600 av. J.-C.

La période celte

Les plus anciennes traces humaines (800 000 ans) ont été découvertes à Hallebaye (nord de Liège). Vers 400 000 av. J.-C., l’homme de Néandertal s’installe dans nos régions. Au Néolithique (4000 av. J.-C.), ses descendants se mettent à la culture et à l’élevage. Mais c’est vers 600 av. J.-C. que les premières civilisations celtiques, originaires d’Europe centrale, s’emparent violemment de l’aire comprise entre le Rhin, les Alpes et les Pyrénées, désignée comme « la Gaule ». Les Celtes, dont la culture fut largement assimilée par les populations conquises, travaillent le fer, se déplacent à cheval, pratiquent la religion druidique. Ils s’adonnent surtout à l’agriculture (grâce à la charrue à roue en fer) et à l’élevage, vendant également des esclaves aux marchands méditerranéens contre des produits ouvragés.

57 av. J.-C.

La conquête romaine

Au Ier siècle av. J.-C., l’instabilité permanente occasionnée par les Germains fournit le prétexte à l’envoi de légions romaines par l’Empereur Jules César. La conquête des Gaules commence (57 av. J.-C.). Il faudra cinq ans pour détruire la vigoureuse résistance des Belges, menée notamment par Ambiorix, roi des Éburons. Jules César reconnaîtra que « de tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves ». Avec la Pax Romana s’ouvre une longue période de prospérité. Des routes commerciales sont déployées, permettant l’essor économique de la région grâce à l’agriculture, aux fabrications textiles, à l’artisanat de céramique ainsi qu’aux productions métalliques (armes). Des cités se développent au carrefour de ces axes (Tongres, Tournai, Arlon). Les populations belges sont romanisées, adoptant la langue, la religion et les manières de vivre romaines. Le christianisme apparaît en Belgique dès le IIIe siècle. L’occupation romaine durera 400 ans.

Jules César © yunak - iStockphoto.com.jpg

482

Clovis règne sur la grande Gaule

L’affaiblissement de l’Empire romain est suivi par des invasions barbares venues du nord et de l’est de l’Europe. Ainsi, les Francs saliens, qui ouvrent l’ère mérovingienne, occupent le nord de l’actuelle Belgique et font de Tournai la capitale de leur royaume (Childéric Ier y est enterré). Sous le règne de son fils, Clovis (482-511), qui se convertit au christianisme, ils partent à la conquête de toute la Gaule et renforcent son évangélisation. C’est à cette époque que se dessine la frontière linguistique du pays. Le sud, fortement romanisé, est moins affecté par l’immigration franque que le nord. Le parler roman prévaut donc au sud, tandis que le parler franc s’impose au nord. Le terme « wallon » dérive d’ailleurs du franc walha, qui signifie « étranger ».

Tombeau de Clovis © sedmak - iStockphoto.com.jpg

771

L’empire sous Charlemagne

Lors du déclin de la dynastie mérovingienne (époque des Rois fainéants), une puissante famille noble de Hesbaye régnant sur de grands domaines féodaux compte de nombreux maires de palais (vice-rois) énergiques. L’un d’eux, Charles Martel, se fait reconnaître par sa victoire à Poitiers en 732 sur une armée arabe. Son fils, Pépin le Bref, est consacré roi des Francs en 751, ouvrant la période carolingienne, tandis que son successeur, Charlemagne (771-814), étendra la chrétienté vers l’est et sera couronné à Rome Empereur d’Occident en l’an 800.

843

Le traité de Verdun

Après la mort de Charlemagne, le traité de Verdun en 843 met fin aux guerres fratricides entre ses trois héritiers du trône par un partage de l’Empire. Charles le Chauve obtient les terres à l’ouest du fleuve Escaut (futur royaume de France), Louis le Germanique, la partie orientale (Saint Empire), et Lothaire, les territoires intermédiaires (de la Hollande à l’Italie) baptisés la Lotharingie. Mais la partie belge ne résiste pas longtemps à l’étau de ses puissants voisins et, en 925, elle sera absorbée par l’Empire franc. Déjà, à l’époque, la situation administrative de la future Belgique est complexe. La Flandre, au parler majoritairement germanique, dépend du roi de France, tandis que les terres de langue romane sont les vassaux de l’Empire germanique !

Au Xe siècle

L’invasion viking et les croisades

Les grands seigneurs commencent à s’émanciper, et l’espace belge se morcelle en de nombreuses seigneuries féodales, s’organisant derrière de hautes murailles et des châteaux fortifiés (donjons) pour résister aux razzias des envahisseurs vikings. Un de ces seigneurs, Godefroy de Bouillon, va jouer un rôle décisif durant la première croisade et sera proclamé roi de Jérusalem en 1099. Sa statue se trouve sur la place Royale à Bruxelles.

1143-1191

Philippe Ier de Flandre

Philippe Ier de Flandre, dit Philippe d’Alsace, est un noble et aristocrate qui marche dans les pas de son père, parti en croisade à Jérusalem en 1157, année de son début de règne. La stérilité de son couple et la mort de ses frères le poussent à partir lui aussi en croisade en 1177. De retour de Palestine, il doit faire face à des querelles de territoire avec le roi de France Philippe Auguste. La mort de son épouse Élisabeth de Vermandois en 1183 et l’absence de progéniture avec sa nouvelle femme Mathilde du Portugal poussent le comte, après quatre ans de lutte, à céder le Vermandois et Amiens au roi de France. Philippe d’Alsace transforme ensuite son comté en un État moderne, réforme le pouvoir judiciaire et lance la construction des ports de Nieuwpoort, Damme, Gravelines et Biervliet. Il fut un souverain érudit qui édifia Gand en centre culturel important. En 1180, il y fait construire le majestueux château des Comtes de Flandres, le Gravensteen. Gand devient capitale du comté. En 1190, Philippe d’Alsace repart pour la troisième croisade en Palestine, et il décède à Jérusalem de la peste noire un an plus tard. À sa mort, le pays est économiquement très prospère. Sa dévotion sera rappelée dans les églises, notamment la statue sur la façade de la basilique du Saint-Sang à Bruges.

Philippe Ier de Flandre sur la façade de la basilique du Saint-Sang © jorisvo - shutterstock.com.jpg

Vers 1200

La prospérité flamande

Au Moyen Âge, des entités féodales plus grandes se constituent en principautés, duchés, comtés, où le dynamisme des villes est prépondérant. Le comté des Flandres, à l’ouest de l’Escaut, relevant du royaume de France, connaît un important développement économique. Un puissant corps de marchands et d’artisans se constitue. Dès 1200, Gand emploie 20 000 tisserands dans la Halle aux draps, alors que Bruges est un centre de commerce européen. L’octroi de libertés communales entérine ce premier essor d’une bourgeoise capitaliste. La construction de l’hôtel de ville et du beffroi de Bruges, ainsi que dans les autres villes, symbolise la prospérité bourgeoise, l’épanouissement des arts (cathédrales, gothique flamboyant). L’esprit de fronde et de liberté fait de cette période l’âge d’or des Flandres, qui durera deux siècles.

1302

La bataille des Éperons d’Or

Aussi appelée bataille de Courtrai (expliquée au musée Kortrijk, 1302), elle opposa le roi Philippe le Bel aux Klauwaerts, des milices communales flamandes, victorieuses. Le premier fut appuyé par Godefroid de Brabant, seigneur de Vierzon, et par Jean Sans Merci, seigneur de Beaumont, tués pendant la bataille. En face, les milices flamandes furent aidées par celles venues de Zélande et de Namur. La région prospérait grâce aux manufactures textiles qui importaient la laine d’Angleterre. Lorsque Philippe le Bel déclara la guerre à la perfide Albion pour reprendre le contrôle de l’Aquitaine en mai 1294, Gui de Dampierre, comte de Flandre, continua d’organiser un mariage avec la dynastie d’Édouard Ier, le roi d’Angleterre, ce qui revenait à rejoindre l’ennemi. Deux ans plus tard, le roi de France regagna le territoire dans une sanglante répression et négocia la paix à son avantage.

1369

Duché de Bourgogne

Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne et frère du roi de France Charles V, épouse Marguerite de Maele, fille du dernier comte de Flandres, dans la cathédrale de Saint-Bavon à Gand, et devient par cette alliance héritier du comté des Flandres. Cette unification des régions qui composent la Belgique actuelle se poursuivra par mariages, alliances, rachats et conquêtes. Ainsi se constituent les Pays-Bas bourguignons, avec Bruxelles pour capitale, englobant la Flandre, l’Artois, le Brabant, le Limbourg, le Hainaut, le Namurois, le Luxembourg, la Hollande et la Zélande.

1435

La Paix d’Arras

Le petit-fils du Hardi, Philippe III de Bourgogne, dit Philippe le Bon (1419-1467), mène la guerre contre les Armagnacs et le dauphin Charles VII de France aux côtés de l’Angleterre. Mais le traité de paix d’Arras réconcilie le duc avec la couronne française, provoquant la colère des Anglais. Il appuiera les Français dans les batailles, mais se concentrera sur son règne. Il est promu grand-duc d’Occident et devient le souverain le plus puissant d’Europe. Mécène, il développe les arts à Bruxelles, embellit la ville et en fait une grande capitale européenne. La centralisation administrative qui accompagne l’expansion bourguignonne s’oppose au maintien des libertés communales au travers de nombreuses péripéties sanglantes.

1477

Entrée en scène des Habsbourg

Le mariage de Marie de Bourgogne, fille unique de Charles le Téméraire, avec Maximilien Ier d’Autriche, fait passer les Pays-Bas sous la tutelle des Habsbourg. Ceux-ci seront contraints d’accorder le Grand Privilège, diluant l’autorité centrale au bénéfice des autonomies régionales. Marie et son père Charles seront inhumés à l’église Notre-Dame à Bruges. Après le règne de Philippe le Beau, marié à Jeanne de Castille (dite Jeanne la Folle), leur fils Charles Quint, né à Gand, hérite d’un immense territoire incluant l’Espagne et les Pays-Bas.

1519

Charles Quint Empereur

Dans une âpre lutte contre le roi de France, François Ier, l’empereur annexe Tournai, signe une alliance avec le prince-évêque de Liège, fait renoncer la France à sa suzeraineté sur la Flandre et l’Artois et supprime la frontière qui, depuis 813, partage le territoire belge (transaction d’Augsbourg en 1548). Charles Quint institue alors le Cercle de Bourgogne, ensemble des dix-sept provinces des Pays-Bas qui ne peuvent plus être dissociées lors de successions ultérieures, formant le Benelux actuel. Le Nouveau Monde et ses richesses, le mercantilisme, stimulent les échanges commerciaux. À l’ensablement de Bruges répond le développement accéléré du port d’Anvers et de sa Bourse du commerce. Des financiers venus de toute l’Europe (Juifs, Portugais, Lombards) y fondent des comptoirs. Mais Charles Quint décide d’interdire le protestantisme, une nouvelle doctrine, prêchée par un moine allemand nommé Luther, et de rétablir l’Inquisition dans le sang. En 1555, il abdique en faveur de son fils Philippe II, qui hérite de l’Espagne, des Pays-Bas, des possessions italiennes et des colonies. Son frère, Ferdinand, hérite de la couronne d’Autriche.

Charles Quint © Morphart Creation - shutterstock.com.jpg

1566

La destruction des Pays-Bas

La Révolte des Gueux éclate et se généralise car Philippe II (1556-1598), roi espagnol, veut soumettre les provinces septentrionales. Très autoritaire, il intensifie les persécutions contre les calvinistes. Philippe II envoie le duc d’Albe qui met les Pays-Bas à feu et à sang. L’or des Amériques, qui passait des coffres des hidalgos (nobles espagnols) à ceux des marchands et artisans des Pays-Bas, sert désormais à payer les armées contre les autonomistes. Il ordonne 8 000 condamnations à mort, dont celles des comtes d’Egmont et de Hornes, nobles catholiques mais opposés à la répression contre les protestants, qui seront décapités sur la Grand-Place de Bruxelles. Les armées espagnoles repoussent les protestants, qui se réfugient dans le nord des Pays-Bas. En 1579, les provinces du Sud (Flandres, Hainaut, Artois), saignées à blanc et épuisées, signent le traité d’Arras pour former les Pays-Bas espagnols, dont fait partie le Luxembourg. Les provinces du Nord forment alors les Provinces-Unies. C’est la fin de l’hégémonie de Charles Quint. Peu après, les villes de Bruges, Gand, Malines, Bruxelles et Anvers sont reprises aux calvinistes (1581-1585). Une longue stagnation économique en résultera. Des milliers d’ouvriers flamands émigrent vers l’Angleterre avec leurs méthodes de fabrication, tandis que l’intelligentsia et la bourgeoisie s’installent en Hollande, jusqu’alors peu développée.

Phillipe II © vkilikov - shutterstock.com.jpg

1598

Une rémission partielle

Philippe II cède la souveraineté des Pays-Bas à son neveu, l’archiduc Albert, et à son épouse Isabelle. Après la reprise d’Ostende, ceux-ci travaillent au triomphe du catholicisme, à la reconstruction économique et aux grands travaux (assèchement des Moeren, creusement du canal Bruxelles-Willebroek). Cependant l’archiduc, mort en 1621, n’ayant pas laissé d’héritier, les Pays-Bas méridionaux retournent à l’Espagne et les hostilités reprennent. Les cessions par traité dessinent le tracé de la Belgique actuelle : perte du Brabant-Septentrional et de la Flandre-Zélandaise au profit des Provinces-Unies, abandon de l’Artois, d’une partie de la Flandre et du Hainaut à la France. Le traité de Westphalie, en 1648, la sépare des dix-sept provinces. Ce siècle de malheurs pour les Pays-Bas espagnols s’achève par le bombardement de Bruxelles et de sa Grand-Place par le roi de France Louis XIV.

1713

Le traité d’Utrecht

Défaite et en déclin, l’Espagne cède les Pays-Bas aux Habsbourg d’Autriche. Le territoire a été réduit par les conquêtes du roi de France (Arras, Lille…). Les rendements agricoles sont améliorés, de nombreuses industries sont créées. Le marché intérieur des Pays-Bas autrichiens est unifié par une politique protectionniste de la concurrence étrangère. Sous le règne de Marie-Thérèse (1740-1780), les arts et le commerce se développent, la Belgique est prospère. Mais les réformes visant à la réduction du pouvoir de l’Église et à la diminution de l’autonomie provinciale et locale rencontrent de nombreuses résistances. Elles prennent la forme de la contestation ouverte et de révoltes contre le despote éclairé Joseph II (1780-1790).

1789

Les révolutions brabançonne et liégeoise

La Révolution française trouve très vite écho en Belgique. Les garnisons autrichiennes sont défaites dans des combats de rue. Les révolutions brabançonne et liégeoise résultent d’une alliance précaire et ponctuelle entre statistes et patriotes contre l’ennemi commun. Les premiers regroupent le clergé et la noblesse féodale, alors que les seconds mobilisent le tiers état et sont progressistes, sensibles aux idées des Lumières. Dans le même temps, la principauté de Liège connaît aussi sa révolution républicaine, animée par la Révolution française. Conséquence, les États-Belgiques-Unis sont proclamés en janvier 1790. Définitivement vaincus à la bataille de Fleurus par l’armée révolutionnaire française (1794), les Autrichiens capitulent. Assimilée à la France, elle se voit appliquer les principes révolutionnaires puis le code. La Belgique entre dans la révolution industrielle et dans une courte période de prospérité. La suprématie de la langue française est établie, tout comme la centralisation administrative et les principes du droit romain et catholique. Les Belges participeront aux campagnes napoléoniennes et aux armées des Alliés (Anglais et Prussiens) à Waterloo. Des voix s’élèvent contre l’écrasement de la culture néerlandaise en Flandre.

1815

La défaite de la Grande Armée à Waterloo

Elle signe l’échec de la tentative d’expansion impériale française. À l’initiative de l’Angleterre, la Belgique est incorporée aux Provinces-Unies pour former le Royaume des Pays-Bas sous l’égide de Guillaume Ier d’Orange. Quant au Luxembourg, la partie occidentale échoit à la Belgique (province du Luxembourg) et la partie orientale germanique forme le grand-duché indépendant. Il sera intégré économiquement à la Prusse en 1842. Mais les deux siècles de séparation entre le sud et le nord ont forgé des différences profondes entre la bourgeoisie industrielle (encouragée par le régime) au sud, et commerçante au nord, différences religieuses, différences linguistiques. Bruxelles se révolte le 25 août 1830. Les patriotes chassent l’armée hollandaise et un gouvernement provisoire se constitue en régime de monarchie constitutionnelle.

1830

Indépendance de la Belgique

Un Congrès national vote la Constitution le 7 février 1831, garantissant de nombreuses libertés aux citoyens. La nouvelle vie politique belge est dominée par le Parti catholique et le Parti libéral (libres-penseurs). Durant ses premières années, la Belgique connaît des gouvernements d’union nationale permettant de surmonter les contradictions de sa société partagée en modernistes libéraux et conservateurs catholiques. Au bout de quelques années, la guerre idéologique entre les deux partis s’exprimera notamment à travers le débat sur l’école : la liberté de culte et d’enseignement est inscrite dans la nouvelle Constitution belge et l’État finance de façon égale écoles privées catholiques et écoles publiques. Progressivement, le prolétariat s’organise sous la direction de jeunes bourgeois éclairés, issus des milieux libéraux.

1790-1865

Le roi Leopold Ier

La couronne est proposée au prince allemand Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha. Celui-ci prête serment et devient premier roi des Belges, le 21 juillet 1831, date de la Fête nationale belge. Il est le fondateur de la dynastie actuellement régnante sur le pays. Ainsi, la Belgique devient « la clé de voûte de l’ordre européen », selon le roi Louis-Philippe, dont Léopold Ier épouse la fille Louise-Marie d’Orléans, s’assurant ainsi l’appui de la France. Mais Léopold est aussi l'oncle de la reine Victoria, ce qui fera du Royaume-Uni l'autre « parrain » de la Belgique. Considéré comme libéral, Léopold est un acteur de la modernisation de l’économie, en faisant construire la première ligne de chemin de fer de l’Europe continentale entre Bruxelles et Malines en 1835 et en favorisant l’industrialisation, l’extraction du charbon, l’expansion des verreries et du tissage de toile et la production de fonte et d’acier. Un essor qui provoque la migration de nombreux Flamands vers Bruxelles et les régions industrialisées de Wallonie. Il meurt à 74 ans en 1865, laissant pour successeur son fils Léopold II.

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1885

L’acquisitions de droits sociaux

Le Parti ouvrier belge, d’inspiration réformiste, est fondé cette année-là. Petit à petit, on assiste alors à quelques avancées sociales. Le droit de grève est reconnu et, en 1892, le suffrage universel est acquis. Ce suffrage universel est cependant tempéré par le vote plural : chaque homme dispose d’une voix, les titulaires d’un diplôme de deux et les plus riches de trois. Il faudra attendre 1919 pour que le suffrage universel, égal pour tous, soit instauré, et 1948 pour que les femmes puissent également voter. Succédant à Léopold Ier en 1865, Léopold II nourrit des ambitions coloniales. Il finance des expéditions en Afrique centrale, dont celle de Stanley. Avant que les grandes puissances ne se partagent entièrement le continent, il s’attribue un immense territoire de chasse qui deviendra « l’État indépendant du Congo » sur lequel le Congrès de Berlin reconnaît la souveraineté du roi des Belges en 1885, de 80 fois la taille de la Belgique… Cette colonie est fabuleusement riche, son sol recelant de l’or, de l’argent, du cuivre et des diamants.

1908

Le Congo est transféré à l’État belge

Les polémiques nombreuses sur l’exploitation des masses indigènes et l’affectation des richesses coloniales (prosaïque contrepartie à la mission civilisatrice proclamée), conduisent le roi à transférer la souveraineté sur le Congo à l’État belge. Le besoin de grandeur incite également Léopold II à redessiner Bruxelles selon les canons de l’urbanisme haussmannien (voûtement de la Senne, parc et arc de triomphe du Cinquantenaire, grands boulevards, etc.). À l’époque, le néerlandais était parlé par les ouvriers flamands alors que la bourgeoisie, y compris en Flandre, parlait le français. La justice était donc rendue en français, l’administration était unilingue et l’État ne tenait aucun compte de la population néerlandophone. En 1898, le mouvement national flamand obtient le statut de langue officielle pour le néerlandais.

1890-1908

Le Congo belge, une société esclavagiste cruelle

Si aucun pays européen ne peut se vanter d'avoir été « humaniste » dans l'exploitation et la soumission des populations des colonies en Afrique, les Belges, pendant que le Congo était sous le joug de Léopold II, ont été particulièrement sanguinaires envers les Congolais. À l'époque, les Européens, choqués, notamment les Britanniques, ont mené une campagne contre les Belges de 1890 à 1908, date à laquelle la colonie est enfin passée sous le pouvoir de l'État belge. Les colons étaient connus pour abuser de la chicote (le fouet) mais surtout couper des mains et des pieds des esclaves qui collectaient le caoutchouc naturel. Le non-respect des quotas de collecte du caoutchouc signifiait la peine de mort. Et chaque balle tirée devait être justifiée par une main coupée de travailleur tué et rapportée en Belgique. Les braconniers ne se privaient pas pour en couper à tout-va...  Les femmes et enfants étaient retenus en otage, violés, torturés, tués... Au Africamuseum à Tervuren, Il existe d'atroces photos où l'on voit par exemple un père nommé Nsala qui regarde le pied et la main coupés de sa fille de 5 ans Boali, décédée des tortures... Difficilement soutenable. Près de 50 % des enfants orphelins congolais (envoyés de force dans des écoles pour devenir soldats) mouraient de maltraitance. Ces exécutions massives ont entraîné un effondrement de la population congolaise. Les chercheurs estiment qu'entre 15 et 20 millions d'habitants ont disparu. À tel point que l'État belge a ensuite manqué de main-d'œuvre et en a importé de toute l'Afrique.

1914

La Première Guerre mondiale

L’empire allemand viole la neutralité belge le 2 août 1914. Le gouvernement se retire au Havre. Le roi Albert Ier (1909-1934) maintient la résistance et sa souveraineté sur le réduit territorial dans le nord-ouest du pays délimité par l’Yser. Cela, tout au long d’une guerre de tranchées atroce (premier usage du gaz ypérite). Au sortir de la Grande Guerre, la Belgique se voit attribuer par le traité de Versailles les cantons allemands d’Eupen et Malmedy. Elle adopte le suffrage universel et des mesures sociales sur les conditions d’embauche, de salaire et de grève. En 1921 est créée l’Union économique belgo-luxembourgeoise (parité monétaire, suppression des droits de douane). Celle-ci sera la trame du Benelux (associant la Hollande). Le Mouvement flamand obtient quelques mesures, telles que la néerlandisation de l’université de Gand en 1932. La grande crise économique des années 1930 provoque l’émergence de mouvements fascistes qui fourniront les cadres politiques de la collaboration avec l’occupant allemand.

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1940

L’occupation nazie

Le 10 mai 1940, l’armée nazie pénètre en Belgique et occupe le territoire en 18 jours. Parti en exil à Londres, le gouvernement belge participe à l’effort de guerre allié (entre autres, l’uranium du Congo servira à la fabrication des premières bombes atomiques). Le roi Léopold III (1934-1950) refuse, quant à lui, de partir et décide de rester au pays pour partager le sort des Belges. Transféré en Allemagne au moment de l’évacuation nazie, Léopold III aura un entretien avec Hitler à Berchtesgaden. De plus, les prisonniers de guerre lui reprocheront son remariage en captivité, en 1941 (avec la fille d’un collaborateur), pendant que les Allemands libèrent les prisonniers flamands avant les francophones. Le référendum du 12 mars 1950 donne la victoire aux partisans du retour du roi à 57,5 %. Mais le clivage communautaire apparaît nettement entre la Flandre (70 % pour) et la Wallonie (58 % contre). Les manifestations sanglantes de Grâce-Berleur incitent finalement le souverain à abdiquer au profit du prince Baudouin, qui montera sur le trône à sa majorité, en 1951.

1946

La reconstruction de l’après-guerre

Après la guerre, l’économie belge va se relever assez rapidement. La reconstruction du pays passe par la hausse de production de charbon. À Charleroi, le musée du Bois-du-Cazier témoigne de cette époque. Dès 1946, l’État fait appel à la main-d’œuvre étrangère. Des milliers d’Italiens arrivent en Belgique. À la même époque, le minerai du Congo afflue au port d’Anvers et l’industrie sidérurgique prospère. Pourtant, dès la fin des années 1950, ce tissu industriel wallon, basé principalement sur le charbon et la sidérurgie, commence à décliner irréversiblement, alors que la Flandre, au contraire, développe une activité commerciale dynamique, encouragée par la création du Marché commun européen dont Bruxelles devient la capitale financière et politique en 1959.

1960

L’indépendance du Congo

La Belgique, qui n’échappe pas à la tourmente des mouvements de lutte anticoloniale, sera contrainte de reconnaître l’indépendance du Congo. De cette époque, on peut visiter le musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren. La perte des ressources naturelles de la colonie est durement ressentie et oblige le gouvernement belge à prendre un ensemble de mesures (appelées Loi unique) pour transformer un appareil industriel vieilli, instaurer une nouvelle productivité et assurer le passage de l’activité extractive déclinante à la nouvelle production manufacturière de masse. Cette Loi unique instaure de nouvelles taxes et réduit les dépenses sociales. Les travailleurs réagiront par le plus grand mouvement de protestation sociale de la Belgique contemporaine (hiver 1960-1961), bloquant l’activité du pays durant de longues semaines. C’est en Wallonie que l’opposition est la plus virulente. La Loi unique est abrogée le 13 juillet 1961, mais cette grève laissera des traces durables dans le pays, consacrant la rupture entre la Flandre et la Wallonie. La régionalisation est inéluctable.

1977

Le pays divisé en trois régions linguistiques

Alors que la Flandre prospère veut l’autonomie culturelle, les milieux syndicaux et progressistes de Wallonie veulent le fédéralisme. Seule cette réorganisation de la Belgique leur paraît pouvoir garantir une politique économique adaptée à ses difficultés. Les ministères de l’Éducation et de la Culture sont dédoublés et de nouveaux (Économie régionale, Relations communautaires) sont créés. Fin 1970, la Constitution est révisée. Le pacte d’Egmont signé en 1977 découpe le pays en trois régions culturelles : la Flandre, la Wallonie et la Région de Bruxelles. Des réformes successives seront ensuite apportées à la Constitution pour former l’État fédéral belge actuel. À la mort du roi Baudouin en 1993, le deuil national démontra que, malgré les divergences communautaires, les Belges pouvaient encore éprouver un sentiment national, mais celui-ci semble s’amenuiser particulièrement au nord du pays. Des distorsions qui existent encore aujourd’hui entre la Région flamande et la Région wallonne.

1993

La Belgique devient un État fédéral

Les années 1990 ont été une période de grands remous pour les Belges (affaire Dutroux, crise des poulets à la dioxine, scandales politiques…) qui perdent alors toute confiance dans les institutions et en l’État. La politique en Belgique n’est pas une mince affaire. Ainsi, les partis politiques ont rapidement dépassé leur fonction afin d’élargir leur audience et donc leur poids électoral. On parle plus volontiers de « familles politiques » en référence au réseau complexe d’organisations et de secteurs d’activités qui correspondent à un électorat bien précis. Chaque parti déploie de cette manière son influence sur les composantes de la société civile. Traditionnellement, en Flandre, c’est le Parti social-chrétien flamand (CD & V, anciennement CVP) que l’on retrouvait dans toutes les sphères de la société, tandis qu’en Wallonie, c’est le Parti socialiste francophone (PS) qui était omniprésent.

1999

Victoire politique des libéraux

Aux élections de juin 1999, les sociaux-chrétiens et les socialistes se voient infliger une défaite cuisante. Les grands vainqueurs de cette élection sont les libéraux, qui deviennent la première formation politique du pays. Les écologistes profitent aussi de ce désaveu des grands partis et atteignent 15 % des voix (qui demeure une référence encore aujourd’hui). Libéraux, écologistes et socialistes mettent alors sur pied une alliance inédite, excluant les sociaux-chrétiens de tous les gouvernements fédéraux, régionaux et communautaires. Une première en plus de quarante ans. Cette nouvelle coalition « arc-en-ciel » est dirigée par le libéral flamand Guy Verhofstadt.

1953

Guy Verhofstadt

Il fut le Premier ministre du pays de 1999 à 2008. S’il est libéral radical, il forme la « coalition arc-en-ciel » avec les socialistes et les écologistes en 1999, puis la « coalition mauve » socio-libérale en 2003. Il assure l’intérim gouvernemental pendant la crise belge de 2007, mais est élu député européen en 2009. En octobre 2012, il publie avec Daniel Cohn-Bendit un manifeste pour une Europe fédérale intitulé Debout l’Europe traduit en six langues et distribué dans de nombreux pays européens. En 2015, Guy Vehofstadt appelle à une réforme du système d’asile et d’immigration, et critique la France et le Royaume-Uni qui refusent la proposition de la Commission européenne de répartir les demandes d’asile entre les pays de l’Union européenne. Il fut chargé de coordonner le travail du Parlement européen sur les négociations du Brexit et est actuellement co-président du conseil exécutif de la Conférence sur l'avenir de l'Europe.

2003

Montée de l’extrême droite

Après les élections de 2003, il demeure Premier ministre, à la tête d’une coalition regroupant les libéraux et les socialistes (sans les écologistes). Mais le fait le plus marquant de ces élections est la montée de l’extrême droite : le Vlaams Blok (appelé aujourd'hui Vlaams Belang). Il récolte 25 % des voix en Flandre. Une percée qui va se manifester sous différentes formes et sous l’influence de plusieurs leaders, à partir de cette période.

2007 - 2008

Le retour des démocrates-chrétiens flamands (CD & V)

Lors des législatives, les socialistes sont perdants en Wallonie, dépassés par les libéraux. Un gouvernement « transitoire », dirigé par le Premier ministre sortant Guy Verhofstadt, est mis en place.

2011

Une sortie de crise politique

Après trois ans de crise et une poussée séparatiste flamande, le socialiste Elio Di Rupo forme un gouvernement après 541 jours et lance des réformes de l’État, des pensions et du marché de l’emploi, tout en adoptant des mesures de rigueur afin de limiter le déficit public.

2014

Les nationalistes flamands au gouvernement fédéral

Issu de la dislocation du parti nationaliste et conservateur flamand Volksunie, la Nieuw-Vlaamse Alliantie ou N-VA fut un temps en cartel avec le puissant parti social-chrétien flamand, le CD&V, avant de voler de ses propres ailes. Sous la houlette de son président de parti, Bart De Wever, le parti nationaliste qui rêve d'une indépendance de la Flandre ou, au pire, d'une confédération, va devenir au fil des élections le premier parti de Flandre. Lors des élections de 2014, la NV-A devient incontournable et après de longues négociations, un gouvernement est formé avec le CD&V, le Mouvement réformateur (MR, libéraux francophones) à l'Open Vld (libéraux flamands). Les francophones étant en minorité dans ce gouvernement, Charles Michel, MR, devient Premier ministre pour tenter de rééquilibrer la barque.

2018

Nouvelle crise sur les questions migratoires

Charles Michel remanie le gouvernement par redistribution des portefeuilles entre les libéraux francophones, les chrétiens-démocrates et les libéraux flamands après la démission des membres du N-VA, suite aux désaccords sur la signature du pacte de Marrakech.

2020

Alexander De Croo, nommé Premier ministre

Alexander De Croo, leader du parti libéral flamand VLD, devient Premier ministre le 1er octobre 2020, près de 500 jours après les élections fédérales, après de nombreuses tractations, à la tête d'un gouvernement de sept partis.

2020-2022

La pandémie de Covid-19 a durement frappé la Belgique

En 2020, le Covid-19 touche fortement la Belgique, un pays très densément peuplé au carrefour des routes européennes. Le pays totalise près de 32 000 morts au total.

2023

Le 21 juillet, la Belgique a célébré les 10 ans de règne du roi Philippe et de la reine Mathilde.