Les caractéristiques de la population fidjienne

Répartition de la population. La population fidjienne est très majoritairement répartie sur Viti Levu : environ 75 % de la population habite sur l’île principale des Fidji, principalement sur les côtes de Viti Levu et très peu à l’intérieur de l’île. Si on prend en compte la totalité de sa grande agglomération (en intégrant les villes de Nausori, Lami et Nasuni), Suva la capitale abrite environ 300 000 habitants, soit un Fidjien sur trois. Avec Vanua Levu, la 2e île principale du pays, on comptabilise 88 % de la population fidjienne.

Une pyramide des âges vraiment pyramidale. La population fidjienne est jeune avec une moyenne d’âge dans les 30 ans. Environ un tiers a moins de 14 ans, 63 % ont entre 15 et 64 ans et seulement 4 % de la population est âgée de plus de 65 ans. L’espérance de vie de la population fidjienne est de 67 ans (environ 65 ans pour les hommes et 70 ans pour les femmes). Les femmes fidjiennes ont leur premier enfant assez jeune, au début de la vingtaine en moyenne. Les Fidjiens ont un grand respect pour les personnes âgées et leur expérience, ce qui confère à ces dernières une place privilégiée dans la société. A titre illustratif, lors de la cérémonie du kava, c’est la personne la plus âgée qui est la maîtresse de cérémonie.

Les secteurs d'activité. Jusqu’au début des années 2000, la population travaillait principalement (environ 70 %) dans le secteur agricole (l’exploitation de la canne à sucre est une ressource essentielle loin devant les noix de coco, le gingembre, le manioc, etc.). Le tourisme est passé de secteur émergent à celui de moteur de l’économie. Fort logiquement, la crise du Covid a donc eu une conséquence très forte sur l’économie fidjienne, le secteur du tourisme ayant été plus que durement touché avec la fermeture des frontières et l’absence de revenus pendant presque deux années. En 2023, un retour presque à la normale du secteur touristique a eu lieu et les efforts continuent d’être déployés pour améliorer l’attractivité du pays.

Une population très accueillante. Jadis redoutés du fait de leurs pratiques cannibales, les Fidjiens sont désormais considérés comme étant une des populations les plus accueillantes au monde. Dans la rue, tout le monde vous parlera et vous dira bonjour (bula). Les enfants s'intéresseront à vous et vous poseront des questions sur le pays d'où vous venez. L'hospitalité est vraiment importante pour les Fidjiens. Vous aurez sûrement l'occasion de pouvoir échanger avec la population, soit en discutant de manière fortuite, soit lors de cérémonies telles que la cérémonie du kava. Les Fidjiens ont plaisir à partager leur culture avec les visiteurs et on ne ressent pas la lassitude que peuvent avoir dans d'autres pays touristiques certains locaux vis-à-vis des touristes. En revanche, si vous avez besoin de quelque chose ou si vous posez une question, il est difficile pour les Fidjiens de dire « non », donc souvent vous n'aurez pas de réponse claire s'ils ne savent pas ou s'ils ne peuvent pas répondre à votre demande.

L’anglais comme langue de communication à côte de deux autres langues officielles

Trois langues sont officielles aux Fidji : le fidjien, l’anglais et l’hindi-fidjien.

Le fidjien est une langue océanienne, son alphabet comporte 23 lettres (le H, X et Z ne sont pas utilisés) et il est parlé par environ 450 000 personnes aux Fidji. Plusieurs dialectes fidjiens sont parlés, mais celui issu initialement de l’île de Bau est considéré comme étant le plus utilisé, connu sous le nom de bauan.

L’anglais a été introduit par les marchands et explorateurs britanniques au début du XIXe siècle, plusieurs décennies avant que l’acte de cession des Fidji à l’Angleterre soit signé. L’anglais est devenu la langue de communication entre les colons et les Fidjiens autochtones. La langue anglaise a conservé son statut de langue de communication entre les différents groupes.

L'hindi-fidjien. L’arrivée des travailleurs Indiens aux Fidji entre 1879 et 1916 a amené une troisième langue principale sur les îles : l’hindi-fidjien qui est une résultante de la combinaison de plusieurs dialectes de l’hindi avec l’influence de l’anglais et du fidjien.

Dans les langues minoritaires du pays, on peut nommer le rotuman qui est parlé par les habitants de l’île de Rotuma, assez éloignée géographiquement et qui a une identité à part. Plusieurs dialectes fidjiens subsistent encore, ainsi que d’autres langues indiennes. Le chinois mandarin et cantonais sont parlés par les immigrants chinois du pays.

Les Indo-Fidjiens

Une caractéristique particulière des Fidji est la coexistence entre les Fidjiens autochtones et les Indo-Fidjiens. Presque 150 ans après l’arrivée des premiers travailleurs Indiens qui allaient par la suite constituer majoritairement cette population indo-fidjienne, on retrouve toujours une société assez séparée entre ces deux groupes. Le droit de la propriété fidjien a conféré la propriété d’une grande majorité des terres (environ 87 %) à la population fidjienne de souche, qui a loué ensuite ces terres aux Indo-Fidjiens pour la culture ou bien à des investisseurs qui construisent des complexes hôteliers. Ce système n’a pas aidé à l’intégration économique des Indo-Fidjiens, qui traditionnellement cultivaient la terre, notamment la canne à sucre, mais n’en avaient pas la propriété. Cela peut expliquer une émigration assez forte des Indo-Fidjiens au cours du XXe siècle, les faisant basculer de groupe majoritaire du pays à la sortie de la Seconde Guerre mondiale à un peu moins de 40 % de la population fidjienne. Une minorité des Indo-Fidjiens est riche et est intégrée économiquement en possédant des entreprises ou des commerces, mais en grande majorité ce sont des travailleurs notamment agricoles et ils font partie des plus pauvres du pays. Le contexte politique troublé des dernières décennies est notamment lié à des tensions entre les intérêts des deux groupes. Le retour à une stabilité démocratique est peut-être une lueur d’espoir sur ce sujet même si le gouvernement actuel ne fait pas pour autant l’unanimité auprès de la population indo-fidjienne. En effet, le Premier ministre actuel Sitiveni Rabuka avait été impliqué dans deux coups d’État en 1987, laissant donc un souvenir amer à la population indo-fidjienne, car il avait notamment justifié ses actions par la nécessité selon lui de privilégier les intérêts des Fidjiens autochtones.