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Une faune en grand danger

La faune guinéenne a subi de graves destructions en raison d’une exploitation anarchique et du braconnage pratiqué à grande échelle durant des décennies. Aujourd'hui il est très difficile d'observer les grands mammifères emblématiques de la faune africaine. Éléphants, hippopotames, lions, panthères, buffles sont certes toujours présents, mais en très petit nombre, et leur présence n'est le plus souvent confirmée que par les traces qu'ils laissent derrière eux ou par les images de caméras-trappe installées dans le cadre de projets de recensement. Ainsi la présence de lions et de panthères est avérée dans le nord du pays aux confins de la frontière avec le Mali et vers Faranah. Éléphants de forêt et hippopotames nains sont régulièrement observés dans la forêt de Ziama en Guinée forestière. D’autre part, les hippopotames et caïmans peuplent encore les rivières dans divers endroits du pays, mais dans des zones reculées. Alors, si vous souhaitez observer la faune locale, il vous faudra du temps, de la patience et un peu de chance. Restent malgré tout certains animaux qui sont assez facilement observables en brousse : les singes (babouins, chimpanzés, colobes et autres vervets) sont régulièrement entendus et/ou aperçus par les promeneurs. Pour les amateurs de traques nocturnes, phacochères, civettes et autres gazelles se laissent parfois apercevoir au clair de lune. Une autre faune, dont la rencontre n'est pas toujours recherchée, est très présente sur tout le territoire. Ce sont les serpents : pythons, mambas, vipères et autres couleuvres y prospèrent et n'hésitent pas à s'exposer au soleil au risque d’en effrayer certains.

La Guinée est également riche d'une avifaune variée, certes en moins grand nombre qu'au Sénégal, mais quand même d'une grande diversité : oiseaux de mer et de mangrove, vivant aux estuaires des ríos, mais aussi sur les îles Tristao et Alcatraz (hérons, flamants, pélicans, sternes, fous bruns, etc.), oiseaux de montagne (vautours, aigles…), et de savane (touracos, calaos, coucals, merles métalliques, rolliers, perroquets, etc.) au Fouta et en Haute-Guinée. 

Des parcs qui ont du mal à exister

Le parc du Moyen Bafing a officiellement été créé en mai 2021. À l'initiative de la Wild Chimpanzee Foundation, ce parc abrite actuellement la plus grande population de chimpanzés de la sous-région ainsi qu'une faune avérée de grands mammifères. Ce parc a essentiellement pour vocation la protection des grands singes et de la faune sauvage, mais des projets d'aménagement et de circuit de découverte sont en cours d'élaboration pour permettre à de futurs visiteurs de mieux connaître les écosystèmes protégés. Le parc du Badiar, inauguré en avril 1996, couvre une superficie de plus de 900 000 ha. Jusqu'à présent, le côté guinéen, le Badiar, n’est pas très riche en animaux. Mais il comporte un circuit touristique intéressant qui passe par la montagne de Sow, puis longe la rivière Koulountou (frontière avec le Sénégal), et traverse enfin une belle rôneraie. Mais le meilleur circuit est assurément celui qui rejoint Simenti en quelques heures, au cœur même du parc du Niokolo-Koba dans sa partie sénégalaise. Ce parc offre le meilleur échantillon de la faune ouest-africaine (antilopes, phacochères, hippopotames, lions, chacals…). À faire surtout en saison sèche, quand les animaux viennent s'abreuver dans les mares et sont donc plus faciles à voir. Le parc du Haut Niger a été créé en 1997 et couvre une superficie de plus de plus de 700 000 ha sur le territoire des préfectures de Kouroussa, Faranah et Dabola. Il a d'abord été créé sur la base des noyaux forestiers de Mafou et de Kouyah. Il est devenu réserve de la biosphère en 2002. De par sa position, il constitue une zone de transition écologique entre l'écosystème forestier au sud et celui des savanes plus vers le nord. Malheureusement, malgré des appuis et projets successifs, le parc aujourd'hui n'existe quasiment que de nom. Les écogardes y font ce qu'ils peuvent avec le peu de moyens disponibles en attendant des jours meilleurs. À noter quand même la présence au cœur du parc du Centre de conservation des chimpanzés (CCC), qui contribue à son niveau aux actions de préservation du patrimoine faunique.

Une flore soumise à de fortes pressions

Peu à peu sous l'effet conjugué de la coupe ininterrompue et des feux non maîtrisés, le couvert végétal du pays tend à s'appauvrir, à se raréfier, voire à disparaître. Malgré tout, les essences locales et les écosystèmes associés subsistent dans les différentes régions. La mangrove, écosystème très particulier, occupe encore à ce jour une partie des 250 km de côtes guinéennes à l'embouchure des grands fleuves. Les palétuviers en constituent la structure impénétrable. Ils sont d'ailleurs les seuls capables de pousser les pieds dans ces eaux salées. Mais la préservation de ce milieu est une lutte permanente car le bois du palétuvier est utilisé par les populations au quotidien. À noter : un projet mené par l'association Univers-sel vers Boffa qui, à travers la création de marais salants, a permis de préserver la mangrove environnante qui était peu à peu détruite, le bois des palétuviers servant à la production du sel par chauffage. Nérés, kapokiers et karités dominent toujours les savanes de Haute-Guinée. Même s’ils se raréfient, ces arbres aux multiples usages sont relativement préservés par les populations qui en tirent des revenus. Des noix de karités est extrait un « beurre » très réputé en cosmétique. Avec les graines extraites des gousses de nérés est produit le soumbara, utilisé comme condiment dans la cuisine locale. Du fruit du kapokier est extraite une fibre ressemblant au coton qui permet de faire des coussins. Également dénommé fromager, cet arbre de haute stature apparaît encore souvent comme le « gardien » des villages du pays mandingue. Au sud-est du pays, la forêt primaire riche d'essences telles que l’azobé (bois imputrescible) ne subsiste que sous forme d’îlots aujourd'hui protégés. L'exploitation forestière anarchique pour extraire les meilleures grumes des massifs forestiers mais aussi le déboisement aux fins de culture sous la pression des vagues de réfugiés dans les années 1990 ont largement contribué à cette dégradation. Heureusement, aujourd'hui il est encore possible d'admirer quelques spécimens multicentenaires dans les massifs surveillés comme celui de Ziama à proximité de Macenta.