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Les Qataris au temps des perles

Avant la découverte du pétrole, les communautés tribales avaient développé un mode d’association économique original qui leur permettait de contribuer aux deux principaux secteurs d’activités : le pastoralisme nomade et le commerce des perles. Les créanciers musaqqamin finançaient la plupart des nuwahdah, capitaines de bateaux, propriétaires ou non, serviteurs de cheikh ou d’hommes riches pour la plupart vendeurs de perles towas. Les nuwahdah devaient avancer une partie du salaire aux familles des pêcheurs en plus de la nourriture durant toute la saison de pêche – 4 mois et 10 jours. Un enfant était d’abord tabbab puis apprenti (hatif), puis plongeur (gaiys) ou enfin tirait les plongeurs (seb). Une forte proportion d’esclaves participait à la plongée ainsi que des musiciens, qui rythmaient le travail à bord. La saison de la collecte des perles (al gaus) était divisée en 3 principales périodes : Hansiyah, commençant à la mi-avril et se prolongeant 40 jours, dans une mer encore froide qui obligeait à une pêche dans les eaux peu profondes ; Gaus al kebir, de la fin mai aux dix premiers jours de septembre, période d’activité intense, du lever au coucher du soleil avec des intervalles de 3 minutes entre chaque plongée et remontée, 2 heures étant consacrées à l’ouverture des huîtres (iflqunn) ; Raddah, des derniers jours de septembre aux deux premières semaines d’octobre.

Un mode de vie habité par la tradition

L’actuelle population indigène (env. 200 000 personnes) descend des pasteurs nomades bédouins, également pêcheurs de perles, et de leurs esclaves. Ces peuplades étaient divisées en clans et en tribus, elles-mêmes subdivisées en de nombreuses sous-branches. Pendant plusieurs siècles, la tribu ou le clan a été l’élément de base principal dans la société. C’est encore le cas aujourd’hui. Le pouvoir héréditaire est par conséquent inséparable du tissu social et politique de l’émirat et de l’ensemble de l’Etat, au point que la famille régnante et le gouvernement sont quasiment impossibles à différencier. Les Qataris sont naturellement propriétaires de la terre, l’Etat organisant la distribution des parcelles. Dans la vie, la tenue du qatari est traditionnelle : Monsieur arbore une Thobe immaculée et toujours repassée, avec parfois le lien tressé Tarbosha en guise de cravate. Sur la tête, le petit bonnet crocheté Tagiyah permet le bon positionnement du voile blanc Ghutra entouré de la cordelette de laine noire Aagal. A ses pieds, les Na’aal, des sandales ouvertes à semelle épaisse. Pour les grandes occasions, et si son statut social le lui permet, il revêt la sur-tunique Besht noire, beige ou grise, à l’encolure brodée à l’or fin. 

Une extrême diversité de populations

La population du Qatar a toujours été arabe, en raison d’abord de la situation géographique du pays (partie intégrante de la péninsule arabique) mais aussi de l’origine de ses premiers habitants. La majorité d’entre eux appartenaient en effet aux tribus des régions voisines d’Arabie saoudite (Nadj et Al Hasa) ou du Sultanat d’Oman. Les vagues d’immigration se sont succédé aux XVIIe et XVIIIe siècles et n’ont cessé qu’au début du XIXe siècle. Les descendants d’esclaves font partie intégrante de la population désormais. Aujourd’hui le Qatar compte près de 2,8 millions d’habitants, en croissance de près de 5 % par an, soit le taux le plus élevé du monde. La population est majoritairement composée d’hommes (75 %) et concentrée essentiellement dans les villes, en particulier la capitale, Doha (environ 85 %). En plein développement, le Qatar réclame toujours plus de main d’œuvre étrangère, d’abord du sous-continent indien et d’Asie de l’Est, ensuite du monde arabe (Egyptiens, Syriens ou Maghrébins), enfin – et de moins en moins – des pays occidentaux. Le Qatar est sans doute, avec Abu Dhabi et Dubaï, un des territoires les plus multiculturels et cosmopolites du monde ! Le développement fulgurant des grandes métropoles s’accompagne d’un besoin grandissant de main-d’œuvre et attire parallèlement un grand nombre de capitaux et d’investisseurs, séduits par le potentiel du gaz. Globalement, deux tiers des travailleurs immigrés proviennent du sous-continent indien (Inde, Pakistan, Sri Lanka, Philippines, Bangladesh...) et des pays proches (Péninsule Arabique, Maghreb, Iran, Liban, Afghanistan...). Les autres, des cadres, sont des expatriés occidentaux, majoritairement anglo-saxons. Ces derniers, juste derrière les Qataris, représentent les couches les plus favorisées de la population, avec des salaires élevés, octroyés par les grandes entreprises de leurs pays d’origine ou des sociétés qataries.

Do you speak globish ?

L’arabe est la langue officielle, celle du droit, puisque tous les documents administratifs et juridiques sont rédigés en arabe. L’anglais est toutefois parlé et compris presque partout en ville. C’est la langue des affaires, des achats et du secteur touristique. Les panneaux routiers sont rédigés aussi bien en arabe qu’en anglais, à l’instar d’une multitude d’autres pancartes, brochures et documents divers. Un anglais globish où se mêlent tous les accents du Commonwealth, celui des Français qui font ce qu’ils peuvent, des Américains. Comme beaucoup d’étrangers sont originaires d’Asie et du sous-continent indien, l’hindi, le baloutche et l’urdu sont aussi communément parlés. L’arabe est une langue sémitique qui s’écrit et se lit de droite à gauche. L’alphabet comprend 29 lettres. Selon leur place dans le mot, ces lettres peuvent prendre des formes plus ou moins différentes. Les vocables se construisent à partir d’une racine composée exclusivement de consonnes, sur lesquelles viennent se greffer un ensemble de voyelles apportant un sens à la racine. Il est important de faire la différence entre l’arabe classique ou littéral et l’arabe dialectal. Le premier est l’arabe écrit : c’est la langue des poètes de l’Arabie centrale du VIe siècle et du Coran (référence de la langue arabe, à l’origine de sa codification et de sa diffusion). Tout Arabe lettré la comprend. L’arabe dialectal est l’arabe parlé et diffère selon les régions et pays. Ici, on cause le Khaleeji.