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Les Khalkhas

Environ 90 % des citoyens de la Mongolie sont des Mongols issus de différentes tribus. Parmi celles-ci, la plus importante est celle des Khalkhas, qui représente à peu près 80 % de la population.
Apparus en Mongolie au XVe siècle, sous le règne de Dayan Khan, les Khalkhas sont des Mongols orientaux. Leur nom viendrait de la rivière Khalkha qui coule à l'est du pays. Rassemblés sous l'égide de Chinggis Khan, ils sont gouvernés par les descendants de ce dernier, les Gengiskhanides, jusqu'au XXe siècle.
Ils parlent la langue officielle du pays, le mongol khalkha, qui compte plus de 6 millions de locuteurs dans le monde. De la famille des langues altaïques, qui regroupe les langues mongoles, turques et toungouses, le khalkha est utilisé par l'administration et l'enseignement. Certaines ethnies descendant des Oïrats, les Mongols occidentaux, parlent des dialectes mongols différents qui sont des variantes de l'Oïrate. Néanmoins, ces dialectes sont suffisamment proches pour être compris par tous et ne remettent pas en question une identité commune profonde. Les Mongols de l'Ouest partagent une histoire quelque peu conflictuelle avec les Mongols de l'Est, mais ils ont été parfois réunis sous l'autorité d'un même chef.

Les autres ethnies du pays

Le reste de la population est constitué d'autres ethnies, majoritairement d'origine mongole ou turque et représentant environ 20 % des habitants de la Mongolie. Elles sont réparties dans tout le pays. À l'est, on retrouve les Dariganga. Les Bouriates vivent principalement au nord tandis que les Kazakhs et les Oïrats habitent l'extrême-ouest de la Mongolie.

Les Kazakhs. S'ils ne représentent que 6 % de la population, ils peuplent à 90 % la province de Bayan-Ölgii, dans la région de l'Altaï. Cet aïmag a par ailleurs un statut particulier : c'est une province semi-autonome kazakhe depuis 1939. On y parle le kazakh, une langue d'origine turque, tandis que le mongol n'y est enseigné qu'en deuxième langue. Venus du Kazakhstan – qui ne se trouve qu'à une quarantaine de kilomètres –, les Kazakhs forment le principal groupe non mongol établi en Mongolie. Ils sont majoritairement musulmans et pratiquent l'islam sunnite. On trouve ainsi plusieurs mosquées dans les provinces de l'ouest. Parmi leurs traditions les plus spectaculaires, on peut citer la chasse à l'aigle royal, pratiquée surtout en hiver et célébrée chaque année durant le festival de l'aigle d'or.

D'autres ethnies turques peuplent également les provinces de l'ouest, comme les Touva, présents dans l'aïmag de Khovd, et les Khotons, qui parlent un dialecte de l'Oïrate, dans celui d'Uvs.

Les Oïrats. Les descendants des Mongols occidentaux forment une mosaïque ethnique complexe à l'ouest du pays. Parmi eux, on retrouve différentes peuplades, comme celles des Durvud, des Bayad, des Zaakhtchin, des Oolds, des Myangad et des Torguud.

Les Bouriates. Environ 40 000 Bouriates vivent dans le nord de la Mongolie, principalement dans les provinces de Khövsgöl, Bulgan et Selenge. Une majorité est aussi installée de l'autre côté de la frontière russe, à l'est du lac Baïkal, autour de la ville d'Oulan-Oude. Autrefois nomades, ils sont aujourd'hui semi-sédentaires, voire complètement sédentarisés. Ils parlent le bouriate, une langue mongole subdivisée en de nombreux dialectes, et pratiquent le chamanisme.

Les Dariganga. Sous-groupe des Khalkhas, ils ne représentent que 1,4 % de la population et vivent à l'est, dans la province de Sükhbaatar, dont l'un des districts porte leur nom.

Les Tsaatan. Ces éleveurs de rennes sont implantés dans la région du lac Khövsgöl, au nord de la Mongolie. Pendant la période soviétique, ils ont subi une sédentarisation forcée, mais une partie d'entre eux a repris son ancien mode de vie nomade dès les années 1990. Aujourd'hui, on dénombre environ 80 familles, dont la moitié vit dans la taïga.

Langues et alphabets

Paradoxalement, les Mongols sont plus nombreux à vivre à l'extérieur des frontières nationales. Ils sont ainsi 5,8 millions en Chine, présents surtout dans la région autonome de Mongolie-Intérieure. Environ un million sont installés en Russie, entre les provinces de Bouriatie – où ils représentent 25 % de la population – et de Kalmoukie. Le russe est par ailleurs la deuxième langue parlée en Mongolie, et les Mongols utilisent eux-mêmes l'alphabet cyrillique depuis 1946 pour transcrire leur langue. Imposé par les soviétiques, le cyrillique a gardé son statut d'alphabet officiel mais l'alphabet traditionnel est de nouveau utilisé depuis les années 1990 et l'effondrement de l'URSS.

Alphabet traditionnel. Lorsque Chinggis Khan unifie les Mongols au XIIIe siècle, il leur impose une langue commune et un système d'écriture, le mongol bitchig ou tsagaan tolgoi. Dérivé de l'alphabet ouïghour, il s'agit d'un des seuls alphabets au monde à s'écrire verticalement et de gauche à droite. Les lettres changent de forme selon leur position dans le mot, ce qui rend cette écriture complexe. Au début des années 1990, seule une minorité est encore capable de le déchiffrer. Depuis 1995, une loi impose son enseignement dans les écoles primaires.

Alphabet cyrillique. En usage officiellement à partir de 1941, l'alphabet cyrillique a supplanté l'utilisation de l'écriture traditionnelle en Mongolie. Si des réformes du système d'écriture avaient été envisagées au début du XXe siècle dans le pays, et notamment l'introduction de l'alphabet latin, c'est finalement le cyrillique qui a été imposé par les soviétiques. Il est encore majoritairement utilisé de nos jours, bien que l'écriture traditionnelle connaisse une véritable revitalisation.

Sauvegarde de la langue et de l'écriture traditionnelle

En septembre 2020, le gouvernement chinois a annoncé la mise en place d'une nouvelle politique en Mongolie-Intérieure. Le mongol, qui était utilisé dans certaines écoles de cette région autonome de Chine, sera dorénavant remplacé par le mandarin dans ces établissements. Pour manifester contre cette politique jugée agressive, des mouvements de solidarité ont éclos partout dans le monde, et l'utilisation du hashtag #SaveTheMongolianLanguage s'est répandue sur les réseaux sociaux. La disparition de la langue et de l'alphabet mongols dans cette région représenterait la perte de 60 % des locuteurs mongols dans le monde. Les habitants de Mongolie-Intérieure ont toujours conservé l'utilisation du mongol bitchig alors que le recours à cette écriture s'est raréfié en Mongolie-Extérieure depuis l'introduction du cyrillique. En 2013, l'Unesco a par ailleurs inscrit la calligraphie de cette écriture sur la liste du Patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.
Pour préserver le mongol bitchig, le gouvernement mongol a déclaré qu'il serait promulgué alphabet officiel du pays à partir de 2025. L'écriture traditionnelle sera utilisée dans les documents de l'administration aux côtés de l'alphabet cyrillique, afin de réintroduire plus largement son usage. Le gouvernement cherche aussi à digitaliser cette écriture pour qu'elle puisse être utilisée en ligne.