Temple bouddhiste de KArakorum © worldroadtrip - Shutterstock.com .jpg

Bouddhisme

Apparu en Mongolie au XIIIe siècle, le bouddhisme tibétain ne devient la religion d'État qu'au XVIe siècle. La conversion massive de la population a lieu à partir de 1565, lorsqu'un chef mongol, Altan Khan, cherche à l'imposer pour détrôner la lignée de Chinggis Khan et légitimer sa prise de pouvoir.

Débuts du bouddhisme. En 1578, Altan Khan crée le titre de « Dalaï-Lama » – « Océan de Sagesse », en référence au titre mongol de Dalai-yin qan. Il l'attribue à Sonam Gyatso, chef religieux de l'école bouddhiste tibétaine gelugpa, aussi surnommée « école des bonnets jaunes » à cause de la couleur des coiffes portées par les moines pendant leur service. Se faisant, le khan reconnaît Sonam Gyatso comme le chef religieux de toutes les écoles du bouddhisme tibétain et souhaite que celui-ci soutienne en retour sa politique. C'est la première fois que s'établit un lien direct entre religion bouddhiste et pouvoir politique.

En se convertissant lui-même en grandes pompes, Altan Khan est suivi par une grande partie de la population mongole. Les deux précédents Dalaï-Lamas sont reconnus à titre posthume, la lignée de réincarnation se poursuivant jusqu'à son 14e représentant, Tenzin Gyatso, actuellement exilé en Inde, à Dharamsala. Aujourd'hui, les bouddhistes tibétains de Mongolie le considèrent comme l'un de leurs chefs spirituels.

L'école gelugpa. Fondée au début du XVe siècle par Tsongkhapa, l'école gelugpa dite « des bonnets jaunes » est la plus récente des quatre grandes lignées du bouddhisme tantrique tibétain. Face au relâchement et à la vie dissipée des moines, Tsongkhapa réforme le bouddhisme en soulignant l'importance d'une discipline monastique, symbolisée par l'utilisation du bonnet jaune. Pour atteindre l'Illumination, il prône le célibat et insiste sur la nécessité de compléter de profondes études philosophiques bouddhistes avant d'aborder les pratiques tantriques.

Même si l'école gelugpa a produit la lignée des Dalaï-lamas, c'est le Ganden tripa – « porte-trône » – qui en est le chef spirituel. On considère que le successeur de Tsongkhapa, Gyalstab Je, fut le premier Ganden-tripa.

Période d'athéisme forcé. L'instauration du régime communiste en Mongolie au début des années 1920 met un coup d'arrêt à la longue relation qui s'était établie entre autorités séculières et institutions bouddhiques. La période d'occupation soviétique est marquée par une chute radicale du nombre de moines. Ces derniers représentent plus d'un quart de la population mâle en 1920, soit 110 000 moines répartis dans plus de 700 temples et monastères. Les autorités communistes, qui souhaitent mettre en place leur économie planifiée, se sentent menacées par le nombre aussi important de fidèles et cherchent à affaiblir la position économique des monastères en éradiquant tout bouddhisme institutionnel.

Massacres et purges deviennent alors le lot des lamas mongols, qui sont exécutés, mariés, forcés à un retour à la vie civile ou enrôlés dans l'armée. Les monastères, qui étaient les points de rassemblement de la population et qui avaient, pour la plupart, donné naissance aux grands centres urbains du pays, sont transformés en musées ou détruits. Entre 1937 et 1938, pas moins de 797 temples et monastères sont démolis et brûlés et 17 000 moines sont exécutés ! En l'espace de 15 ans, le clergé perd plus de 92 % de ses effectifs. Après la guerre, une activité monastique est à nouveau autorisée, pour une centaine de moines, dans le monastère de Gandan à Oulan-Bator. Pendant près de 50 ans, ce monastère est le seul du pays à pouvoir accueillir des activités religieuses, sous haute surveillance.

Retour en force. En 1991, l'effondrement de l'URSS permet à la Mongolie de s'ouvrir au monde occidental et marque le début d'un renouveau religieux. En 1992, on compte déjà près d'une centaine de temples rouverts, ce qui atteste de la forte religiosité des Mongols. Aujourd'hui, on dénombre plus de 5 000 moines répartis dans 200 temples et monastères à travers le pays, dont une vingtaine à Oulan-Bator.

Chamanisme

Ce vaste système de croyances existe depuis des milliers d'années en Mongolie. Sans doctrine, ni écritures saintes, il prend certainement sa source dans d'anciens cultes de la nature. Il repose sur les liens entre les hommes et les esprits de la nature et des ancêtres, et s'accompagne de règles très strictes ainsi que de fortes superstitions.
Le chaman est l'intermédiaire entre les hommes et ces esprits. Durant ses transes, il peut communiquer avec ces derniers. Il est consulté pour tous types de problèmes du quotidien. Il n'existe aucun apprentissage ou enseignement pour devenir chaman : on l'est par transmission héréditaire ou parce que l'on dispose de pouvoirs.
L'état de transe est atteint sans substance chimique, au rythme des percussions jouées sur un tambour. Cet objet sacré est central dans le chamanisme et permet au chaman de communiquer avec les esprits.
Réprimé sous l'occupation soviétique, le chamanisme connaît un nouvel essor dans les années 1990 et reste aujourd'hui très présent dans le nord de la Mongolie. Il coexiste avec le bouddhisme, les deux religions exerçant une grande influence l'une sur l'autre. Le chamanisme jaune, largement pratiqué en Mongolie et teinté des rites et traditions bouddhistes, s'oppose ainsi au chamanisme noir, lequel n'a pas subi l'influence du bouddhisme.

Islam

Comme le chamanisme, l'islam compte environ 3 % de pratiquants en Mongolie, ce qui en fait la seconde religion du pays. Elle est attestée depuis au moins 1254 grâce aux écrits du franciscain Guillaume de Rubrouck. Ce dernier, parti voyager vers l'Est, se rend à la cour du grand Khan Möngke à Karakorum et rapporte que les marchands et artisans sarrasins y pratiquent librement leur culte. À l'époque, la capitale de l'Empire mongol abrite deux mosquées.
Aujourd'hui, on compte une trentaine de mosquées en Mongolie. L'islam est surtout pratiqué par les populations kazakhs de l'ouest du pays. Il s'agit d'un islam sunnite, largement concentré dans la région de l'Altaï, entre les aïmags de Bayan-Ölgi et de Khovd.

Christianisme

Le nestorianisme est une des formes les plus influentes du christianisme dans le monde durant la fin de l'Antiquité et le Moyen Âge. On le retrouve en Mongolie à la cour du roi Möngke, comme en témoigne l'œuvre littéraire de Guillaume de Rubrouck.
Après avoir épousé Tuluy, le fils préféré de Chinggis Khan, la princesse Sorgakhtani, de confession nestorienne, élève ses enfants dans la foi chrétienne. Sous le règne de Möngke, son fils aîné, le culte chrétien continue de se développer suivant les rites de l'Église nestorienne.
De nos jours, la diffusion du christianisme et de nouvelles religions au sein de la population trouve son origine dans l'ouverture de la Mongolie au début des années 1990. L'année 1992 marque en effet la sortie du pays du bloc soviétique et s'accompagne d'un certain regain pour les religions locales, mais aussi de l'arrivée de congrégations religieuses dans la capitale. Catholiques, protestants, orthodoxes, évangélistes et même témoins de Jéhovah, adventistes et mormons affluent à Oulan-Bator. Le christianisme, alors associé au monde occidental, croît non seulement par l'intermédiaire de missionnaires, mais aussi d'activités humanitaires.
En novembre 1993, dans le but de préserver les religions traditionnelles et de mettre un frein aux activités de ces prosélytes, les autorités mettent en place une loi imposant le bouddhisme comme religion d'État et interdisant toute activité religieuse organisée de l'extérieur sans invitation gouvernementale. Désormais, toute ouverture d'un lieu de culte nouveau est soumise à l'agrément des autorités locales et du ministère de la Justice.
En juillet 2016, est ordonné le premier prêtre mongol à Oulan-Bator, Joseph Enkh Baatar, démontrant que le christianisme n'est plus l'apanage des étrangers en Mongolie.