La musique traditionnelle

La harpe est l’instrument national du pays de Galles. On joue de la « harpe triple », c’est-à-dire à trois rangs de cordes. Une passion pour l’instrument profondément enracinée puisque les plus anciennes partitions de harpe jamais retrouvées sont galloises. Il s’agit des manuscrits de Robert Ap Huw, vieux de cinq siècles. Un document précieux, car répertoriant quelques pièces médiévales de bardes celtiques. Le pays compte évidemment quelques prodiges de l’instrument, dont Catrin Finch, la « reine de la harpe », célèbre pour avoir été harpiste royale du prince Charles au début des années 2000. Citons également Rachel Ann Morgan ou Robin Huw Bowen, deux autres stars galloises de l’instrument. Naturellement, la harpe est omniprésente dans la musique traditionnelle du pays. Appelée « penillion » (ou « Cerdd Dant »), cette poésie chantée s’accompagne de l’instrument national et voit chanteur et harpiste suivre et superposer des mélodies différentes. Gwenan Gibard est une des principales représentantes de la tradition. Souvent improvisé, le penillion fait régulièrement l'objet de concours durant les festivals traditionnels, les fameux eisteddfodau. Rendez-vous incontournables des Gallois (et visiteurs du pays), ces Eisteddfodau (Eisteddfod au singulier) incarnent la plus ancienne tradition galloise, qui remonte au XIIe siècle. Ces concours de musique, de poésie, de littérature et de théâtre en langue galloise se déroulent tout au long de l’année et dans presque toutes les villes et tous les petits villages du pays. Les gagnants des Eisteddfodau locaux vont ensuite concourir au niveau national, lors du très populaire National Eisteddfod of Wales (Eisteddfod Genedlaethol Cymru en gallois), le plus important festival poétique d’Europe. Chaque année, une ville galloise différente, alternativement au sud du pays puis au nord, accueille cette importante manifestation culturelle, unique en Europe. L’autre grand Eisteddfod se nomme le Llangollen International Musical Eisteddfod et a lieu chaque première semaine de juillet à Llangollen.

Durant les Eisteddfod, on a aussi souvent l’opportunité de voir et entendre des chœurs d’hommes, l’autre grande tradition galloise. Presque chaque village possède son chœur d’hommes, dont les répétitions sont ouvertes au public. Les chœurs gallois qui se produisent dans les pubs et les théâtres sont des organisations sociales très respectées. Et chaque membre prend la musique très au sérieux ! Le résultat s’entend. Parmi les plus populaires, le Treorchy Male Voice Choir est sans doute l’ensemble le plus prestigieux. Aussi, moins traditionnel, mais plus pop, Only Men Aloud a connu un succès considérable ces dernières années en modernisant les chœurs gallois. Un bon moyen d’obtenir un panorama d’ensemble sur la musique traditionnelle galloise est de se rendre au Fishguard Folk Festival. Durant trois jours, les concerts s’enchaînent sur le vieux port de Fishguard et dans ses pubs, appelant beaucoup de danses et de chansons traditionnelles.

La musique classique

Étant donné la tradition lyrique du pays – et ses fameux chœurs d’hommes –, le pays de Galles a vu naître deux grandes voix internationales de l’opéra : Geraint Evans et Bryn Terfel. Le premier fut un baryton de premier plan dans les années 1960 et 1970 ; quant au second, baryton lui aussi, c'est la star lyrique actuelle. Il est réputé pour ses interprétations des rôles de Mozart et passé par toutes les grandes scènes du monde. L’Opéra national du pays de Galles (Welsh National Opera ou WNO) a une très bonne réputation au Royaume-Uni – ainsi que dans le reste du monde –, ce qui explique pourquoi il joue plus souvent hors des frontières galloises que sur sa scène, logée dans l’imposant Wales Millennium Centre, à Cardiff. Ses productions, souvent imposantes et culottées, sont très généralement saluées par la critique. Idem du côté de l’orchestre dirigé par le Tchèque Tomáš Hanus, régulièrement l’objet d’éloges.

Étonnamment méconnu, Guto Puw est un compositeur de musique classique et contemporaine aussi surprenant que prolifique dont les travaux symphoniques et lyriques sont traversés de questionnements autour de l’identité galloise. L’autre grand Gallois de la composition classique est sans conteste le pionnier Alun Hoddinott, auteur d’une œuvre incroyablement fournie. Citons aussi l’orchestre national de la BBC du pays de Galles, dirigé par le Danois Thomas Søndergård, une institution locale réputée pour ses interprétations moins raffinées que franches et efficaces, à voir au St. David’s Hall (aussi galerie d’art contemporain). Autrement, tout au long de l'été, le pays de Galles est très bien pourvu en festivals de musique classique. Le festival Faenol fondé par Bryn Terfel est souvent bien programmé, le Beaumaris Festival propose concerts, récitals et chœurs durant toute une semaine et le St. David’s Cathedral Festival programme dix jours de musique classique dans le cadre somptueux de la cathédrale de Saint-David (l’une des plus vieilles du pays).

Le folk, la pop et le rock

Cousine de la version américaine, la folk galloise désigne aussi bien un chanteur accompagné de sa guitare (et aux textes souvent très engagés comme le célèbre Dafydd Iwan, aussi homme politique) qu’un groupe folklorique tel qu’Ar Log (lui aussi illustre) puisant profondément dans les racines celtiques du pays. Un genre au visage double, adoré dans le pays sous ses deux acceptions et dont le style n’a cessé d’être rafraîchi génération après génération entre les mains d’artistes comme Fernhill, Carreg Lafar (qui modernisent la tradition), Rag Foundation (très folk à l’américaine), Bob Delyn A'r Ebillion (folk-rock écorché vif parfois chanté aussi en breton) ou Gwerinos (folk dans tous les sens du terme). Lleuwen Steffan est un des noms à retenir de la dernière génération.

Fait amusant beaucoup d’artistes très populaires sont gallois sans que le public ne le sache vraiment. Côté pop, Tom Jones, Bonnie Tyler ou Shirley Bassey sont gallois. Idem dans le rock avec John Cale ou le groupe Stereophonics. Il ne fait aucun doute que la proximité avec l’Angleterre voisine exerce une influence, mais le pays de Galles est une terre très fertile pour les groupes de rock. Et ce, depuis les prémices du genre. Longtemps méconnue, la scène rock galloise des années 1970 regorge de pépites aujourd’hui accessibles grâce à Welsh Rare Beat, une superbe compilation réalisée par Gruff Rhys, le leader du groupe de rock Super Furry Animals. Ce dernier est d'ailleurs plus qu’un groupe gallois, c’est LE groupe gallois à connaître. Auteur d’un des rares albums en langue galloise à avoir triomphé dans les ventes au Royaume-Uni, Super Furry Animals est aussi l’emblème d’un moment important dans la pop culture galloise, « Cool Cymru ». Réponse locale à la britpop anglaise partie à la conquête du monde, ce mouvement des années 1990 a placé le pays de Galles sur le devant de la scène rock mondiale avec des groupes comme Stereophonics ou Manic Street Preachers.

Aujourd’hui, la pop et le rock locaux se portent toujours à merveille avec des artistes à la renommée internationale comme Cate Le Bon ou Marina & The Diamonds. Pour les voir sur scène, une excellente adresse est Tramshed, ancien dépôt de tramway converti en espace dédié aux arts et à la musique. Pour les plus gros concerts, il est souvent nécessaire de se rendre à l’énorme Cardiff International Arena (plus de 7 000 places) ou au Wales Millennium Centre. Autrement, l’été venu, l’Inside Out festival est très couru pour sa programmation internationale et son grand domaine en plein air. Et en septembre, les amateurs de jazz trouveront leur compte à l’Abersoch Jazz Weekend.

La danse

Interdites par les instances religieuses durant les XVIIIe et XIXe siècles, car perçues comme pécheresses, les danses traditionnelles galloises ont bien failli disparaître. Notées sur papier par certains prudents, quelques-unes d’entre elles ont survécu et sont encore régulièrement dansées (particulièrement durant les compétitions des eisteddfodau). Parmi elles, les plus singulières à voir sont sans doute Y Gaseg Eira, une danse du foulard avec beaucoup d’ondulations des mains, Hela'r Sgwarnog qui se danse sur de la cornemuse, Ty Coch Caerdydd et Y Derwydd, des danses de bâtons et Nos Galan une danse de procession qui navigue d’un endroit à un autre, généralement pratiquée durant les fêtes de fin d’année. Aussi, citons la ronde galloise (the welsh reel) réalisée par trois danseurs, généralement un homme et deux femmes. On peut en voir au Fishguard Folk Festival mentionné précédemment, au Conwy Feast, un très beau concentré de culture galloise (gastronomie, artisanat, musique, danses et légendes lues par des conteurs...) et on en croise aussi au Llangollen International Musical Eisteddfod bien que l’événement soit surtout consacré à la musique.

Bâti pour devenir une des plus grandes scènes d’Europe, le Wales Millennium Centre de Cardiff est un haut lieu de la vie artistique galloise. Depuis son ouverture en novembre 2004, la National Dance Company y tient ses répétitions et y propose sur sa scène d’excellentes représentations de danse contemporaine. Depuis que la chorégraphe Caroline Finn y a été nommée directrice artistique en 2015, la compagnie a pris une nouvelle envergure avec des propositions audacieuses comme Folk relecture contemporaine des traditions galloises ou une reprise de Parade, le fameux (et scandaleux) ballet de Diaghilev éternellement moderne depuis sa création en 1917. À voir !