Guide de voyage Brenta

La ville de Venise regarda aussi longtemps qu’elle put vers la mer. Cependant, quand ses puissants voisins installés sur le continent commencèrent à la menacer, la Serenissima dut se tourner vers la terre ferme pour défendre ses positions. Petit à petit, Venise mit en place un système de défense terrestre capable de lui garantir une sécurité politique et militaire, en plus d’un approvisionnement alimen-taire facile. Cela se déroulait au début du XVe siècle et, depuis, l’histoire de la Vénétie et de la rivière de la Brenta subit de profonds changements. Les grandes mutations du commerce international de l’époque incitèrent les riches familles patriciennes de Venise à investir dans l’acquisition de terrains, plutôt que de risquer leur fortune dans le commerce, alors menacé par la présence des Turcs. Les territoires voisins de la Brenta représentaient des zones privilégiées pour l’installation des populations : la rivière qui les traversait permettait de rejoindre Venise directement et rapidement et en outre de relier Venise à Padoue, centre religieux et culturel prestigieux. Sur les berges de la Brenta, régulièrement entretenues, les plus importantes familles vénitiennes achetèrent de nombreux terrains destinés à une agriculture intensive et, à proximité de l’eau, construisirent des villas de campagne dans lesquelles elles venaient volontiers séjourner de juin à septembre, la campagne vénitienne ayant l’avantage d’être plus ventilée que la ville de Venise, constituée d’étroites ruelles où le vent ne peut s’engouffrer. Cette villégiature leur permettait également de contrôler les récoltes. Les investissements se révélèrent profitables, mais ce fut surtout la douceur du paysage et la salubrité du site qui finirent de convaincre les grandes familles les plus réticentes.Longue de 36 km, la Riviera della Brenta devint ainsi un lieu de villégiature à la mode. Tout comme elles l’avaient fait à Venise, les familles jouèrent à faire étalage de leur richesse. Elles rivalisèrent ainsi dans la décoration de leurs villas, à travers les fresques, les toiles… que l’on peut aujourd’hui admirer dans ces jolis « palais de campagne ». De Malcontenta à villa Pisani, les plus grands architectes furent invités à bâtir : Andrea Palladio, Vincenzo Scamozzi, Baldassarre Longhena, Frigimelica. Les grands de la peinture venaient ensuite orner le tout : Zelotti, Tiepolo, Zuccarelli, Guarana, Zais, Ruschi, Caliari… Aujourd’hui, le long des berges, on dénombre près d’une centaine de villas avec leur parc, dont seulement une petite partie est ouverte au public. On peut s’y rendre en bateau, comme à l’époque, ou bien en voiture. Des circuits touristiques sont prévus pour les amateurs de vélo. Cependant, attendez-vous à faire des kilomètres ! Bref, ce serait dommage de ne pas venir s’immerger dans le vert des jardins labyrinthiques, de ne pas aller caresser les courbes des statues qui font mine de se cacher derrière les buissons…