Chamanisme

Les peuples arctiques, dont la base économique reposait sur la chasse, la pêche, l’artisanat et le troc, adhéraient à un système de croyances que les ethnologues européens ont regroupé sous le vocable de chamanisme. Caractérisé par le culte de la nature, des ancêtres et des esprits, le chamanisme subsistera en Laponie jusqu’au début du XXe siècle. Le chaman, sage-sorcier, assurait le lien entre le monde des vivants et celui des esprits.
Grâce à sa connaissance et à certaines techniques, qualifiées par le monde occidental de magiques, il jouissait d’une réelle autorité auprès des peuples ouralo-altaïques. Dans cet univers, les gnomes et les lutins jouaient un rôle important tout comme certaines divinités comme le dieu du Tonnerre, Ukko, le dieu des Vents et des Orages, Ilmarinen Ahti, et le dieu des Forêts, Tapio. Väinämöinen, le héros du Kalevala, est inspiré de cette mythologie. Les esprits des morts étaient traités avec respect et vénérés. Le kalmisto (cimetière) était un lieu d’offrandes. Les arbres et les rochers à la forme singulière ou encore les animaux comme l’ours faisaient l’objet de cultes locaux. Le chamanisme a été progressivement éradiqué lors de l’arrivée du protestantisme et semble aujourd’hui très peu pratiqué et suivi.

Luthéranisme

La conversion de la Finlande au catholicisme, elle appartient alors au royaume de Suède, sera suivie trois siècles plus tard d’une conversion au luthéranisme. Au milieu du XVIe siècle, le roi Vasa Ier décide en effet d’adopter les principes édictés par Luther en Allemagne. La Réforme s’impose dans l’ensemble du royaume de Suède, Finlande comprise. On met alors l’accent sur le catéchisme et l’alphabétisation. L’intransigeance des courants théologiques protestants est néanmoins à l’origine de la destruction de la plupart des superbes peintures murales dans les vieilles églises catholiques. L’Église évangélique luthérienne de Finlande, dont le chef est le président de la République, est divisée en huit diocèses, et l’évêque de Turku a le titre d’archevêque. Les évêques sont nommés par le Président de la République. Au cours du XXe siècle, on a assisté au développement du protestantisme anglo-saxon : baptistes, méthodistes, adventistes et surtout pentecôtistes (2 % de la population). Les camps d’été pour les jeunes de 15 ans (l’équivalent de la deuxième communion en France) sont très populaires : quasiment 95 % d’une classe d’âge y participent. Même si tous, loin de là, ne sont pas pratiquants.

Orthodoxie

Lors de la domination russe (1809-1917), les églises orthodoxes se multiplient. Aujourd’hui, l’Église orthodoxe grecque conserve une certaine influence dans les provinces de l’est et en Carélie. De petites chapelles, les tsasouna, sont encore accessibles dans les communes et villages de l’est, où affluèrent un grand nombre de réfugiés caréliens après l’annexion par l’URSS d’une partie de la Carélie entre 1940 et 1945. Voir notamment les superbes collections d’icônes anciennes à Kuopio. Si la liberté du culte est reconnue par la République finlandaise en 1923, l’État et l’Église ne sont en revanche pas disjoints.

Les traditions sâmes

Les Sâmes ont traditionnellement toujours été un peuple nomade vivant de la chasse, la pêche ou la cueillette sur un territoire partagé par plusieurs familles appelé siida. Les Sâmes utilisaient jadis les rennes comme bêtes de somme, notamment pour tirer leurs traîneaux. Le lait et la viande constituaient un apport alimentaire des plus appréciés tandis que les peaux servaient à la confection de vêtements et à la protection des habitations de fortune. La kota était une sorte de tipi couvert de peaux de renne et d’autres tentes plus petites étaient utilisées pendant les migrations. Ce phénomène a bien entendu pris fin avec l’apparition des motoneiges et le début de la sédentarisation. Au rayon vêtements, leur goût pour la couleur se traduit par la confection de vêtements aux teintes souvent très vives mêlant le bleu, le rouge et le jaune. La fourrure de renne est encore utilisée pour les manteaux, les jambières et les moufles.
Sous ces latitudes boréales où l’homme livre un combat incessant contre les éléments, la nature est devenue capitale chez les anciens vénérant le Vent, la Terre (la mère) et le Soleil (le père) avec la présence de lieux sacrés dits seita. Il n’est pas étonnant que le chamanisme y ait trouvé un terrain favorable. Servant d’intermédiaire entre le monde des esprits et le monde des vivants, le noaïdi (ou chaman) pouvait, en entrant en extase, interpréter les secrets de l’au-delà pour les transmettre à son peuple. Il s’aidait en cela de son kunnus (tambour magique) ou du joik (chant lancinant ancestral). Le tambour magique, de forme ovale, est divisé en trois parties représentant les esprits du Ciel, de la Terre et l’homme lui-même. Chacune de ces parties est ornée de dessins symboliques que le sorcier sait interpréter. Ces motifs sont peints avec de la salive rougie par de l’écorce d’aulne. Le sorcier place sur la peau du tambour la baguette divinatoire (arpa), puis il chante en battant le kunnus et, le plus souvent, entre en transe. Jadis, la renommée des chamans sâmes était répandue dans toute la Scandinavie. On les mentionne déjà dans les sagas islandaises. Dans le récit de son voyage en Laponie, l’auteur de théâtre du XVIIe siècle, Jean-François Regnard (l’un des premiers Français qui s’aventura « en touriste » vers le Grand Nord), affirme avoir été le témoin de manifestations assez étonnantes. Le tsar de Russie, Ivan le Terrible, s’est lui-même rendu en Laponie à seule fin de consulter un sorcier « du bout du monde ». Les astrologues de sa cour se montraient incapables d’interpréter comme il l’entendait le passage, dans le ciel de Saint-Pétersbourg, d’une comète à longue queue. Lors de l’évangélisation forcée des Sâmes, les missionnaires luthériens brûlèrent les tambours magiques (il ne reste aujourd’hui que 71 kunnus). Les cultes animistes feront place aux grandes fêtes chrétiennes comme celle de Pâques. Le musée Siida à Inari consacré à la culture sâme est un arrêt obligatoire et passionnant pour tous les curieux désireux d’en apprendre plus.