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Un islam rigoriste et traditionnel

Officiellement, le Qatar embrasse le wahhabisme, un mouvement d’islam sunnite fondé par le Saoudien Mohammed ibn Abd el-Wahhâb vers 1745. Ses fidèles rejettent toute tradition extérieure au Coran et à la sunna et refusent l’invocation de saints ou du prophète Mahomet lui-même. Cette doctrine islamique s’appuie sur l’alliance historique entre le pouvoir politique et financier représenté par Ibn Saoud et l’autorité religieuse. Les 5 piliers de l’islam sont appliqués ici avec rigueur. Le premier, le Zakat, est l’aumône légale, dont le montant est déterminé par le Coran. C’est un impôt religieux, prélevé par le ministère, et que chaque musulman a le devoir de payer au profit des nécessiteux. Le second pilier, le Sawn est un jeûne d’un mois que les musulmans sont tenus d’observer pendant la période du ramadan. Au cours de la journée, entre le lever et le coucher du soleil, les pratiquants doivent s’abstenir de manger, de boire, de fumer et d’avoir des relations sexuelles. Ils sont également encouragés à accomplir de bonnes actions. Le 3e pilier, le hadj, est un pèlerinage à La Mecque que tout musulman est supposé accomplir, ne serait-ce qu’une fois dans sa vie. Le 4e pilier est le Salat, la prière rituelle. Elle doit être prononcée cinq fois par jour, en langue arabe et face à La Mecque. La première prière est celle de l’aurore, vers 4-5h du matin. En général, la plupart des musulmans accomplissent ce rituel dans l’enceinte de la mosquée. Mais il n’est pas impossible de les voir en prière dans les lieux publics, quand la mosquée est trop éloignée. Dans tous les cas, la prière s’accompagne de rituels précis : les ablutions, étendre un tapis pour se protéger des impuretés du sol et se tourner vers La Mecque. La prière commence toujours par la récitation de la première sourate (ou chapitre) du Coran. Enfin, le 5 pilier est le Shahâda, la profession de foi. Elle tient en une seule phrase : « Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète. »

Les mosquées au Qatar

Si, dans leur vie quotidienne, les Qataris fréquentent souvent la mosquée la plus proche, ils choisissent volontiers pour les prières du vendredi (jour saint et chômé dans le calendrier musulman) des mosquées plus importantes. L’objectif gouvernemental du Qatar est de construire des mosquées tous les 500 m environ, de sorte que chaque pratiquant puisse facilement s’y rendre plusieurs fois par jour. D’architecture assez simple et épurée, la mosquée comporte toujours un minaret, une longue et haute tour, sobre ou ornementée, d’où, cinq fois par jour, le muezzin appelle les croyants à la prière L’appel à la prière est lancé par le muezzin du haut du minaret à des moments déterminés par la position du soleil. Certaines mosquées ne possèdent qu’un minaret, tandis que d’autres, les plus importantes, en ont plusieurs (mais jamais plus de 7, soit le nombre de minarets de la Grande Mosquée de La Mecque). L’autre élément indissociable de ce type de bâtiment cultuel est le mihrab : une niche dans le mur indiquant la qibla (la direction de La Mecque). Une mosquée dispose toujours d’un point d’eau, essentiel aux ablutions auxquelles les pratiquants se doivent de procéder avant la prière, afin de se purifier. On peut citer à Doha des mosquées remarquables. La grande mosquée d’Etat, également connue sous le petit nom de Imam Muhammad bin Abdulwahhab, qu’on peut visiter, tout comme la mosquée d’Education City. D’architecture futuriste, elle se veut comme une réflexion sur l’Islam et la modernité. L’édifice conçu par l’architecte et calligraphe iranien Taha al-Hiti repose sur 5 grandes colonnes symbolisant les 5 piliers de l’Islam. C’est ici que se trouve le jardin botanique Qur’anic. 

Des fêtes religieuses familiales et animées

La plupart des jours fériés et des fêtes religieuses musulmanes sont basés sur l’apparition de la Lune dans le courant du mois ou de la semaine du calendrier hégirien, qui compte environ 11 jours de moins que l’année grégorienne. Par conséquent, la date exacte de la plupart d’entre elles n’est connue que 24 heures à l’avance. Le mois sacré du ramadan et les trois jours de l’Eid al-Fitr (le petit Aïd) qui s’ensuivent sont les fêtes religieuses les plus importantes, au Qatar comme dans le reste du monde arabe. Les gens s’abstiennent de manger, de boire et de fumer du lever du jour au coucher du soleil. Le jeûne est rompu après le coucher du soleil par un repas appelé iftar. Pendant cette période, les journées de travail dans les entreprises sont généralement raccourcies de 2 ou 3 heures, tandis que les magasins sont fermés de 13h jusqu’à très tard, après le repas. C’est ainsi que la plupart des magasins et des centres commerciaux restent ouverts bien après minuit. L’Eid el-Kebir (le grand Aïd), la fête du sacrifice, est aussi une période festive pendant laquelle les membres de la famille se rassemblent pour manger le mouton. Elle a lieu le 10 du dernier mois du calendrier musulman, marque la fin du hadj. On offre des cadeaux ou de l’argent aux enfants et on partage de somptueux repas. Les familles se promènent dans les parcs, pique-niquent ou vont au cinéma ou dans les centres commerciaux.

Le christianisme et l’église de Notre-Dame

Les chrétiens sont la seconde communauté du Qatar avec près de 13% de croyants. L’ordre franciscain des Frères mineurs capucins, en Inde depuis le XVIe siècle, assure une présence catholique discrète, avec l’accord des autorités. Sans croix visible ni cloche sonnante, l’église Notre-Dame-du-Rosaire de Doha (12 km au sud de la Corniche) accueille depuis 2008 les fidèles lors de messes régulières. Chaque vendredi, elles se succèdent du petit matin au coucher du soleil, toutes les heures, dans toutes les langues des communautés de travailleurs du Qatar, dont le français, l’anglais, le cingalais, l’hindi... À chaque office, l’église est comble ! Pour l’anecdote, les vitraux de l’église Notre-Dame-du-Rosaire sont la réalisation du maître verrier français, Emile Hirsch (1832-1904). Cet artiste originaire de Metz s’est formé à l’école des Beaux-Arts, sous la direction d’Eugène Delacroix et de Hippolyte Flandrin. Il a, entre autres, réalisé la restauration des vitraux de la cathédrale de Chartres, mais aussi ceux des églises de Saint-Séverin et Saint-Thomas d’Acquin à Paris, et ceux de la cathédrale Saint-Louis à La Rochelle.