L’endémisme : un trésor menacé

Les îles ont en commun un trésor qui est aussi leur fléau : un important taux d’endémisme. Isolée du continent, l’évolution des espèces animales et végétales y a souvent suivi son propre cours, jusqu’à aboutir en des êtres uniques, parfaitement adaptés à leur environnement. Les îles Fidji n’échappent pas à ce phénomène incroyable. Elles comptent ainsi plus de 3 000 espèces vivantes, dont près de 500 leur sont endémiques. L’archipel fait ainsi partie des 36 points chauds de biodiversité : un petit groupe de régions du monde, rassemblant la majorité des espèces du globe.

Malheureusement, cette faune et cette flore endémiques sont souvent particulièrement vulnérables. Elles sont en effet tellement adaptées et spécialisé à leur milieu, que le moindre changement dans leur environnement peut les perturber gravement. Ainsi, parmi les 3 000 espèces que comptent les Fidji, 361 sont menacées, dont la moitié figure sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

Aux Fidji, la principale menace est la destruction des habitats, principalement à cause de l’urbanisation et de l’agriculture. Les espèces exotiques envahissantes (EEE), c’est-à-dire les plantes et animaux venus d’autres régions du globe et s’adaptant un peu trop bien à ce nouvel environnement, constituent également une menace importante.

Pour renverser ce phénomène qui mène plusieurs espèces à leur extinction, différents programmes existent, notamment de réintroduction, de reboisement, ou d’élimination des espèces exotiques envahissantes. L’iguane à crête des Fidji (Brachylophus vitiensis), un reptile endémique du nord-ouest de l’archipel, fait ainsi l’objet d’un programme de réintroduction.

La menace de la montée des eaux

L'archipel des Fidji subit déjà les conséquences du réchauffement climatique. Les Fidjiens n'y participent pourtant pas beaucoup, eux qui n'émettent que 1,77 t de CO2 par habitant en 2019, soit 2,5 fois moins qu'un Français et 8 fois moins qu'un Américain. L'eau montante a déjà avalé des portions du littoral, et a même rayé de la carte le cimetière du village de Togoru, au sud de Viti Levu. Certains ont déjà anticipé le problème : en 2014, le village de Vunidogoloa a entièrement déménagé, pour se réimplanter désormais plus en altitude.

Le gouvernement fidjien estime que plus de 600 localités sont déjà gravement menacées par la montée des eaux. Si l'évacuation est pour l'instant la seule solution envisagée, elle s'annonce particulièrement compliquée à organiser, puisque plus de 70 % de la population vit à moins de 5 km de la côte.

Les Fidji comptent bien faire entendre leur voix face à la communauté internationale. Elles ont ainsi présidé la COP23, la conférence sur le climat de 2017, qui s'est tenue à Bonn, en Allemagne. Cette conférence a pour but d'inciter les signataires des accords de Paris à prendre des mesures concrètes pour le climat. En tant que président de la conférence, les Fidji ont essayé d'alerter sur la situation alarmante dans laquelle se trouvaient les petits États insulaires. Pour ce faire, elles ont illustré cette urgence par leur propre cas, alors que la conférence se tenait quelques mois après le passage du cyclone Winston, de catégorie 5, la tempête la plus intense à avoir jamais frappé le pays.

La gestion des déchets : un défi pour un Etat insulaire

L’isolement géographique, la superficie réduite et les ressources limitées rendent la gestion des déchets particulièrement difficile pour les Fidji. Elle donne donc bien souvent lieu à des déchets brûlés, sources de polluants atmosphériques, enterrés dans des fosses, polluant les sols, ou déposés dans des décharges à ciel ouvert, malgré le risque que cela comporte de perdre une partie des déchets dans les océans.

Les îles Fidji travaillent activement à améliorer la situation, et font par exemple l’objet de divers programmes, comme le SWAP (Sustainable Waste Actions in the Pacific), un programme soutenu par l’Agence française de développement, et visant à organiser une gestion durable des déchets dans le Pacifique. Le pays, qui voit régulièrement des déchets s’échouer sur ses côtes, a décidé d’aller plus loin, en interdisant totalement les polystyrènes et les sacs plastiques.

Les parcs nationaux des Fidji

Le meilleur moyen de profiter de la nature fascinante des Fidji est d’arpenter l’un de ses quatre parcs nationaux, ou l’un des nombreux sanctuaires marins ou réserves. Il est conseillé de se faire accompagner par un guide local, non seulement pour ne pas se perdre, mais également pour profiter de son savoir pour apprendre à connaître la riche biodiversité de l’archipel (et aussi pour repérer des animaux trop bien cachés pour l’œil amateur) !

Le Sigatoka Sand Dunes National Park offre des paysages lunaires : une étendue désertique au milieu du Pacifique ! Le sable forme un ensemble de dunes sur une longueur de 2,5 km, un paysage qui détonne au milieu de la forêt tropicale. La forêt tropicale, justement, s’admire quant à elle à la Colo-i-Suva Forest Reserve, une aire de 5 km2 de forêt tropicale, de rivières et de cascades, abritant une faune et une flore luxuriantes, comme le Miro boodang (Petroica boodang), un petit oiseau au ventre rouge, ou l’Autour des Fidji (Accipiter rufitorques), un rapace endémique de l’archipel.

Sur l’île de Taveuni, le Bouma National Park est notamment connu pour abriter les cascades les plus célèbres des Fidji, les cascades Bouma. Ce paradis luxuriant a bien failli se faire décimer quand, en 2001, il fut sur le point d’être vendu à l’industrie du bois. La communauté locale a permis d’éviter cette catastrophe, et a décidé, au passage, de transformer la zone en parc national.