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Les Peuls

Ils représentent environ 40 % de la population actuelle et habitent principalement en moyenne Guinée au cœur du massif du Fouta-Djalon. Ils se sont installés en Guinée au XVIIe siècle, lors de la grande vague de migration depuis le Fouta-Toro et le Massina, imposant au XVIIIe siècle un État théocratique au Fouta et repoussant vers les côtes les précédents occupants baga et soussou. Ce sont des éleveurs de tradition et leurs troupeaux de vaches (des n’damas) constituent leur richesse la plus sacrée. Anciennement nomades, ils sont en Guinée très majoritairement sédentarisés. Leur origine demeure mystérieuse, probablement aux confins de l’Afrique septentrionale. L'organisation de la société peule est encore de nos jours très marquée par le système ancestral des castes. Même si elles ont officiellement disparu, les relations entre les familles sont largement déterminées par leur caste d'origine. Aujourd’hui, les Peuls de Guinée détiennent une bonne partie de l'économie du pays et surtout du commerce. La réputation des grands commerçants peuls n'est plus à faire. À noter qu'aucun président guinéen n'est à ce jour issu de la communauté peule.

Les Malinké

Malinké signifie « habitant du Manden », région d'où sont issus tous les groupes mandingues. Les Malinké étaient l’ethnie dominante de l'empire du Mali, fondé par Soundiata Keita. La société mandingue était organisée selon un système de castes avec en haut de la hiérarchie les nobles puis les gens de caste (forgerons, griots…) et enfin les captifs. En Guinée, ils représentent 30 % de la population et habitent les savanes de haute Guinée, région la plus défavorisée du pays. Ils revendiquent fièrement leur ascendance guerrière mandingue qui compte des héros comme Samory Touré. Aujourd'hui ils sont très présents dans les hautes sphères de l’État. L'actuel président de la transition Mamadi Doumbouya ainsi que son prédécesseur, Alpha Condé, sont malinké. 

Les Malinké sont rompus de longue date aux travaux pénibles des champs et sont de redoutables chasseurs, fièrement représentés par la confrérie des Dozo, encore très présente dans la vie sociale. Ils sont aussi connus pour leur musique traditionnelle et leurs danses, rythmées par les koras, balafons et djembés et perpétuée par les griots. 

Les Soussou

Les Soussou, au même titre que les Malinké, forment une branche de la famille des Mandingues, issus comme eux du Mandé. Installés au Fouta-Djalon, où ils coexistaient avec d'autres ethnies comme les Nalou, les Coniagui ou les Baga, beaucoup ont fui la région devant l’islamisation imposée par les Peuls au XVIIIe siècle. Ils se sont donc très largement installés sur le littoral, où ils ont établi de puissants royaumes puis des comptoirs commerciaux (épices, huile de palme, poivre, esclaves) pour faciliter les échanges avec les Européens. Donnant peu d'influence à la chefferie, la vie des communautés soussou est essentiellement régie par les chefs de lignage patrilinéaire. Aujourd'hui très largement islamisés, ils occupent la plupart des plaines de la Guinée maritime, y compris Conakry, mais assez peu la côte, occupée par les Baga. Ils représentent 20 à 25 % de la population. Traditionnellement, les Soussou ont toujours été de grands agriculteurs qui ont développé, au contact des Européens, le sens du commerce et de la diplomatie. Le défunt président de la IIe République, Lansana Conté, était issu de l’ethnie soussou.

Les peuples forestiers

« Forestiers » est un terme couramment utilisé pour réunir les ethnies vivant en Guinée forestière. Ils représentent environ 10 % de la population totale. De population assez homogène, ces ethnies peu nombreuses vivaient autrefois en autarcie. Elles possèdent ainsi chacune des coutumes et des rites d’une incroyable richesse. Les Kissi, ethnie majoritaire de la forêt, sont venus du sud-est du Fouta-Djalon, région d’où ils ont été chassés par les Djallonké. C’est une ethnie de grands cultivateurs, notamment de riz. Réfractaires à l’islam, les Kissi sont très attachés au culte des ancêtres, dont ils ont gardé les cultes funéraires, notamment les sculptures anthropomorphes en pierre, appelées pomdo. Les traditions et les lieux sacrés, comme certaines forêts, sont fidèlement respectés et vénérés afin de susciter la fécondité des femmes et des récoltes, et éloigner en même temps le mauvais sort. Les Toma vivent autour de la ville de Macenta et ressemblent fort aux Kissi physiquement, mais ils possèdent des rites et des coutumes sensiblement différents. Ils constituent un peuple réputé pour ses sculptures en pierre, ses masques en bois aux faces plates dont le nez et les sourcils forment un angle droit caractéristique, ses statues divinatoires et ses fétiches. L’organisation masculine du Poro, qui est un système initiatique très ancien et complexe, les a rendus célèbres. Les Toma figurent parmi les premiers à avoir habité la région. Les Guerzé, habitants de N’Zérékoré, constituent un peuple également proche des Kissi et des Toma, mais leurs traditions diffèrent. Leurs masques d’initiation sont plutôt proches de ceux des peuples de Côte d’Ivoire. Les Guerzé sont principalement animistes. Ils vénèrent les esprits, ces forces inconnues et insaisissables qui ont une influence sur la vie, la mort, la maladie et les phénomènes naturels. D’où la grande place qu'ils accordent aux pratiques magiques, aux sacrifices et aux rites d’initiation. 

Quelques ethnies minoritaires

Les Baga sont installés dans les plaines entre Boffa et Kamsar, sur la côte atlantique. Ils sont descendus du Fouta-Djalon et se sont installés au nord-est de la région habitée par les Soussou. Le masque nimba issu de l’art baga est devenu l’emblème de tout le pays. En partant vers la frontière sénégalaise, dans les alentours de Koundara, on rencontre deux petites ethnies, les Bassari et les Coniagui, qui gardent intactes encore leurs traditions ancestrales. Leurs fêtes initiatiques ont lieu au mois de mai et mettent en scène des spectacles de danse exceptionnels. 

D’autre part, vivent en Guinée depuis plus d’une centaine d’années plusieurs milliers de Libanais (anciennement Syriens), qui monopolisent les chaînes de magasins, d’hôtels, de restaurants et autres établissements de luxe. Quant aux Européens, Américains et Asiatiques, ils sont quelques milliers à vivre en Guinée, mais la plupart de façon temporaire, et principalement à Conakry. À noter le fort accroissement ces dernières années des expatriés en provenance de Chine, la plupart vivant en vase clos et travaillant sur les grands projets d'infrastructures ou encore pour les sociétés minières.