Une jeune histoire de cinéma

Les îles Fidji ont une industrie cinématographique relativement petite, mais il existe des cinéastes fidjiens talentueux qui contribuent à développer le cinéma local. Parmi ceux-ci, le plus connu est sans doute Vilsoni Hereniko. Considéré comme le pionnier du cinéma aux Fidji, il a réalisé plusieurs courts et longs métrages acclamés, dépassant les limites du Pacifique pour être présentés dans les grands événements européens et américains. Son film le plus célèbre, The Land Has Eyes (2004), a été sélectionné dans de nombreux festivals internationaux, dont le plus prestigieux est sans doute Sundance. Le film explore la vie d'une jeune fille fidjienne qui se bat pour défendre sa terre contre les intrusions des forces extérieures, en s’inspirant des héroïnes de légende de la culture de Rotuma. The Land Has Eyes est d’ailleurs, à date, le seul long-métrage issu de cette île, et du pays.

Cela n’empêche pourtant pas les îles Fidji d’attirer de nombreuses coproductions internationales. Un succès dû, bien sûr, à la beauté des paysages locaux, mais aussi à la mise en place d’une commission nationale du cinéma, tournée vers les grands centres de productions américains et indiens. Avec une minorité indienne importante, le pays est en effet grand consommateur de cinéma bollywoodien, doublé en fidjien ou non. Et cette politique permet le développement d’une expertise locale qui conduira sans aucun doute bientôt à l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes, prêts à porter à l’écran la richesse de l’histoire et de la culture fidjienne.

Cinquante nuances de Lagon Bleu

Si vous êtes amatrice ou amateur de romance, vous connaissez sans doute Le lagon bleu, l’un des classiques des années 1980 mis en scène par le réalisateur de Grease. L’histoire de deux enfants de l’époque victorienne qui, suite à une traversée qui tourne mal, se retrouvent naufragés sur une île tropicale du Pacifique Sud. Sans la présence d'adultes pour les guider, ils vivent une existence simple ensemble et tombent doucement amoureux, sans personne d’autre pour les guider que leur cœur et les émotions de l’adolescence. Un film qui révèle Brooke Shields, accompagnée d’un Christopher Atkins tout aussi attachant.

Tourné sur Nanuya Levu en grande partie, mais aussi à Malte, ce film est un remake de La Lagune bleue, production britannique réalisée en 1949 avec Jean Simmons et Donald Houston, lui-même un remake du film muet Le Lagon Bleu de 1923. Et l’histoire cinématographique de ces deux adolescents ne s’arrête pas là, car le film de Randal Kleiser (à qui l’on doit aussi Croc Blanc) fait l’objet de plusieurs remakes, d’abord en 1991 avec Retour au lagon bleu, puis en 2012 avec le téléfilm Les Naufragés du lagon bleu. Si le premier compte tout de même dans ses rôles-titres l’actrice Milla Jovovich (Resident Evil, Le Cinquième Elément) et Brian Krause (un des acteurs principaux de la série Charmed), ne perdez pas trop de temps avec le second, dont la qualité laisse clairement à désirer.

Quelques films notoires tournés aux Fidji

Hormis ces romances adolescentes, plusieurs cinéastes sont venus poser leur caméra sur les îles, et ce depuis le début du siècle dernier. Dans les années 1930, alors que les documentaires d’exploration sont à la mode, le cinéaste Edward Salisbury réalise Gow, sorte de docu-fiction à la rencontre des indigènes soi-disant cannibales de la région. Si vous parvenez à mettre la main sur cet OVNI de cinéma, vous pourrez y voir les prémices du cinéma de série B des années 1950-1960, avec – il faut le dire – un fond de racisme du réalisateur. Il n’en reste pas moins que c’est une plongée de plus de quatre-vingts dix ans en arrière, et dès lors une trace du passé intéressante pour découvrir la culture locale d’un point de vue occidental.

Dans les années 1950, Hollywood utilise les décors des Fidji pour conter des récits d’aventuriers intrépides, incarnés par le beau et charismatique Burt Lancaster. Entre action et comédie, Le bagarreur du Pacifique ou Le roi des îles vous détendront gentiment et sans prétention, tout en bénéficiant des paysages sublimes de Viti Levu, dont vous profiterez probablement également. C’est également l’aventure qui porte le film Les pirates de l’île sauvage (1983), l’un des premiers rôles principaux de l’acteur américain Tommy Lee Jones, connu pour ses rôles dans Men in Black, No Country for Old Men ou encore Le Fugitif, aux côtés de Harrison Ford. Un récit bourré d'action se déroulant au milieu du XIXe siècle dans les îles du Pacifique Sud, où les raids sanglants et les batailles étaient autrefois monnaie courante. De quoi ravir les fans de récits de forbans et autres corsaires.

Au tournant du siècle, les Fidji accueillent deux tournages prestigieux à quelques années d’intervalle à peine. C’est le cinéaste Robert Zemeckis qui donne cette opportunité au pays, d’abord avec quelques plans iconiques dans le film Contact (1997), puis en mettant carrément les Fidji au centre du récit dans Seul au Monde, trois ans plus tard. Dans le premier, vous pourrez reconnaître les plages des îles Yawasa dans l’une des dernières séquences du film, alors que Jodie Foster alias Ellie Arroway atteint l’autre côté du trou noir et découvre un paysage idyllique et fantastique. Dans le second, vous serez aux côtés de Tom Hanks sur les plages de Monuriki. Sous les traits de Chuck Noland, un employé de livraison qui se retrouve seul sur une île déserte après un accident d'avion, vous vivrez un grand moment de cinéma grâce à l’interprétation captivante et émouvante de l’acteur. Aujourd’hui, le film reste encore l’une des plus belles cartes postales de l’île à l’écran, de par la renommée de son acteur principal, mais aussi par la beauté de sa photographie et des lieux choisis, que l’on ne peut que vous encourager à découvrir.

Voir du cinéma aux îles Fidji

Rendez-vous dans les salles de Suva et de Lautoka pour découvrir les dernières sorties du cinéma américain et bollywoodien. Et si vous préférez sortir des sentiers battus, le Festival international du film des îles Fidji (Fiji International Film Festival) vous fera découvrir les dernières productions des cinéastes fidjiens et du Pacifique. Une belle manière de promouvoir la diversité culturelle et de célébrer le talent cinématographique de la région.