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Du liège sous toutes ses formes

Le Portugal est le premier pays producteur de chêne-liège et l’Alentejo à lui seul produit la moitié du liège de la planète ! Il faut 25 ans avant qu’un arbre ne donne du liège et l’écorce externe des chênes-lièges (Quercus suber) n’est récoltée qu’une fois tous les neuf ans. Sur sa « peau » rouge, à vif, le chêne fabrique alors une nouvelle couche d’écorce qui prendra tout son temps avant d’être de nouveau décollée. Acheter du liège (cortiça), c’est donc accéder à un morceau de cette longue histoire naturelle… Au Portugal, la loi protégeant le chêne-liège a permis de créer des milliers d’hectares de forêts protégées, les plus vastes au sud de l’Europe : les Montados. Un havre de paix pour différentes espèces d’oiseaux, dont les pinsons et les grives musiciennes, qui viennent s’y réfugier à la mauvaise saison. Des forêts exploitables longtemps : un chêne-liège (sobreiro) peut vivre 200 ans ! Le liège est un matériau polyvalent : outre les bouchons des bouteilles, il est utilisé pour l’isolation des bâtiments et trouve des usages inattendus : une célèbre styliste portugaise a ainsi offert une robe… en liège à la chanteuse Lady Gaga. Mais vous pouvez vous contenter d’un sac à main, d’un parapluie en liège, ou bien pourquoi pas d’une simple carte postale…

Une poterie vernissée

L’Alentejo est riche en gisements d’argile, or c’est de cette argile que l’on tire le matériau des poteries artisanales. La poterie vernissée peut revêtir de très nombreuses formes et s’avère à la fois belle et pratique en cuisine et à la salle à manger. Pendant votre voyage en Alentejo, vous trouverez facilement de la vaisselle en terre cuite : assiettes, jarres, soupières, vases, amphores… Mais les ateliers de fabrication les plus réputés sont à Viana do Alentejo, Redondo et São Pedro de Corval. Cette dernière est le plus grand centre de poterie de la péninsule Ibérique ; elle est située près de Reguengos de Monsaraz, à proximité de la frontière espagnole, et compte plus de 30 ateliers. Vous aurez sûrement l’occasion d’assister à la fabrication des céramiques, et notamment au travail des artisans sur le tour. Dans le district de Portalegre, Crato abrite une école de poterie et à Nisa, on fabrique l’olaria pedrada : une poterie originale, décorée de petites pierres blanches et d’incrustations de quartz.

Une figurine d’Estremoz

Depuis 2017, les figurines en argile d’Estremoz sont inscrites sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Un bel hommage pour cet artisanat qui, depuis le XVIIe siècle, illustre la vie paysanne de l’Alentejo à travers des santons de grande taille, qui figurent les métiers de la campagne et les traditions populaires. Les pièces sont d’abord modelées, puis cuites dans un four, avant d’être peintes et vernies à la main. Les figurines sont habillées de costumes régionaux ou de tenues inspirées de l’iconographie chrétienne. L’esthétique très caractéristique des figurines permet leur identification immédiate : outres les saints et la crèche, on retrouve souvent des danseuses portant un arc de roses d’une épaule à l’autre, une figure de femme aux yeux bandés qui évoque l’amour aveugle et même des soldats des armées de Napoléon, rappelant les invasions françaises. Le musée municipal Joaquim Vermelho, à Estremoz, abrite une remarquable collection de pièces des XVIIIe et XIXe siècles.

Un tapis d’Arraiolos

Prisés depuis des siècles pour la richesse de leurs motifs traditionnels, les tapis d’Arraiolos sont brodés à la main selon un savoir-faire ancestral : le métier de tapissier est l’un des plus anciens du pays. On dit qu’au XIIe siècle, des Maures chassés de Lisbonne par le roi Manuel Ier se seraient arrêtés à Arraiolos où la population les aurait fait passer pour des convertis. Ce sont eux qui ont initié le travail de la manufacture de tapis. Aujourd’hui encore, à Arraiolos, il n’est pas rare de voir les brodeuses assises devant leur maison, en train de reproduire, point par point, les motifs traditionnels.„ Le Centro interpretativo do tapete de Arraiolos, situé dans l’un des plus vieux bâtiments de la ville, permet de tout comprendre de la fabrication des tapis.

Des sonnailles d’Alcáçovas

À Alcáçovas, on fabrique des cloches pour le bétail depuis 200 ans ! Transmis de génération en génération, cet artisanat est encore pratiqué dans d’autres communes d’Alentejo comme Estremoz, Viana do Alentejo ou Reguengos de Monsaraz. Mais c’est à Alcáçovas que l’on visite le Musée des sonnailles (Fabrico de Chocalhos). Il abrite plus de 3 000 cloches, dont la plupart ornent les murs : chacune émet un son unique… Ce musée est un atelier de fabrication, celui de João Penetra, maître sonneur professionnel. Au Portugal, ils ne sont que 13 maîtres spécialisés dans la fabrication de sonnailles, la majorité d’entre eux vit en Alentejo. Inscrite à la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, la fabrication de sonnailles est en voie de disparition : l’élevage traditionnel recule et les cloches sont désormais fabriquées de manière industrielle. C’est bien dommage : la sonnaille portugaise jouait un rôle unique dans le paysage sonore de l’Alentejo !

Des azulejos

On les trouve sur les façades des immeubles à Lisbonne et jusqu’aux murs des églises les plus confidentielles de la plaine alentejane… Si les Portugais maîtrisent à merveille l’art de la faïence, celle-ci leur a été léguée par… les Maures, qui l’ont introduite à leur arrivée dans le sud du pays, pour embellir leurs palais. Azulejos vient ainsi de l’arabe al-zulayd, qui signifie petite pierre polie. Au Portugal, on a développé un style propre : des carreaux en bleu et blanc, utilisés pour représenter des scènes de la vie religieuse, parfois sur de très grandes surfaces. Si l’on peut encore trouver des carreaux anciens (ou fabriqués à l’ancienne) à des prix élevés, le choix d’azulejos contemporains est très large et peut s’avérer, à l’unité, un cadeau original…

Et aussi…

À Portalegre, les tapisseries murales décoratives sont de véritables œuvres d’art qui reproduisent des scènes de la vie quotidienne. À Reguengos de Monsaraz et Mértola, on trouve des couvertures de couleur vive, en laine de brebis (mantas alentejanas), à l’origine utilisées par les bergers en hiver. À Odivelas, on crée des paniers et des nattes en fibre végétale : la paille, brute ou teintée, est tissée à la main sur un métier, comme un tapis ! Enfin, partout en Alentejo, vous trouverez de petits meubles peints décorés de motifs floraux…