Guide du Malawi : Politique et économie

Politique
Structure étatique

Le système politique et judiciaire de la jeune République du Malawi est établi d'après la Constitution de 1994, calquée sur le modèle britannique, qui entend faire respecter la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Tous les cinq ans, depuis 1994, les électeurs malawites (le droit de vote est accordé à 18 ans) et les étrangers résidant dans le pays depuis 7 ans se rendent aux urnes pour les élections générales (élections présidentielles et législatives auxquelles les élections locales ont été agrégées à partir de 2014). Le président de la République élu ou réélu au suffrage universel direct à cette occasion aura la charge de former un gouvernement dont il sera le chef. Il sera également épaulé par un vice-président, mêmement élu lors des présidentielles. Depuis 2014, le président du pays est Peter Mutharika. Concomitamment, sont élus ou réélus pour cinq ans, lors d'un scrutin majoritaire uninominal, les 193 députés de l'Assemblée nationale. Ce Parlement unicaméral (le Sénat, prévu dans la Constitution et rassemblant des groupes d'intérêt et des leaders traditionnels, n'ayant jamais été institué), actuellement dominé par les députés du DPP (Democratic Progressive Party), le parti du président de la République (62 sièges lors des élections de 2019), talonnés par ceux (55 sièges) du MCP (Malawi Congress Party), est dirigé par un speaker élu par ses pairs au début de la législature. Enfin, le système judiciaire est composé d'une Supreme Court of Appeal, d'une High Court, d'une Industrial Relations Court et de Magistrates Courts.

Partis

Lors de la décennie 2010, quatre partis politiques ont dominé la scène politique malawite : le DPP, le MCP, l'UDF et le PP.

Democratic Progressive Party (DPP) : ce parti a été fondé en 2005 par Bingu wa Mutharika (président de la République de 2004 jusqu'à sa mort en 2012). Membre de l'UDF jusqu'à cette date, Bingu wa Mutharika s'opposa au leader de cette formation, Bakili Muluzi, son prédécesseur à la tête du Malawi, accusé de s'accrocher à son poste. Le DPP est donc le fruit d'une scission au sein de l'UDF. Depuis sa création ce parti a remporté toutes les élections législatives (2009, 2014 et 2019) malgré les remous qui l'agitèrent en interne, notamment en 2011 lors de l'éviction de la vice-présidente du pays, Joyce Banda, qui s'opposait au népotisme à la tête du parti. La bataille de Joyce Banda fut vaine, puisque Peter Mutharika, frère du défunt président, lui succéda à la tête du parti en 2014.

Malawi Congress Party (MCP) : créé en 1959 pour succéder au Nyasaland African Congress de Kamuzu Banda, interdit par les autorités coloniales, ce parti fut d'abord dirigé par Orton Chirwa, le premier avocat autochtone, avant d'être pris en main, à l'indépendance et jusqu'à sa mort (1997), par Kamuzu Banda qui en fit le parti unique. Avec l'avènement du multipartisme en 1994, le MCP, aujourd'hui dirigé par Lazarus Chakwera, a un peu perdu de sa superbe, mais demeure l'une des principales forces politiques du pays. Il a la faveur des votes d'une majorité de Chewa.

United Democratic Front (UDF) : fondé en 1992 par Bakili Muluzi, premier président de la République démocratiquement élu en 1994, ce parti aime se présenter comme libéral. Suite à la lutte de pouvoir entre Muluzi et Mutharika, qui porta sur les fonts le DPP, le parti perdit de son aura. Aujourd'hui en phase de restructuration, il est dirigé par Atupele Muluzi, fils de l'ancien président du parti globalement soutenu par l'électorat yao.

People's Party (PP) : le PP a été créé par Joyce Banda en 2011, suite à son éviction du DPP. Toujours en poste à la tête du parti, Banda fut, après le décès soudain du chef de l'État Bingu wa Mutharika, présidente de la République de 2012 à 2014.

 

Économie

Malgré un taux de croissance économique satisfaisant (3,7 % en 2018), le Malawi demeure classé parmi les PMA (pays les moins avancés) et " bénéficie " de l'initiative PPTE (pays pauvres très endettés), lancée et soutenue par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) pour rendre la dette des pays concernés plus soutenable. Le Malawi souffre de problèmes structurels (infrastructures défaillantes ou inexistantes, climat peu propice aux affaires, main-d'oeuvre peu qualifiée, corruption...), environnementaux (déforestation, érosion, épuisement et appauvrissement des sols...) et géographiques (enclavement rendant conséquents les coûts de transport...) qui entravent son développement économique. Malgré quelques timides initiatives, comme l'augmentation du budget alloué à la recherche et développement, le pays reste assez dépendant de l'aide extérieure (FMI, Banque mondiale, aide bilatérale, ONG...) dans de multiples domaines. Bien qu'ayant, à partir des années 1980-1990, appliqué les politiques économiques (programmes d'ajustement structurel, stratégies pour la réduction de la pauvreté) prônées par les institutions financières internationales, principalement axées sur la stimulation du secteur privé, la libéralisation du commerce, la privatisation des entreprises publiques et la rationalisation du système fiscal, le Malawi voit toujours la moitié de sa population vivre sous le seuil de pauvreté et, en guise d'exemple, seulement 15 % de ses habitants jouir de l'électricité. Cette situation chaotique engendre parfois des manifestations, comme en 2011 lorsque les pénuries (électricité, essence...) et la politique économique d'austérité (entre autres griefs) mirent le feu aux poudres (18 personnes perdirent la vie au plus fort des émeutes). Au niveau régional, le Malawi, dont la balance commerciale est déficitaire, a scellé des accords de coopération économique avec l'Afrique du Sud et le Zimbabwe. Ces deux États figurent d'ailleurs parmi les principaux importateurs de produits malawites (majoritairement agricoles), à l'instar du Mozambique, des États-Unis et de quelques pays de l'Union européenne (Belgique, Pays-Bas, Allemagne...). Le Malawi, quant à lui, importe des produits alimentaires, des médicaments, des céréales ou encore des biens de consommation en provenance de ses principaux partenaires : Afrique du Sud, Chine, Inde, Émirats arabes unis et Pays-Bas.

Secteur primaire : quelques chiffres permettent d'apprécier le poids de l'agriculture au Malawi : en 2017, 90 % de la population malawite résidant en zone rurale (plus de 75 % de la population totale) vivaient, plus ou moins directement, d'agriculture vivrière (manioc, haricot, riz, arachide...) et le secteur agricole représentait un tiers du PNB et 80 % des revenus d'exportation. En excluant l'or, le tabac, le thé et le sucre de canne sont les principaux produits d'exportation du pays. Des productions telles que coton, café, maïs, pommes de terre et sorgho sont également exportées, mais dans des proportions bien moindres. Par ailleurs, les usines de traitement (tabac, canne à sucre, thé) génèrent de l'emploi et de substantiels revenus pour leurs propriétaires. Le thé est majoritairement cultivé dans les plantations du sud du pays, à Thyolo et Mulanje ; sa production annuelle tourne autour de 45 millions de kilogrammes. La canne à sucre croît quant à elle dans de grands domaines dans le centre (Dwangwa) et le sud (Nchalo) du pays. Les entreprises publiques Sugar Corporation of Malawi (SUCOMA) et Dwangwa Sugar Corporation (DWASCO), créées durant les décennies 1960-1970, furent privatisées dans les dernières années du siècle dernier et appartiennent désormais à la société sud-africaine Illovo Sugar Group. Aiguillonné par le gouvernement et plusieurs bailleurs de fonds (Banque africaine de développement, Union européenne...), Illovo est incité à accroître la production de sucre de canne, notamment en augmentant la superficie de ses cannaies, pour réduire la dépendance du pays aux exportations de tabac (60 % des exportations totales), très exposées aux fluctuations du marché. L'extension du périmètre de ces grands domaines sur les terres des petits exploitants limitrophes ne va toutefois pas sans tension. Dans le secteur primaire, il faut également mentionner la pêche : les poissons des lacs du pays, au premier rang desquels le lac Malawi, sont à la fois sources de protéines et de revenus pour les populations riveraines ; le chambo, menacé par la surpêche, en est la meilleure illustration. Le poisson séché est, en sus, exporté dans les pays voisins. Le bois, notamment par le truchement des plantations de résineux des plateaux de Viphya et Zomba, est utilisé dans la construction et l'ameublement ; la foresterie et la sylviculture sont des activités importantes, en particulier pour l'emploi, mais le secteur est confronté à de récurrents problèmes socio-économiques et environnementaux (coupe illégale et production de charbon de bois par les autochtones, atteinte à la biodiversité...). Au nombre des industries extractives, citons l'exploitation d'une mine d'uranium, par un consortium australo-sud-africain, aux environs de Karonga et celle de mines de charbon dans la région de Mzimba.

Secteur secondaire : avec un peu plus de 11 % du PNB, le secteur secondaire regroupe des industries variées (ciment, fertilisants, construction...), notamment autour de Blantyre où sont localisées de nombreuses usines, en particulier agroalimentaires (biscuiteries, laiteries...). Outre les usines de traitement, conditionnement et raffinage de produits agricoles, on notera la présence du groupe français Castel (principal fabricant et distributeur de boissons alcoolisées - Malawi gin, Carlsberg... - et non alcoolisées - Coca-Cola, Fanta... - dans le pays), de firmes pharmaceutiques locales (produisant à petite échelle des médicaments adaptés au marché malawite) et de la compagnie nationale d'électricité (ESCOM) qui exploite les barrages et centrales hydrauliques du Shire qui fournissent la quasi-totalité de l'électricité produite au Malawi.

Secteur tertiaire : la part des services dans le PNB malawite s'élève aujourd'hui à un peu plus de 52 %. Le tourisme (4,5 % du PNB en 2014 et pourvoyeur d'environ 4 % des emplois du pays), la vente au détail, l'éducation, les transports (à l'instar de la compagnie aérienne nationale Malawi Airlines), les services de santé, les télécommunications (comme les compagnies de téléphone Airtel, Access Communications Limited et TNM) et le secteur bancaire constituent les services les plus notoires. Pour conclure, citons la plus puissante compagnie publique du pays, Press Corporation PLC, un holding coté à la bourse de Londres et possédant des parts dans moult entreprises : Castel Malawi, Puma Malawi Limited (compagnie pétrolière propriétaire de stations-service sur l'ensemble du territoire), TNM, National Bank of Malawi, Maldeco Fisheries (compagnie de pêche industrielle basée à Mangochi), etc.

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