Des sorties

Il y a encore quelques années, dîner dehors par plaisir revenait à dépenser des fortunes pour un thé et un souper que l’on aurait pu préparer chez soi ! Même si cette habitude persiste, la généralisation du Business Lunch (formule midi : menu simplifié et moins cher qu’à la carte) a poussé la population à s’aventurer hors de chez elle et des stolovaïas (self-services très bon marché. Comptez 300 RUB pour un repas avec boisson). Désormais, en Sibérie, les restos pullulent (jusqu’à proposer des petits déj’) et sont ouverts en continu, souvent jusqu’à tard le soir (même si la salle est vide). Sachez que la restauration gastronomique reste très abordable.

Pour voir du monde en journée/soirée, pariez plutôt sur les cafés et autres pubs (irlandais, ils ont la cote. Passez à l’Irish Pub d’Akademgorodok, très fréquenté par toute la communauté scientifique). On y mange, on y boit (beaucoup de thé. Le café, lui, n’a trouvé sa place qu’assez récemment. À Kyzyl, capitale de la République de Touva, le premier débiteur de café a ouvert ses portes il y a moins de 10 ans), on y regarde le match de hockey, sport national. Dans les bars, vous trouvez toujours à manger et largement de quoi vous occuper : soirées jeux, concerts, poésie, compétitions hip-hop, carte des cocktails (très) prolixe, voisins volubiles. Peut-être y capterez-vous un peu de la fameuse âme russe ? En Sibérie, boire un cocktail est tendance (n’importe quel bar tender maîtrise l’art du shaker ; certaines maisons proposent jusqu’à 150 références), surtout si vous l’accompagnez d’une chicha (accessible un peu partout, avec carte des tabacs). Attendez-vous à vous noyer dans les menus…

La soirée avance ? Faites un crochet par le karaoké, l’autre sport national (c’est du sérieux) ! En solo, en couple, entre amis, on s’y rend à tout âge pour se détendre et envoyer du lourd, le temps d’une chanson ou jusqu’à l’aube. Entre deux tours de chant (catalogues russe, international et même français. Et pas que du Mireille Matthieu, toujours très populaire en Russie), vous dansez, mangez, vous vous réhydratez… À Novossibirsk, célébrez le Nouvel An au Cacao Lounge Project (plusieurs établissements) : peu importe votre niveau vocal, la visite vaut le détour !

Vous optez pour le resto, le bar, le karaoké, le club à la mode ou la totale ? En vous préparant à sortir, jouez-la sexy comme un local : pomponnez-vous, mettez le paquet (vous n’en ferez jamais trop). Le confort et le style sont de mise : n’importe quelle adresse met à votre disposition un vestiaire gratuit (manteaux et autres bottes de neige), passage obligé avant d’entrer en piste.

Du grand air

En Sibérie, si l’on aime recevoir à la maison et s’attarder autour du thé, il est impensable de s’enterrer chez soi ! En semaine, le week-end, à n’importe quelle heure, les promenades au bord de l’eau (beaucoup de villes ont désormais leurs aménagements de berges, peu communs par le passé), les centres-villes, les terrasses grouillent de monde, et ce jusqu’à la première neige. On imagine la ville russe comme une mégalopole froide, bétonnée et irrespirable, mais il n’en est rien ! Beaucoup d’entre elles collectionnent les espaces verts, parfois plusieurs centaines d’hectares de forêt. Si vous avez du temps, faites un tour au parc central (tsentral'nyy park). Certains ont gardé leur esprit du XIXe siècle : belles allées arborées pour flâner, manèges, stands de tir et grillades. Dans celui de Krasnoïarsk se trouve une attraction très populaire : le chemin de fer des enfants, long de 1,3 km (héritage soviétique, pour former les jeunes aux métiers du rail. Ces stages existent toujours).

On s’échappe de la ville autant que faire se peut, on chasse, on pêche, on fait du moto-cross en montagne, on va aux champignons, on cueille baies et plantes sauvages en forêt. Krasnoïarsk, pôle industriel tentaculaire, est littéralement nichée dans la taïga. Pour qui ne possède pas d’isba, il reste toujours les 47 200 hectares de la Réserve naturelle de Stolby pour s’ébrouer, très fréquentée en été (ne manquez pas d’y randonner et d’y dormir au milieu des arbres). À Vladivostok, comptez sur de la bronzette et du farniente en bord de mer jusqu’en septembre-octobre (sur la fabuleuse plage dite de verre, tapissée de tessons polis multicolores).

L’hiver, rebelote. La Sibérie, avec ses reliefs et des spots très enneigés, est propice à tous les sports de glisse : ski, luge et patin à glace en première ligne ! À Novossibirsk, vous admirez les amateurs de snowkite sur la mer de l’Ob, qui déboulent le week-end. Au hasard d’une promenade en ville, peut-être tomberez-vous sur ces patinoires de quartier faites « maison » par les riverains, à force de jets d’eau. Toujours à Krasnoïarsk, vous skiez en centre-ville dans la station de Bobrovy Log. Il est tout à fait possible de combiner lac Baïkal et descente à skis, même pour un court séjour : à Listvianka (mont Tcherski, 1 175 m, fabuleux panorama sur le lac) ou à la station Baïkalsk (remontées mécaniques onéreuses pour un domaine skiable riquiqui). Les Russes pratiquent d’autres activités hivernales, auxquelles vous pouvez vous essayer : la pêche sur la glace, le vélo sur glace, le banya sur glace (au lac Baïkal, installation éphémère de janvier à mars), la rando sur glace et même le clubbing sur glace…

Beaucoup de culture

C’est en hiver que la vie culturelle bat son plein (pensez-y en préparant votre voyage : en été, la plupart des salles de spectacles sont fermées). Opéra, ballet, théâtre de marionnettes, concert philharmonique, comédie musicale : la diversité des scènes et des programmes est sans limites. Surtout, ces spectacles sont très accessibles (250 RUB environ pour une entrée au prestigieux Opéra de Novossibirsk, le plus grand de Russie). Idem en matière de musées, innombrables, partout sur le territoire et souvent très qualitatifs (le hic, tous ne sont pas équipés pour les touristes étrangers. Prix variables, mais rarement au-dessus de 300 RUB). Enfin, ici et là fleurissent des musées ethnographiques en plein air, où il fait bon passer la journée, parfois une nuit. Rendez-vous par exemple au complexe d’Atsagat, pour explorer les cultures bouriates et dormir dans une yourte (très fréquenté par les Bouriates eux-mêmes).