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Tissus et teintures

Les tissus traditionnels guinéens, dont les « Indigos » (bleu profond) et les « Forêts sacrées » (motifs foncés sur fond de couleur marron) sont les plus connus et reconnus, désignent en fait des couleurs et des techniques de teinture bien particulières appliquées à des pagnes réalisés sur des métiers traditionnels. Peu à peu remplacés par des cotonnades industrielles, ils sont malgré tout encore et toujours inlassablement tissés par des tisserands, héritiers d'une longue tradition. De nos jours, la majorité des tissus traditionnels est réalisée par des artisans peuls originaires du Fouta, sur des métiers à tisser horizontaux à pédales. Dans cette région, c'est un métier de caste, on est tisserand de père en fils et chaque tisserand est propriétaire de son métier à tisser. Généralement rassemblés à plusieurs, ils installent leur métier dans des espaces dégagés suffisamment grands pour dérouler les fils qu'ils tisseront. Il est possible de les voir travailler dans certaines grandes villes du Fouta, Labé, Pita, Mali mais aussi à Kindia, l'occasion de négocier directement avec eux l'achat d'une de leur réalisation. Les tissus à base de fils de coton blancs mais aussi de plus en plus de différentes couleurs sont vendus sous forme de bandes de 50 cm de large et de plusieurs mètres de longueur ou sous forme de pagnes constitués de quatre bandes cousues ensemble. Généralement les pagnes sont vendus par deux ou par trois, à l'état brut ou teintés, le plus souvent en bleu indigo. En Guinée forestière subsiste également une production artisanale. Ce sont dans cette région plutôt les femmes qui travaillent sur des métiers verticaux, fixes et sans pédales. Malheureusement de tels métiers sont en voie de disparition, le savoir-faire se perdant peu à peu. Les pièces obtenues sur ces métiers ne sont ni taillables, ni cousues et se portent directement en pagne. Elles servent de support à la teinture désignée sous le terme « Forêt sacrée ». Pour ce qui est des « Indigos », vous en trouverez sur les tous les grands marchés notamment au Fouta mais aussi dans des boutiques spécialisées sur Conakry. Quand aux « Forêts sacrées », plus rares dans leur version traditionnelle, ils sont bien sûrs en vente dans tous les marchés de la région forestière ou au centre artisanal de N'Zérékoré, mais aussi sur Conakry. Petit conseil aux futurs acquéreurs de ces cotonnades colorées : les pagnes déteignent souvent au premier lavage ; il est donc préférable de les laver à la main, dans l'eau froide et du sel ou du vinaigre blanc pour fixer la couleur. Si vous ne trouvez pas de tissus traditionnels naturels ou teintés, vous trouverez par contre facilement leur version à base de cotonnade industrielle. Les teinturières qui utilisent la technique des « dessins réservés », obtenus par ligature et couture du tissu ou par impression de tampons à la cire, ont développé au-delà des bases traditionnelles une large gamme de motifs et de couleurs qui, combinés, donnent une infinité de modèles. Le choix est parfois cornélien. La plupart des groupements de teinturières dans les grandes villes comme à Kindia, à Labé, à N'Zérékoré… proposent leur produit en vente directe dans leurs ateliers, l'occasion de découvrir leur travail et de négocier les prix ou pas.

Instruments de musique traditionnelle

La Guinée est le berceau du balafon (instrument ressemblant à un xylophone fait de lames de bois et de calebasses), dont l'ancêtre est conservé à Niagassola en haute Guinée. C'est plus globalement une terre de musique et de musiciens. Les instruments traditionnels y sont donc très présents dans la vie quotidienne. Même si de plus en plus les sonos remplacent les artistes dans les fêtes (mariages, baptêmes, etc.), il est encore assez fréquent à Conakry de croiser des groupes sur une plage, dans un bar ou dans une maison de quartier, accompagnés de danseurs ou de danseuses. L'occasion de découvrir les rythmes locaux et pourquoi pas de faire un petit enregistrement audio en souvenir.

Musiciens en herbe ou confirmés, vous trouverez dans les boutiques d'artisanat ou chez les artistes/fabricants d'instruments des djembés, des dum-dum, des balafons et autres koras réalisés localement. Certes pour certains d'entre eux, ces instruments peuvent représenter un coût élevé et surtout un volume un peu compliqué à gérer pour un éventuel transport, mais ils sont souvent déclinés dans des modèles réduits qui peuvent constituer une heureuse alternative comme souvenir. 

Artisans du cuir

Le travail du cuir est réalisé principalement par des cordonniers, autre métier de caste, originaires du Fouta. L'un de leur fief est la ville de Dalaba, où ils ont créé une coopérative, la Coopérative des cordonniers de Dalaba (Cocodal) bien connue dans la région et au-delà. Ici le travail se fait en famille et mélange toutes les générations. L'atelier est également la boutique d'expo-vente. Pas de prix affichés, tout est fonction de vos dons de négociations. Nu-pieds et autres sandales, pour homme ou pour femme sont de facture traditionnelle ou plus moderne, certains artisans ayant laissé libre cours à leur inspiration. À côté sur les tables d'exposition, sont disposés les sacs à main, les sous-plats et sous-verres associant cuir et fibre végétale et très souvent teintés en rouge, en vert ou en jaune, les bouteilles en verre décorées sur le même principe (certaines sont de véritables œuvres d’« orfèvrerie »). Les portefeuilles, bracelets et pendentifs complètent l'étalage. 

Si vous passez à Dalaba, c'est un arrêt « obligatoire » ou presque. Vous trouverez cependant des articles en cuir similaires un peu partout dans les grandes villes et notamment bien sûr à Conakry. La diversité de l'offre et la qualité du travail ne sont cependant pas à coup sûr les mêmes. 

Masques et sculptures

Nimba et « Le Penseur » sont certainement les deux statuettes les plus reproduites dans les ateliers de sculpture du pays. De toutes tailles, dans différents bois (bois rouge, teck et ébène mais plus rarement), vous en trouverez à tous les prix. La première est à l'origine un masque Baga, masque à la fois de la fécondité pour les femmes et de la fertilité pour les champs ; la deuxième est de facture plus moderne et représente de façon stylisée un individu semblant absorbé par ses pensées. Cependant au-delà de ces grands classiques de la sculpture locale, vous trouverez également une grande diversité de statuettes et figurines inspirées ou pas de la vie locale : éléphants ou Sili, symbole de la Guinée, bustes de femme arborant la fameuse coiffure à cimier des Peules, masques plus ou moins stylisés empruntés aux différentes traditions ethniques, animaux de la faune africaine dont malheureusement les représentants sont plus nombreux dans les ateliers de sculpture que dans la nature guinéenne. Les sculpteurs guinéens sont pour la plupart originaires de haute Guinée, où se perpétue une tradition ancestrale mais aussi pour une part de la région forestière où la reproduction de masques est la base des objets réalisés. De nos jours, les ateliers dans l'intérieur du pays se font de plus en plus rares car les artistes migrent vers Conakry avec l'espoir de pouvoir continuer à vivre de leur art. À côté des sculpteurs sur bois traditionnels, d'autres artistes de la capitale trouvent leur inspiration dans leur environnement et créent à partir de matières et matériaux de récupération des œuvres uniques. Ainsi les pièces métalliques de toutes origines s'assemblent dans les mains de sculpteurs/soudeurs en personnages improbables et colorés ou encore les vieux papiers délaissés trouvent une énième vie se transformant en masques originaux sous la spatule de plasticiens. Vous trouverez les sculptures métalliques au bord de la route quand vous remontez vers la presqu’île de Kaloum, les œuvres en papier mâché dans un atelier à proximité du palais présidentiel. L'occasion de découvrir les artistes au travail.

Vannerie utilitaire et décorative

Essentiellement originaire du Fouta Djalon, où elle est exclusivement pratiquée par les femmes, la vannerie est avant tout une activité traditionnelle. La vannerie prend ici la forme de plateaux ronds de différents diamètres et de petits paniers où la couleur naturelle de la fibre, jaune paille, est associée au noir et à l'orange pour former des motifs géométriques simples. Les plateaux appelés léfas ont toujours servis chez les Peuls à couvrir les calebasses utilisées alors comme récipient et pouvant contenir du fonio, du riz ou encore du lait caillé. Aujourd'hui l'usage s'est diversifié. Ils servent de sous-plat, d'éléments de décorations sur les murs ou sur les plafonds traditionnels. Ils sont également souvent donnés en cadeau de bienvenue. Mais les objets réalisés évoluent peu si ce n'est dans les motifs qui les décorent. À noter quand même des variations sur les formes des paniers. Depuis quelques années sont apparus des paniers au fond plat et aux côtés moins hauts et plus arrondis, leur donnant un petit air de « modernité ». Ces modèles sont en grande majorité fabriqués et vendus dans la région de Dalaba. On les retrouve sur certains étals (notamment chez les cordonniers) des marchés et dans quelques boutiques de Conakry.

Produits naturels des terroirs

Si les objets de l'artisanat local ne vous ont pas séduit, pourquoi ne pas emporter un peu du goût ou des textures des produits naturels locaux. Des boutiques comme Consommons guinéen installée dans le Centre culturel franco-guinéen à Conakry se sont spécialisées dans ces produits venus des quatre coins du territoire. Le choix est plutôt diversifié dans une gamme de prix assez large. Acheté dans cette boutique est d'ailleurs, aussi, l'occasion d'apporter son soutien à des groupements artisanaux qui souvent dans les profondeurs du pays travaillent à mettre en valeur leur terroir et à réaliser des produits qualitatifs. Vous laisserez-vous tenter par le baume à base de karité ou le beurre de karité brut en direct de haute Guinée où il est extrait des noix du même nom, le miel du Fouta ou de haute Guinée prélevé dans les ruches traditionnelles ou kenyanes et aux saveurs puissantes, les confitures aux parfums exotiques, ananas, mangues ou bissap (fleurs d'hibiscus) ou encore quelques sachets de mangues séchées pour la douceur ou de gingembre confit pour la force du goût. Ou serez-vous plus tenté par le sel solaire extrait des marais salants de la région de Boffa posant ainsi un petit acte militant en achetant un sel qui est désormais produit dans des bassins grâce aux rayons du soleil et sans utiliser le bois de la mangrove, permettant ainsi de préserver et régénérer cet écosystème.