Guide du Bengale Occidental : Histoire

L'histoire de l'Inde remonte très loin, à environ 5 000 ans, quand le nom Inde se référait au sous-continent entier, y compris à l'actuel Pakistan et au Bangladesh.

La plus ancienne civilisation connue est celle de la vallée de l'Indus (environ 2500 à 1700 av. J.-C.). Une autre préculture, la culture védique, remonte à environ 1500 av. J.-C. Elle est considérée comme l'une des sources de la culture hindoue prédominante en Inde, et le fondement de plusieurs traditions philosophiques importantes.

L'Inde a été soumise à des afflux de peuples, certains prenant les armes pour piller et vaincre, d'autres venant pour s'adonner au commerce et s'y installer. Elle a su absorber l'impact de ces intrusions grâce à sa capacité à assimiler et tolérer les idées et les peuples qui lui étaient étrangers.

Il est quasiment impossible d'évoquer l'histoire de l'Inde du Nord sans la replacer dans le contexte de l'histoire de l'Inde en général.

Cette suite d'invasions, d'adaptations à des civilisations différentes, de luttes et d'alliances étonnantes a débouché sur la création de la " plus grande démocratie du monde ". Ces tribulations ont suscité chez les Indiens un attachement quasi mystique à leur patrie. Un sentiment de fierté nationale visible jusque sur les camions bariolés où figure parfois, entre une représentation de Ganesh et de Shiva, une formule qui sonne comme un mantra : " Mother India ", l'Inde notre mère, ou encore " God bless India ", Dieu bénit l'Inde.

Chronologie

Les grands empires de l'Antiquité classique

2 700 av. J.-C. > Civilisations de la Vallée de l'Indus.

544 av. J.-C. > Le Nirvâna de Bouddha.

320 apr. J.-C. > Chandragupta Ier fonde la dynastie des Gupta.

Le Moyen-Âge indien

892 > Arrivée des Chalukya de l'Est.

1001 > Défaite de Jaipal par le sultan Mahmud.

1026 > Mahmud Ghazni pille le temple de Somnath.

1232 > Fondation de Qutub Minar.

1288 > Marco Polo visite l'Inde.

1398 > Timur envahit l'Inde.

La grande époque moghole et l'implantation européenne

1498 > Arrivée en Inde de Vasco de Gama.

1510 > Les Portugais soumettent Goa.

1526 > Début de la dynastie moghole, avec la première bataille de Panipat et Babur  ; défaite des Lodi.

1538 > Mort de Gourou Nanak (Sikh Guru).

1555 > Humayun récupère le trône de Delhi.

1556 > La mort de Humayun conduit à l'accession au pouvoir d'Akbar.

1564 > Akbar supprime les taxes des hindous.

1571 > Fondation de Fatehpur Sikri par Akbar.

1600 > Charte de la Compagnie britannique des Indes de l'Est.

1602 > Fondation de la Compagnie hollandaise des Indes de l'Est.

1605 > Mort d'Akbar, suivie de l'accession au trône de Jahangir.

1623 > Shah Jahan se révolte contre Jahangir.

1628 > Shah Jahan est proclamé empereur.

1631 > Mort de la femme de Shah Jahan Mumtaz Mahal. Construction du Taj Mahal.

1632 > Invasion moghole de Bijapur  ; octroi du " Golden Firman " à la Compagnie britannique par le sultan de Golkunda.

1639 > Fondation du fort Saint-Georges à Madras par les Anglais.

1707 > Mort d'Aurang Zeb et bataille de Jajau.

L'Inde des Britanniques

1831 > Le raja de Mysore est chassé du pouvoir et l'administration de la région est reprise par la Compagnie britannique des Indes de l'Est.

1833 > Renouvellement de la charte de la Compagnie britannique et suppression de ses droits de commerce.

1835 > L'anglais devient la langue des tribunaux. La Compagnie émet une roupie d'argent qui devient l'unité monétaire du pays.

1846 > Les Anglais installent leur domination sur le Cachemire.

1853 > Inauguration de la ligne de chemin de fer entre Bombay et Thana, et ouverture de la ligne de télégraphe de Calcutta à Agra.

1857 > Révolte des Cipayes. Première guerre de l'Indépendance indienne.

1858 > Les Britanniques renversent le gouvernement indien. Abolition de l'East India Company. L'Inde dépend désormais directement de la couronne britannique et la reine Victoria prendra officiellement le titre d'impératrice des Indes en 1876.

1905 > Première division du Bengale. Et développement du terrorisme au Bengale dès 1906.

1906 > Réunis à Calcutta, les membres du Congrès réclament une complète autonomie de l'Inde sous suzeraineté britannique.

1911 > La capitale impériale est transférée de Calcutta à Delhi. La même année, le nouveau roi d'Angleterre George V vient se faire sacrer empereur des Indes à Delhi.

1914 > Retour de Gandhi d'Afrique du Sud.

1916 > Proclamation de la " Home Rule League ". Massacre de Jalianwalla Bagh.

1920 > Mahatma Gandhi dirige le parti du Congrès  ; début du mouvement de non-coopération. Gandhi lance la campagne du rouet et appelle au boycott des tissus anglais importés.

1922 > Séjour en prison de Gandhi jusqu'en 1924.

1928 > La Commission Simon arrive en Inde, boycottée par tous les partis.

1931 > L'accord Gandhi-Irwin (qui représente le gouvernement travailliste au pouvoir depuis 1929) met fin à la campagne de désobéissance civile, mais les conférences de la Table Ronde réunies à Londres aboutissent à des échecs du fait du refus des musulmans d'accepter le principe majoritaire.

1942 > Mission Cripps en Inde. Le parti du Congrès adopte une résolution intimant aux Britanniques l'ordre de quitter l'Inde. Les leaders du Congrès sont arrêtés. Subhash Chandra Bose forme l'Armée nationale indienne.

15 août 1947 > Indépendance indienne  ; séparation de l'Inde et du Pakistan, marquée par des massacres et le déplacement, dans les deux sens, de près de 15 millions de personnes. Jawaharlal Nehru devient le premier Premier ministre du pays.

L'Inde après l'indépendance

1948 > Mahatma Gandhi est assassiné, le 30 janvier. La Banque des réserves de l'Inde est nationalisée. B. R. Ambedkar présente la première ébauche d'une constitution à l'Assemblée constituante.

26 janvier 1950 > Proclamation de la République de l'Inde, et entrée en vigueur de la Constitution inspirée par le parti du Congrès.

1951 > Vote du Premier Plan de cinq années.

1956 > Vote du Second Plan de cinq années.

1959 > Le Dalaï-Lama fuit le Tibet vers l'Inde. Confrontation militaire avec la Chine.

1961 > Les Indiens s'emparent de Goa, la dernière possession portugaise en Inde.

1964 > Mort de Jawaharlal Nehru. Lal Bahadur Shastri devient Premier ministre.

1965 > Guerre indo-pakistanaise après des incursions armées pakistanaises en Jammu-Cachemire.

1969 > Apparition d'un nouveau parti communiste marxiste-léniniste. Scission au sein du parti du Congrès.

1974 > Explosion nucléaire souterraine à Pokhran qui fait entrer le pays dans le club des " grandes puissances ".

1975 > Lancement du satellite indien Aryabhatta. Le Sikkim rejoint l'Inde. L'élection d'Indira Gandhi est invalidée par la Haute Cour d'Allahabad. Le pouvoir réagit en faisant arrêter les principaux dirigeants de l'opposition et en proclamant l'état d'urgence.

1980 > Indira Gandhi redevient Premier ministre.

1984 > Opération Etoile Bleue  : l'armée indienne prend d'assaut le temple d'Or d'Amritsar, faisant des centaines de victimes. Indira Gandhi est assassinée à Delhi  ; Rajiv Gandhi devient Premier ministre. Tragédie de l'usine de pesticides de Bhopal, le plus grand désastre écologique du pays. 8e élection législative  : le parti du Congrès gagne avec Rajiv Gandhi comme Premier ministre.

Une nouvelle puissance mondiale

1991 > Rajiv Gandhi est assassiné par le LTTE (mouvement des Tigres tamouls srilankais). 10e élection législative avec la victoire du Congrès  ; Narasimha Rao devient Premier ministre. Libéralisation amorcée par le ministre des Finances, le Dr Manmohan Singh.

1992 > Démolition de la mosquée Babri Masjid d'Ayodhya, le 6 décembre.

1993 > Émeutes des musulmans à Bombay. La roupie devient convertible au niveau commercial. Plus de 300 personnes sont tuées par l'explosion de bombes. Tremblement de terre à Latur.

1994 > Le secteur des télécommunications est ouvert à des sociétés privées.

1996 > 11e élection législative  ; le chef du BJP, Atal Behari Vajpayee, devient Premier ministre. Le parti du Congrès perd le vote de confiance. Dewe Gowda prend le pouvoir en tant que Premier ministre du gouvernement de coalition du Front uni.

1997 > Le Congrès retire son appui au gouvernement FU  ; I. K. Gujral est nommé Premier ministre. La nation célèbre 50 ans d'indépendance. Chute du gouvernement Gujral avec le retrait de l'appui du Congrès. Sonia Gandhi entre en politique. L'Inde offre des obsèques solennelles à Mère Teresa.

1998 > Le gouvernement d'alliance BJP prête serment  ; Atal Behari Vajpayee devient Premier ministre. L'Inde procède à trois essais nucléaires souterrains à Pokhran, au Rajasthan.

1999 > Les élections de Lok Sabha mènent à l'Alliance démocratique nationale et à la formation d'un gouvernement de coalition avec Atal Behari Vajpayee comme Premier ministre. Des insurgés du Pakistan pénètrent en territoire indien, mais sont repoussés.

2003 > Le cessez-le-feu est proclamé le long de la ligne de contrôle entre l'Inde et le Pakistan. Les relations avec la Chine s'améliorent également, notamment en ce qui concerne les différends frontaliers. Un attentat à la bombe attribué aux extrémistes musulmans fait 52 morts à Bombay.

2004 > Le parti du Congrès de Sonia Gandhi remporte les élections législatives. Sonia Gandhi, pressentie pour être le Premier ministre, laisse la place à Manmohan Singh, qui devient le premier sikh à occuper ce poste.

2005 > Réouverture de la très symbolique liaison par autocar entre Srinagar et Muzzafarabad (Pakistan). Suites aux attentats meurtriers de 2005 et 2006 à Delhi, Varanasi et Mumbai, attribués aux extrémistes musulmans, coup d'arrêt dans les négociations de paix.

2006 > Un accord passé entre George Bush et Manmohan Singh sur la coopération nucléaire civile permet à l'Inde d'acheter de l'uranium. L'Inde devient la 6e puissance nucléaire mondiale.

2007 > Attentat contre le " train de l'amitié " reliant l'Inde et le Pakistan  ; remise en cause du processus de paix. Le 19 juillet, Pratibha Devisingh Patil est la première femme à devenir présidente de l'Inde. Elle succède à Abdul Kalam.

2008 > Des attentats frappent Jaipur (Rajasthan) et font 80 morts. Les grandes puissances émergentes (Brésil, Russie, Inde et Chine) officialisent leur groupement derrière l'acronyme BRIC. Relance du projet de gazoduc reliant l'Iran à l'Inde en passant par le Pakistan  ; le pipeline de la paix  ?

2009 > Contre toute attente, le Parti du Congrès (gauche hindoue) gagne les élections législatives avec son meilleur résultat depuis 1991 (261 sièges sur 543 à l'Assemblée) face à l'Alliance nationale et démocratique (NDA) menée par le Parti du peuple indien (BJP, droite hindoue).

2010 > Les 19e Jeux du Commonwealth ont lieu à New Delhi du 3 au 14 octobre. Pour accueillir les sportifs et des milliers de touristes, la capitale a fait peau neuve en développant ses infrastructures (embellissement de la ville, construction de ponts, de stades, de structures hôtelières...). Une nouvelle ligne de métro a vu le jour.

PREMIERES CIVILISATIONS CONNUES

Entre 5 000 et 1 600 avant notre ère. Des tribus de type protoaustraloïde occupent probablement l'Inde dès le début du Ve millénaire. Repoussées par les invasions, réfugiées dans les montagnes et les forêts, certaines de ces peuplades ont traversé les siècles jusqu'à nous comme les Bhils et les Meena du Rajasthan.

Le IIIe millénaire voit l'apogée de la civilisation de l'Indus. Occupant le Nord-Ouest de l'Inde, elle possède des villes bien organisées, comme en témoignent les sites de Harappa et de Mohenjodaro (dans l'actuel Pakistan), Lothal (Gujarat) ou Ganganagar (Rajasthan). La fin de cette civilisation correspond aux premières vagues d'invasions aryennes.

Les historiens occidentaux affirment que les Aryens (" Nobles " en sanskrit) seraient arrivés des bords de la mer Caspienne, sans doute en plusieurs fois, à partir de 1 600 avant notre ère. Ils auraient amené avec eux le sanskrit, la division de la société en castes et la religion védique. Cette thèse se heurte à celles des nationalistes hindous qui y voient une invention des Européens pour relativiser le drame des conquêtes ultérieures.

ENTRE MYTHES ET HISTOIRE

Jusqu'à l'arrivée des Européens, les hindous ne percevaient l'Antiquité qu'au travers de mythes et récits légendaires, mêlant les dieux et les démons aux activités humaines. Contrairement au Moyen-Orient, l'Inde n'a conservé que très peu de vestiges antérieurs au Ve siècle avant notre ère. Les recherches des orientalistes occidentaux concernant l'histoire ancienne de l'Inde sont surtout fondées sur ces modestes sources archéologiques et sur l'exégèse des textes religieux. Comme les études les plus sérieuses ne datent que du XIXe siècle, on admettra assez facilement la grande part de flou subsistant sur cette période.

Les Aryens ont-ils envahi le Nord-Ouest de l'Inde de façon militaire ou sont-ils arrivés en petites vagues s'adaptant peu à peu à la civilisation de l'Indus ? Comment ce peuple de pasteurs et de guerriers nomades aurait-il pu tout d'un coup établir une nouvelle société avec un système de castes si compliqué ? La découverte des restes de cités bien organisées antérieurs au XVIe siècle avant notre ère a en tout cas considérablement relativisé le poids de l'influence aryenne dans le Nord de l'Inde.

Du royaume Magadha à celui des Maurya

L'histoire de l'Inde ancienne ne nous est connue qu'au travers de récits légendaires (l'actuelle Delhi s'élèverait sur les ruines d'Indraprashta, cité mythique mentionnée dans l'épopée du Mahabharata). La religion védique, dominée par la caste des prêtres ou brahmanes, joue un rôle prépondérant dans la société. Au VIe siècle avant notre ère, l'apparition du bouddhisme catalyse la réaction antibrahmanique. Le roi Bimbisara, de la dynastie Shishunaga, devient le premier souverain bouddhiste de l'Histoire, dans le royaume de Magadha (Etats actuels du Bihar et de l'Uttar Pradesh). A la même époque, le roi de Perse Darius Ier conquiert la vallée de l'Indus (518-515). A la fin du Ve siècle, la dynastie Nanda détrône les Shishunaga et contrôle pratiquement tout le Nord de l'Inde. Cette période est marquée par l'arrivée d'Alexandre le Grand sur les bords de l'Indus (326). Le Macédonien laisse des lieutenants pour administrer la région. En 321 avant notre ère, Chandragupta, fondateur de la dynastie Maurya, chasse les Grecs du Pendjab. Il met fin à la dynastie Nanda et règne à son tour sur le Nord du sous-continent, depuis sa capitale Pataliputra (près de l'actuelle Patna, au Bihar). La dynastie Maurya connaît son apogée sous l'empereur Ashoka (268-231). Converti au bouddhisme à la suite des violences commises lors de ses conquêtes, il envoie des missionnaires jusqu'au Sri Lanka. A sa mort, son empire se désintègre.

De l’empire Gupta à l’arrivée des musulmans

De 319 avant J.C au XIe siècle. Après une nouvelle série d'invasions (les Grecs au Pendjab, les Scythes dans le Nord-Ouest) et la chute de l'empire Maurya, se produit l'avènement des Gupta en 319 qui vont régner à nouveau depuis le Magadha (actuel Bihar). Cet empire, qui s'étend du Pendjab au Bengale, fut le centre d'un essor culturel exceptionnel : arts, techniques mais aussi philosophie et mathématiques. Les découvertes dans tous les domaines se multiplient. Alors qu'au Nord le bouddhisme et le jaïnisme supplantent presque l'hindouisme, ce dernier reste très vivace dans le Sud du pays. Les empires des Cholas, des Pandiyas et des Keralaputras, contemporains de l'empire d'Ashoka, ont entretenu des liens étroits avec l'Egypte et l'empire romain. Dans l'Inde dravidienne, on exporte vers l'Asie du Sud-Est, notamment vers les îles indonésiennes. Au nord, les attaques répétées de Huns ont progressivement raison de l'empire Gupta (fin du Ve siècle). La dislocation de ce dernier fait naître une nuée de petites dynasties dans le Nord de l'Inde, comme les Rajpoutes au Rajasthan.

Les envahisseurs musulmans

Du XIe au XVIe siècle. La première invasion musulmane en Inde a lieu dès 711. Des Arabes venus de Syrie et menés par Mohammed Ben Kassem pillent le Sindh (actuel Pakistan) sans chercher à s'implanter durablement. Au même moment, l'ouest de l'Asie tombe peu à peu sous la domination musulmane. Au début du XIe siècle, le chef militaire afghan Mohammed de Ghazni lance ses troupes sur le Nord-Ouest de l'Inde. Un de ses lieutenants parvient même jusqu'à Varanasi (Bénarès). Cette campagne s'avère également éphémère... En 1038, les Turcs seldjoukides s'emparent de l'Afghanistan.

Les luttes entre dynasties musulmanes laissent le sous-continent à l'abri des envahisseurs pour un siècle et demi.

A la fin du XIIe siècle, Mohammed de Ghor, sultan d'origine turque régnant sur l'Afghanistan, envahit le Pendjab. Vainqueur du souverain Prithviraja III à la bataille de Taraïn (1192), il s'empare d'Ajmer. Les années suivantes, ses troupes conquièrent de façon plus ou moins durable tout le Nord de l'Inde.

Un de ses lieutenants Qutab-ud-din, ancien esclave, assiège Delhi dont il se proclame sultan et fonde la " dynastie des Esclaves " (1210-1290).

Durant trois siècles, des dynasties fragiles menées par des rois souvent instables et caractériels tentent d'imposer leur suprématie sur le Nord de l'Inde, depuis Delhi. A la fin du XIIIe siècle, Ala-ud-Din fonde ainsi la dynastie Khijli (1290-1320). Il s'attaque aux princes rajpoutes, s'empare de Jaisalmer, Chittaurgarh et Ranthambore au cours de sanglantes campagnes. Un de ses lieutenants, Malik Kafour, fait même une brève incursion dans le Sud de l'Inde.

La dynastie Tughlaq (1320-1413) est surtout marquée par la tyrannie de ses monarques. Ils ne peuvent cependant faire face à l'invasion de Tamerlan (1398). Considérablement affaibli par ce dernier carnage, le sultanat de Delhi passe aux mains de dynasties sans envergures, Sayyid et Lodi. Les princes du Rajasthan profitent de la situation pour renforcer leur indépendance. Il faut attendre le XVIe siècle pour assister à l'essor de la plus fameuse lignée musulmane du nord de l'Inde : les Moghols.

Nom d’un raja !

Les souverains de la région portent des titres sensiblement différents, tous dérivés de la racine raja - signifiant le roi -, leurs épouses étant les ranis. On fera bien sûr le rapprochement évident avec les langues dérivées du latin, lui aussi indo-européen.

Les monarques de Jaipur, Jodhpur et Bikaner sont des maharajas (grands rois), ceux de Chitaurgarh, et d'Udaipur, des ranas. A Jaisalmer, on parlera de rawal, et de rao à Bundi ou dans le Shekhawati.

L'EMPIRE MOGHOL ET L'IMPLANTATION EUROPEENNE
La grande époque moghole (1526-1707)

Les nouveaux envahisseurs arrivent d'Afghanistan. Babur, le fondateur de la dynastie moghole, descendant de Tamerlan par son père et de Gengis Khan par sa mère, s'est assuré le contrôle du sultanat de Kaboul. En 1526, il lance ses troupes sur le Pendjab. Il défait l'armée du sultan de Delhi, Ibrahim Lodi à la bataille de Panipat. Face à la menace, les Rajpoutes parviennent à s'unir derrière le Rana Sangha Singh, souverain du Mewar. Mais l'armée moghole, aguerrie, mieux organisée et dotée d'une artillerie alors inconnue en Inde, défait cette coalition hindoue à la bataille de Khanwa (à l'ouest d'Agra) en 1527. Dès lors, les Moghols dominent peu à peu tout le Nord de la péninsule.

Le seul véritable obstacle apparaît en 1540 lorsque le chef militaire Sher Shah confisque le pouvoir au fils de Babur, Humayum. Ce dernier met quinze ans pour regagner son trône (1555)... et meurt accidentellement l'année suivante en tombant dans l'escalier de sa bibliothèque dans le Vieux Fort (Purana Qila) à Delhi.

Son fils Akbar, âgé de 13 ans, entame l'un des règnes les plus prestigieux de l'histoire indienne (1556-1605). Habile et tolérant, il s'entoure de nombreux sages et conseillers hindous. Il instaure une solide politique d'alliance avec les princes rajpoutes. Ces derniers se rangent tous sous sa suzeraineté, à l'exception du rana du Mewar, l'indomptable Pratap Singh, qui livre une défense héroïque pour préserver son indépendance.

Mais Akbar n'entend nullement suivre aveuglément l'enseignement coranique. Intéressé par l'hindouisme et le christianisme, il va jusqu'à envisager la création d'une nouvelle religion faisant la synthèse de toutes ces doctrines. Son règne est également marqué par des projets architecturaux ambitieux, comme Fatehpur Sikri, éphémère capitale d'empire.

Jehangir (règne de 1605 à 1627) poursuit cette oeuvre d'esthète ; mais c'est surtout sous Shah Jahan (règne de 1627 à 1658) qu'éclate tout le faste moghol. Ce passionné d'architecture fait édifier le Taj Mahal d'Agra, monument le plus fameux de toute l'Asie du Sud, et la mosquée Juma Masjid de Delhi. Le règne de son fils Aurangzeb (1658-1707) marque hélas un douloureux retour vers le fanatisme et l'intolérance islamiques. Musulman intraitable, le dernier des " Grands " Moghols fait détruire de nombreux temples hindous pour les remplacer par des mosquées. Il rétablit un impôt spécial pour les non-musulmans et va jusqu'à faire décapiter le gourou des sikhs, Teg Bahadur (1675).

Cette cruauté catalyse le mécontentement dans tout le Nord de l'Inde. Les sikhs du Pendjab et les Marathes du Deccan (sous les ordres du chef militaire Shivaji) se soulèvent, imités par les princes rajpoutes. Les trois souverains les plus puissants du Rajasthan (Jaï Singh II d'Amber, Amar Singh du Mewar et Ajit Singh du Marwar) s'allient contre le pouvoir moghol en pleine décadence après la mort d'Aurangzeb et retrouvent leur indépendance.

L’implantation européenne (1498-1857)

Dès le Moyen Age, les commerçants européens sont intrigués par l'Inde, quasi inconnue mais si proche au travers de ses produits (soie et épices...) transitant par le Moyen-Orient. A la fin du XIIIe siècle, Marco Polo visite le Nord-Ouest de la péninsule. Mais ce n'est qu'en 1498 que le navigateur portugais Vasco de Gama ouvre définitivement la route des Indes en abordant à Calicut (dans l'actuel Kerala). L'histoire des Occidentaux en Inde se concentre d'abord sur les côtes où ils créent de nombreux comptoirs. Les Portugais installent leur capitale à Goa (1510). La Compagnie anglaise des Indes orientales assied peu à peu son pouvoir depuis Bombay (Mumbaï) en 1661 et Calcutta (Kolkata) en 1690. Elle parvient à éliminer sa rivale française dont les possessions se limitent à Pondichéry, Chandernagor, Yanaon, Karikal et Mahé, à la suite du traité de Paris en 1763.

Tout cela reste bien lointain de notre région... Cependant l'éclatement de l'Empire moghol suscite une grande instabilité dans le Nord-Ouest de l'Inde. Delhi est plusieurs fois pillée et saccagée. Les princes rajpoutes, pris dans leurs incessantes querelles de voisinage, ne peuvent faire face aux attaques des guerriers marathes. Les Britanniques profitent de cette situation pour s'implanter dans la région. Ils mettent l'empereur moghol sous tutelle, puis offrent leur protection aux Rajpoutes (1818). Ces derniers signent un à un des traités les plaçant sous la suzeraineté anglaise. Ils s'accommodent fort bien de ce nouveau statut, d'autant plus que les nouveaux maîtres font prospérer leurs royaumes et leur assurent une existence dorée, ponctuée par de somptueuses réceptions et parties de chasse.

L'INDE A L'HEURE ANGLAISE

L'usage courant de l'anglais, langue " véhiculaire " parlée dans toute l'Inde, constitue l'héritage le plus évident de l'époque coloniale. Cependant la péninsule a conservé bien d'autres marques de l'influence britannique : l'architecture, mêlant fenêtres gothiques et arcs polylobés, la politesse exquise des membres âgés de la bourgeoisie, l'uniforme des écoliers, la conduite à gauche, un puritanisme désuet, la fascination pour Londres et bien sûr... le cricket. Selon les mauvaises langues européennes, ce sport serait si ennuyeux que les Britanniques n'auraient jamais réussi à l'exporter ailleurs que dans leurs colonies ! En Inde, il suscite encore plus d'enthousiasme que le football dans l'Hexagone.

La révolte des Cipayes et le début du Raj britannique (1857-1885)

La Compagnie anglaise des Indes orientales, à vocation essentiellement commerciale, a la lourde charge de contrôler presque tout le sous-continent. Habiles négociateurs, prêts à " diviser pour mieux régner ", les Britanniques savent tisser des liens courtois avec l'élite locale... Mais ils restent bien distants envers le peuple indien. C'est justement cette incompréhension qui serait à l'origine de la révolte des Cipayes (les soldats indiens au service de la force coloniale).

En 1857, une rumeur gagne les troupes stationnées à Meerut (dans l'actuel Uttar Pradesh). Les nouvelles cartouches seraient graissées avec du suif de vache ou de porc. La vache est un animal sacré pour les hindous. Le porc est impur pour les musulmans. Les soldats se mutinent, massacrent les occidentaux et se lancent sur Delhi. La révolte s'étend à presque tout le Nord de l'Inde. L'empereur moghol Bahadur Shah II, jusqu'alors simple marionnette du pouvoir colonial, soutient les insurgés. Seul le Pendjab reste fidèle aux Européens.

Avec l'appui des bataillons sikhs, les Anglais parviennent à mater la révolte. Bahadur Shah II, dernier empereur moghol est exilé à Rangoon (Birmanie). Ses fils sont exécutés. Mais cet épisode a révélé l'incapacité de la Compagnie à gouverner un territoire aussi vaste. En 1858, la Couronne d'Angleterre prend le sous-continent sous son contrôle direct. En 1877, la reine Victoria est proclamée impératrice des Indes. Le raj (royaume) britannique marque une période de fastes sans précédent pour les maharajas. La Pax Britannica leur assure confort et prospérité. Beaucoup font construire de nouveaux palais, parfois par de célèbres architectes anglais. Ils entendent donner une éducation raffinée et moderne à leurs rejetons. Abandonnant toute tendance belliqueuse, les souverains concentrent leur énergie sur de prestigieuses parties de chasse ou de polo. Certains vont même visiter la lointaine Angleterre, comme le maharaja de Jaipur, Madho Singh II, qui se rend à Londres en 1901 à l'occasion du couronnement d'Edouard VII.

Mais les maharajas ne sont pas les seuls à profiter de la période coloniale. Tirant parti du commerce avec les Européens et de la modernisation des échanges, toute une caste de négociants issue du Rajasthan (les marwari) gagne les grandes villes pour faire fortune.

Une classe moyenne apparaît également (hommes de loi, fonctionnaires, journalistes...), qui acquiert peu à peu une conscience politique démocratique. De ses rangs sortiront les principales figures de la lutte pour l'indépendance.

Vers l’indépendance (1885-1947)

Ces aspirations démocratiques débouchent dès 1885 sur la création du parti du Congrès. Le Bengale s'affirme comme la région la plus anti-impérialiste. En 1911, les Anglais décident donc de transférer leur capitale de Calcutta à New Delhi (nouveau quartier de Delhi conçu pour accueillir l'administration coloniale). Le Rajasthan, quant à lui, reste très à l'écart du mouvement.

Le rôle-clé de la marche vers l'indépendance revient à un enfant de la bourgeoise gujarati : Mohandas Karamchand Gandhi, bientôt connu sous le nom de Mahatma (la Grande Ame). Avocat formé à Londres et ayant pratiqué en Afrique du Sud, il revient en Inde en 1914 avec une vision originale de la lutte (Satyagraha ou Force de Vérité) fondée sur la non-violence (ahimsa).

Son attachement aux valeurs indiennes traditionnelles fait descendre les idées indépendantistes jusque dans les couches les plus modestes. Roi des Indes, lord Mountbatten est chargé de négocier l'indépendance avec le parti du Congrès et la Ligue musulmane menée par Ali Jinnah.

Ce dernier réclame la création d'un Etat à part pour les musulmans de la péninsule : le Pakistan. Les tensions entre les deux principales communautés religieuses convainquent les Anglais de la nécessité d'une partition. Désireux de clore le dossier au plus vite, les négociateurs dessinent à la hâte les frontières des nouveaux pays.

Le Sindh et une partie du Pendjab au nord-ouest, ainsi que l'est du Bengale (partie orientale) formeront le Pakistan.

L'indépendance des deux Etats est proclamée le 15 août 1947. De chaque côté des frontières, hindous et sikhs d'une part et musulmans d'autre part, fuient les terres occupées par la communauté rivale.

Le plus grand exode de l'Histoire (environ 20 millions de réfugiés) suscite d'effroyables massacres. Les statistiques les plus modestes font état de 250 000 morts. Gandhi est lui-même assassiné par un nationaliste hindou qui ne lui pardonne pas la partition (30 janvier 1948).

L'INDE APRES L'INDEPENDANCE

D'après l'Independence Act, l'Inde et le Pakistan sont deux États indépendants libres de rester, ou non, membres du Commonwealth. Le gouvernement indien choisit de rester membre.

La division de l'Inde en deux États repose sur des raisons d'ordre religieux. La majorité de la population étant constituée d'hindous, la plupart des 562 États princiers qui existaient avant le 15 août 1947, et un grand nombre des provinces britanniques sont rattachés à l'Union indienne. Le Pakistan reçoit le reste : une aile ouest, avec les frontières approximatives du Pakistan actuel, et une aile est, avec les frontières du Bangladesh actuel.

L'autorité gouvernementale de l'Union revient à l'Assemblée constituante, entièrement composée d'Indiens et boycottée par les délégués de la Ligue musulmane. Chargée de rédiger la Constitution, elle confie l'exécutif au cabinet dont Nehru devint le Premier ministre. Lord Mountbatten est nommé gouverneur général du nouveau pays.

La commission de démarcation dirigée par un Britannique neutre est créée. La frontière tracée entre le Pendjab et le Pakistan provoque des exodes massifs et des massacres. Ces déplacements de population au Pendjab et dans d'autres régions frontalières se poursuivent jusqu'à la fin de l'année. Et les relations entre les deux États s'enveniment quand les forces armées indiennes encerclent le Junagadh, État princier de la presqu'île de Kathiawar. Après l'annonce faite par le nabab de l'État, à majorité hindoue, de son rattachement au Pakistan, les autorités militaires hindoues prennent le contrôle du Junagadh, dans l'attente d'un plébiscite qui redonne l'Etat à l'Inde. Quant à lui, le nizam de l'Hyderabad, lui aussi dirigeant musulman d'un peuple à majorité hindoue, tente de gagner l'indépendance de son Etat, aussi vaste que peuplée, et de toutes parts entouré par l'Inde. Après plus d'un an de négociations stériles, l'Inde envoie son armée pour une action policière et l'Hyderabad devint une partie de l'Inde.

De la partition à la guerre de 1965

Hari Singh, maharaja hindou du Cachemire, Etat à la population majoritairement musulmane et limitrophe de l'Inde et du Pakistan, laisse en suspens sa décision de rejoindre l'Inde ou le Pakistan, espérant explorer les possibilités d'indépendance. Mais en octobre 1947, suite à une guerre tribale soutenue par le Pakistan qui menace sa capitale, Hari Singh consent à rallier l'Inde, en échange du soutien de son armée.

La situation du Cachemire se complique. Un mouvement (vieux de plus de 20 ans) dirigé par le sheik Muhammad Abdullah et soutenu par de nombreux musulmans se met en place contre le maharaja. Le leader du mouvement songe aussi à l'indépendance, mais son amitié avec Nehru l'empêche de poursuivre cette idée. En 1948, Abdullah et Nehru passent un accord : Abdullah devient le Premier ministre du Cachemire et le nouvel Etat se voit octroyer plus d'autonomie qu'aucun autre Etat princier ayant rejoint l'Inde.

Après l'indépendance, la France et le Portugal possèdent encore des territoires sur la côte indienne. Les territoires français, dont le plus grand était Pondichéry (500 km2), ont été cédés à l'Inde en 1956. La principale possession portugaise en Inde était Goa, sur la côte occidentale (environ 3 400 km2). Mais le Portugal refuse alors de céder ses territoires, et en décembre 1961 l'armée indienne les occupe. Au début des années 1970, le Portugal accepte finalement l'autorité de l'Inde. Goa devient un Etat indien en 1987 ; Pondichéry un territoire de l'Union en 1962. En avril 1965, la seconde guerre indo-pakistanaise débute suite à des incidents survenus dans la région frontalière du Rann de Kutch. Six mois d'affrontements font couler beaucoup de sang avant qu'un cessez-le-feu ne soit conclu sous l'égide de l'URSS.

L’Inde sous Nehru

La Constitution de l'Inde entre en vigueur le 26 janvier 1950, une date célébrée annuellement en tant que jour de la République. La Constitution prévoit une Union fédérale d'Etats et un système parlementaire, et inclut une liste de droits fondamentaux garantissant la liberté de presse et d'association.

Sous la direction de Nehru, le gouvernement soutient un développement rapide de l'Inde en s'engageant dans une réforme agraire et une industrialisation croissante. La réforme agraire, qui vise l'abolition des gigantesques domaines fonciers, rencontre une grande ferveur populaire, mais les efforts pour redistribuer la terre en posant des limites à la propriété foncière échouent. Les tentatives d'introduction d'une agriculture coopérative à grande échelle sont contrecarrées par des élites rurales de propriétaires fonciers qui - en tant que partisans du Congrès - ont un poids politique considérable. La production agricole se développe jusqu'au début des années 1960, des terres complémentaires étant mises en culture et des projets d'irrigation commençant à porter leurs fruits. La création d'universités agricoles inspirées de modèles américains (land-grant colleges) voient le jour. Mais par la suite, l'absence de pluies de mousson entraine l'Inde au bord de la famine, qui sera évitée de justesse grâce à l'aide alimentaire des Etats-Unis.

Les grands plans

En 1952, la commission de planification du gouvernement central inaugure une série de plans quinquennaux qui mettent l'accent sur la création d'industries de base, telles que l'acier, les machines-outils ou la machinerie électrique lourde, plutôt que sur les automobiles et autres biens de consommation. Les nouveaux investissements dans ces industries, ainsi que ceux affectés aux infrastructures, réseau ferroviaire et communications notamment, sont réservés au secteur public. La plupart des autres activités économiques appartiennent au secteur privé, mais les entrepreneurs sont soumis à un ensemble complexe de licences, de règlements et de contrôles. Ceux-ci étaient conçus pour assurer une distribution juste des ressources rares et protéger les droits des ouvriers mais, en pratique, ils ont plutôt gêné l'investissement et la bonne gestion. Reste que des progrès substantiels ont été faits sur le chemin de l'indépendance industrielle et de la croissance pendant les années 1950 et le début des années 1960.

Le problème épineux du choix pour le pays d'une langue nationale subsiste. La Constitution spécifie que le hindi, parlé par 40 % des Indiens, deviendrait la langue officielle en 1965, après une transition au cours de laquelle l'anglais parlé par l'élite du pays continuerait à être utilisé.

L’Inde non-alignée

Durant ses premières années en tant que République, l'Inde est de plus en plus présente dans les affaires internationales, et surtout dans les débats et activités de l'ONU. Nehru devient célèbre dans le monde en tant que porte-parole du non-alignement, une idée selon laquelle les autres pays doivent refuser de prendre part à la lutte idéologique et politique croissante entre l'URSS et les Etats-Unis, plus connue sous le nom de guerre froide. La détermination de l'Inde à ne pas s'impliquer dans la politique de l'une ou l'autre de ces puissances est encore plus apparente avec la guerre de Corée (1950-1953). Bien que le gouvernement indien approuve la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, invoquant des sanctions militaires contre la Corée du Nord, aucune troupe indienne n'est impliquée dans ce conflit, et Nehru adresse à plusieurs reprises aux Etats-Unis et à l'Union soviétique des notes sur la situation, pour tenter de rétablir la paix en Corée.

Même après l'intervention de la Chine dans la guerre de Corée - et malgré les différends de l'Inde avec la Chine concernant le Tibet, envahi par celle-ci en 1950 - l'Inde continue à défendre l'idée que la Chine devrait intégrer l'ONU. Une idée cependant rejetée par la majorité du Conseil de sécurité de l'ONU.

Nehru est incapable de résoudre les problèmes avec le Pakistan. La division du Cachemire le long de la ligne de cessez-le-feu, en 1949, a instauré une situation dans laquelle chaque pays revendique le territoire important détenu par l'autre. Les efforts diplomatiques de l'ONU et les réunions bilatérales entre Nehru et Liaquat Ali Khan, Premier ministre du Pakistan, se révélent infructueux. L'Inde donne son assentiment à un plébiscite dans la région, mais souhaite qu'il dépende du retrait des forces pakistanaises du Cachemire.

D’une guerre à l’autre

A la fin des années 1950, des tensions naissent entre l'Inde et la Chine concernant l'appartenance de terres, en grande partie inhabitées, situées le long de la frontière Nord-Est de l'Inde, dans l'Arunachal Pradesh, et dans les vallées du Nord-Est du Jammu et du Cachemire. Jusque-là les relations entre ces deux pays étaient relativement bonnes. Nehru pense alors que ce conflit territorial pourrait être résolu par des négociations amicales. Mais la difficulté de dresser la carte du secteur de façon précise et les conflits relatifs aux intérêts de sécurité des deux pays deviennent des problèmes épineux et surtout imprévus. Vers 1959, la discussion s'envenime peu à peu, et la pression populaire pour ne pas céder le territoire à la Chine grandit. Le gouvernement de Nehru envoie donc des patrouilles militaires sur le territoire concerné.

En réponse, la Chine attaque les deux secteurs revendiqués en octobre 1962, mettant rapidement en déroute une armée indienne mal préparée. En désespoir de cause, l'Inde recherche l'aide diplomatique et militaire occidentale, et notamment celle des Etats-Unis et de John F. Kennedy, que ce dernier lui apporte de bonne grâce. Le combat s'achève fin novembre quand la Chine annonce unilatéralement un cessez-le-feu, tout en continuant d'occuper certains des territoires envahis. Cette crise précipite une révision drastique du potentiel de défense indien, avec notamment l'acquisition massive d'armes et la modernisation de ses forces armées. Le ministre de la Défense nationale, V. K. Krishna Menon, un neutraliste influent, est évincé du gouvernement. Ce qui alarme à son tour le Pakistan, conscient que sa petite superficie et sa faiblesse économique, peuvent le condamner à une position d'infériorité permanente vis à vis de l'Inde.

Nehru meurt en mai 1964. Son successeur, Lal Bahadur Shastri, apparait comme faible, tant à l'intérieur du pays qu'à l'étranger. En 1965, l'agitation au Cachemire combinée à l'intention du Pakistan de défier une Inde apparemment affaiblie se solde par une guerre courte entre les deux pays. De son côté, l'Union Soviétique négocie un cessez-le-feu.

L’ère Indira Gandhi

La mort du Premier ministre Shastri coïncide avec l'entrée de l'Inde dans une période de crise économique sévère, due à de mauvaises moussons successives et à l'échec de la stratégie d'industrialisation indépendante pour la production des ressources nécessaires à l'investissement. Le successeur de Shastri est la fille de Nehru, Indira Priyadarshini Gandhi. Leader du Congrès et membre élu du Parlement depuis 1955, elle a été choisie par un groupe de conservateurs de la vieille garde du Congrès connu comme " le syndicat ". Celui-ci la considérait comme un docile personnage de paille, mais aussi comme un authentique leader national utile pour maintenir le Congrès au pouvoir lors des élections de 1967. Au cours de ces élections, le Congrès subit de sérieux revers, essuyant une défaite retentissante dans un certain nombre d'Etats, et devenant minoritaire en sièges dans la chambre basse du Parlement.

Dans cette atmosphère d'instabilité politique et de crise économique, Indira Gandhi décide de nationaliser les plus grandes banques du pays et de supprimer le versement de rentes personnelles aux princes indiens, versement qui était une des clauses de l'accord qui avait permis leur entrée pacifique au sein de l'Union indienne. Lors des élections de 1971, faisant campagne pour un programme d'abolition de la pauvreté, Indira Gandhi mène le Congrès vers une victoire décisive.

Le succès de la révolution verte, effort pour diversifier et augmenter le rendement des récoltes, permet à l'Inde de devenir autosuffisante dans la production de grains d'alimentation et offre une victoire éclatante au Congrès d'Indira Gandhi, en 1972. Elle essaye ensuite de consolider son avantage politique en réorganisant le parti de façon à ce que les leaders nationaux lui doivent fidélité. Elle tente également d'impulser de nouvelles mesures radicales dans la sphère économique, nationalisant le commerce du blé en gros en 1973.

La crise pétrolière mondiale de 1973 et une série de médiocres récoltes provoquent une forte inflation. Gandhi commence à perdre sa popularité à cause de certaines mesures, telles que l'annulation de la nationalisation du commerce du blé en gros et le premier essai atomique indien, en 1974.

L’état d’urgence

Au printemps 1975, des mesures économiques drastiques ramènent l'économie sous contrôle. Cependant, Indira Gandhi est reconnue coupable de corruption lors de l'élection de 1971. Bien qu'elle ait affirmé son innocence, l'opposition est allée grandissant, regroupant des politiciens de l'élite aspirant au pouvoir et un mouvement d'opposition populaire ayant émergé l'année précédente. En réponse à cette pression montante Indira Gandhi déclare un état d'urgence national en juin 1975. Des politiciens de l'opposition sont emprisonnés, la presse est censurée et des mesures disciplinaires fortes sont prises contre une bureaucratie corrompue. Dans un premier temps, le pays réagit plutôt bien à l'état d'urgence : les émeutes opposant hindous et musulmans, qui avaient éclaté à la fin des années 1960 et au début des années 1970, cessent ; les prix se stabilisent et le gouvernement semble travailler avec honnêteté et énergie.

Mais par la suite, la rigueur des mesures suscite le ressentiment du public indien et son opposition ouverte aux leaders du Congrès et à la bureaucratie. En automne 1976, Gandhi projette de faire passer des amendements à la Constitution qui auraient enfreint beaucoup des dispositions de l'état d'urgence. Au même moment, son plus jeune fils, Sanjay, est alors associé à une campagne coercitive de planning familial très impopulaire.

En juin 1984, Indira Gandhi ordonne à l'armée de prendre d'assaut le principal lieu saint de la religion sikhe, le temple d'Or d'Amritsar, où des terroristes sikhs ont installé leur quartier général. Environ 1 000 personnes, dont les principaux leaders terroristes, meurent dans la bataille. L'ensemble de l'édifice, à l'exception du temple central, est endommagé. Les sikhs du monde entier sont outragés par cette profanation. Le 31 octobre 1984, Indira Gandhi est assassinée par des policiers sikhs chargés de sa sécurité.

Le gouvernement de Rajiv Gandhi

Les élections approchant, le Congrès choisi rapidement Rajiv Gandhi pour succéder à sa mère en tant que Premier ministre. Les jours suivant l'assassinat d'Indira Gandhi, les sikhs de Delhi et d'autres villes de l'Inde du Nord sont tués par milliers. Rajiv Gandhi répond à cette agitation en consentant à étendre les frontières de l'Etat du Pendjab.

Une autre tragédie a lieu cette année-là : la fuite de gaz de l'usine de pesticides de Bhopal, qui entraîna la mort de près de 3 300 personnes et provoqua de graves maladies chez plus de 20 000 personnes.

Malgré ces troubles internes, les élections de 1984, assurées par le jeune leader Rajiv Gandhi, qui promet continuité et changement, suscitent l'enthousiasme des électeurs ; le Congrès remporte sa plus belle victoire. Gandhi se déplace pour négocier des traités de paix en Assam et au Pendjab, et accélère la libéralisation économique amorcée par sa mère. Cependant, son inexpérience politique se fait sentir. Son hésitation quant à la façon de gérer une décision de la Cour suprême, qui contrariait les musulmans orthodoxes, lui coûte le soutien musulman et provoque en même temps un nouvel élan de nationalisme hindou. L'entente du Pendjab est remise en question quand le leader modéré avec qui il traitait est assassiné. En 1987, Gandhi envoie ses troupes au Sri Lanka pour aider à mater une rébellion de guérilleros tamouls. Un accord de paix est signé en juillet, mais les heurts violents perdurent et les troupes indiennes restent impliquées dans cette guérilla.

La croissance économique atteint des niveaux records, alimentée il est vrai par un important emprunt externe ; d'autre part, le gouvernement dépense beaucoup d'argent pour moderniser ses forces armées. En 1987, un exercice militaire destiné à tester de nouvelles armes et de nouvelles tactiques conduit l'Inde et le Pakistan au bord de la guerre, et un scandale impliquant l'achat d'artillerie à une société suédoise affaiblit le gouvernement de Gandhi.

Rajiv Gandhi

Le fils d'Indira Gandhi, Rajiv Gandhi (20 août 1944 - 21 mai 1991) devient Premier ministre de l'Inde à la mort de sa mère, le 31 octobre 1984. Envisageant une carrière de pilote de ligne, Rajiv était peu disposé à entrer en politique. Mais la mort accidentelle de son plus jeune frère, Sanjay, qui était pressenti pour diriger le parti du Congrès en place, change la donne. Elu en février 1981 à Amethi (Uttar Pradesh), dans la circonscription électorale de son frère, Rajiv est nommé Premier ministre quelques heures seulement après l'assassinat de sa mère. Au cours de son mandat, il apporte un certain dynamisme à cette fonction, toujours occupée jusque-là par des gens plus âgés. Il contribue à l'amélioration des relations avec l'ancienne URSS et au développement de l'informatique en Inde. Mais son gouvernement devient l'objet de multiples scandales de corruption et de pots-de-vin. Lui-même se trouve impliqué dans une affaire de corruption relative à des achats d'armements. Ce scandale participe à la défaite du parti du Congrès aux élections de novembre 1989. L'intervention militaire de son gouvernement (juillet 1987 - mars 1990) dans la guerre civile entre le Sri Lanka et les sécessionnistes tamouls, entraînent sa mort (collier de fleurs piégé mis autour de son cou par une kamikaze tamoule) alors qu'il était en campagne dans l'Etat du Tamil Nadu. Sa mort ramène le parti du Congrès au pouvoir en 1991.

Les grands changements politiques

La corruption est le principal problème des élections de 1989. De nouveau, le Congrès perd le pouvoir, cette fois face à une coalition menée par V. P. Singh, qui avait été ministre des Finances puis de la Défense sous Rajiv Gandhi, avant d'être expulsé du Congrès pour des allégations de corruption. La coalition du Front national de Singh s'effondre quand L. K. Advani, leader du Parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) est arrêté après avoir fait campagne pour remplacer la mosquée Babri Masjid d'Ayodhya par un temple dédié au dieu Rama.

Le BJP retire alors son appui au gouvernement de Singh. Le gouvernement qui le remplace, mené par Chandra Shekhar, est tenu en échec en 1991 par le Congrès, qui l'avait initialement soutenu. Dans le même temps, les finances de l'Inde sont mises à mal à cause de l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990 : l'emploi d'ouvriers indiens au Koweït et en Irak a brusquement cessé et ces ouvriers ont dû être rapatriés chez eux à grands frais.

En mai 1991, Rajiv Gandhi est assassiné par un terroriste tamoul sri lankais au cours d'un meeting de campagne électorale. Les élections sont remportées à la majorité par Rao (Parti du Congrès) qui devient le nouveau Premier ministre de l'Inde.

UNE NOUVELLE PUISSANCE MONDIALE
Le gouvernement de Rao

A l'heure de la prise de fonction de Rao, l'Inde fait face à une crise économique et se voit menacée par la faillite. Une réforme économique devient alors la priorité du gouvernement : il supprime les contrôles les plus contraignants concernant les entreprises privées, accepte les investissements étrangers et baisse les taux tarifaires pour encourager le commerce.

En cinq ans, l'économie va mieux : croissance du PIB, expansion rapide du commerce et regain d'énergie dans le secteur privé qui se manifeste par l'apparition de nouvelles productions (automobile, céréales...). Les subventions des fermiers sont à peine diminuées, la privatisation d'entreprises du secteur public est tentée avec beaucoup de prudence et des efforts sont mis en oeuvre pour modifier les lois qui rendaient la gestion du travail difficile. Les Etats commencent alors à rivaliser dans la course aux investissements privés, y compris étrangers, et commencent à privatiser leurs entreprises du secteur public.

La corruption

En 1996, les élections indiennes ont lieu pendant une période trouble. Le Congrès a perdu sa majorité, ce qui force Rao à démissionner de son poste de Premier ministre. La corruption des politiciens les plus anciens était devenue le problème politique majeur. Au milieu des allégations de corruption, Rao conserve son siège parlementaire, mais doit quitter son poste de président du parti.

En 1997, il est accusé de corruption, comme l'ont été certains de ses anciens collègues de cabinet. Les membres d'autres partis politiques - à l'exception des partis communistes - sont également impliqués dans des scandales. Avec l'infatigable énergie investigatrice de la presse et un système juridique nouvellement stimulé, le dégoût des Indiens envers la corruption des milieux politiques est de plus en plus évidente.

BJP, première formation politique du pays

Lors des élections de 1996, le BJP gagne un grand nombre de sièges au Parlement, mais ne parvient pas à constituer une majorité. Le parti accepte la proposition du président et forme un gouvernement sous l'égide du Premier ministre Atal Bihari Vajpayee. Après un siège de 13 jours au Parlement, Vajpayee doit démissionner quand il apparait clairement qu'il ne bénéficiera pas du vote de confiance du Parlement.

La coalition gauchiste Front Uni, le 2e plus important en termes de sièges, forme alors un gouvernement, avec pour Premier ministre H. D. Deve Gowda. Mais ce gouvernement ne reste au pouvoir que neuf mois et Gowda démissionne. Inder Kumar Gujral, qui appartient aussi à la coalition Front Uni, assume le poste de Premier ministre avec l'appui du Congrès. Cependant, le gouvernement indien demeure bancal. A l'automne 1997 Gujral démissionne quand le Congrès retire de nouveau son appui à la coalition, cette fois à cause de désaccords relatifs à l'enquête sur l'assassinat de Rajiv Gandhi.

Regain de tensions avec le Pakistan

En 1998, le BJP et ses alliés régionaux gagnent une majorité de sièges au Parlement avec 35 % des voix. Un gouvernement de coalition entre en fonction, avec Atal Bihari Vajpayee (BJP) comme Premier ministre. En mai, le nouveau gouvernement fait entrer l'Inde dans le clan des puissances atomiques en procédant aux essais de cinq engins nucléaires. Le Pakistan réplique par ses propres essais, éveillant les craintes d'une course à l'arme nucléaire. Pour exprimer leur désapprobation, certains gouvernements étrangers votent alors des sanctions envers ces deux pays.

En 1999 les tensions s'apaisent et les deux pays consentent provisoirement à signer le traité d'interdiction des essais nucléaires. Certaines sanctions économiques sont levées au vu de ces signes de progrès. Cependant, l'espoir s'effondre quand l'Inde, puis le Pakistan, testent de nouveaux leurs essais nucléaires.

Après la tension, la détente ?

En novembre 2003, le cessez-le-feu est proclamé le long de la ligne de contrôle entre l'Inde et le Pakistan. C'est le début d'un long processus de normalisation des relations entre les deux pays.

Les relations avec la Chine s'améliorent également, notamment pour ce qui concerne les différends frontaliers, favorisant la rapide expansion des échanges économiques. La Chine devient le second partenaire commercial de l'Inde. En 2004, le parti du Congrès de Sonia Gandhi remporte les élections législatives, mais cette dernière doit renoncer au poste de Premier ministre. Elle suggère au président de la République la nomination de Manmohan Singh qui devient le premier sikh à occuper cette fonction.

Des attentats attribués à des groupes plus ou moins proches d'al-Qaïda ont lieu à New Delhi en 2005, à Varanasi en 2006 et à Mumbai en 2006. Mais ils ne parviennent pas à semer la discorde entre hindous et musulmans.

En 2007, Pratibha Patil est élue Présidente de la République indienne, mais le pouvoir est exercé par le Premier ministre Manmohan Singh (depuis 2004). Le conflit opposant l'Inde au Pakistan sur la question du Cachemire, continue de faire des morts et des blessés dans les deux camps. L'explosion d'une bombe dans le Train de l'amitié, franchissant la frontière, fait une soixantaine de victimes majoritairement pakistanaises. Ces catastrophes retardent à chaque fois un peu plus l'avancement des négociations. Depuis 2010, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, et son homologue pakistanais, Youssouf Raza Gilani, se sont engagés à prendre des mesures en vue d'une normalisation de leurs relations.

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