Climat en Russie - Sibérie

La Sibérie, aire de jeu de quelque 13 millions de km², propose une belle variété d’environnements et de nuances météorologiques. Sans parler du changement climatique, qui, depuis plus d’une décennie, vient modifier la donne. Amateurs de grands froids, rassurez-vous, le voyage hivernal n’a rien perdu de sa féérie ! Entre autres visions enchanteresses, imaginez des ciels bleu polaire étincelants ou les vagues gelées du lac Baïkal. Le voyage estival offre une tout autre ambiance, entre un été printanier à chaud, au cours duquel les foules charriées par le train ont, comme vous, hâte d’aller se baigner. À l’automne, les grands sites touristiques sont plus calmes, avec le risque de trouver porte close. Préparer votre voyage vous mènera à opérer des choix cornéliens. Saison ? Exploration transversale ou villégiature régionale ? Toundra vs steppe ? Climats extrêmes ou tempérés ? Voici quelques infos à compléter par des recherches sur Internet.

Continental

En gros, d’ouest en est, sur la ligne transsibérienne (direction Vladivostok), comptez sur un climat continental dès le passage de l’Oural (Ekaterinbourg, Perm). C’est-à-dire des étés plus ou moins longs, chauds et pluvieux, contre des hivers frisquets, plus ou moins enneigés, aux périodes de gel plus ou moins étalées. Quand Novossibirsk est engloutie sous la neige, Irkoutsk, ainsi qu’une bonne partie de la Bouriatie, ne capitalisent guère plus d’un mètre (à l’année). Retenez ensuite que ce caractère continental se corse vers l’est jusqu’à l’Extrême-Orient, beaucoup plus doux. Juillet est le mois le plus chaud (20 à 25 °C en moyenne), parfois brûlant (jusqu’à +35 °C en taïga, notamment au nord de Krasnoïarsk et d’Irkoutsk) ; janvier, considéré traditionnellement comme le plus froid, se passe forcément en dessous de zéro, jusqu’à -25 °C environ. L’automne est fulgurant : en septembre, après une agréable journée ensoleillée, il n’est pas rare d’encourir une chute de neige. Quant au printemps… qui dit redoux, dit fonte des neiges et des glaces : envisagez-le humide et boueux, mais guère pluvieux. Gardez en tête que le temps peut vite tourner, préparez-vous toujours à d’éventuelles montagnes russes : quelle que soit votre saison de prédilection, embarquez obligatoirement des vêtements chauds et imperméables. Avis aux voyageurs de l’été : gare aux moustiques, particulièrement aux abords du lac Baïkal.

Polaire

La règle est planétaire, la Sibérie n’y échappe pas : plus vous avancez vers le nord, plus le froid est mordant. Et ce, dans chacune des quatre régions, Oural, Sibérie occidentale, Sibérie orientale ou Extrême-Orient, car toutes comprennent une zone subarctique et polaire. La toundra, là où l’hiver est (presque) éternel, un environnement que l’on imagine inhospitalier et désert… ? Attention aux idées reçues ! Si les étés sont courts, les températures peuvent monter à plus de 20 °C. Par ailleurs, de nombreuses villes ont été bâties sur cette fameuse couche de glace permanente, le permafrost ; celles-ci sont assez accessibles (le plus facile, en avion), à l’exception de Norilsk, dans le kraï de Krasnoïarsk (laissez-passer obligatoire). Observer les étonnantes conditions de vie de ces citadins du froid vaut vraiment le détour : des bâtiments construits exclusivement sur pilotis, des extérieurs parfois très colorés, les voitures gelées, qu’on ne redémarre qu’au printemps, des intérieurs coquets et luxuriants, ces jardins d’hiver dont on prend soin comme la prunelle de ses yeux. Doudinka (1 800 km au nord de Krasnoïarsk ; accessible aussi en bateau, en remontant le fleuve Ienisseï) est le plus grand port de Sibérie. La ville organise chaque année, au mois de mars, la journée des éleveurs de rennes, l’occasion unique d’admirer Nenets, Evenks, Dolganes et autres peuples autochtones parés de leurs vêtements traditionnels. Les régions arctiques septentrionales sont les plus rigoureuses : la Iakoutie/République de Sakha avec ses 40 % de territoire situés au-delà du cercle polaire, est considérée comme la plus froide du monde. Les villes de Verkoïansk et Oïmiakon se disputent tous les ans le record de froid, officiellement attribué à la seconde, avec la température historique de -67,8 °C atteinte en 1933 (record 2018, -58 °C). Sans oublier la célèbre Iakutsk, à l’incroyable amplitude thermique entre été et hiver (en moyenne -46,2 °C en janvier, +18,9 °C en juillet). Un tout autre record y aurait été enregistré : un baiser amoureux de 22 minutes, par une température de -30 °C (tentez-le, les records sont faits pour être battus). Enfin, explorer ces régions de l’extrême est aussi l’occasion d’expérimenter les phénomènes astronomiques et météorologiques typiques du Grand Nord. Parmi ceux-là, les aurores boréales : rendez-vous à Dikson pour observer la plus étonnante, blanche, en été, pendant le jour polaire (en mer de Kara). Le jour polaire, donc, qui démarre à peu près au solstice, période durant laquelle le soleil ne se couche pas. C’est le cas à Igarka pendant 52 jours ! À l’inverse, l’hiver, vous vous confrontez aux nuits polaires, étranges nuits éternelles. Enfin, les « tempêtes noires », ces blizzards de neige spectaculaires qui engloutissent une ville en quelques heures, par exemple à Norilsk.

Tempéré

D’autres options de destinations s’offrent aux amateurs de météos plus clémentes. Les grandes villégiatures de l’Oural, Perm, Ekaterinbourg, implantées dans des régions forestières, bénéficient d’un climat continental « modéré », avec un été printanier à chaud (juillet-août, 20-25 °C) et un hiver neigeux, pouvant descendre autour des -20 °C (janvier ; un peu plus doux à Ekaterinbourg). La région est d’ailleurs réputée pour ses stations de ski, à l’enneigement généreux de novembre à avril et aux paysages grandioses. En Sibérie occidentale, pensez à l’Altaï, région montagneuse majestueuse, aux panoramas alpestres. On la surnomme d’ailleurs la Suisse (ou Tibet) russe. Ici, le climat est tempéré (attention, en plaine, le climat se durcit) : comptez autour de 20 °C en juillet et -10 °C en janvier. Le village de Tchemal, qui bénéficie d’un microclimat, est très touristique en été. Il est le point de départ de nombreuses randonnées, expéditions spéléologiques et descentes en rafting (à environ 500 km au sud de Novossibirsk). Beaucoup plus à l’est, en Extrême-Orient, rendez-vous dans la région de l’Amour, qui compte quelques spots où il fait bon vivre. Par exemple la station Mouhkinka, nichée dans le massif montagneux de Mouhkinski. Très favorable également le climat de l’Oblast autonome Juif (Primoré), zone agricole et étonnante villégiature de la diaspora juive russe. C’est bien cette région qui se distingue le plus en Sibérie, l’Extrême-Orient russe méridional, où l’on respire un air autrement exotique, venu du Pacifique, dès la Khabarovsk (km 8 523 du Transsibérien). Le climat, certes continental, est influencé par les moussons des mers d’Okhotsk et du Japon : l’été se veut frais, mais ensoleillé, tandis que les hivers sont très enneigés. Sur le littoral maritime, changement radical de planète. Les hivers sont courts et secs tandis qu’en été, une averse tropicale peut soudainement entrecouper une sécheresse. Attention à la saison des cyclones (juin-juillet).