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La musique traditionnelle

Cela n’étonnera personne, mais la tradition musicale louisianaise est en tout point singulière. Très schématiquement, elle se divise en deux familles qui n’ont eu de cesse de se côtoyer et se marier : la musique créole (d’où descend le zydeco) et la musique cadienne (cajun).

La musique cajun est celle des Cadiens du sud-ouest de la Louisiane. Elle puise directement ses racines dans le vieux folklore français (celui du Poitou, d’où descendent les Acadiens), plein de rythmes endiablés joués à l’accordéon diatonique et au violon. Une esthétique unique en son genre et des paroles en français qui, longtemps, ne se transmirent qu’à l’oral. On jouait à l’oreille les vieux morceaux de ses parents ou grands-parents et c’est ainsi que se passait cet héritage entre générations. Typiquement acadienne à l’origine, la musique cajun s’est enrichie avec le temps d’accents country ou blues, nourrie du melting-pot louisianais mêlant Créoles, Italiens, Espagnols et Afro-Américains. Chaque génération a apporté sa petite touche dans la musique cajun, laquelle a vu naître des musiciens devenus emblématiques tels que Dennis McGee, un pionnier, The Hackberry Ramblers, très influents ou Dewey Segura, figure séminale via le duo qu’il formait avec son frère.

Aujourd’hui, tandis que c’est à Wayne Toups que la musique cajun doit ses plus grands succès commerciaux et que Steve Riley and The Mamou Playboys tiennent le haut de l’affiche, d’autres artistes également très en vue incarnent la musique cajun, à commencer par Michael Doucet (1951).  Violoniste né à Scott, il œuvre depuis des décennies pour la reconnaissance et le renouveau de la musique cajun, dont il est considéré comme l’un des plus grands experts. Au travers de son travail, Michael Doucet a ainsi redonné vie à de nombreux vieux airs cajuns. Outre son groupe BeauSoleil, il a beaucoup collaboré avec les époux Savoy au sein du Savoy-Doucet Cajun Band. L’occasion d’aborder une autre figure très importante de la musique cajun : Marc Savoy (1940). Né à Eunice, cet accordéoniste s’est formé en famille en jouant dans les bals cajuns. Puriste et défenseur de la musique cajun traditionnelle, le centre culturel qu’il a ouvert à Eunice est un lieu de passage mondialement connu de tous les amateurs du genre qui viennent y « jammer » ou acheter ses accordéons, réputés parmi les meilleurs au monde. Toujours chez les musiciens cajuns, n’oublions pas de mentionner Zachary Richard, un des artistes les plus importants de la francophonie nord-américaine, réussissant à faire de ses compositions un vrai mélange des saveurs louisianaises.

Légende de la musique cajun, Amédé Ardoin (1898-1942) fut un grand accordéoniste de son temps, également considéré comme pionnier des musiques créoles dont il réalisa parmi les premiers enregistrements à la fin des années 1920. La musique créole arrive en Louisiane au début du XIXe siècle, lorsque s’y installent des dizaines de milliers de réfugiés, dont des ex-esclaves libérés, en provenance des Antilles - la plupart furent originaires d'Haïti, pays francophone. Une musique créole de Louisiane se développe alors dans les plantations des colons français et espagnols, pétris des rythmes syncopés d'origine africaine. Un siècle plus tard, autour des années 1930, ces sonorités créoles mariées à la musique cajun ainsi qu’au blues ou au rythm’n blues (puis plus tard au jazz et la country) vont servir de socle au zydeco. Ce mélange excitant, fédérateur et très joyeux ne laisse jamais personne insensible et doit son nom à une déformation des « haricots » (« zarico ») en référence à un morceau traditionnel Les haricots sont pas salés. Les interprètes incontournables du genre sont Clifton Chenier, le patron, Queen Ida Guillory, première femme du zydeco, Cedric Watson, un incontournable, ou Rockin' Sidney Simien qui a écrit My Toot Toot, le grand tube du genre.

Rien de tel qu’une prestation live pour savourer la musique cajun et le zydeco - l’occasion de voir en action ce curieux objet qu’est la planche à laver (aussi appelé “frottoir”) qui, avec l’accordéon, est l’instrument principal du zydeco.

Deux rendez-vous immanquables pour goûter à l’âme cajun de la Louisiane : d’abord le Festival Acadiens et Créoles de Lafayette qui, chaque mois d’octobre, multiplie les concerts de musique cajun et de zydeco, puis le Mudbug Madness à Shreveport, aujourd’hui l’un des plus fameux événements du Deep South américain mettant à l’honneur toute la musique southern (zydeco, cajun, blues, jazz...). Autrement, à Breaux Bridge, le fameux Zydeco Breakfast du samedi au restaurant Buck & Johnny's est à découvrir absolument.

Le jazz

Quelle ville incarne mieux le jazz que La Nouvelle-Orléans ? Car c’est ici qu’est née cette grande révolution musicale pleine de contestation au début du XXe siècle. À l’origine, on trouve trois courants : les traditions africaines (chants et percussions transmis de génération en génération), le ragtime, musique noire qui s’inspire des airs de quadrille, et enfin la musique des fanfares qui animent les défilés, les enterrements et les bals.

S’il est difficile de définir précisément un genre aussi protéiforme que le jazz, il l’est encore plus de déterminer précisément l’origine du nom. Dérivé du verbe français « jaser » pour certains, de l’argot érotique (« jizz ») pour d’autres, on ne manque pas d’anecdotes pour raconter la naissance du terme jazz. À La Nouvelle-Orléans, on aime raconter qu’à l’époque où le mot apparait - dans les années 1910 - lorsqu’on allait dans le quartier des prostituées (Storyville) on avait coutume de dire « I am goin’ jazzing » (en référence à Jezebel, personnage biblique). Le jazz étant né à Storyville, il aurait donc été appelé jazz music par dérivation. C’est d’ailleurs dans les cabarets du quartier que le jazz a remporté ses premiers succès. À la fermeture de Storyville, en 1917, les musiciens s’exilèrent à Chicago puis à New York. C’est ainsi que la diaspora du jazz débuta.

Le style Nouvelle-Orléans connaît son apogée entre les mains de musiciens comme King Oliver ou Sidney Bechet. C’est la forme la plus pure, la plus traditionnelle du jazz, celle respectant l’esthétique des origines, dans les années 1910. Inspiré par le blues et le ragtime, il prend le contre-pied du jazz de Chicago, où l’accent est mis sur les solos, les tempos rapides et où le saxophone est plus présent. Musicalement, dans le style Nouvelle-Orléans, le cuivre prédomine et le trombone accompagne la trompette en décalage. Généralement, la trompette est en charge du thème mélodique et des variations. Le trombone s’occupe de la basse, tandis que la clarinette brode du grave à l’aigu. La créativité des musiciens s’exprime fréquemment dans les breaks qui les placent fugitivement dans la position de solistes.

Dans les années 1930, le jazz sort du cadre intimiste des cabarets pour s’offrir les grandes scènes populaires. Il est alors synonyme de joie de vivre et d’insouciance. Charlie Parker et Dizzy Gillespie innovent, ajoutent de nouvelles harmonies, c’est le courant be-bop des années d’après-guerre. Une vraie rupture avec le style Nouvelle-Orléans originel. Le jazz est d’abord encensé en Europe où il est considéré comme un art, alors qu’aux États-Unis c’est une « musique de nègres ». À partir de 1960, Noirs et Blancs s’expriment à égalité dans les mêmes formations : le jazz, musique contestataire, devient universaliste. L’époque est alors à la liberté et le free jazz, délivré de toutes contraintes formelles, triomphe porté par des géants : John Coltrane, Ornette Coleman ou Sun Ra.

De nombreux musiciens néo-orléanais ont joué une importance capitale pour le développement du style, notamment Jelly Roll Morton (1890 ‐1941), né Ferdinand Joseph Lamothe, qui revendique tout bonnement l’invention du jazz en 1901. Il composa un opéra et des ragtimes et fut le premier à jouer son répertoire sur les rythmes du jazz.

Mais si Morton est le premier, le parrain demeure le fameux Bunk Johnson. William Geary Johnson, dit Bunk (1879 ou 1889-1949), est né et mort à La Nouvelle-Orléans mais a passé de très nombreuses années à New Iberia. Trompettiste ayant fait ses armes avec Buddy Bolden, pionnier en la matière, il vécut non seulement de la musique, notamment à bord des bateaux à aubes qui croisaient sur le Mississippi, mais aussi de ses menus boulots dans l’usine Tabasco ou au moulin à riz de Conrad. Si la rumeur raconte qu’il a enseigné le jazz à Louis Armstrong, il a, en tout cas, pour sûr, joué un rôle majeur dans ledit mouvement et représente une pièce maîtresse dans l’histoire du jazz. Les fans de l’artiste de passage à New Iberia se rendront sans hésiter sur sa tombe (Bunk Johnson Grave) au cimetière St. Edward, à la Bunk Johnson Jazz Collection Room, où l’on peut consulter documents, partitions originales, instruments lui ayant appartenu, ou encore Bunk Johnson Mural, une fresque murale en son honneur.

Durant la génération suivante, quelques artistes de la région ont transformé le genre en révolution. À commencer par le géant Louis Armstrong (1901‐1971). On ne vous fera pas l’affront de vous présenter le trompettiste de jazz le plus connu du monde. Après ses tournées internationales, celui que l’on surnommait Satchmo (de satchel, « sacoche », car lorsqu’il soufflait dans sa trompette, on aurait dit qu’il avait des sacoches à la place des joues), revenait toujours dans sa ville natale où il distribuait dollars et cadeaux aux plus déshérités. Une statue a été érigée dans le parc qui porte son nom (Louis Armstrong Park).

À ses côtés, Sidney Bechet (1897‐1959) est l’autre jazzman incontournable de l’époque qui a façonné le style néo-orléanais. Beaucoup ont découvert le jazz grâce à ce clarinettiste de talent. Bien que louisianais, il vécut en France, pays d’adoption qu’il aimait particulièrement. Il y enregistra notamment Petite Fleur, l’un de ses plus grands classiques. Sidney Bechet vécut une bonne partie de sa vie à Garches dans les Hauts-de-Seine où il est mort entouré de sa famille. Un buste à son effigie donné par la France à La Nouvelle-Orléans est lui aussi installé dans le parc Louis Armstrong. N’oublions pas de mentionner une autre vedette de l’époque, Louis Prima, lui aussi natif de La Nouvelle-Orléans, qui fit fructifier le style de la ville en lui donnant un ton de crooner italien.

Durant la génération suivante, c’est Al Hirt (1922‐1999), le grand nom local. Trompettiste depuis l’âge de 6 ans, il fut à l’affiche d’innombrables concerts à travers le pays et dans le monde entier, emmenant le jazz vers des territoires plus latinos, pop ou classiques. Un de ses comparses, le clarinettiste et saxophoniste Peter Fountain Jr. (1930‐2016) fut lui aussi un grand nom de La Nouvelle-Orléans. Ce jazzman se forgea son propre son et sa réputation ne cessa de grandir en jouant avec les meilleures formations jazz du pays et surtout en ouvrant son propre club de jazz, référence de La Nouvelle-Orléans pendant des décennies. Dans les années 1970, La Nouvelle-Orléans suit la tendance très libre du genre avec quelques expérimentateurs comme le fabuleux batteur Idris Muhammad.

Après eux, la ville continua de cultiver intensément le jazz, chaque génération voyant émerger son lot d’artistes passionnants. Le plus célèbre est sans aucun doute Harry Connick Jr., le fameux crooner qui n’a de cesse de rendre hommage à sa ville (The Marsalis Family : A Jazz Celebration, ou Oh my Nola). Mais le plus intéressant (et adulé) est de loin Wynton Learson Marsalis. Connu sous nos cieux pour être le parrain du festival Jazz in Marciac, dans le Gers, ce fils de pianiste est le membre le plus éminent d’une famille de jazzeux, ses frères Branford (saxophoniste), Delfeayo (tromboniste) et Jason (batteur) étant également des musiciens reconnus. Bref, la famille Marsalis est une référence dans le jazz et Wynton est de loin considéré comme un compositeur et un trompettiste de génie. Moins connu que ce dernier, Nicholas Payton fait également partie de cette génération qui expérimente l'avant-garde tout en refusant d'ignorer les traditions du jazz ancien. Insaisissable, ce trompettiste-pianiste-chanteur engagé et libre se démarque par son jeu brillant et puissant.

Marchant dans leur pas, la jeune génération néo-orléanaise cherche l'hybridation, d’un côté avec Christian Scott aTunde Adjuah et son jazz avant-gardiste, sorcellerie faite de hip-hop, funk ou électro et de l’autre des artistes cherchant un peu plus les ventes comme Trombone Shorty, qui fait de l’héritage jazz de sa ville un R&B très grand public, ou Jon Batiste, fer de lance d’une nouvelle scène pop-jazz. 

La Nouvelle-Orléans est quadrillée de clubs de jazz et le plus difficile est de choisir parmi l’offre pléthorique. Dans les incontournables, le Snug Harbor est un restaurant surtout célèbre pour sa scène jazz, tandis que le mythique Preservation Hall demeure le cadre le plus parfaitement authentique pour écouter du jazz néo-orléanais. Enfin, on ne peut mieux conseiller que de se rendre à Bacchanal pour la qualité de ses concerts ou au Bon Temps Roulé pour son ambiance unique.

Côté festivals, la Louisiane est connue pour deux rendez-vous majeurs : d’abord le Jazz Fest (New Orleans Jazz & Heritage Festival) devenu l’un des plus importants du Sud et qui convie la crème du jazz américain (fin avril - début mai), ensuite le Festival International de Lafayette. Généralement organisés à la même période, les deux festivals convient beaucoup d’artistes en commun, sauf qu’à Lafayette, le festival est gratuit. Un bon plan pour les mélomanes de passage à cette période. Moins connu mais tout aussi bon, tous les ans, le premier week-end d’août, a lieu le Satchmo Summerfest, proposant deux jours de conférences, débats, visionnements et, bien sûr, des concerts sur le thème du jazz. On peut y entendre tous les genres, du brass band local aux groupes plus fameux de renommée nationale.

Le blues et le R&B

Quel style musical américain aura laissé la plus grande empreinte sur la musique mondiale ? Très possiblement le blues. Ce dernier nait dans les champs de canne à sucre et de coton du delta du Mississippi. Un style de musique profondément connecté aux émotions puisque d’un air joyeux il peut basculer brusquement dans la plus profonde mélancolie ! Il faut attendre le milieu des années 1950 pour parler de R&B (rythm’n’blues), évolution du genre où au chant se sont joints divers instruments : guitare, trompette et batterie.

Plus électrique, c’est à cette époque qu’apparait l’amplification. Le genre bénéficie aussi de structures plus variées, puisant dans le jazz, la country ou le gospel. Il commence alors à envahir le sud des États-Unis puis s’étend au reste du pays et à l’Europe. De nombreux artistes louisianais ont lancé la légende du blues et ont figuré parmi les premiers à réaliser des enregistrements, de Huddie « Leadbelly » Ledbetter, figure incontournable du blues du Sud, à Danny and Blue Lu Baker en passant par le poids lourd du boogie, Champion Jack Dupree. L’apport des musiciens, compositeurs, producteurs et ingénieurs du son de Louisiane a fortement contribué au développement du R&B dans tout le pays. Alors que Fats Domino, originaire de La Nouvelle-Orléans, devenait une star nationale avec des titres comme Walking to New Orleans, les maisons de disque de New York et de Los Angeles ont commencé à envoyer des artistes de renom comme Little Richard enregistrer des disques à La Nouvelle-Orléans. Les associer à des musiciens locaux, c’était s’assurer des hits nationaux ! D’autres musiciens comme Smiley Lewis, Professor Longhair ou Johnny Adams ont également contribué à l’histoire du R&B. Aujourd’hui, cette tradition musicale s’entretient encore avec force dans les clubs de Louisiane et avec des figures légendaires telles qu’Irma Thomas, la reine de la musique soul de La Nouvelle-Orléans, souvent comparée à Aretha Franklin ou à Etta James, les Neville Brothers, les grands noms locaux du R&B, ou plus récemment Sarah McCoy. Cette dernière, surnommée la diva punk, possède une voie surpuissante et pratique un blues profond qui évoque Tom Waits.

Pour des airs de blues traditionnel, les inconditionnels se rendront sans hésiter au House of Blues. Même si l’établissement fait partie d’une chaîne (Chicago, Las Vegas...), celui de La Nouvelle-Orléans est devenu une étape incontournable de la ville en proposant de très bons concerts dans le domaine.

Rock, soul et funk

La richesse et la grandeur de l’histoire de la musique noire louisianaise se prolonge naturellement dans des courants de la deuxième moitié du XXe siècle que sont le rock ou le funk. Dans le premier, deux figures majeurs ont émergé ici d’abord, Jerry Lee Lewis (1935), chanteur et pianiste connu dans le monde entier grâce à ses tubes Whole Lotta Shakin’ Goin’ On et Great Balls of Fire ainsi que pour sa vie privée très « rock’n’roll ». L’autre légende du bayou, c’est Dr. John (1941‐2019), pianiste, guitariste et chanteur dont l’œuvre a fait se croiser blues, boogie woogie, zydeco, musique cadienne ou encore rock'n'roll.

Côté funk, fait moins connu, la ville a vraiment eu une signature sonore. Le meilleur moyen de s’en rendre est d'écouter les magnifiques compilations du label Soul Jazz Records sobrement intitulées New Orleans Funk où l’on retrouve le funk moite et poisseux de la ville ainsi que ses artistes emblématiques : The Meters, Lee Dorsey, Eddie Bo ou encore Betty Harris.

Le gospel

Très ancré en Louisiane, le gospel naquit des chants des premiers esclaves, teintés pour certains d’entre eux de tradition anglo-protestante. Les spirituals furent les premières formes de gospel. Rapprochant leur foi religieuse de leur propre existence et de leurs conditions de vie, les esclaves d’avant-guerre exprimaient à travers ces chants leurs souffrances et leur espoir d’une meilleure vie dans l’au-delà. Le gospel colore encore les cérémonies religieuses louisianaises de ses harmonies vocales a cappella et de ses chants sacrés très rythmés. Chaque dimanche, du matin au soir, est l’occasion de réunir des quatuors/quartets livrant de magistrales interprétations accompagnées à l’orgue, voire à la guitare et à la batterie. Des formations gospel se produisent également dans les clubs et à l’occasion des nombreux festivals que compte la Louisiane. Le gospel se retrouve lui aussi dans des formes hybrides incorporant du blues, du jazz, de la soul, ou encore du rap.

Une très grande dame du gospel est louisianaise : la fameuse Mahalia Jackson (1911‐1972). Née à La Nouvelle-Orléans, elle fait ses débuts dès l’âge de 4 ans au sein d’une chorale baptiste. Son premier enregistrement date de 1937. Thomas A. Dorsey, maître de la musique gospel, devient alors son mentor. Elle popularise plus de 400 chansons, parmi lesquelles le magistral Precious Lord Take My Hand. Outre des passages dans des émissions de télévision et de radio, elle tourne en Europe et notamment en France où Paris l’acclame. Lors de la marche pour les droits civiques en 1964 à Washington, elle introduit le discours de Martin Luther King et son historique I Have a Dream par un mémorable spiritual I Been ‘Buked and I Been Scorned. Elle assiste à ses funérailles et lui rend hommage en chantant Precious Lord. Le théâtre Mahalia Jackson a été baptisé en son hommage. Il est situé dans le parc Louis Armstrong près de l’auditorium municipal.

On ne manque pas d’occasions d’écouter du gospel en Louisiane. Des concerts ouverts au public sont parfois donnés, par exemple à la St. Augustine Church, l'un des incontournables de Treme. Autrement, l’Abita Springs Opry propose une série de concerts pendant l'année avec, entre autres, de la country, du bluegrass et du gospel.

Le rap

Il n’y a pas que le rap East Coast ou West Coast aux États-Unis. La Louisiane et le sud du pays dans l’ensemble ont joué un rôle majeur dans le domaine en établissant le style appelé « dirty south » (littéralement « sud sale ») au début des années 2000. Dès le début des années 1990, le rappeur Master P et son label No Limit Records commencent à instaurer la Louisiane dans la géographie du hip-hop mondiale.

Mais c’est vraiment au tournant des années 2000 que le rap de Louisiane explose, d’abord avec le rappeur Juvenile, puis avec Lil Wayne, que beaucoup considèrent (toujours) comme le meilleur rappeur de l’histoire. Signé à seulement 12 ans par le rappeur Birdman sur son label Cash Money, Dwayne Michael Carter Jr. (de son vrai nom) bouleverse les codes du hip-hop en imposant une nouvelle manière de rapper, plus lente et intense. Son sixième album, Tha Carter III en 2008 et dont les ventes dépassent le million d'exemplaires aux États-Unis dès la première semaine, l’installe parmi les stars du genre, notamment grâce à des tubes intemporels comme A Milli ou Lollipop. Lil Wayne a vendu plus de 120 millions de disques dans le monde et fut le premier artiste masculin à dépasser Elvis Presley avec le plus grand nombre d'entrées dans le haut des charts. Un phénomène.

Depuis, le rap de Louisiane continue de bien se porter entre les mains de la nouvelle génération, notamment emmenée par Kevin Gates ou YoungBoy Never Broke Again, tous deux orignaires de Baton Rouge ou la plus R&B Dawn Richards, de La Nouvelle-Orléans.