La musique traditionnelle

Ne cherchez pas, rien n’est plus symbolique de la musique mongole que le chant de gorge appelé khöömei ou khoomi (signifiant littéralement « chant de gorge »). Ce chant diphonique basé sur un « bourdon » (ou « drone ») est produit par le larynx et consiste en deux sons simultanés, l’un grave, sorte d’accompagnement de basse, l’autre très aigu, comme un sifflet un peu nasillard. Autrefois outil essentiel des cérémonies chamaniques, cette véritable performance vocale est aujourd’hui encore très courante durant les célébrations de tous types. Elle s’accompagne désormais d’instruments comme le khomus (une guimbarde) et le morin khuur (la vièle à tête de cheval emblématique de la musique mongole). Le style est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco depuis 2009 et jouit de quelques stars : Khusugtun, qui s’est produit partout dans le monde, Dandarvaanchig Enkhjargal, lui aussi très connu des amateurs de musiques du monde ou encore Egschiglen, qui joue la musique traditionnelle mongole dans un format de musique de chambre.

Si le khöömei a longtemps été un pré-carré masculin, les interprètes féminines sont de plus en plus visibles et des groupes comme Tyva Kyzy, exclusivement composés de femmes, accèdent à la notoriété.

On retrouve aussi l’association de chants diphoniques au morin khuur dans la musique du peuple bouriate (ethnie mongole très importante en Sibérie) avec généralement l’ajout de chanza, un instrument à cordes pincées. Namgar, véritable ambassadrice de cette tradition, ainsi qu’Aleksander Arkhintcheev sont sans aucun doute les artistes phares à écouter pour goûter à toute la beauté de la musique bouriate.

Les Touvains, ethnie turque de Sibérie (dans la région du Touva), présente également en Mongolie, est un autre grand peuple du khöömei. On croise chez ce dernier quelques maîtres de la discipline comme Kongar-ool Ondar et Huun-Huur-Tu, deux références absolues à écouter sans faute, ainsi que l'Ensemble Alas, très influencé par les deux premiers. C’est également chez les Touvains que l’on trouve des artistes expérimentant des formes plus contemporaines ou moins conventionnelles : la chanteuse Sainkho Namtchylak, qui mélange classique, jazz et khöömei ou le groupe Yat-Kha qui pratique le khöömei sauce punk, rock ou metal.

Les chants longs ou urtiin duu sont l’une des formes les plus anciennes et les plus importantes de chant mongol. Essentiellement vocaux – bien qu’ils puissent parfois être accompagnés d’instruments –, ces chants se distinguent par les modulations vocales de syllabes que son auteur doit tenir le plus longtemps possible (d’où le nom). Dans ces chants abondent les ornementations et leur composition est libre. Dans sa phase ascendante, la mélodie est posée et mesurée tandis que durant la phase descendante, elle est plus saccadée et entraînante. Toujours adorée dans la société mongole, cette forme d’expression demeure associée aux célébrations et fêtes importantes : mariages, naissances, etc. Bukhchuluun Ganburged, aussi connu en tant que Bukhu, est considéré comme un virtuose du chant long (tout comme du khöömei et du morin khuur d’ailleurs). L’iconique chanteuse Namjilyn Norovbanzad fut, elle aussi, une vraie reine de l’urtiin duu.

À l’inverse des chants longs, on trouve… les chants courts (ou bogino duu) ! Ici le rythme est en revanche plutôt enlevé et les airs accompagnés d’instruments. Puis, dans un autre registre, on pratique également en Mongolie des chants épiques appelés tuul. Réservés aux hommes, contrairement aux chants courts ou longs, ils sont écrits en vers et se chantent au son du moriin khuur. On peut distinguer deux catégories de chants épiques : les domog, inspirés de légendes ou de récits historiques, et les magtaal qui chantent le plus souvent l’éloge de la nature.

Les occasions ou lieux pour approcher de près la tradition musicale mongole ne manquent pas. Des célébrations telles que Navrus, la fête du printemps, par exemple, en sont pétries. Autrement, l’adresse incontournable est le théâtre Tumen Ekh, proposant quasi quotidiennement un large panorama des arts traditionnels de la scène mongole. Danses avec masques, contorsionnistes, orchestre composé exclusivement d’instruments traditionnels et chanteurs de khöömei se succèdent, pour le plus grand bonheur d’un public très majoritairement composé d’étrangers. Sinon, il est bon de noter que le restaurant Silk Road Bazaar propose des concerts de temps à autre dans la salle du rez-de-chaussée.

La musique classique

Comme dans à peu près tous les pays de l’ex-Union soviétique, la Mongolie a cultivé une scène musicale savante et riche durant la deuxième moitié du XXe siècle. Ainsi, de nombreux compositeurs ont pu ainsi être reconnus à l’échelle nationale (tant qu’ils restaient fidèles à la doxa du réalisme soviétique) et quelques symphonies et ballets mongols ont pu voir le jour.

Les trois piliers de la composition sont Gonchigsumlaa, Choidog et Mördorj, trio très influencé par les œuvres de Tchaïkovski et Mahler. Le premier, Sembiin Gonchigsumlaa (1915-1991) était largement considéré comme l'un des plus grands contributeurs à la musique nationale moderne, notamment en étant le premier à avoir composé un ballet mongol. Le deuxième, Eregzengiin Choidog (1926-1988) demeure incontournable grâce à son ouverture Friendship. Cette dernière fut composée en 1962 pour l'Orchestre symphonique de la radio et de la télévision de l'URSS, et son ballet The Tale of Lady Choijid est considéré comme l'un des piliers du théâtre lyrique mongol. Enfin, le troisième, Luvsanjambyn Mördorj (1919-1996), est surtout connu en tant que compositeur de l'hymne national de la Mongolie. À la même époque, Bilegiin Damdinsüren (1919-1992) s’est également inscrit dans l’histoire nationale en composant des opéras qui incorporaient des mélodies folkloriques traditionnelles. Dans sa droite lignée, le très prolifique Byambasuren Sharav (1952-2019) a composé quelques concertos pour instruments folkloriques mongols, ainsi que trois symphonies et quatre ballets. 

Le pays possède un Orchestre symphonique national, créé le 5 juin 1957 – ce qui en fait l'un des plus vieux d’Asie – que l’on peut voir au State Academic Theatre of Opera and Ballet. Construit en 1932, l’endroit demeure l’un des hauts lieux culturels de la capitale mongole, opéras et ballets s’y succèdent chaque week-end tout au long de l’année, ainsi qu’en semaine durant l’été.

Les musiques actuelles

C’est un fait peu connu hors du pays, mais la jeune création d’Oulan-Bator est absolument florissante. Cela dit, bien que le pays regorge de nombreux jeunes artistes, peu d’entre eux ont l’occasion de s’exporter et restent cantonnés à une audience locale.

Petite spécificité qui donne à cette scène une saveur unique, la plupart des jeunes artistes sont très attachés à leurs racines et incluent des airs ou des instruments traditionnel mongols. C’est le cas d’Enji dans le jazz (jeune artiste à surveiller de près), Lumino dans le hip hop, Altan Urag ou Soyol Erdene, deux groupes vétérans de rock, pétris d’influences mongoles. Foncez écouter The HU ou Nine Treasures, du metal joué au morin khuur et conviant la poésie mongole dans les paroles.

Point culminant de cette ébullition musicale, le Playtime Rock festival, se déroulant en général en juillet, est devenu le grand rendez-vous annuel de la jeunesse mongole.

Pour le jazz, une bonne adresse dans la capitale est le Face Disco Club, club huppé proposant des concerts le week-end et, en général, une musique plutôt occidentale.

La danse

La danse bielgee. La danse bielgee est une tradition particulièrement vivace dans l’ouest du pays. Souvent accompagnée de mélodies jouées au moriin khuur ou au yootchin. C’est une danse dans laquelle les pieds restent immobiles et où seul le haut du corps est en mouvement. La danse s’apparente à une pantomime, puisqu’elle représente des scènes de la vie quotidienne. Les thèmes sont donc souvent imposés, mais la danseuse improvise ses mouvements. De légères variations de cette danse sont repérables selon les groupes ethniques : certains dansent accroupis, d’autres debout…

Les danses religieuses. Les danses religieuses sont probablement les plus connues, grâce notamment aux danses tsam, récemment réhabilitées dans le pays. Il s’agit de rites religieux qui mettent en scène les enseignements bouddhistes dans un mélange de théâtre et de danse. Les danses tsam sont particulièrement impressionnantes, grâce à la richesse de leurs costumes. Certaines représentations nécessitaient jusqu’à 108 personnages et costumes différents.

Contorsionnistes. La Mongolie est également le pays des contorsionnistes. Cette discipline traditionnelle donne toujours lieu à de fréquentes représentations, en Mongolie mais aussi beaucoup à l’étranger. Cette technique est reconnue par l’Unesco comme patrimoine culturel.