Produits caractéristiques et habitudes alimentaires

Bien que le climat du Qatar soit dans l'ensemble extrêmement chaud et aride, avec peu de terres arables, les fermiers locaux ont toujours réussi à cultiver à proximité des oasis. On pense bien sûr au palmier dattier, seule plante agricole poussant naturellement dans la région, mais aussi aux concombres, aux courges, aux tomates, aux poivrons, aux oignons, aux carottes, etc. Cette agriculture s'est fortement modernisée à la fin du XXe siècle, avec un usage systématique d'eau désalinisée. Le riz, très commun au Qatar, est bien sûr importé. Côté viande, la chèvre, le mouton et la volaille – plus rarement le bœuf – sont au menu, sans oublier poissons, fruits de mer et divers gibiers. On touche peu au dromadaire qui offre le lait, les poils à tisser, les déjections combustibles et un moyen de transport dans le désert. Le lait des chamelles est très apprécié et il sert à la confection de nombreux produits (yaourt, crèmes glacées, beurre, etc.). On consomme également beaucoup de ghee, ou beurre clarifié.

La cuisine qatarie fait un usage généreux d'épices bien qu'elle soit peu pimentée. Parmi les mélanges les plus communs, citons le bizar a'shuwa, qui comprend poivre noir, graines de coriandre, cannelle, clou de girofle, gingembre séché, cardamome, piment rouge et curcuma. Le daqoos désigne aussi bien un mélange d'épices qu'une purée de tomate parfumée avec ces mêmes épices, à savoir blé concassé, cumin, graines de sésame grillées et broyées, graines de coriandre, piment rouge, gousses d'ail et sel.

L'islam tient une place centrale dans le quotidien des Qataris. Le Coran est très strict concernant les aliments dits haram, c’est-à-dire « interdits », comme le porc et l'alcool, bien que l'on puisse trouver ces produits dans des magasins spécialisés et dans les hôtels. Par ailleurs, toutes les viandes consommées par les locaux doivent être halal (issues d’un abattage rituel). À noter également : on mange traditionnellement avec la main droite.

La date du ramadan, c’est-à-dire le mois du jeûne, dépend du calendrier lunaire et change chaque année. Durant le mois de ramadan, tout musulman en bonne santé est supposé jeûner du lever au coucher du soleil.

Cette politique est beaucoup plus souple concernant les non-musulmans et il est possible de se restaurer sans problème durant la journée notamment dans les grands établissements. Ne pas hésiter toutefois à sortir des sentiers battus pour déguster la succulente street food qatarie dans les échoppes de rue et les restaurants des souks que l'on retrouve dans le quartier ancien de Doha par exemple.

La structure des repas est assez flexible au Qatar, en comparaison avec la France. Les horaires et la composition des menus peuvent également être plus variables par rapport à notre typique entrée-plat-dessert. Avec le boom pétrolier qu'a connu le Qatar à partir des années 1960, le pays s'est rapidement développé et est passé d'une société pauvre, dont l'activité principale était la pêche et le commerce de perles, à l'un des pays les plus riches du monde. Cet enrichissement soudain en une ou deux générations a poussé les Qataris à consommer avec frénésie, et cela passe bien sûr par une nourriture qui doit être abondante et omniprésente. Cette tendance, couplée à une cuisine naturellement assez riche et un goût immodéré pour le sucre, a popularisé les tables débordant de nourriture et les buffets, mais a fait du Qatar l'un des pays les plus obèses du monde, avec 35 % de Qataris souffrant d'obésité (au même niveau que les États-Unis). Des programmes en partenariat avec la chaîne Al Jazeera ont été lancés pour apprendre aux enfants et aux parents les bases d'une alimentation plus saine.

Les classiques de la cuisine qatarie

On retrouve au Qatar de nombreux plats communs dans le golfe Persique, connus sous des appellations spécifiques. C'est par exemple le cas du machbūs, connu sous le nom de kabsa en Arabie saoudite, où il est le plat national. Ce plat complet très savoureux se compose d'une base de riz épicé garnie de légumes et de viande (poulet, mouton ou agneau) avec des fruits secs, qui n'est pas sans rappeler le biryani, venant d'Asie du Sud. On retrouvera également le ghoozi ou quzi, plat probablement originaire d'Iraq, composé d'agneau parfois entier, parfois en découpe, servi sur un lit de riz épicé avec beaucoup de raisins secs, d'amandes et de pignons. Ce plat porte parfois le nom de shuwaa. Les kousa mahshi sont des courgettes farcies de viande hachée.

Le khobz rougag occupe une place importante. Ce pain plat composé de farine, d'eau et de sel est également utilisé dans d'autres plats comme le thareed, un ragoût de viande ou de volaille avec des légumes, qui mijote dans un bouillon. On vient ensuite le déposer sur un lit de pain, qui s'imbibe ainsi du bouillon. Le khobz rougag est également utilisé dans la préparation du fameux shawarma, garni de lamelles d'agneau ou de poulet mariné et grillé, de laitue, de tomate et d'oignon.

Autre plat phare, la madrouba est un porridge qatari épicé à base de riz – volontairement trop cuit –, de poulet et d'une foule d'épices : curcuma, cumin, cardamome, gingembre, clous de girofle, cannelle, ail et poivre noir. Il est généralement servi bien chaud et n'est pas sans rappeler le harees. Ce dernier, commun pendant le ramadan, est composé de mouture de grains de blé mélangés avec du ghee, que l'on fait cuire longtemps pour donner également au plat une texture de porridge. On le garnit de viande ou de volaille. 

Il est toutefois difficile de dresser un portrait complet de la cuisine qatarie sans évoquer le fait qu'en devenant en quelques décennies l'un des pays les plus prospères du monde, le Qatar a attiré une population des quatre coins du monde, venue travailler dans des secteurs variés. Ainsi, pas moins de 80 % des habitants du Qatar ne sont pas citoyens et viennent aussi bien du sous-continent indien et de l’Asie Sud-Est, que d'Afrique, du Moyen-Orient ou, dans une moindre proportion, d'Europe.

De ce fait, les offres culinaires au Qatar dépassent très largement la seule cuisine du golfe Persique, et on retrouve bien sûr une présence conséquente de spécialités venant d'Asie du Sud (Inde, Pakistan, Bangladesh, Népal et Sri Lanka), comme le biryani, les chapatis, les naans, le tandoori, les samoussas et diverses recettes de currys. Les restaurants chinois, japonais, coréens, thaïs, philippins ou encore indonésiens sont également communs. Une multitude d'établissements – plutôt haut de gamme – proposent bien sûr de la cuisine européenne, notamment française et italienne. La gastronomie iranienne est également populaire, connue pour ses plats de viande et de légumes, richement assaisonnés d'herbes fraîches, de safran, de jus de grenade, et garnis de fruits secs et de riz.

La pénétration de la cuisine levantine (Liban, Syrie, Jordanie, Palestine) est forte au Qatar et on retrouve communément le houmous (purée de pois chiches au tahini ou crème de sésame), le tabbouleh (salade de persil et de menthe hachés avec oignon vert, tomate et un peu de semoule, très différent de notre « taboulé » industriel), le labné (yaourt très épais servi avec un filet d'huile d'olive) ou encore le moutabal (purée d'aubergines grillées au tahini avec du yaourt, ou sans yaourt et qui devient alors le baba ganoush). Ces plats sont appelés mezzes en arabe, c'est-à-dire « hors-d’œuvre ».

Desserts et boissons

Les douceurs les plus communes au Qatar sont typiques de ce que l'on retrouve au Moyen-Orient, avec une abondance de sirop, de miel, d'amandes, de pistaches, d'eau de rose et d'eau de fleur d'oranger. Citons ainsi les luqaimat, de petits beignets en forme de boule parfumés avec safran et cardamome, que l'on imbibe dans un sirop au miel, avec parfois une pointe de cannelle. Le khabees est un porridge à base de farine rôtie et mélangée avec du sucre, de l'huile, du beurre, du safran, de la cardamome et de l'eau de rose. L'assida est un pudding sucré composé de farine, d'huile et de sucre, originaire du Maghreb mais très populaire au Qatar. Il est souvent servi avec un filet de rub, du sirop de datte. Très surprenant, le balaleet est un dessert de nouilles sucrées, parfumées avec cannelle, safran et cardamome, couronné d'une omelette sucrée. Il est communément servi pour l'Aïd el-Fitr, à la fin du Ramadan.

Le café arabe ou kahwa est LA boisson nationale. Toujours aromatisé d’un soupçon d’épices (cardamome ou safran en général), le kahwa est servi noir et sans sucre, accompagné de quelques dattes pour en réduire l’amertume. C’est la boisson que les Qataris proposent systématiquement à leurs invités, en signe de respect et de bienvenue, et cette offre s’accompagne toujours d’un rituel qu’il convient de respecter. En général, la politesse locale veut que l’on boive trois – petites – tasses de café. On secoue légèrement sa tasse quand on n’en veut plus.

Héritage anglo-indien, le thé occupe une place assez importante dans la culture arabe et se consomme donc régulièrement au Qatar. Le karak, également connu sous le nom de « thé au lait », rappelle le chaï latte mais en plus corsé. Ce mélange richement épicé contient de la cardamome, du safran et du sucre, que l'on fait mijoter avec le thé et avec du lait évaporé.

Comme leurs voisins du golfe Persique, les Qataris adorent les jus frais, que l'on consomme jour et nuit. En effet, les fruits, importés par avion, en provenance d'Inde, d'Afrique ou de Californie, sont ici communs. On retrouve toutefois cet amour pour le sucré avec une abondance de sodas. Cependant, testez sans hésiter l'excellente limonade à la menthe, la limonana, de « limon » et « nana », citron et menthe en arabe, démocratisée par les restaurants libanais et devenue très populaire au Moyen-Orient.

Strictement interdites aux musulmans, les boissons alcoolisées sont disponibles de plus en plus dans les restaurants 4 étoiles et dans la quasi-totalité des 5 étoiles, ainsi que des sports bars. Pour des raisons liées à leur emplacement ou aux choix du propriétaire, certains bars de grands hôtels sont dits « dry bar », c'est-à-dire sans alcool. Bien se renseigner à l'avance pour éviter les déconvenues.