulmane

Le prophète Muhammad reçoit plusieurs délégations du Bahreïn. Cette région est notifiée à cette période dans les textes car la communauté chrétienne sassanide, avec son chef al-Mundhir al-Sawa, se convertissent à l’Islam. Le gouverneur arabe représentant de Muhammad, al-‘Ala’ ibn al-Hadrami, est le responsable de la collecte des impôts d’une partie de la communauté, celle qui n’est pas convertie à la nouvelle religion. La poésie omeyyade fait état du Qatar et Yaqut cite en référence un vers de Djarir qui commente des luttes tribales au tout début de la période islamique.

638

Fondation de Bassora

Lorsque la ville côtière de Basra (actuelle Bassorah en Irak) est fondée, elle initie la création de nouvelles villes, la suivante fut Kufa. L’extrémité nord du Golfe devient non seulement un centre de transit important mais également une base militaire permettant la conquête de la Perse. Durant cette même période, les deux rives du Golfe sont sous contrôle de la dynastie omeyyade.

Début du VIIIe siècle

Sédentarisation des tribus bédouines

Deux fractions de la tribu ‘Abd al-Qays, les Djahima bin Awf, et les Muharib, qui détiennent le port d’Uqayr, occupent cette région. Elles se partagent la province de Bahreïn avec une fraction rivale de la tribu des Tamin, les Sa’ad. C’est une période de sédentarisation durant laquelle sont fondées les agglomérations de Qatif et al-Hasa. 

750

Les Abbassides au pouvoir

Le transfert de la fonction de capitale de Damas à Bagdad sous la nouvelle dynastie qui régna dès 750 (et pendant plus de cinq siècles) renforce à cette période l’intérêt pour le Golfe et ses pays frontaliers.

IXe siècle

Apparition des cartes maritimes dans le monde islamique

Les relations des voyageurs (commerçants, marins ou patrons de navire) comme la relation de la Chine et de l’Inde, rédigée en 851, ou le supplément à la relation de la Chine et de l’Inde, rédigée au Xe siècle, ne concernent que les expéditions proprement dites et non la description de la navigation autour de l’Arabie. On connaît les sources littéraires comme Les mille et une nuits avec Les voyages de Sindbad, mais il est cependant indispensable de se tourner vers les géographes arabes. Le Livre des routes et des royaumes d’Ibn Khurdadhbih est la première source arabe en prose qui fasse mention du Qatar en indiquant brièvement qu’il constitue une des étapes de la route reliant Bassorah à la province d’Oman (milieu du IXe siècle). Le port de la province de Bahreïn est considéré comme étant le « port » desservant Oman, l’Inde et la Chine. 

899- 1076

La révolution des Qarmates

Une nouvelle dynastie des ‘Abd al-Qays, les ‘Uyunides, règne alors sur ce territoire provincial jusqu’en 1245, à la chute de Bagdad.

1253-1515

Contrôle des Usfurides et des Ormus

Une grande partie de l'Arabie orientale est contrôlée par les Usfurides en 1253, mais le prince d'Ormus les ravit en 1320, convoité pour ses perles. 

1498

Les Portugais passent le cap de Bonne-Espérance. La route de Calicut, en Inde, leur est ouverte. 

1507

Les Portugais prennent Ormuz. Située à l’entrée du golfe Persique, ils la dominèrent pendant un siècle et demi.

1622

Une coalition anglo-persane déloge les Portugais d’Ormuz. Mais le grand jeu continue, sur terre, avec la présence de l’Empire ottoman, qui revendique une suzeraineté sur la péninsule qatarienne, et sur mer, avec la présence des marines hollandaise, puis anglaise. 

1766

La dynastie al-Khalifa se fixe à Zubarah. Cette forteresse au nord-ouest de la péninsule qatarie est le siège de la dynastie qui exerçait son autorité sur une partie de la grande tribu des al-Na’im. Mais la population des villes de Doha et al-Wakra s’opposent à leur autorité de façon répétée. En réponse, les al-Khalifa lancent une bataille navale de grande ampleur sans respecter l’accord conclu avec les Britanniques qui souhaitent une coexistence pacifique entre les deux parties. La Couronne anglaise doit s’en mêler pour rétablir la paix, et conclut un accord obligeant les belligérants à recourir à leur arbitrage en cas de litige. Un nouveau cap est franchi puisque l’autorité du Cheikh Muhammad ben Thani est implicitement reconnue sur le territoire. Ainsi est née la dynastie al-Thani. 

1835

Un traité général de paix est signé.  Si les cheikhs exercent la réalité du pouvoir sur les habitants de la péninsule, l’Empire britannique, soucieux de maintenir la sécurité maritime sur la route de l’empire des Indes, impose ce traité de paix aux tribus de la côte. Cet acte fondateur, qui donne naissance à l’appellation de « Côte de la Trêve », marque le début de l’hégémonie anglaise dans le golfe Persique. 

1867

La sanglante guerre Qatari-Bahreïni, également connue sous le nom de guerre d'indépendance du Qatar, a opposé Bahreïn et Abu Dhabi au Qatar. Devant la violation flagrante de la trêve maritime de 1835, la Grande-Bretagne est intervenue pour négocier une trêve entre les deux émirats mais les pertes humaines sont colossales.

1868

Le Cheikh Muhamad ben Thani, souverain légitime du Qatar

Il est reconnu par l’Empire britannique comme le dirigeant du Qatar semi-indépendant. C’est un homme de grande influence qui est parvenu à rassembler les tribus autour de sa personne. 

1872

L’Empire ottoman prend le contrôle du Qatar

La péninsule est alors incorporée à la province du Najd, et Jassim bin Mohammed est nommé Kaymakam (sous gouverneur).

1876-1913

Le fils Qasim ben Muhammad bat les Ottomans

La bataille d’al-Wajbah, gagnée sur les troupes ottomanes par le fils Cheikh Jassim (ou Qasim) ben Muhammad, marque un tournant décisif dans l’histoire du pays. 

1913

Les Ottomans renoncent à leur souveraineté sur le Qatar.

1915

Doha compte 27 000 habitants

Au début du XXe siècle, le Qatar se limite à quelques villages très pauvres et son économie repose essentiellement sur l’industrie des perles. La population se compose majoritairement de tribus sédentaires où dominent vingt-cinq clans, auxquelles s’ajoutent quelques tribus nomades. La population est pour l’essentiel sunnite, dont un foyer de sunnites arabes d’origine iranienne, appelés encore les hawâla (environ 500) et de chiites perses (près de 450). Mais les populations tribales vivant à Doha et al-Wakra sont nomades et très mobiles, même ceux qui sont sédentarisés voyagent souvent. Difficile pour les al-Thani de régner en maître et contrôler ces populations mouvantes. Contraiement aux famille installées au Koweït qui forment une vraie classe marchande, elle n’émerge pas au Qatar, où le commerce est trop désorganisé et restreint.

1916

Le Qatar indépendant du Bahreïn, mais sous protectorat britannique

L’accord signé entre Cheikh ‘Abd Allah ben Qasim (1913-1949), petit-fils du fondateur de la dynastie, et le gouvernement britannique des Indes place le Qatar sur un pied d’égalité avec les autres principautés. Le Cheikh ‘Abd Allah est reconnu comme dirigeant indépendant officiel au Qatar. Par cet accord, le Bahreïn se voit dépossédé de son autorité sur la rive est de la péninsule qatarienne. Cependant, les al-Thani connaissent des difficultés pour s’imposer en tant qu’autorité centrale sur le petit territoire de la péninsule, en raison des divisions internes à leur grande famille. Elles obligent Cheikh ‘Abd Allah, tout au long de son règne, à remettre la souveraineté de son territoire entre les mains du gouvernement britannique pour s’émanciper des siens.

Les années 1930

Chute du marché perlier traditionnel

Le crash boursier des années 1930 et surtout l’apparition de la perle de culture japonaise précipite l’économie qatarienne dans un marasme économique sans précédent. Un séisme qui provoque une rupture profonde dans l’équilibre de la société.

1937

Embargo du Bahreïn

Les effets du séisme deviennent dramatiques couplés avec ceux de l’embargo décidé par le Bahreïn en 1937. Au cours de la même année, les Britanniques commencent à prospecter, afin de découvrir des gisements pétroliers à Al Zubarah, zone revendiquée par le Bahreïn pour des raisons historiques et par l’émir du Qatar, du fait de son inclusion dans la péninsule qatarienne. 

1938

Du pétrole est découvert au Qatar

La nouvelle ressource, le pétrole, est découverte sur la côte ouest, près de la ville de Dukhan, mais l’exploitation se trouve stoppée par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. 

1949

Le Qatar accélère son développement pétrolier

Ce n’est qu’avec le début de l’exportation pétrolière que le Qatar peut s’engager dans un programme de développement. Lorsque le pétrole qatarien commence à être exporté, Doha est exsangue, la ville s’est vidée de près de la moitié de ses habitants, suite à la grave crise économique et aux effets dévastateurs de l’embargo bahreïnien. À la veille de la commercialisation du pétrole, cet exode massif laisse la famille régnante al-Thani en pleine possession du destin de la cité, malgré la persistance des dissensions qui l’habitent.

1968

Le Royaume-Uni abandonne son protectorat sur les principautés du Golfe.

1970

Le Qatar se dote d’une Constitution provisoire. Après avoir envisagé un temps d’intégrer une fédération des émirats du Golfe. Khalifa ben Hamad Al Thani devient Premier ministre le 29 mai 1970.

1971

Le Qatar devient un État indépendant

Les 9 Etats ne s’accordent sur les termes de l'union, le Qatar demande l'indépendance et il est reconnu comme tel le 3 septembre 1971. Il est reconnu par la plupart des pays arabes, et entre aux Nations Unies et à la Ligue arabe la même année.

1991

La production de gaz naturel démarre. Tout se passe dans le nord du Qatar où un immense champ de gaz a été localisé. Ce champ pétrolifère compte des réserves énormes, plus de 7 000 km3, mais le potentiel pourrait se chiffrer à plus de 14 000 km3 ! Les recherches sont approfondies.

27 juin 1995

Coup d’Etat du fils Hamad ben Khalifa al-Thani

Le fils évince son père le cheikh Khalifa du trône un jour où celui-ci se trouve à Genève, disant voulant « mettre fin à une période de dérive politique et financière ». S’en suivent une quinzaine d’années de politique d’investissements frénétiques et d’un activisme diplomatique qui a sorti de l’anonymat cette presqu’île du golfe Persique. Plus personne n’ignore désormais le Qatar et nombreux sont ceux qui succombent à ses monts d’or, sans scrupules ou presque, et ceci dans des domaines variés, de la religion aux sports en passant par l’art.

2001

Accord sur les îles Hawar

Le Qatar accepte d’offrir les îles Hawar disputées par le Barhein en échange de l’arrêt de revendication de territoires sur la péninsule Qatarie. 

2010

Le Qatar est choisi pour organiser la coupe du Monde de football Fifa 2022.

2013

Le quatrième fils Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani prend le pouvoir

Il a 34 ans, il gérait jusque-là la stratégie sportive de l’émirat. La passation de pouvoir fait le buzz : Tamim devient le plus jeune chef d’État du monde arabe. Il va sans dire que l’influence du père reste importante, de même que celle de sa seconde épouse, Cheikha Moza Al Misnad, mère du nouvel émir et très dynamique présidente de la Fondation du Qatar, chargée de l’ensemble des questions d’éducation et de recherche du pays. Cheikha Moza reste la première dame incontestée du pays, talonnée par sa fille Sheikha al Mayassa. Surnommée la « culture queen », femme mécène influente sur la scène de l’art international, c’est elle la présidente du qatar Autority Museum qui forge la politique culturelle du pays avec un budget d’un milliard de dollars selon Forbes.
Le nouvel émir entend tourner la page. Première mesure : la destitution de Cheikh Hamad ben Jassem bin Jabor al-Thani, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, directeur général de la Qatar Investment Authority (le fonds souverain du Qatar). Une petite révolution au sein de l’émirat. Le nouveau Premier ministre, Abdallah ben Nasser al-Thani est l’ancien ministre d’État chargé des Affaires intérieures. Cousin éloigné de l’ancien émir. À la tête de l’économie est placé le prince Tamim, ex-directeur général de la chaîne satellitaires Al-Jazeera, Ahmed ben Jassim. Une nouvelle équipe jeune et entreprenante qui doit faire ses preuves et surtout faire face à un contexte local tendu. L’islamisme politique, longtemps fer de lance de l’émirat, n’a plus bonne presse dans la zone… Le nouvel émir poursuit quoi qu’il en soit un virage déjà négocié et amorcé par son père. Le Qatar, qui revendique son ouverture à l’extérieur, poursuit sa politique internationale tout en conservant ses traditions à l’intérieur. Il reste encore au nouvel émir à s’affranchir de la tutelle de son père et à « redorer » le blason de son pays.

2017

Embargo contre le Qatar

L’embargo économique décrété par les puissants voisins du Qatar (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn et Égypte) bouleverse la carte géopolitique de la Péninsule arabique. Les voisins du Qatar transmettent en juin 2017 au Qatar, par le biais du Koweït, une liste de treize requêtes s’apparentant à des conditions sine qua non à une sortie de crise : la fermeture de la chaîne Al Jazeera, l’expulsion de tous les opposants à leurs régimes respectifs, la rupture des relations diplomatiques avec l’Iran, la fermeture de la base turque, et l’arrêt du « financement du terrorisme », c’est-à-dire des Frères musulmans. Le tout sous dix jours et assorti de pénalités financières et de contrôles. Le Qatar qualifie alors les requêtes d’irréalistes et appelle à les réviser. Deux jours après l’injonction de rompre avec l’Iran, Doha déclare alors vouloir développer ses relations avec Téhéran, notamment pour résoudre les problèmes du monde islamique. Immédiatement l’embargo est décrété.

À ce moment-là, l’émir lance un plan d’urgence pour garantir la sécurité alimentaire du pays. Pour l’anecdote, devant le risque de rupture de stock de lait, le Qatar fait désosser des avions de la compagnie nationale... pour importer 14 000 vaches ! Du jamais vu dans l’histoire de l’aviation. Le pire n’a pu être évité que grâce à l’aide de la Turquie, de l’Espagne et surtout de l’Iran. Si au départ les chiffres ont baissé, bien vite ils sont remontés. Le Qatar maintient tant bien que mal son économie, grâce au gaz liquéfié mais aussi grâce à Qatar Airways, sa compagnie aérienne.

23 juillet 2018

La Cour internationale de justice donne raison au Qatar. Dans le conflit qui l’oppose à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, et dans son ordonnance, elle exige des Émirats arabes unis qu’ils respectent les droits des Qataris sur son sol.

2021

L’Arabie saoudite lève son embargo sur le Qatar

A la suite de la médiation du Koweït, l’Arabie saoudite lève ses restrictions sur le Qatar, les échanges commerciaux reprennent avec la réouverture de l'espace aérien et des frontières terrestres et maritimes. Les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont signé en Arabie Saoudite un accord « de solidarité et de stabilité », destiné à apaiser les tensions entre le Qatar et ses voisins, en présence de Jared Kushner, le gendre et conseiller de Donald Trump. Face au durcissement de la politique étrangère de l’Iran, l’Arabie saoudite préfère finalement resserrer les rangs sunnites.  On en sait peu sur les accords officiels, mais il semblerait que la liste des 13 requêtes aurait été abandonnée par Riyad. Doha, en échange, aurait renoncé à toute poursuite judiciaire en relation avec cette crise. La levée du blocus a été accueillie avec un grand soulagement par la population du Qatar.

2022

Du 21 novembre au 18 décembre 2022, se tient la Coupe du monde de Football FIFA 2022 au Qatar.