Cimetière de Lorient (c) Séverine VULLIEZ.jpg

Un endroit à soi

Johnny et sa famille passaient dans leur villa des vacances tranquilles, loin des projecteurs. Saint-Barth, c'est tout simplement l'île chère à son cœur. Ici, il était connu de tous et vivait une vie paisible sans harcèlement médiatique. Entouré des siens, il privilégiait les moments de simplicité sans avoir besoin de dispositif de sécurité. Il faut reconnaître qu'ici plus qu'ailleurs, les célébrités ne sont pas gênées par les fans : leur quiétude est respectée. Les locaux et les saisonniers respectent l'intimité et la vie des gens, qu'ils soient fortunés ou non d'ailleurs.

Johnny et Saint-Barth

C’est par la mer que Johnny va découvrir Saint-Barth en 1977 ! Lors de son échappée dans les Antilles, il accoste au Port de Gustavia avec son ami Joe Dassin. Comme pour tout « marin » qui se respecte, un passage par Le Sélect (le bar mythique de l’île) semblait inévitable et restera un de ses lieux préférés. Le bar est simple, convivial, inspire liberté et voyage et ses valeurs sont chères à la star qui ne manquera pas d’y faire halte lors de ses prochains séjours. Il a été créé en 1949 par Marius Stakelborough, figure légendaire de l'île, malheureusement décédé en 2020 à l'âge de 98 ans. Tombé sous le charme de cette vie paisible, sans tracas de « m’as tu vu », Johnny construit sa résidence de vacances de 500 m² sur les hauteurs de la baie de Marigot. On peut l’apercevoir depuis la route en contrebas et s’imaginer la magnifique vue depuis la résidence nommée Jade en l’honneur de sa fille. Après le passage d’Irma en 2017, la maison sera terre d’accueil pour les sinistrés.

La générosité de Johnny, et le bien-être qu’il venait chercher à Saint-Barth, se partageaient lors des belles soirées au Ti-Saint-Barth à la Pointe Milou. Une ambiance festive et presque familiale où il côtoyait allégrement tous les invités de Carole Gruson, la propriétaire. Un repaire tropical où le lâcher-prise plaisait à l’artiste. Nombre de ses amis sont passés par ce lieu indissociable de la vie nocturne de l’île, comme Marc Lavoine, Jean Reno et tant d’autres… Il affectionnait cette ambiance parfois un brin démesurée, mais il avait aussi le souci de garder la forme ! Il adorait les dynamiques séances d'aquabiking du Club de sport de Gustavia, Ultimate Center.

Dans la peau d’un fan

Les fans croisés aux abords du cimetière ont tous des histoires différentes et attachantes à raconter. Philou par exemple, guitare tatouée sur son avant-bras gauche. Depuis l'âge de 7 ans, il est bercé par les chansons de son idole. Comme d'autres fans, il passe chaque jour se recueillir sur sa tombe et nous précise que le soir les bougies illuminées forment un cœur avec des ailes. Il est vrai que la tombe est toujours décorée avec soin : fleurs et surtout des galets aux phrases évocatrices et poignantes d’émotion. Les galets sont ramassés sur la plage de Shell Beach ou encore à la plage de Grand-Fond où Philou a eu la chance d'en trouver un en forme de cœur !

Comment honorer sa mémoire?

La première idée qui peut venir à l’esprit est de trouver un fleuriste sur place et d’égayer le sanctuaire de l’idole. À savoir, que les fleuristes ne sont pas très nombreux sur l’île et surtout la chaleur aura raison de votre choix. Nous ne savons pas de qui est venue l’idée de déposer des galets porteurs de messages sur la tombe, mais ils semblent être le plus beau des cadeaux. Les galets proviennent des plages environnantes et les messages inscrits témoignent de l’amour infini des fans. Ils transmettent un message simple à l’instar de la vie de l’île et permettent à tous d’avoir une petite place près de Johnny. Pour les personnes ne pouvant faire le voyage, une tentative de commerce de souvenirs à distance a même été envisagée.

« Johnny et son souvenir » permettent une découverte non superficielle de l’île

Les nostalgiques feront sans doute le voyage en sifflotant « Restez vivant ». Tout comme Philou, les fans aiment cette chaleur humaine, cette décontraction et cette simplicité qui émanent de l’île. Johnny, dans son écrin blanc du cimetière de Lorient rassemble et montre la voie pour ses fans qui repartent avec une vision non tronquée de Saint-Barth. Certains admirateurs bien sûr, tenteront de connaître toutes les habitudes de la star, demanderont de passer devant sa maison… Mais durant leur tour de l’île, la vraie richesse sera d’échanger avec des locaux et de découvrir l'humilité de ses habitants. Venus pour un voyage guidé par l’émotion, ils seront touchés en plein cœur par la philosophie de l’île.

Et les locaux ?

L’affluence des fidèles reste modeste et ne perturbe pas la vie des habitants comme on pouvait le craindre. À tel point que l’effervescence médiatique relayée en France autour des querelles liées à l’héritage n’atteint pas Saint-Barth. Les potins ne sont pas de mises et n’alimentent pas les discussions de comptoirs. Il existe bien un respect du défunt, de sa famille et une discrétion collective impénétrable. Saint-Barth ne sera jamais pollué par un tourisme de masse. Aucune enseigne de souvenirs n’a surfé sur la vague pour tirer profit de cette exception. Ici plus qu’ailleurs, la simplicité reste reine et vous pourriez être déçus si vous étiez en quête d’un effet showbiz. Par contre, le souvenir de Johnny permet à certains touristes de s’aventurer à Saint-Barth en se rendant compte que l’île, qui peut paraître inaccessible, offre des infrastructures accueillantes à prix raisonnables (chambres d’hôtes, cottages, hôtels familiaux).

Un futur mausolée dédié à la rockstar ?

Reste à savoir si la tombe de Johnny sera transposée dans un caveau familial à 4 places afin de garantir un meilleur accueil des passants et favoriser le recueillement des familles sur les tombes voisines ! Cela semble le souhait de l’épouse du chanteur… En septembre 2019, les deux tombes qui jouxtent celle de la rockstar ont bien été exhumées et transférées au cimetière suédois de Public. Une polémique surgit localement, car il s’agit de deux figures décédées à Saint-Barthélemy pendant la période suédoise (1854) : Elizabeth et Anastase Portelly. Ces deux tombes vieilles de 165 ans ont leur importance dans la conservation du patrimoine historique local. L’affaire est en cours : les enfants du chanteur étant opposés à l’exhumation de Johnny.