Un véritable melting-pot

Pays construit par ses vagues d’immigrations successives, il n’est pas étonnant que la population soit aussi diverse et variée. Il a été façonné par ses ethnies qui représentent plusieurs langues, plusieurs communautés et membres, et détiennent un patrimoine pour chacune d’elles. Le multiculturalisme du pays, richesse du Canada, est unique au monde. Les Autochtones sont présents sur le territoire depuis des millénaires ; il s’ensuit l’arrivée des premiers colons européens venus du Royaume-Unis, de France, d’Italie, d’Ukraine, etc. Plus peuplé à l’est, l’ouest du Canada regroupe 32 % de la population du pays, un chiffre qui ne cesse d’augmenter ces dernières années. La densité de population a subi une hausse de 6,5 % à Vancouver de 2011 à 2016 et Calgary de 14,6 %. Le nombre d’habitants est de  4,7 millions en Colombie-Britannique dont la moitié dans la seule communauté urbaine de Vancouver et de 1,3 million à Calgary d’après les données démographiques de 2019. Les densités de l'Alberta et de la Colombie-Britannique sont plus élevées que la moyenne nationale (respectivement, 6,4 et 5 hab/km2) alors que celles du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest comptent parmi les plus basses (0,1 et 0,04 hab/km2, respectivement l'équivalent d'un habitant tous les 15 et 30 km2). La grande majorité des villes a été construite sur la rive nord de la frontière canado-américaine, et 81,41 % de la population réside autour des grands centres urbains en 2018. Par conséquent, la répartition est inégale sur cet immense territoire. On assiste à des zones densément peuplées et des zones quasi inhabitées.

L’Ouest canadien attire de plus en plus les jeunes de 20 à 40 ans, soit une population active qui profite au développement des provinces et des territoires de l’Ouest et rend le territoire de plus en plus attractif. Plus de 250 origines ethniques différentes ont été déclarées dans le cadre du dernier recensement de 2016. La population immigrante du Canada représente 20,6 % de la population totale, soit la plus forte proportion des pays du G7 (ex-G8). Vancouver est la deuxième ville au Canada qui accueille le plus d'immigrants, après Toronto. Ceux-ci représentent 57 % de sa population totale. Calgary enregistre quant à elle le quatrième plus grand nombre d'immigrants (29 % de sa population totale), en constante augmentation depuis les dix dernières années. L'Asie (y compris le Moyen-Orient) est la principale source d'immigrants au Canada, surtout en Colombie-Britannique.

En 2016, les langues officielles (le français et l'anglais) sont parlées, l'une ou l'autre, par 98 % de la population même si 63,7 % de la population canadienne parle uniquement l'anglais à la maison alors que 20 % parle seulement le français. Les autres langues parlées représentent 1,9 % de la population. Dans les provinces de l'Ouest, le français est la langue maternelle de moins de 3 % de la population, 4,6 % au Yukon.

En comparaison avec l’est du Canada, où la francophonie est importante, l’Ouest canadien est quant à lui majoritairement anglophone avec seulement 23 % de francophones. Les provinces de l’Ouest canadien sont anglophones même si de nombreuses infrastructures parlent également le français. Le gouvernement fédéral se proclame bilingue depuis 1969, ainsi Park Canada, les aéroports et les panneaux de signalisation sont dans les deux langues.

Une minorité asiatique importante

La plus grande minorité est la population chinoise (27 %) avec 600 000 immigrés installés à Vancouver, dont 100 000 millionnaires arrivés durant ces deux dernières décennies ! La conséquence principale est bien entendu le boom immobilier avec une hausse massive des prix ainsi que des tours en construction dans chaque recoin de la ville. Deux tiers des acheteurs dans certaines banlieues sont chinois. Les maisons, qui valent plusieurs millions de dollars sont vendues en moins de dix jours. Alors que les premiers Chinois arrivés il y a 160 ans étaient des travailleurs vivant dans la pauvreté, les nouveaux migrants sont de moins en moins intéressés par leurs racines et fuient même le quartier de Chinatown qui est en train de mourir. D’importants groupes venus de Chine sont également installés dans les communes de Burnaby et Richmond.

La deuxième minorité visible de Vancouver est la population sud-asiatique (Indiens, Punjabis et Pakistanais) avec 540 000 immigrés. Le quartier de Main Street abrite une communauté originaire de ces régions assez importante, dans lequel vous trouverez tous les signes de cette culture florissante.

A Vancouver, l'inflation des prix du marché immobilier est un réel problème et ce en raison de l’arrivée massive de Chinois millionnaires, prêts à mettre le prix fort pour l’achat d’une maison. Cela entraîne des conséquences inconfortables pour les jeunes Vancouvérois, même pour ceux ayant une excellente situation (un couple de médecins par exemple) ne pouvant plus se permettre d’acheter un bien et devant choisir de vivre en périphérie ou bien de louer. Qui plus est, nombreuses sont ces structures qui servent également de Airbnb et sont souvent inhabitées en basse saison. De ce fait, la Banque du Canada et le gouvernement libéral s’attellent à mettre en place des mesures assez radicales comme une taxe élevée pour les propriétaires qui ne loueraient pas leurs biens, afin d'éviter cette bulle immobilière. On dit de Vancouver qu’elle est devenue la capitale asiatique, le chinois est la troisième langue la plus parlée après l’anglais et le français au Canada.

La population autochtone

Selon les données du dernier recensement de 2016, 1,4 million de personnes s’identifient comme des Autochtones au Canada, soit 2 % de la population, un pourcentage relativement faible par rapport aux autres communautés. Trois grands groupes d’Autochtones sont officialisés depuis la loi constitutionnelle de 1982 : les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Leur mode de vie était principalement basé sur la chasse, la pêche, l’exploitation du bois pour la construction d’objets et de moyens de transport. Cependant, ce cliché de l'Autochtone vivant dans un igloo et de sa chasse est à présent mis à mal par le monde moderne, qui y a apporté des « Algecos », des motoneiges et malheureusement aussi l'alcool. Les Territoires du Nord-Ouest comptent 11 langues officielles, dont le français et l'anglais. 55 % de la population autochtone vit dans l’Ouest canadien. Le 21 juin est célébrée la journée nationale des peuples autochtones. Dans les Prairies et sur la côte Ouest, la colonisation fut plus tardive qu’à l’est, mais aussi plus rapide : dans les années 1870, les Amérindiens furent contraints de céder leurs territoires par des traités leur accordant des réserves en compensation. Les jeunes connaissent un fort problème d'identité, reniant de plus en plus à la fois la religion chrétienne apportée par les Blancs et le mode de vie traditionnel plus ou moins conservé par leurs parents. La Colombie-Britannique abrite 198 Premières Nations, soit environ le tiers de toutes les Premières Nations du Canada. Les plus connues d'entre elles sont les Haida, les Tlingit, les Tsimshian, les Nuu-chah-nulth (ou Nootka) et les Salish. Les Salish de la côte (Coast Salish) sont le groupe autochtone de la région de Vancouver, autour de la mer des Salish (qui englobe le Puget Sound et les détroits de Géorgie et de Juan de Fuca). Ils partageaient l'île de Vancouver avec les Nootka, les Kwakwaka'wakw (ou Kwakiutl) et les Ditidaht.

Concernant les langues autochtones, la Colombie-Britannique regroupe le plus de cultures autochtones différentes que n'importe quelle autre région du Canada. Sept des onze familles linguistiques parlées sont circonscrites à la province. Comme l'écriture n'existait pas, on retrouve peu de traces des anciennes langues.

Très présente et de plus en plus protégée, la culture autochtone vit à travers les noms poétiques de nombreux sites et parcs nationaux. Elle reste également présente grâce à des légendes que ses héritiers ont transmises aux nouvelles générations. La culture amérindienne et l’art natif font partie intégrante de l’histoire du pays, histoire au passé lourd que le gouvernement s'efforce aujourd'hui de considérer et revaloriser. Des totems aux lithographies, l’art des natifs est incontournable. Les dialectes, cependant, n’ont pas de traces écrites : les générations des « premières nations » se transmettaient oralement leurs savoirs et leur respect de la nature. Les plus jeunes générations s’emploient à enregistrer et à décrire les traditions de leurs ancêtres. Le sujet est encore très délicat mais le gouvernement canadien ouvre doucement le dialogue afin d'améliorer l’harmonie, les échanges et les accords avec les peuples autochtones. En 2015, le Canada, par la voix de son Premier ministre Justin Trudeau, demande officiellement pardon aux Autochtones sur le sujet des pensionnats d'assimilation dans lesquels plus de 150 000 enfants amérindiens auraient été victimes de maltraitance tout au long de la première moitié du XXe siècle.

Une division des peuples, sujet à polémiques

Un clivage perdure entre les Amérindiens et les Blancs, accentué par une méconnaissance réciproque. Les Amérindiens ne paient ni taxes ni impôts, mais bénéficient des mêmes avantages sociaux que les Blancs, et même d'autres avantages particuliers. Ils n'ont à respecter aucun règlement fédéral ou provincial concernant la chasse et la pêche, et fixent eux-mêmes leurs propres limites quant à la quantité des prises. Ces droits qui leur sont reconnus permettent la préservation d'un mode de vie qui n'est plus précisément traditionnel. Cependant l'utilisation que font actuellement les indiens de la nature conserve un certain équilibre dans la gestion des ressources naturelles, et ne vise qu'à assurer leur subsistance. Mais, même si les Amérindiens ne sont pas responsables de la baisse des effectifs de certaines espèces animales, une politique de protection de la faune peut-elle être efficace sans leur participation ?

L'impact des Amérindiens sur l'environnement n'est rien comparé à la destruction que lui infligent les Blancs au nom du développement économique du Canada. Il est en fait impossible de préserver la culture amérindienne sans protéger la nature à laquelle elle est inhérente : la construction de très grands barrages pour produire de l'électricité a non seulement causé l'inondation de régions entières mais aussi effacé l'histoire de leurs premiers habitants, histoire inscrite dans chaque sentier de portage et chaque trace de campement. Le Canada actuel tente plus que dans le passé de se préoccuper de ses minorités, mais la collaboration reste difficile. Les problèmes autochtones sont à la fois confiés au gouvernement fédéral et aux gouvernements provinciaux, entre lesquels les pouvoirs ne sont pas toujours bien répartis.

Depuis qu'ils commencent à s'unir, les revendications politiques des Amérindiens du Canada sont de plus en plus écoutées. Leur avenir dépend en grande partie de la manière dont ils vont peu à peu prendre leurs affaires en main : « Si nous nous rendons, nous sommes morts », écrit Harold Cardinal, Amérindien Cree d'Alberta.