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Une petite péninsule en pleine mer d’Arabie

La péninsule qatarie représente l’un des points avancés de la plaque tectonique arabique qui s’enfonce lentement sous la plaque eurasienne. D’un point de vue géographique, elle est située à l’est du désert d’Arabie, plongeant dans le golfe persique. Elle est frontalière de l’Arabie saoudite au sud, là où elle est rattachée au sous-continent arabique, mais fait face sur sa rive nord-ouest au Bahreïn, situé à seulement 30 km des côtes qataries. Le pays se trouve aussi non loin des Emirats arabes unis au sud en longeant la côte. Sans les dunes de sable blanc du sud-est (autour de la mer intérieure de Khawr al Udayd), les formations rocheuses de l’ouest (mont Dukhan) et les falaises du nord (Fuwairit), le pays serait plat.

Des particularités géologiques qui ont fait sa richesse

Le sol qatari est constitué en majorité de couches calcaires et de dolomite, une roche plus dure. Le sol regorge de quelques nappes pétrolifères, mais surtout de champs de gaz naturel, sa principale richesse. Il est en effet le 1er producteur mondial avec les États-Unis. Son principal site de production du gaz naturel liquéfié (GNL) se trouve à Ras Laffan Industrial City, à 80 kilomètres de Doha et Qatar Petroleum a annoncé un immense nouveau projet, le North Field East LNG Project.  Extrait puis acheminé par des gazoducs en provenance des champs de production, il doit subir un ensemble de traitement pour être exploité.
Le pays compte d’autres particularités géologiques, principalement autour de Zekreet, tout à fait à l’ouest, proche de Dukhan. L’érosion de la pierre calcaire à cet endroit par le vent et le temps crée de véritables « champignons » géologiques géants. Un paysage lunaire évoluant au fil du temps, qui a inspiré des réalisateurs de film, en particulier là où a été construit « Film City » un décor de ville fantôme que l’on peut visiter en 4x4. Non loin, Richard Serra a dressé ses monolithes alignés en plein désert.

Des côtes sculptées de mers intérieures

Très sinueuses, les côtes sont composées d’une alternance de vastes baies appelés « khor » en arabe et de paysages lunaires de roches érodées (« ras » en arabe) ayant formé par endroits de petites criques. Dans le centre de la péninsule, la mer s’est retirée de certains espaces, laissant derrière elle de vastes bassins naturels appelés « Riyadh ». Les plus fertiles sont ceux d’Al-Majidah, Al-Shahaniyah et Al-Sulimi. Les terres arables occupent seulement 1,64 % de la surface totale, en raison de l’aridité extrême de la terre et du climat. C’est un plat pays désertique qui ne reçoit qu’à peine 70 mm de pluie par an.
L’absence de relief se retrouve aussi dans les fonds marins, peu profonds, contrairement à la côte iranienne. Il n’est pas rare de trouver d’immenses récifs ou des bancs de sable qui s’étendent sur plus de 50 km au large des côtes, ce qui a permis de pratiquer plus facilement la pêche perlière sur cette côte que l’autre, car elle se pratiquait en apnée à l’époque.

Les sabkha : un système lagunaire unique au monde

En raison des dépressions créées par le retrait de la mer dans certaines parties de la péninsule, le Qatar est entouré de cuvettes salines, les Sabkha. Là poussent seulement des plantes aquatiques capables de résister, dans ce milieu particulièrement salé (mangrove, palétuvier). C’est principalement dans le sud, autour de la mer intérieure, que l’on trouve ces bassins peu profonds, entourés de terres surélevées. La mer y pénètre lors des grandes marées, puis s’évapore formant les marais salants. La chaleur très élevée finit par assécher ces étendues, laissant le sel se déposer sur les rochers et le sable imperméable.
La juxtaposition de vastes dunes mouvantes qui vont jusqu’à la côte, où elles finissent dans la mer et d’une grande baie soumise aux marées, le tout dans un environnement tropical aride, n’a pas d’équivalent connu au Moyen-Orient ni même ailleurs dans le monde. La partie terrestre comprend des dunes en croissant (barkhanes) parfaites et des dunes paraboliques, des « rowdat » bordés de falaises, des vallées profondes (wadis), des plateaux (mesas), des affleurements d’argile et des formes karstiques, des cuvettes salées (sabkhat) et des îles faisant partie de la baie elle-même. Le développement de ces caractéristiques est le résultat de processus géologiques et climatiques anciens et contemporains. Dans la partie maritime de Khor Al Udayd, représentée par le passage du chenal étroit et profond au vaste bassin peu profond du nord, le paysage est d’une beauté naturelle extraordinaire. Il n’existe pas de système lagunaire aussi vaste dans d’autres pays du Golfe arabe.

 La zone est représentative d’exemples remarquables de l’évolution en cours du relief. Les « sabkha », surface désertique présentant une croûte salée, qui s’étendent de Khor jusqu’à Messaied, sont différentes des sabkhas classiques, composées de carbonate de calcium et dérivées de la mer. Dans le Khor Al Udayd, les sabkhas ont été formées en direction de l’est par les vents dominants « shamal », de nord-nord ouest, qui soufflent le sable des dunes contenant du quartz. Peu à peu les dunes de sable traversent cette surface plane jusqu’à la mer et font ainsi continuellement progresser la sabkha en direction de la côte. Comme la quantité de sable disponible n’est pas infinie, il est prévisible qu’à terme tout le sable aura atteint la mer et donc la formation de sabkha s’arrêtera. Pour cette raison, le phénomène actuel est d’une importance considérable. Les pisolites trouvées dans la zone – des coquilles recouvertes de carbonate de calcium – sont les seules qui existent dans une gangue de sable quartzique. De plus les eaux souterraines hyper- salines dans les parties de sabkha du côté de la terre contiennent des très jeunes cristaux de dolomite. La dolomite est commune dans les calcaires anciens mais c’est ici l’un des rares endroits où, actuellement, elle présente un phénomène de précipitation sous la surface autour du sable quartzique. Cet endroit est ainsi un lieu unique pour l’étude sur le terrain des processus chimiques qui fabriquent ce minerai, ce qui reste l’un des derniers mystères largement non élucidé de la géologie moderne. De plus, on a récemment découvert dans cette zone un grand nombre de « monticules de sel ». Chacun est recouvert d’une croûte de sel ou de gypse, qui pourrait être le vestige de la surface d’une ancienne cuvette (sabkha) correspondant à un ancien niveau de la mer. Dans ce cas, cela serait un signe fort de fluctuations du niveau de la mer pendant la période post-Plistocene jusque tard dans l’Holocène. Des plages surélevées témoignent également de ce phénomène. Des images satellite ont récemment montré qu’à cet endroit le lagon se comble progressivement. 

Actuellement, des courants de marée le maintiennent ouvert près de son entrée, mais, si plus loin dans l’intérieur les zones marines de faible profondeur se comblent, les courants diminueront et le reste de la partie intérieure pourrait se colmater entièrement. L’étude des images satellite dans les environs de Umm Said (Messaieed) montre une zone qui pourrait, dans le passé, avoir été identique à Khor Al Udayd. Ce dernier constitue un lieu d’étude instructif en extérieur sur des processus géologiques et géomorphologiques actuels, qui en effet attirent des visiteurs nationaux et internationaux, incluant à la fois des touristes et des spécialistes. 

Doha, épicentre géographique

L’impatiente Doha, en arabe ad-Dawa, « le grand arbre », semble vouloir grandir toujours plus vite, au point de confondre son destin avec celui du pays lui-même. Qatar = Doha. Avec 2,38 millions d’habitants, soit un peu plus que Paris intra-muros, Doha et sa banlieue concentrent 80 % de la population du pays sur environ 132 km2, contre 105 km2 pour Paris, ce qui en fait une ville relativement dense. Localisée au centre de la côte est de la péninsule, face à l’Iran, la capitale proprement dite (sans compter les villes de banlieue) ne compte que 650 000 habitants. Sa corniche historique s’étend sur près de 7 km, tandis que le littoral s’étire sur 30 km jusqu’à l’île artificielle de The Pearl jusqu’à Lusail. Ville tentaculaire, elle se développe au gré de ses « rings » concentriques nommés A, B, C, etc, dont certains ont depuis été gommés en partie de la carte dans le remaniement permanent de la ville. Le D-Ring est par exemple devenu l’autoroute Doha ExpressWay entre 2006 et 2010 et traverse la ville suivant un axe nord sud sur 6 à 8 voies , à l’américaine. Doha s’étend désormais d’Al Wukra au sud (desservi désormais par une ligne de métro) à Al Khor au nord et a avalé la grande ville d’Al Rayyan désormais partie intégrante de la banlieue de Doha la plus orientale. Elle comptait 9 districts (quartiers) au début du XXe siècle, et en compte désormais 60 ! Elle est sans cesse en construction, pour ne citer par exemple que l’ancien quartier central de Msheireb, qui a été rasé pour être entièrement reconstruit.  Sans compter les nouveaux quartiers pour « workers » étrangers où s’alignent des constructions nouvelles dans les banlieues les plus reculées de la ville. Quoi qu’il en soit, cet immense chantier dégage une énergie qui ne manque pas d’épater les visiteurs !
Hors de la capitale, des autoroutes partent en direction des quatre coins de l’île, au sud direction Messaieed, où se trouve les dunes de sable et une vaste mer intérieure. Au sud-ouest, une autoroute mène à Salwa, en Arabie saoudite, c’est l’axe principal qui dessert le pays voisin. Côté qatari, un grand complexe touristique vient d’être inauguré ici, avec un vaste complexe hôtelier Hilton doté de vraies plages et d’un parc d’attraction aquatique pour les familles. A l’ouest, une autoroute dessert Dukhan, au nord, une autre mène à Al Ruwais, où là encore un nouveau complexe touristique a aussi été ouvert. Il est proche du fort classé à l’Unesco d’Al Zubarah. Les plages sauvages de la côte nord-est de la péninsule constituent de jolies haltes le week-end.