Préhistoire

Des vestiges préhistoriques

Lors de la rénovation de la forteresse de Chinon, au début des années 2000, des fouilles archéologiques ont révélé une occupation humaine sur le plateau de Chinon dès le Néolithique.

Époque gallo-romaine

La Gaule

D'autres fouilles beaucoup plus anciennes ont exhumé, à l'emplacement de l'actuel fort Saint-Georges, le fossé d'une enceinte carrée abritant la demeure d'un aristocrate et guerrier gaulois avec des maisons particulières, des bâtiments agricoles et un espace collectif. L'occupation des grottes troglodytes de ce secteur est fort ancienne également. A cette époque l'implantation d'un village en contrebas est également attestée.

(316-397)

Saint Martin de Tours

C'est le grand saint de la Touraine. Né au sein de l'actuelle Hongrie, alors dans l'Empire romain, le futur saint Martin de Tours, saint Martin le Miséricordieux ou saint Martin des Champs, était le fils d'un tribun militaire. Attiré très tôt vers la nouvelle religion chrétienne, il accepte toutefois de devenir légionnaire pour contenter sa famille, mais se détournera de la carrière militaire. On retient la scène iconique lors de laquelle il donne la moitié de son manteau à un pauvre transi de froid. Martin se fit ermite près de Tours. Après la mort de l'évêque de Tours, contre son propre gré, la population l'enlève pour qu'il prenne la place laissée vacante. Devenu évêque, Martin ne modifie toutefois pas son train de vie. Comme ses compagnons moines, il dort volontiers dans une cave troglodyte, se nourrit de peu, pêche dans la Loire.

La collégiale Saint-Mexme de Chinon est consacrée à l'un des disciples de saint Martin et Candes-Saint-Martin porte son nom. C'est dans ce village qu'il est mort en 397, après une vie de prédication et de bonnes œuvres, à l'emplacement même de l'actuelle collégiale, qui lui est dédiée. Ce joyau de l'architecture gothique angevine, édifié de la fin du XIIe au début du XIIIe siècle, est un lieu de pèlerinage. De nombreuses statues ornent sa façade et des vitraux retracent l'histoire des reliques de saint Martin. En 2016 a été inaugurée la via martiniensis, itinéraire qui relie sa Hongrie natale à Candes-Saint-Martin.

Moyen-Âge

La gloire de Chinon

Chinon connaît son heure de gloire. Au XIIe siècle, sous le règne des Plantagenêt, Henri II et la reine Aliénor puis Richard Cœur de Lion séjournent au château de Chinon. Au XVe siècle, pour fuir l'occupation anglaise, le roi Charles VII et sa cour quittent Paris pour s'installer au château de Chinon à plusieurs reprises. On doit à son épouse dévouée et exemplaire, la reine Marie d'Anjou, qui lui donna 14 enfants, dont le futur Louis XI, la gestion de la rénovation complète du château de Chinon. En 1429, Jeanne d'Arc rencontre le roi Charles VII à Chinon.

Jacques de Molay

C'est le dernier grand maître de l’ordre du Temple, corps de moines soldats fondé au XIIe siècle pour assurer la sécurité des pèlerins se rendant à Jérusalem. Jacques de Molay dirige l’ordre de 1292 jusqu’à sa dissolution par le roi de France en 1312. Dès 1307, Philippe le Bel prenant prétexte des déviances de l’ordre fait arrêter ses membres pour hérésie. Plusieurs mois après cet épisode, 75 de ses membres sont envoyés devant le pape à Poitiers. En cours de route, le roi fait retenir à Chinon 5 dignitaires de l’ordre dont son grand maitre Jacques de Molay. Emprisonnés à la Forteresse de juin à août 1308, ces Templiers ont laissé de nombreux graffitis dans la tour du Coudray. En août, des émissaires du pape auditionnent les prisonniers à la Forteresse dans le cadre de leur procès. Il en résulte un document important pour l’histoire de l’ordre, le « parchemin de Chinon », conservé dans les archives secrètes du Vatican. En 1314, à l’issue du procès, Jacques de Molay sera exécuté sur le bûcher.

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1403-1461

Charles VII

Il a régné sur la France de 1422 à 1461 alors que le royaume en crise s’enlisait dans la Guerre de Cent Ans avec l’Angleterre. Charles VII dit le Victorieux est le onzième fils du roi de France Charles VI. Dauphin à 14 ans, il est roi de France à 19 ans. Au début de son règne, il se déplace beaucoup dans le Val de Loire et Chinon accueille régulièrement la famille royale et la cour. Il offre la seigneurie et sa forteresse à sa femme, Marie d’Anjou. C’est à Chinon qu’il rencontre Jeanne d’Arc, en 1429, avant de lui accorder des hommes pour la libération d’Orléans.

Parfois réputé oisif, Charles VII fut un souverain qui se distingua par de nombreuses réformes. Entre 1445 et 1448, lors d’une trêve avec les Anglais, il réforme le système militaire, créant une armée royale et professionnelle, mieux encadrée et rémunérée, qui s’illustre lors de la reprise de la guerre de 1449-53 avec la reconquête de la Normandie et de la Guyenne. On peut citer les interventions du comte d’Orléans Jean Dunois, grand chef militaire et fin diplomate, mais aussi des deux frères Bureau, maîtres de l’artillerie, qui développent l’usage décisif des canons. Charles VII entreprend d’autres réformes pour le royaume. L’autonomie financière de l’État est permise avec la création du premier impôt régulier et direct : la taille, auparavant perçue par la noblesse et le clergé qui en restent toutefois exonérés. L’autorité royale s'affirme sur le plan religieux, écartant le pape de l’administration de l’Église de France au profit du roi. A la fin de son règne, il prend aussi des mesures pour stabiliser la monnaie et rendre la justice plus efficace.

1412-1431

Jeanne d’Arc

Connue pour être née à Domrémy et morte sur le bûcher à Rouen, Jeanne d'Arc a bouté les Anglais hors de France. Cette jeune paysanne affirme avoir reçu la mission des saints Michel, Marguerite d'Antioche et Catherine d'Alexandrie de délivrer la France de l'occupation anglaise. C'est à Chinon qu'elle parvient à rencontrer Charles VII, le 25 février 1429. Chassé de Paris par les Anglais, le roi est alors en exil avec sa cour au château de Chinon. Devant le roi, elle évoque la prédication selon laquelle il faut bouter les Anglais hors du royaume et faire couronner Charles VII à Reims. Jeanne d'Arc est envoyée à Poitiers pour que dignitaires et théologiens puissent juger de sa bonne foi. De retour à Chinon, elle demande audience au roi. Charles VII lui octroie un étendard avec d’un côté trois fleurs de lys, armoiries royales, et de l’autre le Christ de l’Apocalypse entouré des archanges Michel et Gabriel, et une armée, à cette paysanne devenue guerrière. C'est le début d'une épopée pour cette jeune fille, soldée par le sacre de Charles VII et la libération de la France du joug anglais. Capturée par les Bourguignons à Compiègne en 1430, elle est vendue aux Anglais et condamnée à être brûlée vive après un procès en hérésie, émaillé de nombreuses irrégularités. Innocentée et réhabilitée en 1456, elle est béatifiée en 1909 puis canonisée en 1920. Jeanne d'Arc devient enfin l'une des deux saintes patronnes secondaires de la France en 1922.

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1483 ou 1494

La naissance de Rabelais

Rabelais est né en 1483 ou 1494 à la Devinière à Seuilly, près de Chinon, dans l'ancienne province de Touraine. La date de sa naissance diverge selon les sources et ce mystère n'a pas encore été élucidé, aucune preuve attestant de ses dates de naissance n'a été trouvée. De nombreuses théories ont été émises à ce sujet et divisent la communauté historique.

L'époque contemporaine

Longtemps Chinon et le Chinonais furent liés à la batellerie. L'activité sur la Vienne et à sa confluence avec la Loire, tant pour le transport des voyageurs que pour celui des marchandises, était alors très dynamique. De nombreux métiers étaient liés à la navigation et au commerce fluvial. Chinon connaît de nombreuses transformations urbaines avec la création des quais, la construction du tribunal, de l'hôtel de ville, de la gendarmerie… Des espaces publics sont aménagés avec implantation d'arbres et de statues rendant hommage aux grands personnages de l’histoire locale dont Rabelais et Jeanne d’Arc.

XIXe siècle

Reconnaissance et restauration du patrimoine de Chinon

En 1840 a lieu la première reconnaissance par les institutions du caractère exceptionnel du patrimoine de Chinon avec le classement du château et de la collégiale Saint-Mexme à l'inventaire des Monuments historiques.

 

En 1854, la municipalité demande la démolition des vestiges de la forteresse de Chinon. L’intervention de Prosper Mérimée sera salvatrice et marquera le tout début de la restauration au long cours de la forteresse de Chinon. En 1926, les terrains attenants sont également classés.

 

En 1875, l’aménagement d’une voie de chemin de fer passant à Chinon entraîne le déclin du commerce fluvial, jusqu’alors florissant. L’installation de la gare entraîne aussi l’extension de la ville vers l’est.

XXIe siècle

Le XXIe siècle

Signataire d’une convention « Ville d’art et d’histoire » avec l’État et le Département en 2000, Chinon s’engage à assurer des actions de valorisation du patrimoine menées par des professionnels du patrimoine et des guides-conférenciers recrutés sous le contrôle du ministère de la Culture. Plus d’une vingtaine de monuments sont désormais protégés et le centre-ville bénéficie d’un secteur sauvegardé, document d’urbanisme qui permet d’œuvrer au quotidien pour la reconnaissance, la protection et l’amélioration de la qualité architecturale et urbaine du centre historique.

 

De 2003 à 2007 ont lieu des fouilles archéologiques et un programme de réhabilitation de la forteresse. Entre 2005 et 2006, le rempart sud du fort Saint-Georges est restauré. En 2006 et 2007, c’est la tour du rempart oriental, côté château du Milieu, qui est rénovée. En 2007, c'est le début des travaux de restauration sur le donjon du Coudray.

 

Au fil des restaurations des remparts et des tours, de nombreux lieux ont été rouverts au public. En 2018, c'est l’ouverture très attendue de trois nouvelles salles, avec de nouveaux aménagements pour la chambre de Charles VII, une pièce qui met en scène la vie quotidienne au Moyen Âge, une nouvelle salle qui retrace l’histoire architecturale des lieux. Un nouveau parcours de visite passionnant et interactif...

 

Avec Armes et armures royales, la Forteresse avait accueilli en 2022 une exposition innovante, associant œuvres historiques et objets issus du cinéma et de séries à succès. Une mise en regard inédite entre des pièces de collections d’armes et armures historiques de musées et l’univers de Game of Thrones, d'Excalibur ou du Seigneur des Anneaux.

À la Renaissance un Jeu de Paume

Vraisemblablement apparu à la fin du XIVe ou au début de XVe siècle, ce sport était pratiqué par les rois et par l'aristocratie. Toutefois, il était mais aussi accessible à la bourgeoisie, aux corporations, aux soldats ou même aux étudiants. En fait, il suffisait de pouvoir payer la location du matériel et de la salle pour jouer. Inscrite au titre des monuments historiques depuis 2015, la salle du Jeu de Paume de Chinon date du XVIe siècle. Édifiée dans le centre historique,

elle a perdu sa vocation dès le XVIIIe siècle, utilisée tour à tour comme manège pour les troupes de cavalerie en garnison, écurie, garage pour un loueur de calèche, entrepôt d'un volailler, puis peu à peu abandonnée. Restent ses murs d’origine ainsi que sa charpente du milieu du XVIe siècle certifiée par analyse dendrochronologique. Un chantier de sauvegarde et de restauration est à l'étude.