La très récente histoire du cinéma qatari

Même s’il ne fait pas de doute que les cinéastes avaient déjà posé leur caméra au Qatar avant les années 2000, la production qatarie de fiction ne débute qu’à l’aube du XXIe siècle, et est encore aujourd’hui en pleine expansion. La création du Doha Film Institute, intégrée aux différents plans de développement internationaux du pays, n’y est pas étrangère. Fondée en 2010, cette structure soutient des productions cinématographiques variées et porte dès son origine un festival de grande ampleur, en partenariat avec le festival Tribeca, fondé en 2001 par Jane Rosenthal et Robert De Niro. Même si cet événement disparaît en 2012, il a contribué à mettre le Qatar sur la carte des pays de cinéma, et l’État attire aujourd’hui de plus en plus de tournages. C’est également en 2010 que le premier long-métrage qatari sort en salles. Clockwise, réalisé par Khalifa Almuraikhi. Basé sur une vieille légende, ce film d’aventure porte pour la première fois les paysages du Nord-Qatar à l’écran. Depuis, le pays a vu fleurir une génération de jeunes réalisatrices, mises en avant par les productrices à la tête du Doha Film Institute. Parmi elles, Amal al-Muftah (Sh’hab, 2018), A.J. Al-Thani (Kashta, 2016) ou encore Nouf al-Sulaiti (Gubgub, 2018) construisent l’avenir du cinéma national, au travers de courts métrages de fictions ou de documentaires, inspirant à leur tour d’autres cinéastes. Récemment, And Then They Burn the Sea de Majid Al-Remaihi (2021) a ainsi été sélectionné au festival de Locarno, dans la catégorie espoirs.

Donner le goût du cinéma au Qatar

En complément à ces soutiens, le DFI promeut également le cinéma au travers de deux rendez-vous nationaux. D’une part, le festival Ajyal dédié aux jeunes générations et aux jeunes talents, qui se tient chaque année à Katara, le « village culturel » de Doha ; de l’autre, le Qumra, un incubateur de projets destiné aux cinéastes, techniciens et producteurs de la région. En marge de ces deux manifestations, le réseau de salles se développe à grande vitesse, permettant aux Qataris amateurs de septième art de découvrir les productions locales et internationales sur grand écran. Arrêtez-vous dans les Cinémas Novo pour une pause cinéphile.

Tournages internationaux et superproductions

Enfin, de nombreux films ont choisi le Qatar comme coproducteur ou comme décor de tournage, grâce aux soutiens du Doha Film Institute. Ainsi, L’Or Noir de Jean-Jacques Annaud (2011) raconte le boom du pétrole dans une fresque épique avec Tahar Rahim et Antonio Banderas. D’autres productions remarquables ont également été coproduites au Qatar, comme Mustang de Deniz Gamze Ergüven (2015), Le Client d’Asghar Farhadi (2016) ou encore Capharnäum de Nadine Labaki (2018). Preuve que le pays a réussi à s’imposer sur la scène internationale comme nouvel épicentre du cinéma arabe, sans oublier que c’est également au Qatar qu’est née la chaîne d’information Al-Jazeera.