Champion du CO2

Depuis les années 1980, les émissions de CO2 du Qatar ont subi une croissance astronomique, à la hauteur de la croissance de son économie. À leur sommet, en 2005, les émissions frôlaient les 50 tonnes annuelles par habitant, un palmarès stratosphérique. Même si aujourd’hui, ce score a baissé à un peu plus de 30 tonnes par habitant, le pays reste tout de même grand champion des émissions par habitant : un Qatari produit deux fois plus qu’un Américain, quatre fois plus qu’un Chinois et sept fois plus qu’un Français. C’est principalement l’activité gazière qui est responsable de ce triste record, qui dépend bien sûr aussi de la faible population. En tant que 15e plus gros producteur de pétrole au monde et 5e plus gros producteur de gaz, le Qatar a une économie énergivore. Le gouvernement souhaite déjà inverser la tendance, en promettant une réduction de 25 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. La clef du succès : le gaz naturel liquéfié, dont le pays est le plus gros producteur et qui permettrait de prendre le relais sur l’énergie solaire, qui est implémentée pour la première fois en 2022. En plus de cela, le gouvernement investi dans les technologies de décarbonisation, qui pourraient permettre de retirer le dioxyde de carbone déjà présent dans l’atmosphère, et donc de réparer les dégâts déjà causés. Cela commence par la plantation d’un million d’arbres, pour absorber les émissions. Enfin, le gouvernement investi dans la recherche de carburants propres, comme l’hydrogène.

Face à la chaleur, les rues climatisées

La chaleur et la sécheresse se font si insupportables au Qatar que l’on craint qu’il ne devienne, bientôt, qu’un vaste désert inhabité. Il faut dire que le pays du Golfe ne partait pas avec les meilleures cartes en main : un climat aride, une humidité élevée due à l’évaporation des eaux du Golfe qui empêche le refroidissement du corps, des températures étouffantes (un record de 50,4 °C en 2010), et pas un seul lac ou rivière. Ce dernier point tout particulièrement pose un problème, car face à l’absence totale d’eau douce, le pays doit puiser dans les nappes phréatiques et désaliniser l’eau de mer pour combler les besoins de sa population. Résultat : l’indice de stress hydrique est au maximum. Malgré cela, l’eau, si rare et précieuse, reste gratuite, si bien qu’alors qu’un Français consomme environ 150 litres d’eau par jour, un Qatari en nécessite 500.

Alors que le climat est déjà sensiblement déréglé par le changement climatique, comme ont pu le constater les habitants de la capitale en 2018, alors que plus d’une année de pluie est tombé en une journée, la chaleur devient d’autant plus étouffante. Les zones urbaines comme Doha, particulièrement, sont les plus atteintes, en raison de la forte densité en matériaux absorbant la chaleur et de l’asphalte. Contre ce problème, le Qatar a commencé à utiliser des matériaux bleus qui réfléchissent la lumière pour la construction des routes, et a ainsi rafraîchit de 7 °C la température. Bien que la consommation en énergie soit à la source du problème, le Qatar prend des mesures de court terme pour faire face au problème, comme lorsqu’il a commencé, à la fin des années 2010, à installer des climatiseurs dans les rues pour permettre aux habitants de continuer à vivre normalement. On sait pourtant que 60 % de l’électricité du pays est utilisée dans son refroidissement.

Une Coupe du Monde controversée

Alors que le gouvernement espérait qu’elle mettrait en lumière aux yeux du monde le développement et l’influence de ce riche pays, elle a surtout éveillé de fortes controverses quant au bilan écologique du pays. Le choix même de ce pays adepte des records de températures dans un environnement fragile pour recevoir des milliers de supporters, laisse dubitatif.

Ce n’est pas faute d’essayer d’arrondir les angles avec plusieurs promesses. Le ministre de l’Environnement a notamment promis en 2018, un « bilan carbone neutre », ou une utilisation de l’énergie solaire, sans apporter de précisions chiffrées. Les organisateurs tentent aussi de mettre en avant des solutions environnementales innovantes, comme le Stade 974, fabriqué en conteneurs et entièrement démontable, pour une construction moins énergivore et moins de déchets. Certains reprochent déjà une vaste opération de greenwashing visant à cacher une réalité moins reluisante. La température, notamment, pose un problème, puisqu’elle ne permet pas la pratique du sport, si bien que la compétition a dû être repoussée à novembre et décembre, pour des températures plus clémentes : tout de même de 25 °C au minimum. Pour rafraîchir les joueurs et les touristes, un système de climatisation géant a été implémenté dans les stades. L’organisation essaye surtout de mettre en avant le positionnement stratégique du stade, sur une presqu’île artificielle, pour permettre d’utiliser l’eau du Golfe pour une climatisation moins énergivore. Cela ne suffit pas à faire taire les critiques, qui se rappellent les mondiaux d’athlétisme de 2019, lorsque les 3 000 bouches d’aération du stade avaient fait chuter la température à un agréable 25 °C, alors même que l’extérieur était à 42 °C.

Les zones protégées, à leurs balbutiements

Le Qatar dispose de 9 zones protégées, dont 4 sont marines. Elles ne sont traditionnellement pas ouvertes au public, bien que, depuis début 2022, le ministère a laissé la possibilité de s’inscrire à certains créneaux pour visiter les réserves. Les zones protégées ont presque toutes été créées au début des années 2000, dans une volonté de conservation encore à ses débuts. Elles permettent notamment d’offrir un habitat aux animaux menacés, comme le rarissime oryx d’Arabie, une antilope qui a été sauvée de l’extinction grâce à une petite population gardée en captivité dans un zoo américain dans les années 1960, et qui aura permis la réintroduction de l’espèce.

Parmi les zones protégées, l’État a soumis la réserve Khor Al Udayd au patrimoine mondial de l’Unesco. Dans cet environnement unique au monde, se côtoient une mer intérieure soumise aux marées et des dunes dans une étendue complexe de lagunes. Là où, jadis, les nomades faisaient paitre leurs chameaux, s’épanouissent désormais des espèces rares comme le dugong, un animal proche du lamantin, aussi bien par son rang taxonomique que son apparence potelée, mais qui en diffère grâce à sa queue proche de celle d’un cétacé.

Par ailleurs, le seul véritable parc naturel est le Umm Tais National Park, une île inhabitée au nord de l’état. Elle n’est peuplée par rien d’autre qu’une mangrove, des plages désertes, de nombreuses espèces d’oiseaux et d’animaux marins. Véritable réserve ornithologique, le parc est actuellement repensé pour faire le bonheur des touristes, qui pourront y observer des ibis, hérons, cormorans et balbuzards pêcheurs.