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Jean-Jacques Audubon (1785-1851)

Le célèbre ornithologue et peintre naturaliste Audubon est né à Saint-Domingue en 1785, d’un riche planteur et d'une femme de chambre. Après le décès prématuré de sa mère, son père se remarie et rentre en Bretagne. Son talent pour le dessin se manifeste très tôt. Peu en phase avec l'académisme, il part en Amérique s'occuper des terres de son père. Cet amoureux de la nature passe son temps à la peindre. Bientôt ruiné, il devient taxidermiste à Cincinnati où il étudie l'anatomie, la zoologie, et surtout, rencontre l’ornithologue Alexandre Wilson. En 1821, il ouvre son premier atelier où il donne des cours de peinture et fait la connaissance d’Elizabeth Pirrie, qui lui propose de devenir le précepteur de sa fille dans la plantation Oakley devenue l'Audubon State Historic Site. Pendant quelques mois, il peint la campagne environnante. Après cela, il s’installe à St. Francisville, avec femme et enfants. Pendant que sa femme fait vivre la famille,  il consacre son énergie à peindre les planteurs de la région. Ayant tant bien que mal réussi à faire quelques économies, sa femme Lucy le pousse à partir en Europe. Là, il y rencontre le peintre Cuvier Redouté, peintre spécialisé dans les fleurs déjà très connu. En avril 1829, Jean-Jacques Audubon regagne les États-Unis où il trouve enfin la reconnaissance. Frappé par la cécité en 1846, il décède en 1851.

L'œuvre qu'il nous laisse est immense, en particulier son formidable bestiaire. Citons Les Oiseaux d'Amérique, un chef-d’œuvre de 435 planches, Quadrupèdes d'Amérique du Nord, de 500 planches, et Biographie ornithologique, autres chefs-d’œuvre comprenant 1 055 dessins accompagnés de leurs notices descriptives. Sa démarche l’impose comme un précurseur dans la protection de l’environnement et du règne animal.

George David Coulon (1822-1904)

Natif de France, il s'installe avec sa famille à La Nouvelle-Orléans. Dès l'enfance, il dessine à l'aide de matériaux originaux tels que l'indigo, des mélanges d'herbes et de baies. À la fois professeur, peintre et restaurateur, Coulon est connu pour ses paysages, ses natures mortes et ses portraits allégoriques, parmi lesquels le Spirit of Louisiana, peint en 1884. Nourri d'influence néoclassique française, il introduit divers éléments architecturaux en arrière-plan de ses portraits. Il accueille avec enthousiasme l'arrivée de la photographie, qui fait évoluer sa technique de portraitiste, lui faisant saisir jusqu'aux infimes détails vestimentaires de ses modèles.Il épouse Marie-Paoline Casbergue, artiste née à La  Nouvelle-Orléans qui se distingue dans la représentation d’oiseaux et de natures mortes. Leurs deux enfants, Elizabeth Emma et George Joseph Amede font également carrière dans l’art.

Edgar Degas, un impressionniste à La Nouvelle-Orléans

Né à Paris en 1834, Degas est le fils d'un banquier parisien et d'une mère créole, originaire de La Nouvelle-Orléans. S'il passe la plupart de sa vie à Paris, il séjourne un an à La Nouvelle-Orléans chez son oncle (sa mère était fille de planteur), de 1872 à 1873, lorsque la guerre avec la Prusse éclate. Il est le seul impressionniste à avoir visité la ville emblématique de Louisiane. Si sa mère Célestine meurt quand il n'a que 13 ans, Degas conserve des attaches à La Nouvelle-Orléans car ses deux frères y vivent. Durant son séjour, il peint un portrait de sa belle-sœur, Estelle, pour laquelle il éprouve une certaine fascination. Il met en lumière également le marché de coton, sur Carondelet Street. Pendant cette année, il vit au 2306 Esplanade Avenue, où il est désormais possible de visiter la Degas House. Son Portrait of Mme Rene De Gas, appartient à la collection permanente du New Orleans Museum of Art (NOMA).

Clementine Hunter (1886 ou 1887-1988)

Première femme noire mise à l'honneur au travers d'une exposition au NOMA, Clémentine Hunter est considérée comme une artiste majeure dans l'histoire de l'art de la Louisiane. Née dans la plantation d'Hidden Hill à Cloutierville, cette descendante d'esclaves commence à travailler dès ses 15 ans dans la plantation Melrose, propriété de François Mignon, bibliothécaire. C'est lui qui donne à Clémentine l'idée de peindre, ce qu'elle fait à merveille, réalisant plus de 5 000 tableaux. De style naïf, ses toiles les plus connues sont de formidables témoignages de la vie quotidienne des plantations, de scènes religieuses et de loisirs dans les célèbres honky tonks louisianais. On peut admirer certaines de ses œuvres au Ogden Museum of Southern Art. Son style influence de nombreux peintres louisianais, dont le fameux Alvin Batiste.

Art primitif

Né en 1962 à Donaldsonville, Alvin Batiste peint depuis l'âge de 3 ans. Autodidacte, il est devenu au travers de milliers d'œuvres un symbole louisianais de l'art rural dit «  primitif  » . Il représente des scènes joyeuses, mais aussi spirituelles et parfois dramatiques de la vie du delta du Mississippi d'antan pour une part inspirée d'histoires contées par sa mère et sa grand-mère sur la vie dans les plantations ou dans les champs : travail, fêtes de la récolte, carnaval, naissances, funérailles, cérémonies vaudou et gospels. Enfants et Big Mamas, omniprésents dans son œuvre, évoquent la tradition africaine du conte, qu’il traduit en images. Alvin est aussi le témoin de son temps : communauté noire louisianaise en proie à la délinquance et à la drogue, portrait de Louisianais d'aujourd'hui, cérémonies de mariages réalisées sur commande. Alvin peint sur tous les types de supports : toiles, bois, verre, portes, poteries. Admirées en Louisiane, ses œuvres font aussi le tour du monde.

L’art primitif s’exprime en sculpture, à travers l’art de Clyde Connell (1901-1998). Sculptrice née dans la région de Shreveport, elle est représentative de mouvements comme l'expressionnisme abstrait et le minimalisme. Le travail de Clyde Connell est également nourri de culture noire, de religion et d'art primitif. Ses matériaux la rapprochent de la nature louisianaise et de l’identité du Sud.

La culture noire est au cœur du programme de l’Ashé Cultural Arts Center de La Nouvelle-Orléans. Événements et expositions rendent hommage aux contributions africaines dans la culture régionale.

L’héritage de George Rodrigue

George Rodrigue (1944-2013), né à New Iberia, a magnifiquement dépeint au travers de ses 300 toiles toute la culture folklorique du pays cajun. " Surréaliste naïf " selon ses propres termes, il peint en 1984 un Blue Dog (chien bleu), premier d'une longue série représentative de son œuvre contemporaine et phénomène commercial omniprésent à La Nouvelle-Orléans. L'État lui commande une série de toiles, parmi lesquelles des portraits de Ronald Reagan, George Bush (père) ou encore Michael Gorbatchev. En 1989, il ouvre une première galerie dans le French Quarter, le Rodrigue Studio, suivie d'une autre ouverture en grande pompe à Carmel, Californie, en 1991. Whoopi Goldberg s'intéresse à lui en 1992, au travers d'un documentaire qu'elle réalise et qu'elle intitule Rodrigue: A Man and his Dog. Très impliqué dans la reconstruction de sa ville post-Katrina, George Rodrigue succombe à un cancer du poumon en décembre 2013. Un large public s'est rassemblé pour  ses funérailles à la St. Louis Cathedral de La Nouvelle-Orléans.

Autre portraitiste renommé, son contemporain Garland Robinette est né en 1943 à Boutte. Il s’exprime dans différents domaines : animateur-journaliste d'une émission de radio sur WWL AM, The Think Tank ; présentateur et reporter sur une chaîne de télé locale. En 2005, il attire l'attention nationale juste après l'ouragan Katrina en menant l'interview du maire Ray Nagin quand celui-ci provoque le gouvernement fédéral en leur demandant de respecter leur promesse. Sa carrière d'artiste prend son envol durant ses années dans l’audiovisuel, alors qu’il griffonne nerveusement dans les marges de ses scripts. Sa première commande concerne un portrait du pape Jean-Paul II, qu’il réalise pour commémorer sa visite de 1987. Ses portraits sont très connus.

Tendances contemporaines

Les amateurs d’expositions auront le choix entre plusieurs lieux d’envergure comme le Shaw Center for the Arts, situé au centre-ville de Baton Rouge. Ce complexe culturel s’articule autour de la collection du LSU Museum of Art qui réunit plus de 6 500 objets d’art contemporain et ancien. À découvrir également : la Baton Rouge Gallery - center for contemporary art qui défend l'art vivant avec des découvertes et des artistes connus depuis près de 60 ans.

À NOLA, la visite du New Orleans Museum of Art est complétée par la centaine de créations du Sculpture Garden. Depuis 1911, le NOMA couvre tous les médiums, de l’art précolombien à la photographie. On peut y découvrir George Dureau (1930-2014), le photographe du corps masculin, originaire de La Nouvelle-Orléans. Son regard tendre sur les hommes noirs, souvent handicapés, transmet un érotisme à fleur de peau.

Portes ouvertes des galeries d’art

Un moment privilégié où les locaux se retrouvent pour quelques heures culturelles et sociales. Quelques villes louisianaises ont une journée ou soirée par mois où les rues deviennent piétonnes et les portes des galeries d’art sont grandes ouvertes pour laisser entrer les amateurs d’art ou tout simplement les curieux. Il est commun que les galeries offrent un petit verre pour attirer la foule. À La Nouvelle-Orléans, les galeries sont ouvertes tous les premiers samedis du mois à La Nouvelle-Orléans dans le Arts District pour l'événement First Saturday. Autre événement dans le secteur : la White Linen Night en août sur Julia Street. Pour humer l’air du temps à Baton Rouge, direction Mid-City, le cœur battant de la capitale. La rue Government Street est jalonnée de galeries d’art ultra tendances, entre espaces de restauration conceptuels et boutiques vintage.

Côté rue

La Louisiane prête volontiers ses murs aux artistes. On trouve pêle-mêle les plus grands artivistes (Banksy ou Az), des initiatives publiques et privées comme la fresque anti-Trump réalisée par Cashy-D sur une façade prêtée par un résident, Neal Morris. Ce qui lui valut une plainte … à laquelle il réagit en fondant le NOLA Mural Project, dans le but de promouvoir le street art. Depuis, une multitude de peintures embellissent les extérieurs de La Nouvelle-Orléans ou Baton Rouge. Plus étonnant encore, l’art urbain règne à Shreveport, la ville des casinos. Fresques murales, sculptures, tags, des pépites de tous formats constituent un véritable musée de plein air. Partout en Louisiane, l’art célèbre les droits de l’homme, la musique, et un héritage visuel palpitant.