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Cinéma en Louisiane : des origines au Nouvel Hollywood

C’est en 1898 que le cinéma débarque en Louisiane, amené par les cinéastes et opérateurs de la American Mutoscope and Biograph Company. Avec leurs caméras, ces réalisateurs filment le chargement d’un Steamboat et bien sûr le Mardi Gras, qui reste l’un des sujets de prédilection de ces premières années de cinéma local. En 1918, le film Tarzan chez les singes est le premier tournage majeur à avoir lieu entre la Louisiane et la Californie. Il faut ensuite attendre les années 1930 pour que d’autres incursions d’Hollywood en Louisiane amènent des collaborations, comme dans Jezebel de William Wyler (1938). Un film d’époque narrant l’histoire d’une femme du Sud (Bette Davis) qui perd son fiancé (incarné par le jeune Henry Fonda) et se jure de le reconquérir. La période faste qui précède la guerre de Sécession est également le cadre de La belle ensorceleuse (1941) du français René Clair, avec Marlene Dietrich. Mais le film le plus célèbre mettant en scène la Nouvelle-Orléans est sans doute Un tramway nommé Désir (1951). Adapté par Elia Kazan de la pièce éponyme de Tennessee Williams, ce film révèle Marlon Brando et iconise son fameux t-shirt blanc et jean, tout en amenant une petite révolution dans le jeu d’acteur hollywoodien. En vous promenant dans le Vieux Carré français, vous replongerez dans l’atmosphère moite du film, sans toutefois pouvoir visiter les décors créés de leur côté en Californie. Le tram 922, véhicule restauré pour les besoins du film, opère encore aujourd’hui avec d’autres machines de la même période sur la ligne de tramway St. Charles, en activité depuis 1835. Arrêtez-vous également face à la L&N Station, gare où Blanche DuBois (Vivien Leigh) arrive au début du film, aujourd’hui un hôtel qui peut s'enorgueillir d’avoir accueilli deux présidents américains, dont Barack Obama. Enfin, découvrez la cocasse initiative du New Orleans Literary Festival, qui se tient chaque année au mois de mars, et vous donne la possibilité de crier à gorge déployée la fameuse scène où Stanley et Stella échangent des mots fleuris.

Autre film marquant à plus d’un titre, Easy Rider (1969), fit halte au Melançon’s Cafe de Morganza, pour une scène iconique où Peter Fonda, Jack Nicholson et Dennis Hopper se retrouvent face à un accueil glacial de la part des locaux. Le restaurant ayant été détruit depuis, une plaque commémore le passage du film dans la ville.

Une fin de siècle plus parsemée

Bien sûr, un panorama filmique de la région ne saurait être complet sans parler de Vivre et laisser mourir (1973), huitième opus de la saga James Bond. Roger Moore se promène au coin de Chatres et Dumaine Street, avant de se retrouver dans une course-poursuite effrénée au départ du Southern Yacht Club sur le Lac Pontchartrain, puis au travers du Bayou. Dans un tout autre registre, mais au tempo tout aussi soutenu, Potins de femme (1989) est tourné dans The Steel Magnolia House à Natchitoches. Ce portrait choral de six femmes d’âges et de caractères différents met en scène Dolly Parton, Sally Field et Julia Roberts dans un tourbillon de répliques cinglantes et drôles, à découvrir sans tarder. La maison où a eu lieu le tournage est aujourd’hui un mignon B&B, n’hésitez donc pas à vous arrêter pour découvrir la vieille ville pittoresque en poursuivant le Louisiana Film Trail, à la recherche des tournages iconiques de l’État.

Dernière production marquante que l’on peut aborder ici, le très connu Entretien avec un vampire (1994), où Brad Pitt et Tom Cruise se donnent la réplique dans les couloirs de la Oak Alley Plantation, accessible au public. Un film qui a contribué au renouveau des vampires à l’écran, terrain sur lequel la Louisiane se défend plutôt bien.

Le nouveau cinéma de Louisiane

En 2002, la Louisiane devient soudain l’un des États américains les plus intéressants pour les cinéastes, grâce à une nouvelle loi soutenant le secteur local. Cette manne financière attire les tournages et les projets, parmi lesquels un bon nombre dépassent les frontières. Dans cette « ruée vers l’or », la ville de Shreveport devient un véritable hub de cinéma. Depuis 2006, en plus de nombreux studios et sociétés de productions, elle accueille le Louisiana Wave Studio, un bassin à vagues de 750 mètres carré où furent tournées les scènes de tempête du film The Guardian (2006), avec Ashton Kutcher et Kevin Costner. Côté séries, c’est la chaîne HBO qui tire son épingle du jeu avec True Blood (2008-2014), narrant la romance entre un vampire et une jeune innocente de la région. Moment iconique de la série, la demande en mariage dans le cadre idyllique de The Stockade Bed and Breakfast, à Baton Rouge. Une ambiance hautement romantique qui a inspiré plus d’un fan de cette série. Produites par HBO également, Treme (2010-2014) et True Detective (2014-2019) parcourent la Louisiane, dans deux ambiances bien distinctes. Au gré de ces histoires, vous vibrerez au son des trompettes de Kermit Ruffins – réellement musicien de profession – que vous pourrez rencontrer dans son fief Kermit's Treme Mother in Law Lounge, ou vous tremblerez dans les sous-sols de fort Macomb et le long du Creole Nature Trail, aux côtés des détectives Rust Cohle et Marty Hart, pour ce qui est une des meilleures séries policières de la décennie. Pour les amateurs du genre, ne passez pas non plus à côté de NCIS : Nouvelle Orléans, sept saisons au casting remarquable. Enfin, 12 years a slave (2013) de Steve McQueen fait aussi partie des immanquables du cinéma de Louisiane. Les plantations de Magnolia, Destrehan et Bocage, ainsi que la Maison Edwin Epps, constituent les décors principaux de ce film indispensable.

Et après ?

Impossible ici de couvrir tous les tournages et les grands noms qui ont depuis fait halte dans celle qui est devenue la « Hollywood du Sud ». Plutôt que de tenter de tous les découvrir, perdez-vous dans les allées des nombreux cinémas de la région, et découvrez les festivals qui rythment l’année de cinéma en Louisiane, par exemple le News Orleans Film Festival, de renommée internationale, ou le Cinema on the Bayou, un événement qui bat au diapason de cet État accueillant et toujours endiablé, devenu berceau de cinéma.