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Chinon, un décor très cinématographique

Avec sa Forteresse Royale et son vieux centre médiéval Chinon permet aux cinéastes de remonter les siècles. Ainsi Bertrand Tavernier vint y tourner La Princesse de Montpensier en 2010. Déjà en 1965 Fantômas se déchaîne de André Hunebelle mettait en scène la Centrale nucléaire de Chinon tout juste sortie de terre, dans un registre à l'inverse futuriste. Mais le tout premier long métrage tourné à Chinon le fut en 1946, c'est le Capitan de Robert Vernay. De l'eau a coulé sous les ponts de la Vienne jusqu'au dernier en date, le volet 3 de Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu de Philippe de Chaveron. Dans le troisième volet de cette comédie populaire, la ville de Chinon est particulièrement visible et mise en valeur. Les élus et les commerçants s'en réjouissent. L'attractivité touristique est stimulée par des images valorisantes d'une belle ville comme Chinon sur grand écran. Les autorités locales ne s'y trompent : ils font toujours bon accueil aux réalisateurs et aux équipes de tournage. Attirer les réalisateurs est devenu, pour les régions, un enjeu culturel et touristique.

Des illustres inspirés par le Véron et sa confluence

Cela mérite d'être souligné, sur les 245 Maisons des Illustres en France, le pays de Chinon en abrite à lui seul trois gardant la mémoire d'artistes remarquables. Ainsi pouvons-nous découvrir l'intimité de deux couples d'artistes, à Huisme et à Candes-Saint-Martin. On visite aussi la Devinière, maison natale du grand Rabelais, à Seuilly, transformée en musée. A Huisme, la Maison d'Illustres est celle où Max Ernst (1891-1976) et Dorothea Tanning (1910-2012) s'installent, en 1955, dans la ferme du Pin à Huismes, qu’ils surnommèrent Le Pin Perdu. Peintre, sculpteur et poète allemand, Max Ernst est une figure majeure de l’art du XXe siècle, représentatif des mouvements Dada et surréaliste, connu pour ses romans-collages. Avec son épouse, l’artiste américaine Dorothea Tanning, ils transforment la ferme de vigneron. Ici, ils trouvent le calme et l'espace propices à leur créativité. La longère et la grange abritent leur habitation et leurs ateliers respectifs. Aujourd’hui, l’atelier de peinture et la réserve des œuvres accueillent des expositions temporaires, des conférences, des concerts… A l'étage, c'est le centre de documentation consacré aux deux artistes. S'ajoute le vaste jardin imaginé par Max et Dorothea en 1959. Encastrés par Max Ernst dans son mur d'enceinte, on admire trois grands bas-reliefs académiques.

C'est face à la confluence de la Vienne et de la Loire, dans le village classé de Candes-Saint-Martin, que vient d'être inaugurée la Maison Henri Dutilleux, en fait la maison Dutilleux-Joy. Le compositeur Henri Dutilleux (1916-2013) et son épouse, la pianiste concertiste Geneviève Joy (1919-2009), séjournaient régulièrement dans la région avant de faire l’acquisition, en 1981, de cette maison de Candes-Saint-Martin. Le couple de musiciens fit don à la commune de leur demeure, depuis rénovée par la communauté de communes. Ce lieu d’inspiration pour Henri Dutilleux est devenu une résidence d'artistes qui permet à de jeunes créateurs et interprètes d'avoir un lieu de vie, de travail et de réflexion. Comme pour la Maison Max Ernst, mais dans une version minimaliste, un petit jardin fait face à la maison Dutilleux-Joy, modeste et charmant avec sa collection de roses romantiques.

Au Carroi : Rabelais par Delacroix et centenaire d'Olivier Debré

Le quartier médiéval de Chinon abrite, au cœur du Grand Carroi, l'un des plus beaux musées de Touraine. Installé dans la Maison des États généraux, celui-ci présente une collection de plus de 8 000 œuvres d'art et objets, qui témoignent de l'histoire de la ville, de la Préhistoire jusqu'au XIXe siècle. Deux œuvres majeures méritent votre attention : l'exceptionnelle chape de saint Mexme, plus grand tissu du XIIe siècle conservé en Europe, et le portrait de Rabelais réalisé par Eugène Delacroix. Pour le centenaire de la naissance du peintre représentatif de l'abstraction lyrique, Olivier Debré (1920-1999), le Carroi avait exposé les cartons originaux réalisés par l'artiste, en 1998, alors lauréat du concours pour la création de vitraux pour la collégiale Saint-Mexme de Chinon, en pleine restauration. Les cartons qu’il présente pour le concours dévoilent des formes épurées, découpées dans des papiers de couleur et collés sur le dessin de chacune des fenêtres. Le bleu, le jaune et l’orange sont teintés dans la masse du papier, le violet, lui, est travaillé par l'artiste afin d'obtenir une nuance s’harmonisant parfaitement avec les fresques murales médiévales de l'édifice. Les vitraux ont été réalisés par le verrier Dhonneur, avec lequel Olivier Debré avant l'habitude de travailler. Celui-ci a mis en œuvre pour ce chantier d'art une technique originale et délicate qui consiste à mettre le verre de couleur en sandwich entre 2 verres transparents pour éviter un assemblage au plomb qui alourdirait le dessin global. Les vitraux créés à partir des cartons d'Olivier Debré ont été installés en 2006. Visibles lors des visites guidées, ils tamisent la lumière et créent des jeux de couleur assez joyeux sur le blanc des murs de tuffeau.

L'art dans sa dimension terrienne et de terroir

A Savigny-en-Véron, l'écomusée du Véron partage un patrimoine qui ajoute une dimension bucolique à la valeur artistique. Cet écomusée occupe une bâtisse moderne implantée au sein de prairies bocagères déployées sur 4 ha où sont élevés des chèvres poitevines, des moutons d'Ouessant, l'ânesse du Poitou, la jument bretonne et les vaches normandes. A découvrir : les collections relatives au vin de Chinon, à la dentelle et aux broderies ou encore une collection de photographies anciennes du Véron. Depuis 2021, ce musée d'anthropologie s'est associé au musée d'histoire Le Carroi de Chinon afin de proposer des expositions croisées autour d'un thème. Par exemple, une exploration du lien entre la science et les mythes et croyances. Les différents espaces culturels du Chinonais proposent des animations en direction de différents publics en été, plus particulièrement orienté vers le grand public ou les enfants, mais aussi tout au long de l'année. Des ateliers autour du vitrail ou de l'enluminure, des visites guidées et des documents enrichissent vos découvertes. Et, bien entendu, les expositions remarquables programmées à la Forteresse de Chinon sont à ne pas manquer !

Enfin, on peut souligner que ce territoire attire et inspire les artisans et les artisanes d'art qui sont plus d'une quarantaine installés dans différents bourgs et villages du pays de Chinon : céramistes, potiers, ébénistes, stylistes, créateurs de bijoux, etc.