Forêt ©tat2bzh - iStockphoto.com.jpg
AdobeStock_175474210.jpg

La Guinée maritime

La basse Guinée avec ses 36 000 km2 est en superficie la plus petite région du pays mais certainement pas la moins riche. Sur une profondeur de 150 à 200 km et une largeur de 280 km environ, dont autant de côtes, cette bande de territoire anciennement dénommé Rivières du Sud est morcelée par de multiples rivières et ríos qui cherchent plus ou moins directement à rejoindre l'océan. Plages de sable blanc et mangroves se partagent cette bande côtière, avec en arrière-plan les contreforts du massif du Fouta dignement représenté par le mont Kakoulima et le mont Gangan, un peu plus en retrait. Entre les deux, les plaines alluviales sont très propices aux cultures, qu'elles soient commerciales (ananas, palmiers à huile, bananes) et/ou vivrières (riz pour l'essentiel). Malheureusement, petit à petit ces cultures viennent grignoter sur le territoire de la mangrove, faisant peu à peu disparaître un écosystème pourtant incroyablement varié. Formant une presqu’île qui s'avance dans l'océan, Conakry, la capitale, semble bien à l'étroit sur cette bande de terre, qui se prolonge en mer par l'archipel des îles de Loos. Ces îles bordées de plages de sable blond ou roux sont de fait une invitation au farniente, loin de l'agitation de la capitale. Le sous-sol est également extrêmement riche et terriblement convoité car constitué des premières réserves mondiales de bauxite, la matière première de l'aluminium. Petit à petit, l'exploitation de ce minerai, qui se fait à ciel ouvert, transforme le paysage, tout en créant de sérieux problèmes environnementaux.

La Moyenne Guinée

En direction du nord-est, les sommets qui servaient de décor aux plaines alluviales se précisent. Rapidement l'altitude dépasse les 700 m et les premières falaises marquent l'entrée du Fouta Djalon. Ce massif couvre l'essentiel des 64 000 km² que compte la Moyenne Guinée, même si pour une part elle est aussi constituée de plaines de basse altitude vers les frontières du Sénégal. L'altitude y est souvent supérieure à 1 000 m et donne à la région son climat si particulier avec des températures pouvant avoisiner les 10 °C durant la saison des pluies. Le mont Loura, célèbre par « la Dame de Mali », et qui culmine à 1 515 m, en constitue le sommet. Les sols sont assez pauvres avec un peu partout les roches qui affleurent et forment des bowés, totalement incultivables. Si des cultures telles que la pomme de terre ou le riz ont pu se développer dans certaines plaines, ainsi que le maraîchage, la majeure partie du territoire reste très accidentée et couverte de savane arbustive et de prairies plus propice à l'élevage. Les Peuls qui occupent ce territoire y ont trouvé un terrain favorable pour leurs troupeaux. Le Fouta, parfois appelé le château d'eau de l'Afrique de l'Ouest, est le berceau de grands fleuves de la sous-région. La Gambie et le Sénégal, à travers ses affluents le Bafing et le Bakoye, viennent y puiser leur force de vie, mais également le Konkouré et son affluent la Kakrima qui s'écoulent du nord au sud vers la côte. Partout les cours d'eau bordés de forêts galerie strient et organisent le territoire et parfois le magnifient à travers de majestueuses cascades.

La Haute Guinée

En quittant le massif du Fouta Djalon en direction de l’est, rapidement le relief s'aplanit et le territoire de la savane arbustive s'impose. Ici, sur ce vaste plateau d'un peu plus de 100 000 km², l'altitude varie entre 200 et 400 m à peine. La végétation très disséminée est un entrelacs de hautes herbes, d'arbustes et d'arbres. Kapokiers, nérés (dont les fleurs, de gros pompons rouges, apparaissent de février à mai et dont les graines sont à la base du fameux soumbara), manguiers et autres flamboyants prospèrent sur des terres pourtant peu hospitalières avec des températures dépassant souvent les 40 °C et soumises régulièrement aux feux d'écobuage pour préparer les cultures saisonnières. Le karité, dont la noix grillée, écrasée et transformée en beurre sert d’hydratant pour le corps et les cheveux, est emblématique de la région. Quant aux fromagers, qui sont comme drapés dans d'immenses toges plissées et ajustées à leurs mensurations gigantesques, ils sont autant de vigies bienveillantes des villages mandingues, parfois en en gardant l'entrée, parfois en trônant au milieu de la place du village et en offrant leur ombre aux inénarrables palabres des anciens.

Ici les fleuves ont pour nom Tinkisso, Milo et Sankarani, tous dévoués au plus majestueux d'entre eux, le Niger, qu'ils abreuvent de leurs flots toute l'année. Mais à la différence du Fouta, les cours d'eau semblent prendre leur temps et parfois se prélasser dans une certaine langueur, au milieu des bancs de sable. La chaleur écrasante notamment durant la saison sèche renforce largement cette impression.

La Guinée forestière

Avec la Guinée forestière coincée entre les frontières de la Sierra Leone, du Liberia et de la Côte d'Ivoire dans le sud-est du pays, de nouveau les sommets de moyenne montagne resurgissent à l'horizon. D'une altitude moyenne de 500 m, la région est dominée d'une part par le massif du mont Simandou aux abords de Beyla et plus au sud par la chaîne des monts Nimba en arrière plan de N'Zérékoré, la capitale régionale. Ce dernier massif abrite d'ailleurs le point culminant de toute la région avec le mont Molard qui s'élève à 1 854 m. Véritable épine dorsale de la zone, les espaces de forêt primaire et secondaire ainsi que de savanes s'articulent autour de ces principaux reliefs. Malheureusement de la forêt originelle ne subsistent que quelques îlots épars comme à Sérédou niché au cœur de la forêt classée de Ziama. Quand aux espaces de forêts secondaires encore préservés, ils sont souvent partagés avec les cultures de rente telles que le café ou le cacao. Ailleurs ce sont essentiellement les cultures de bananes, de palmiers, de colatiers et d'hévéas qui se partagent les espaces défrichés. Dans ce paysage relativement « mouvementé », les cours d'eau souvent tumultueux apportent aussi leur touche, dans une atmosphère par ailleurs assez humide toute l'année. Certains comme le Milo ou le Niandan sont des affluents importants du Niger qu'ils rejoignent plus au nord ; d'autres comme le Diani et le Makona s'écoulant en sens inverse se perdent dans les territoires plus au sud du Liberia et de la Côte d'Ivoire, avant de rejoindre l'océan.