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Les religions dites traditionnelles

Le catholicisme est largement répandu et majoritaire en pays cajun et à La Nouvelle-Orléans. Cette dernière est d'ailleurs très fière d'avoir la plus ancienne cathédrale des États-Unis, la St. Louis Cathedral. Avant l'américanisation, il n'était pas de bon ton d'afficher une appartenance à une autre religion que la religion catholique. Les protestants faisaient l'objet d'un vrai mépris de la part des créoles et la religion juive était totalement interdite. Une clause du Code noir, mis en place pour réguler la population esclavagiste, mentionnait que tout juif serait expulsé du territoire. Les missionnaires espagnols ont introduit le catholicisme au début du XVIe siècle et beaucoup d'entre eux ont été tués en essayant de convertir les Autochtones. Les Jésuites, les moines capucins et les Ursulines étaient les ordres les plus présents en Louisiane. Jusqu'à la cession de la Louisiane par la France, le catholicisme était la seule religion autorisée.
Après avoir dirigé plusieurs groupes de prière depuis 1804, Joseph Willis, un prêcheur métis, met en place la première église baptiste en 1812, dans la région de Lafayette. En 1806, dans la région d'Opelousas, la première église méthodiste de l'État s'installe. La première église épiscopale sera construite à La Nouvelle-Orléans en 1805, une église méthodiste en 1813, une église presbytérienne en 1817, une synagogue en 1828 et une église baptiste en 1834. Après la guerre civile, les Noirs, ne pouvant plus aller dans les églises blanches, mettent en place leurs propres groupes religieux, principalement baptistes et méthodistes.
Des centaines d'adultes ont appris à lire et à écrire avec les religieuses qui, pendant des années, pouvaient prendre gratuitement les transports en commun en reconnaissance de leur dévouement à l'enseignement. Le code civil louisianais, basé sur le code Napoléon, est influencé par l'éducation catholique, surtout en ce qui concerne les règles de la famille. Le vendredi est toujours le jour du poisson dans beaucoup d'habitations. Le Carême est encore une période difficile pour les restaurateurs en manque de clients à ce moment. Les écoles catholiques, baptistes et tutti quanti existent toujours. Les Louisianais en général ont développé une tolérance pour le jeu et l'alcool en ne les considérant pas comme un vice les menant sur la route de la perdition. En conséquence, à La Nouvelle-Orléans, vivre et laisser vivre est une attitude unique parmi les villes américaines.
Aujourd'hui, les lieux de culte restent régulièrement fréquentés et très animés. Faut-il rappeler que le gospel a des racines en Louisiane et qu'il rythme la plupart des cérémonies religieuses ?

Le vaudou

Le vaudou est né dans l'ancien royaume du Dahomey (sud de l'actuel Bénin), étant aussi répandu au Ghana, au Togo et au Nigeria, puis fut importé en Louisiane par les esclaves. Vaudou signifie « monde des esprits ». Issue des cultes animistes africains, la religion entière se base sur le fait que les hommes vivent dans un monde où les esprits, partout présents, contrôlent leurs actions.
Beaucoup d'idées fausses circulent sur le vaudou, notamment qu'il serait maléfique. Hollywood est en grande partie responsable. Par exemple, les poupées vaudous, à l'origine, ne servaient pas à faire le mal mais plutôt à guérir. On enfonçait des aiguilles dans une poupée représentant le malade et, lorsqu'on les retirait, le mal disparaissait. Ainsi, on estime à 90 % les vaudous bienfaiteurs, seuls 10 % des pratiquants seraient mal intentionnés. Il faut savoir que la religion vaudou croit que chaque bonne ou mauvaise action a des répercussions. D'où finalement le peu de pratiques dites « maléfiques ».
Parmi les grandes particularités du vaudou, on s'intéresse notamment à la Reine Vaudou (Voodoo Queen), qui, à l'époque de l'esclavage et de l'arrivée du vaudou en Louisiane, devait être une femme libre de couleur et jamais une esclave. Les règles imposées par les Blancs ne pouvaient donc s'appliquer à elle. On retrouve également régulièrement le personnage du zombie, avec notamment « Li Grand Zombi », un dieu représenté par un homme dansant. Ces zombies sont d'abord apparus en Haïti, où on avait coutume d'empoisonner les criminels avec des plantes. Lorsqu'ils paraissaient morts, on les enterrait puis on les déterrait 24 heures après en leur administrant un antidote. Ils étaient alors ressuscités, mais l'aventure leur avait coûté une partie de leur cerveau, une lobotomie avant l'heure en quelque sorte. Ces pauvres zombies étaient ensuite employés aux tâches les plus dures.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la religion vaudou possède de nombreuses connections avec le catholicisme : Ishu, par exemple, est le gardien des vœux de la dualité (bien et mal), un peu comme saint Pierre est le gardien des clés du paradis. Le serpent est un animal très important car il symbolise la même dualité (bien et mal) qu'est la vie. 3 est le chiffre sacré : le bien et le mal que vous ferez vous seront rendus multipliés par trois.
La Nouvelle-Orléans a toujours vécu au rythme des cérémonies vaudou. Les Noirs pratiquaient leurs danses étranges dans Congo Square, tout près du cimetière St. Louis. Encore aujourd'hui, c'est là que vous trouverez le plus d'informations sur cette religion. Dans le reste de la Louisiane, si les pratiques existent, elles sont presque invisibles pour qui n'est pas du coin. À l'exception de quelques maisons vaudou, barricadées de croix et de chapelets, vous n'en verrez aucun signe.
Si vous suivez un tour guidé du cimetière St. Louis n° 1, vous verrez plusieurs tombes vaudou, marquées de croix et couvertes d'offrandes. La plus connue reste celle de Marie Laveau, une mulâtresse née en 1794, devenue la plus célèbre prêtresse - et femme d'affaires - vaudou de toute l'histoire de la ville. Elle vendait philtres d'amour, potions, poisons, gris-gris aux Noirs et aux Blancs, aux riches et aux pauvres qui la sollicitaient. Elle lisait l'avenir et organisait des danses rituelles dans son jardin (1020 St. Ann Street : des cérémonies ont lieu à cet endroit encore aujourd'hui). Marie Laveau est morte vers 1891 et fut enterrée au cimetière St. Louis n° 1 sous le nom de « veuve Paris ». Dans les années 1920-1930, la prêtresse vaudou à la mode s'appelait Amanda Dorsey Boswell Carroll.
Aujourd'hui, il est difficile de savoir qui détient le pouvoir de communiquer avec les esprits, les gens n'avouant pas facilement leurs croyances, et pourtant plus de 15 % de la population pratique la religion vaudou. Le milieu est très fermé aux non-initiés, mais vous pouvez assister à une cérémonie du 1er novembre (la fête des Morts) à condition... d'être invité. Si vous souhaitez vous renseigner plus profondément sur le sujet, nous vous conseillons le New Orleans Historic Voodoo Museum dans le French Quarter ou encore le Voodoo Spiritual Temple, également à La Nouvelle-Orléans, où une prêtresse pratique régulièrement des enchantements. Plusieurs boutiques spécialisées ont aussi pignon sur rue dans la ville où vous pourrez trouver de nombreux ingrédients et écouter les explications sur les pratiques vaudou. Nous vous conseillons aussi la lecture de Voodoo in New Orleans, de Robert Tallant, paru pour la première fois en 1946 chez Pelican Publishing Company, un éditeur basé en Louisiane. Ce petit livre de poche raconte toute l'histoire du vaudou en ville, déconstruit les légendes et tente d'apporter une certaine lumière sur des pratiques encore très secrètes.

La spiritualité chez les Autochtones

Avant l'arrivée des premiers colons européens au XVIIe siècle, les différentes tribus indiennes qui peuplaient le territoire pratiquaient leur propre spiritualité. Celle-ci préconisait l'harmonie et la relation d'interdépendance entre toutes les formes de vies, ce qu'on appelle le grand cercle de la vie. Par exemple, la nourriture, qui était considérée comme un cadeau offert par l'esprit des animaux, revêtait un caractère sacré. Aussi les repas étaient-ils accompagnés de rituels, de chants et de battements de tambour, et se terminaient par une danse d'action de grâce.
À noter que la spiritualité autochtone s'appuie principalement sur l'animisme, cette croyance en un esprit ou une force vitale animant les êtres vivants, les objets et les éléments naturels, ainsi qu'en des génies protecteurs. Les légendes autochtones qui circulent encore de nos jours y font souvent référence.

Les fascinants cimetières de La Nouvelle-Orléans

Les cimetières de la ville ont leur propre histoire. La visite de ces cities of the dead (villes des morts) permet de comprendre l'histoire de la ville et de la présence française. Les victimes des famines et des épidémies, les riches, les pauvres et les politiciens y ont été enterrés les uns près des autres. L'archidiocèse de La Nouvelle-Orléans dirige la plupart de ces cimetières. Les plus vieux sont entourés d'un mur, tandis que les plus récents sont tout ouverts. Les premiers cimetières furent construits juste à la sortie de la ville. Le sol marécageux ne permettant pas d'ensevelir en terre, toutes les tombes sont donc construites au-dessus du sol. En raison du peu de place, les familles sont souvent propriétaires d'une crypte pour plusieurs générations. Certains caveaux et mausolées sont de vraies œuvres d'art architectural de tous les styles. Le cimetière St. Louis n° 1, situé sur les rues Basin et St. Louis aux limites du French Quarter, a été construit en 1789 et héberge les cendres des pionniers de La Nouvelle-Orléans dont le premier maire, Étienne de Boré (1741-1820). En raison des nombreux vandalismes sur les tombes de célébrités du vaudou (comme celle de Marie Laveau), ce cimetière est, depuis 2015, uniquement accessible avec un guide (réservation à l'avance recommandée). Pour plus d'infos sur les cimetières de l'archidiocèse de La Nouvelle-Orléans : nolacatholiccemeteries.org/historic-cemeteries