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Comprendre le vivant

Observer la nature, et tenter d’identifier et d’apercevoir les espèces qui l’animent, ne va pas toujours sans connaissances préalables. En Alentejo, vous trouverez plusieurs centres d’interprétation qui vous permettront, avant ou après la balade, de comprendre ce que vous voyez.

À proximité de Montemor-o-Novo, dans l'ancienne école primaire de Baldios, s’est ouvert un Centre d’interprétation environnementale qui met en valeur les sites environnants (habitats, espèces…) et vous permettra de préparer vos promenades (à pied ou en vélo), sur les sites de Cabrela et Monfurado et leurs quatre sentiers balisés. N’oubliez pas les jumelles !

Sur la steppe de Castro Verde, le Centre d’éducation environnementale de Vale Gonçalinho est un complexe interactif qui rassemble les ressources environnementales du patrimoine naturel de la région. Il est possible de rejoindre des projets didactiques autour de l’eau, des énergies renouvelables et de la lutte contre la désertification. Et l’on peut bien sûr tenter d’aller voir les starlettes de cette plaine, les grandes outardes, dites outardes barbues, de superbes échassiers dont les mâles, à l’heure de la parade nuptiale, ont la manie spectaculaire de piétiner et sauter sur place en aboyant ! Vous y verrez aussi des faucons crécerellettes et des rolliers, de superbes oiseaux bleus.

Le Centre d’Interprétation de Monte da Coitadinha est une bonne introduction à la visite du Parque de Natureza de Nouda. Il fournit des informations sur les itinéraires proposés et que l’on peut suivre à l’aide d’applications pour smartphone géo-référencées. Il est également possible d’utiliser des vélos et même des véhicules solaires appelés Noucars ! Les visites peuvent également être faites en compagnie de guides locaux et (sur rendez-vous) de guides spécialisés en ornithologie, géologie, botanique, histoire ou ethnographie…

À Vila Ruiva, dans la commune de Cuba, c’est un zoo… d’insectes qui vous convie à découvrir le monde des fourmis, des termites, des abeilles et des guêpes. L’Insectozoo, musée vivant des insectes sociaux, a parié sur l’éducation écologique avec des visites guidées qui expliquent le rôle de chaque insecte dans la régulation des écosystèmes.

À Mora se trouve le premier grand aquarium d’eau douce d’Europe ! L’occasion d’observer des animaux vivant ou ayant vécu dans les fleuves et les rivières du Portugal, comme l’anguille, l’esturgeon ou la loutre, mais aussi des espèces plus exotiques, comme le piranha rouge et d’autres hôtes de l’Amazonie et des Grands lacs africains.

Castro verde, réserve de biosphère

Sur le territoire portugais, douze zones sont reconnues par l'UNESCO comme réserves de biosphère, six sur le continent, quatre aux Açores, deux à Madère. Ces douze sites naturels sont intégrés au réseau mondial des réserves de Biosphère, des laboratoires vivants dont l’objectif est la gestion de la biodiversité et l’apprentissage du développement durable, par la compréhension de l’interaction entre les hommes et la nature.
Dans l'Alentejo, ce sont les vastes plaines du district de Beja, au cœur de ce que l’on appelle le Campo Branco (le « champ blanc »), qui ont été retenues comme réserve de biosphère. Un espace de 6 000 ha qui abrite la plus importante zone de steppe céréalière du Portugal, l'une des plus représentatives de la péninsule Ibérique et de toute l'Europe… Entre champs de légumineuses ou de céréales, jachères et prairies, vignes et oliveraies, on a repéré près de 200 espèces d’oiseaux ! Outre l’outarde barbue (Otis tarda), s’y plaisent le ganga à ventre noir (Pterocles orientalis), la grue cendrée (Grus grus) et le busard cendré (Circus pygargus), le courlis de pierre (dit « genoux épais ») et l’alouette calandra. Mais aussi l'aigle impérial ibérique (Aquila adalberti), une espèce que l’on ne trouve que dans la péninsule Ibérique, l'un des rapaces les plus menacés d'Europe et l'un… des plus rares au monde.
Outre le chêne vert et le chêne-liège, le thym, la lavande et le romarin, les végétaux ont aussi leurs espèces endémiques, onze au total, des traits de personnalité très forts pour cet immense domaine où il est recommandé d’aller se perdre, accompagné ou non de spécialistes.

Explorer parcs et réserves

L’Alentejo est terre de nature et de paysages avant tout, les plus beaux ont fait l’objet de classement en parcs et en réserves :  

Parque Natural da serra de São Mamede : randonner ou simplement se promener dans ce parc est une expérience étonnante ! On s’égare entre menhirs et ponts romains, vignes, oliveraies et forteresses imprenables… Les parcours pédestres occupent 515 km de sentiers balisés qui sillonnent les 320 km2 du parc, d’une grande richesse géologique. La réserve est connue pour abriter l’une des plus importantes colonies de chauves-souris d’Europe et abrite renards, sangliers, chevreuils, blaireaux, chats sauvages et belettes…

Parque Natural do Vale do Guadiana : plus de 70 000 ha de nature entre le Pulo do Lobo et le Vascão, au sud, la rivière qui forme la frontière avec l’Algarve ! Le parc naturel de la vallée du Guadiana, cela ressemble à ça : tout en bas les vallées encaissées du fleuve et de ses affluents, une plaine sèche où poussent quelques maigres chênes verts et des buissons de ciste ; sur les pentes et les berges des cours d’eau le maquis méditerranéen d’origine et, dominant le tout, les crêtes de quartz d’Alcaria et São Barão. Le Pulo do Lobo (Saut du loup) est une cascade de 14 m de haut qui s’est frayé un passage dans la roche dure. Le parc est fréquenté par des loutres, des chats sauvages et de très nombreuses espèces de chauves-souris.

Parque Natural do Sudoeste Alentejano e Costa Vicentina : de petites plages serties dans des falaises de schiste, des lagons temporaires, des garrigues… Sur 100 km de côtes, de Porto Covo (Alentejo) à Burgau (Algarve), le parc naturel du sud-ouest alentejano et de la Côte vicentine est sans doute l’un des tronçons du littoral européen les mieux préservés, au point que des scientifiques du monde entier y viennent étudier sa faune et sa flore endémiques. Autres espèces très communes ici : les surfeurs, ainsi que les randonneurs, qui empruntent plusieurs itinéraires pédestres remarquables, en bordure de falaises, entre mer et ciel…

Reserva Natural do Estuario do Sado : à proximité de Setúbal, cette réserve est implantée sur les berges de l’estuaire du fleuve Sado. Outre les oiseaux, on y croise des loutres, d’autres chauves-souris ainsi que les rois de l’onde : une communauté de dauphins à gros nez (tursiops) qui sont là chez eux et que l’on peut tenter d’approcher en montant à bord des bateaux prévus à cet effet.

Reserva Natural das lagoas de Santo André e da Sancha : elle occupe une partie du littoral des municipalités de Sines et de Santiago do Cacém ainsi qu’une bande de 15 km le long des côtes. Dans les lagunes de Santo André et de Sancha, les amours de l’eau douce et de l’eau saumâtre ont donné naissance à des écosystèmes aquatiques particulièrement riches : cordon dunaire, prairies humides et marais abritent saules et roseaux, joncs, bruyères… Un véritable éden, pour les oiseaux comme pour les visiteurs qui le traversent à pied, en canoë ou en planche à voile.

Parque de Natureza de Noudar : à proximité de Barrancos, près de la frontière espagnole, le Parc de Nature de Noudar a su préserver dans le même temps l’environnement et les activités agricoles et forestières. Dans ce paysage de chênes-lièges dominé par la silhouette du château de Noudar, les maîtres des lieux sont les cerfs et les sangliers, que vous croiserez peut-être, à l’aube ou au crépuscule, de retour de votre promenade à pied ou en vélo sur les pistes cyclables.

Admirer les oiseaux…

Les grues parcourent de nombreux kilomètres pour passer l'hiver en Alentejo, les cigognes blanches ont choisi les falaises du cap de Sardão comme lieu de nidification et le faucon crécerelle, arrivé en février, reste jusqu'au début de l'été après s'être reproduit. Même si l'Algarve est plus réputée que l'Alentejo pour l'observation des oiseaux, la région compte de très nombreux sites de tout premier plan pour les amateurs de birdwatching :  

La cité de Mértola abrite une colonie de faucons crécerellettes.

Les environs de Mourão sont le refuge des pluviers dorés et des pies-grièches méridionales.

Dans le Campo Branco, à Castro Verde, on peut observer le milan chasseur et le francolin cendré, la perdrix à collier noir ainsi que différentes espèces d’outardes. Nombre de ces oiseaux ont un statut de conservation défavorable…

La Serra de São Mamede recèle quantité de faucons, des griffons, des chouettes, des aigles royaux et même des aigles de Bonelli…

L’estuaire du Sado représente une villégiature de rêve pour nombre de passereaux et d’échassiers : flamants (roses) et ibis (blancs), canards et cormorans, hérons, spatules, cigognes blanches…

À la lagune de Santo André, on croise la foulque macroule, le canard à bec rouge et la rousserolle effarvatte, qui est le symbole de la réserve.

La lagune de Sancha se distingue par la présence d'une colonie nicheuse de hérons pourprés, et la présence, là encore, du canard à bec rouge.

Le Parc naturel du Sud-Ouest alentejano et ses falaises escarpées sont le refuge des rares aigles pêcheurs, mais c’est aussi l’unique endroit au monde où les cigognes nichent dans les rochers au-dessus de la grève !

Dans le Parc de Nature de Noudar évoluent le vautour moine et la cigogne noire, la grue, l’agrobate roux, le traquet oreillard et la fauvette des jardins…

L’œil du lynx

Lynx pardinus, tel est le nom du lynx ibérique, l’un des félins les plus menacés au monde. Réduction de son habitat, net recul de la population de lapins, le magnifique animal, autrefois courant en Alentejo comme en Algarve, est aujourd’hui encore « en voie d’extinction » au Portugal. Voilà pour la mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que sa réintroduction en 2014 dans le parc naturel de la vallée du Guadiana a été couronnée de succès. Il y a désormais près de 140 lynx qui vivent sur une zone de 500 km2 entre les municipalités de Serpa, Mértola, Castro Verde (Alentejo) et celle d’Alcoutim, en Algarve.

Le sourire du dauphin

Plus besoin de partir dans le Pacifique pour admirer des dauphins ! Une quarantaine d’entre eux a élu domicile dans la baie de Setúbal, dans les eaux de l’estuaire du Sado. Une communauté de dauphins résidents, en quelque sorte, qui sont étudiés et surveillés. Il s’agit de grand dauphins, on les appelle aussi dauphins souffleurs ou à bec (Tursiops truncatus), une espèce de grande taille, donc. Sauts, jeux, courses : ils sont habitués à voir des visiteurs et ne cessent pas leurs activités en votre présence. Ils feront l’objet d’une très belle sortie, en bateau à moteur ou en catamaran, à proximité des magnifiques reliefs de la serra de Arrábida qui se reflètent sous la coque de votre embarcation. La visite a lieu toute l'année, elle dure de 2 à 3 heures et les départs se font de Setúbal ou du port de plaisance de Troia. Ce groupe de dauphins présente des caractéristiques inhabituelles : c’est la seule population vivant dans un estuaire au Portugal, et l’une des trois connues en Europe.

Une flore contrastée

Le Portugal est réputé abriter 2 700 espèces végétales, l’Alentejo en accueille une bonne part, et notamment de nombreuses variétés d’arbres et de plantes aromatiques.

Le chêne-liège, l’une de ces espèces que l’Homme a « apprivoisées » afin d’en exploiter les ressources, est évidemment la vedette de la région, puisque, si le Portugal produit près de la moitié de la production mondiale, c’est en Alentejo que se trouvent 72 % des cultures portugaises de chênes-lièges.

L’eucalyptus a une autre histoire, l’arbre fut introduit dans le pays à la faveur de sa croissance rapide et de sa capacité à supporter la chaleur. Largement exploité par l’industrie du papier, il a fait du Portugal le 3e plus gros producteur européen. Mais « l’or vert » du Portugal (un quart des forêts du pays) est aujourd’hui accusé de favoriser les incendies, tant ses essences activent la combustion ! Par ailleurs, en acidifiant les sols, l’eucalyptus serait à l’origine de la disparition de certaines espèces végétales et animales, et donc d’une perte réelle de biodiversité.

Le ciste est un hôte discret, mais très présent en Alentejo. Quand la nuit tombe, les soirs d’été, son parfum frais et relevé est porté par la brise : c’est l’une des odeurs les plus caractéristiques de la Méditerranée, même si, ici, on en est bien éloigné. Le ciste ladanifère (Cistus ladaniferus), le plus courant, produit de superbes fleurs blanches, comme des roses fripées, dotées d’un cœur jaune d’or et — à la base de chaque pétale — d’une lunule pourpre. Appelée parfois rose blanche ou cinq-plaies-du-christ, il s’agit d’une plante à la résistance étonnante puisqu’elle ne craint ni la sécheresse ni même les perturbations environnementales (pollution, incendies), grâce à sa résine aromatique et collante, le labdanum, qui lui permet de protéger ses réserves en eau !