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Des parcs nationaux pour préserver la biodiversité

Les îles Anglo-Normandes abritent une biodiversité marine et terrestre remarquable mais menacée. Les principales causes d'érosion de la biodiversité sont l'artificialisation des sols (urbanisation), la surexploitation des ressources, les espèces invasives, la pollution et le changement climatique. Ces facteurs touchent les îles de manière variable. Herm et Serk ne sont pas reliées directement au continent et disposent de peu d'infrastructures. La circulation se fait uniquement à pied ou à vélo et il n'y a pas d'éclairages publics, autant d'éléments qui sont favorables à la biodiversité. Des organisations œuvrent également sur le terrain. À Aurigny, l'Alderney Wildlife Trust est très actif dans la protection de la faune sauvage (www.alderneywildlife.org). À Jersey des opérations de nettoyage des plages ont lieu régulièrement, où chaque bénévole peut échanger un seau rempli de déchets contre une boisson chez un commerçant.

Les îles possèdent également des aires protégées. Le Jersey National Park est né en 2011 suite à un mouvement de protestation en 2009, contre des projets de construction, qui prit la forme d'une longue chaîne humaine de 7 000 îliens le long d'une plage. Le parc comprend 16 % de la surface de l'île et propose de belles découvertes à pied et à vélo (jerseynationalpark.com). Le National Trust est également présent dans les îles Anglo-Normandes. Le National for Jersey et le National Trust of Guernesey ont pour finalité la préservation du patrimoine naturel et culturel des îles. Leur mode opératoire repose sur l'acquisition du foncier, sa restauration et son ouverture au public. De nombreux sites  et itinéraires sont ainsi accessibles dans les îles, comme la Mare au Seigneur (St Ouen’s Pond), ou Jerbourg Field (www.nationaltrust.je et nationaltrust.gg).

Encore des efforts pour réduire les déchets

La gestion des déchets repose sur une collecte sélective et une valorisation matière (compostage des déchets verts) ou énergétique, via notamment le centre de tri et l'incinérateur de Jersey. Ce dernier projet a vu le jour dans un contexte d'augmentation de la production des déchets. L'incinérateur a été surdimensionné afin de permettre le traitement des déchets de Guernesey. Il produirait environ 10 % des besoins en électricité de Jersey. Le déchet le moins polluant demeure celui que l'on ne produit pas et la meilleure prévention réside dans la réduction à la source des déchets. Des démarches « zéro plastique » commencent à se développer dans les îles, en partenariat avec l’organisation Plastic Free Jersey (www.plasticfreejersey.com).

La pollution préoccupante de la Manche

La Manche est l'une des mers les plus fréquentées au monde. Le trafic maritime est source de risque de pollutions, liées aux possibles déversements de matières dangereuses. Ainsi la mer a-t-elle connu l'échouage de porte-conteneurs remplis de pesticides et des accidents impliquant des pétroliers. À ces pollutions s'ajoutent les effluents des activités terrestres (agriculture, industries, eaux usées domestiques) qui contribuent à la dégradation du milieu marin et notamment à sa contamination aux plastiques, pesticides, ou métaux lourds. La Manche souffre également de pollutions historiques, liées aux dépôts de munitions de guerre, mais aussi aux déchets de l'industrie nucléaire. Avant que la pratique ne soit interdite en 1993, des déchets nucléaires (issus de la France, du Royaume-Uni et de la Belgique) ont été déversés notamment dans la fosse des Casquets (Hurd’s deep), située à 13 km d'Aurigny, et à 160 mètres de profondeur.

Face au changement climatique

Les îles Anglo-Normandes sont menacées par le réchauffement climatique, qui pourrait avoir comme conséquence la montée des eaux, et une plus grand fréquence et intensité des événements extrêmes (tempêtes, inondations). La hausse de température de la mer contribue à perturber les écosystèmes, provoquant le déplacement vers le nord de différentes espèces marines, notamment des ormeaux, qui contribuent à la richesse de Guernesey, et que l'on retrouve maintenant à proximité des côtes anglaises. L'acidification des océans, liée au réchauffement climatique, pourrait avoir pour conséquence la diminution du plancton, base de la chaîne alimentaire. Le réchauffement climatique pourrait ainsi exacerber les tensions politiques liées aux zones de pêche, entre la Grande-Bretagne et les pays de l'Union européenne. Le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), paru en mars 2023, alerte sur la nécessité d'agir de manière urgente et coordonnée pour limiter la hausse des températures (+1,1 % par rapport à l'ère préindustrielle), afin de garantir les conditions d'un monde vivable pour l'humanité à l'avenir.

Les transports sur l'île constituent un secteur émetteur de gaz à effet de serre, en lien avec le parc de véhicules de Jersey et Guernesey, et le trafic aérien. L'alimentation en électricité par câble sous-marin depuis la France a contribué à décarboner le mix énergétique de Jersey mais aussi Guernesey (via une liaison entre les deux îles). Le projet Guernesey et Manche (GeM), qui vise à relier électriquement Guernesey au Cotentin pourrait diminuer l'activité des centrales thermiques de l'île.  Un autre projet d'interconnexion électrique pourrait voir le jour, le projet FAB (France – Aurigny – Grande-Bretagne) entre le Cotentin et le Devon. L'énergie la moins émissive est celle qu'on ne produit pas. La solution la plus pertinente pourrait être la maîtrise des consommations énergétiques. Celle-ci repose sur différents éléments, tels que l'efficacité énergétique des bâtiments, le développement de solutions low-tech, la sobriété en matière d'énergie et de transport. Fin 2023, Jersey a annoncé penser à construire un parc éolien offshore géant (1GW) au large de ses côtes pour obtenir son indépendance énergétique.

Côté agriculture, les élevages laitiers de Jersey expérimentent de nouveau moyens de mesure et de réduction des émissions de méthane des vaches.

Enfin, le secteur bancaire, très présent dans les îles Anglo-Normandes, a probablement l'empreinte carbone la plus importante du territoire, par le financement des projets liés aux énergies fossiles. Un sujet (toujours) à creuser.