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Entre Tours et Saumur, au sud-ouest de la Touraine et aux frontières de l’Anjou et du Poitou, le Pays de Chinon se situe dans le département d'Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire. Ce territoire est intégré dans le Parc Naturel Régional Loire-Anjou-Touraine. La ville même de Chinon se trouve à 47 km au sud-ouest de Tours, 30 km à l'est de Saumur, 80 km à l'est d’Angers, 85 km au nord de Poitiers. Voici pour sa situation. Quant à son édification, Chinon a été construite sur les coteaux de la Vienne. C'est une très vaste commune située au cœur de la communauté de communes et au cœur du Parc Naturel Régional, en bordure d'une vaste forêt domaniale. Le territoire s'étend sur le plateau de faible altitude du Véron, en forme de triangle, dont la pointe est à la confluence entre la Vienne et la Loire, au niveau de Candes-Saint-Martin, et dont la base est couverte par la forêt domaniale de Chinon au niveau de Saint-Benoît-la-Forêt. S'ajoutent une dizaine de communes situées rive gauche de la Vienne et le bourg de Chouzé-sur-Loire, à l'opposé, rive droite de la Loire. Au milieu du territoire, Chinon fait figure de petite capitale. Sa forteresse qui domine la ville depuis sa falaise marque avec majesté le paysage.

Chinon et la plupart des villages du territoire alignent leurs maisons blanches édifiées en tuffeau, pierre calcaire qui participe à leur cachet. En fin d'exploitation, les carrières virent des habitats troglodytes s'y creuser. Le tuffeau marque ainsi doublement l'architecture locale.

Des paysages de caractère et d'inspiration

A emprunter les petites routes qui sillonnent ce territoire, on découvre des paysages bucoliques et des villages préservés. C'est une région de charme intégrée non seulement au Parc Naturel Régional mais aussi au périmètre du Val de Loire classé sur la liste du patrimoine mondial par l’Unesco, sans oublier une appartenance, pour la ville de Chinon, au réseau des Villes et Pays d'art et d'histoire labellisé par le ministère de la Culture. C'est dire sa richesse ! Ce sont tout particulièrement l'eau et la pierre qui ont façonné et nourri le paysage et les hommes au fil des millénaires. Les parcs des châteaux, la culture des céréales et le maraîchage et bien entendu la viticulture se sont développés sur ce terroir. La présence de la Loire et de la Vienne a largement apporté sa contribution. Aujourd'hui, les rives de la Loire constituent un itinéraire de choix pour les cyclistes, les randonnées pédestres ou équestres et si la batellerie et le commerce fluvial ont fait long feu, la navigation de plaisance a pris le relais et dévoile au fil de l'eau des points de vue uniques sur le patrimoine bâti, naturel et agricole d'un territoire magnifique.

Les artistes s'inspirent de cet environnement et apprécient de se ressourcer sur ces terres paisibles. On pense à François Rabelais qui chanta le pays de Chinon et en fit le décor de ses guerres picrocholines. Plus près de nous, les musiciens Henri Dutilleux (1916-2013) et son épouse Geneviève Joy (1919-2009) se sont installés à Candes-Saint-Martin, dans une maison avec vue sur la Vienne, où ils passèrent une trentaine d'années.

Une particularité géologique : le tuffeau

Le tuffeau caractérise le Val de Loire. Cette pierre douce aux reflets lumineux embellit le paysage, confère au terroir un socle qui sied à la vigne et que l'on sculpte facilement. Ce qui est le plus visible, ce sont les châteaux, les édifices religieux, les maisons des villes et des villages édifiés en tuffeau. Cette pierre décline, selon la lumière et les gisements d'extraction, toute une gamme de nuances du blanc perlé au jaune paille. Pierre calcaire au grain fin, le tuffeau est constitué de restes d'organismes et de fragments de roches apportés jusqu'à la mer par les cours d'eau sous forme d'alluvions. Après 90 millions d'années, les sédiments déposés ont subi un tassement dont la pression a engendré une recristallisation et une cimentation.

Dès l'époque gallo-romaine, des carrières de tuffeau ont été exploitées en Anjou et en Touraine pour l'édification de bâtiments. L'extraction de tuffeau a atteint son apogée entre le XIe et le XIXe siècle. Elle avait totalement disparu au milieu du XXe siècle. On a assisté à sa renaissance lors des travaux de rénovation de l'abbaye royale de Fontevraud, dans les années 1960. Le tuffeau blanc exploité aujourd'hui en Val de Loire se présente en bancs réguliers et homogènes jusqu'à 40 m d'épaisseur. Quant au tuffeau jaune, utilisé autrefois pour l'habitat rural, il n'est plus exploité.

Mémoire troglodyte d'un temps géologique

Résultat de cette très longue et très lente transformation du sédiment en roche, le tuffeau matériau noble et unique remonte le temps. Lors des travaux d'extraction, on trouve régulièrement de magnifiques ammonites fossilisées. Au pays de Chinon, l'extraction du tuffeau se fait en galeries souterraines. La couche étant facilement accessible, cette méthode permet de sauvegarder les terrains agricoles en surface. Traditionnellement, le carrier attaquait le front de taille à l'aide d'un pic pour extraire des dalles d'environ 3 m de haut par 2,5 m de large sur 0,4 m de profondeur. Ces blocs étaient ensuite débités manuellement sur place en pierres de dimensions diverses selon les usages. Les pierres taillées étaient ensuite sorties des galeries et acheminées sur les quais avant d'être livrées par l'eau à bord des gabares à fond plat.

Les blocs extraits aujourd'hui par les chaînes de coupe des haveuses modernes sont trois fois plus gros que ceux extraits au pic et ne sont plus transportés par voie d'eau. Mais c'est toujours au niveau des fronts de taille au fond de galeries souterraines que la pierre est éclatée. Trait d'union géologique entre les millénaires, l'exploitation se perpétue, activité troglodytique typique du pays de Chinon. Les anciennes galeries abandonnées sont devenues des caves idéales pour les viticulteurs ou des maisons d'hôtes de charme, voire des musées. Ainsi c'est toute une mémoire dans la roche...