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Production

Le cachemire est fourni par les chèvres élevées sur les hauts plateaux de la Mongolie occidentale et du sud-ouest. Pour survivre au climat particulièrement rigoureux de cette région, où les températures peuvent atteindre les -40 °C, les chèvres développent sous leurs poils grossiers une couche de fibres fines et soyeuses qui les protège du froid. Ces longs fils doux et chauds forment une barrière naturelle destinée à préserver leur chaleur corporelle et à les isoler de la morsure du vent. C'est à partir de ce duvet qu'est fabriqué le cachemire.
La chèvre à cachemire ne constitue pas une race spécifique. Ce sont les conditions climatiques extrêmes de la région, balayée par les vents et soumise à des changements brutaux de températures, qui permettent aux animaux de développer ce fin pelage sous leurs poils extérieurs.

Peignage. Quand revient le printemps, entre avril et mai, les chèvres muent naturellement : les éleveurs n'ont plus qu'à les peigner à la main pour récolter l'or des steppes. Pour autant, cette étape est loin d'être facile. Réalisée artisanalement, elle permet de préserver la qualité du cachemire, au contraire de la récolte mécanique qui, bien que plus rapide, produit une laine plus épaisse et drue. Le processus est long et fastidieux ; il peut prendre jusqu'à une heure par chèvre et demande des efforts physiques de la part des éleveurs, car il sollicite leur force, leurs bras et leur dos.

Le moment du peignage doit être choisi avec soin : effectué trop tôt, celui-ci pourrait mettre en souffrance – voire tuer – les chèvres si le froid revient. Débuté trop tard, c'est la qualité du cachemire qui pourrait s'en trouver altérée par l'augmentation des poils plus épais. Peigner durant les tempêtes de sable, fréquentes au printemps, est tâche impossible : la poussière comme les gravillons viennent se coller dans le pelage et encrasser le duvet, qui doit rester le plus pur possible.
Les caprins sont brossés avec des peignes en fer. Il en existe trois tailles différentes, selon les zones à peigner et la quantité à récolter. Les animaux les plus jeunes sont toujours les derniers à être peignés, étant moins résistants aux variations climatiques que les adultes.

Transformation. Après le peignage, les éleveurs s'assurent eux-mêmes de ne récupérer que les brins les plus fins : ils opèrent un tri à la main, appelé « éjarrage ». Une fois récoltée, la matière première passe par plusieurs étapes de transformation. Elle est soigneusement conservée et lavée afin d'éliminer les impuretés et la graisse présente naturellement dans les fibres. Vient ensuite le séchage, puis le cardage, qui a pour but de démêler et paralléliser les poils. Une fois filées, les fibres sont revendues pour être tissées ou tricotées et, enfin, transformées en vêtements. Bonnets, gants, écharpes, pulls..., on peut utiliser le cachemire pour confectionner de nombreuses pièces.

Caractéristiques

Pour pouvoir être qualifiée de cachemire, la laine doit être produite à partir de poils de chèvre dont le diamètre est inférieur à 19,5 microns. C'est une épaisseur six fois plus fine que le poil humain ! En Mongolie, les conditions climatiques très rudes dotent les chèvres d'un duvet extrêmement fin, atteignant en moyenne les 14,5 microns. C'est l'une des laines cachemire les plus fines au monde, et c'est cette caractéristique qui a contribué à sa grande renommée.
Si cette matière est prisée, c'est parce qu'elle est aussi particulièrement douce, chaude et légère. Les vêtements en cachemire sont réputés pour leur durabilité : on peut les garder des années si l'on en prend soin. Le textile est par ailleurs connu pour sa grande résistance, sa solidité et ses propriétés isolantes. Très élastique, il résiste à la traction et offre une excellente protection contre le froid et l'humidité.
Ni teintées ni blanchies, les fibres de cachemire n'ont que peu de couleurs : on retrouve le blanc ainsi que des tonalités de brun et de gris, qui sont les couleurs des pelages des chèvres mongoles. Le cachemire blanc est prédominant : il représente environ 60 % de la production totale de cachemire.

Un prix élevé

Le prix élevé du cachemire s'explique par plusieurs facteurs : sa rareté et les savoir-faire sophistiqués associés à sa collecte et à son tissage.

Rareté. On ne peut prélever qu'environ 150 grammes de matière exploitable sur chaque chèvre, une fois par an. Il faut donc quatre à cinq chèvres pour confectionner un pull.

La production mondiale de cachemire représente 0,5 % de celle de la laine. Pour approximativement 1,3 million de tonnes de laine produite à l'échelle mondiale chaque année, on compte seulement 15 000 tonnes de cachemire brut, produit par environ 30 millions de chèvres. Ce chiffre descend à 6 000 tonnes de cachemire pur, une fois qu'il a été lavé et dégraissé. Par comparaison avec la laine, le volume de cachemire produit est faible : son approvisionnement est très limité.
Plus d'un tiers du cachemire produit mondialement provient de Mongolie ; la Chine, quant à elle, assure la quasi-totalité de la production mondiale avec environ 10 000 tonnes par an.

Savoir-faire. Produire et récolter le cachemire est le fruit de savoirs traditionnels, qui se transmettent de génération en génération. Les savoir-faire détenus par les éleveurs nomades de Mongolie comprennent les bonnes pratiques d'élevage, les connaissances de l'environnement et du climat – essentiels pour que les chèvres fournissent le doux duvet de cachemire –, tout comme la localisation des zones de pâturage et de fourrage.

Il faut qu'il y ait suffisamment de vent pour que les troupeaux produisent la laine cachemire qui va venir les protéger du froid mordant. Les éleveurs doivent donc savoir à quels endroits ils rencontreront les conditions climatiques idéales pour y emmener leur cheptel. La qualité du cachemire dépend de la rudesse du climat. Ainsi, après un hiver particulièrement rigoureux, les nomades savent que les animaux vont être pourvus d'un duvet de grande qualité. Au contraire, après un hiver doux, les poils ont tendance à être plus grossiers.

Histoire

C'est dans les années 1970 que la Mongolie prend conscience du potentiel de la laine cachemire. Pour développer l'économie nationale et créer des emplois, le gouvernement met sur pied, en 1977, une entreprise chargée de commercialiser le cachemire mongol, GOBI. Il est aidé dans cette tâche par le gouvernement du Japon, qui lui apporte son aide technique et des subventions pour lui permettre d'installer la première manufacture mongole dès 1981. L'entreprise concentre ses efforts principalement sur l'exportation, mais fabrique également des produits à partir de la matière première. Elle devient rapidement l'un des plus grands exportateurs du monde de cachemire.
La laine cachemire de Mongolie étant d'une qualité rare, la demande augmente jusqu'à ce que sa production devienne l'une des principales sources de revenus des éleveurs nomades, qui représentent environ un tiers de la population mongole. Le moyen de subsistance de ces derniers provient essentiellement de la laine brute : près de 80 % du cachemire mongol est exporté et seuls 20 % sont transformés sur place.

Baisse des prix

Face à l'explosion de la demande de cachemire, provenant à la fois de la Mongolie et de l'étranger, un marché noir se développe au début des années 1990. Cette activité illégale représente 20 à 50 % de toutes les exportations mongoles de cachemire. Elle met en péril la réputation du cachemire mongol, ce cachemire de contrebande étant mélangé à d'autres laines et donc de qualité inférieure.
En parallèle, la sortie de la Mongolie du bloc soviétique et son ouverture à l'économie de marché en 1992 entraînent une baisse importante des salaires des éleveurs nomades. Face à la pauvreté et à la concurrence étrangère, ces derniers font porter les efforts sur le nombre de chèvres et multiplient les animaux pour répondre à la demande et augmenter leur offre. En mélangeant les races et en croisant les chèvres à cachemire avec d'autres espèces, ils ont également fait diminuer la qualité du cachemire produit.
De 1990 à 1999, le nombre de chèvres du pays est passé de 6 à 11 millions. Aujourd'hui, il a atteint les 27 millions, pour une population qui dépasse tout juste les 3 millions d'habitants.

Conséquences sur l'environnement

La multiplication démesurée du nombre de chèvres élevées pour le cachemire n'est pas restée sans conséquences. Dès 2002, le constat est sévère : 70 % des steppes mongoles sont considérées comme dégradées. En cause, l'appauvrissement et la désertification des sols dû au surpâturage. Les chèvres broutent en effet la végétation jusqu'à la racine, empêchant cette dernière de repousser. Elles arrachent l'herbe des steppes, qu'elles endommagent. Elles sont particulièrement agressives pour les sols et contribuent activement à l'envahissement par le sable des terres où le couvert végétal a diminué.
Cette exploitation excessive de bétail a mis en péril l'écosystème des prairies mongoles. Le déclin de la biodiversité est mesurable et les terres, dans les régions les plus peuplées, ne peuvent plus se régénérer.

Solutions

Filières économiques. Pour répondre à l'urgence environnementale, des solutions sont déployées par le gouvernement et de nombreuses associations pour protéger la steppe. Ainsi, l'État mongol travaille à mettre en place des filières économiques permettant de valoriser les produits issus de l'élevage. L'objectif est d'augmenter le prix de vente de la laine, afin de permettre aux éleveurs nomades de réduire les effectifs de leurs cheptels dans le respect de la capacité des écosystèmes.

Cachemire durable. Dans la même veine, des organismes ont créé des filières de production de cachemire durable. Celui-ci est issu de pâturages préservés et gérés respectueusement pour sauvegarder l'environnement tout comme les cultures nomades. Ces initiatives, qui se multiplient à mesure que les consciences s'éveillent, sont les bienvenues pour permettre à l'artisanat lié au cachemire de perdurer sans endommager les paysages de Mongolie.

Laines de yak et chameau. Ces dernières années ont vu apparaître sur les marchés mongols des alternatives au cachemire. Les laines de yak et de chameau, presque aussi fines et tout aussi douces, sont récoltées sur les petits de la même façon que le cachemire. Les bébés yaks de deux à trois ans et les chameaux d'un an sont peignés à la main par les éleveurs qui récupèrent ainsi le duvet des animaux. Une fois nettoyées et cardées, les fibres sont tissées et permettent de confectionner des vêtements extrêmement doux et chauds. Aussi luxueux, ces produits sont plus écologiques et respectueux de l'environnement que le cachemire. En effet, les yaks et les chameaux, au contraire des chèvres, n'endommagent pas les sols en broutant la végétation.

Les produits mongols en cachemire

Si la soie a beaucoup servi dans la confection des tenues traditionnelles mongoles, aujourd'hui le cachemire est une matière de plus en plus favorisée dans les costumes folkloriques. Les entreprises nationales de Mongolie produisent de nombreux vêtements d'hiver, que l'on retrouve aussi bien dans des boutiques spécialisées que sur les étalages des marchés du pays. Que ce soient des pulls, des écharpes, des bonnets, des gilets ou même des robes, leur excellente isolation thermique et leur douceur en font des produits de luxe. Pour sélectionner une laine qui soit à la fois de qualité et respectueuse des steppes et des traditions mongoles, il faudra privilégier le cachemire labellisé durable et responsable.

Les magasins d'usine GOBI et GOYO sont particulièrement réputés dans la capitale pour le vaste choix de vêtements en cachemire qu'ils proposent, la qualité de la laine et leurs prix abordables. Avec plus de 2 000 employés, GOBI reste l'un des dix premiers employeurs de Mongolie et s'engage depuis quelques années sur la voie de l'écologie et du développement durable. Vous n'aurez aucun mal à trouver votre bonheur dans l'une des six boutiques réparties à travers Oulan-Bator !