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Les musique et danse traditionnelles

Au même titre que dans de nombreuses aires du continent africain, les musiques et danses traditionnelles jouent un rôle essentiel dans le quotidien des Béninois. Bien que nées au fil des différents règnes du Dahomey, ces traditions n’ont, pour ainsi dire, pas pris une ride, et se conjuguent toujours au présent chez les 46 groupes ethniques qui peuplent le Bénin. Une des esthétiques traditionnelles les plus courantes est de loin le zinli. A l’origine rythme funéraire natif du Plateau, ce style joué à l’aide d’un grand tambour, un gong et de claquements de mains, est devenu une musique populaire entre les mains de l'artiste légendaire Alèpkéhanhou. Considéré comme le « roi du zinli », il transcende les genres et demeure aujourd’hui une des personnalités musicales les plus importantes (et prolifiques) du pays. Citons également Yedénou Adjahoui que beaucoup considèrent comme un précurseur du zinli, bien qu’on se souvienne surtout de lui comme un grand innovateur du massè gohoun, rythme moderne inspiré du massé traditionnel, très festif. Dossou Letriki est l’autre grand maître du massè gohoun.

Egalement dans la région du Plateau, on peut croiser l’akohoun, un rythme traditionnel propre à la communauté Adjranou exécuté lors d’occasions heureuses comme les mariages ou anniversaires et accompagné de danses essentiellement masculines où les protagonistes se battent les mains sur le torse. Plateau toujours, le kpanouhoun est un rythme festif, exclusivement réservé aux femmes, caractérisé par le son des tambours et d'assiettes.

Dans la région des Collines – et plus particulièrement à Savalou – on peut entendre résonner le tchinkoumè. Cousin du zinli, dont il tire sans doute son inspiration, ce rythme d’origine funéraire, se joue au gota, un calebassier vidé de son fruit, des gongs à cloche, des maracas et deux calebasses renversées. Le genre a d’abord été popularisé par Alokpon dans les années 1970 avant d’être modernisé dans les années 1980 par Stan Tohon et son « Tchink System ». C’est cette formule qui a permis à ce dernier de devenir une des figures les plus emblématiques du pays. Il est plus que conseillé d’écouter son tube Yallow pour saisir toute la fièvre et la puissance du tchink system. Aujourd’hui, c’est Gbézé qui est considéré comme le gardien du tchinkoumè.

Moins connues hors des frontières du Bénin, il serait injuste de ne pas mentionner des traditions musicales et chorégraphiques telles que le guélédé, cérémonie masquée yoruba ayant lieu à la fin des récoltes, le tipenti, danse masculine, elle aussi agricole, issue de l'ethnie Otamari, le tèkè aussi appelé « danse du bâton », le kunya danse traditionnelle du peuple Waama exclusivement féminine et exécutée les seins nus ou encore la danse de réjouissance toba.

Parmi les artistes traditionnels à connaître Gbessi Zolawadji, originaire de la région d’Ouidah, est un incontournable. Ses titres, franchement joyeux, inspirés du rythme agbadja sont fréquemment diffusés par les radios béninoises. Autre innovateur de l’agbadja, Gnonnas Pedro est surtout réputé comme chanteur de salsa. La danse homonyme est particulièrement énergique et fait intervenir de forts mouvements d'épaules. Dernière figure nationale, Sagbohan Danialou est, quant à lui, autant inspiré par les rythmes vodouns traditionnels que le jazz. Véritable homme-orchestre emblématique du pays, il fut par exemple invité à se produire au musée du Quai Branly, en octobre 2021 lorsque la France restitua 26 œuvres au Bénin.

Pour sauver ce patrimoine immatériel, et conserver intact son impact dans la société, des institutions nationales comme le Conservatoire de danses cérémonielles et royales d’Abomey (CDCRA) protègent et valorisent ce patrimoine. Les élèves du CDCRA se produisent de temps en temps dans le pays, une bonne occasion d’obtenir sur scène un panorama sur les traditions béninoises. 

A Porto Novo, des concerts de musique béninoise sont fréquemment organisés place Bayol et sur l’esplanade de l’Assemblée ainsi qu’au Centre culturel Ouadada dans le Quartier Tokpota.

La musique populaire

Les premiers musiciens à être reconnus sur la scène nationale émergent dans les années 1960. Inspirés des traditions, ils atteignent une certaine renommée en donnant une relecture moderne et internationale aux esthétiques béninoises. C’est notamment ce qui a permis à Angélique Kidjo, possiblement l’artiste béninoise la plus connue dans le monde, d’embrasser un tel succès. Née à Ouidah, elle réside désormais aux Etats-Unis, mais n’a pas oublié ses origines. Mélange de musiques traditionnelles et couleurs du monde entier, l’intégralité de son œuvre semble un hommage à la musique qui a bercé son enfance béninoise. Jamais à court d’inspiration, Angélique Kidjo sortait en 2021 un 18e album. Dans le giron de cette reine béninoise, citons Anna Teko, qui s’est fait connaître en chantant des reprises d’Angélique Kidjo avant de se faire un nom. Grande voix nationale du gospel, Anna Teko est devenue l’une des références du paysage musical béninois en quelque trente années de carrière.

Légende toujours : surnommé le « Georges Brassens du Dahomey », Gustave Gbénou Vikey alias GG Vikey fut non seulement un chanteur, mais aussi un grand parolier qui a écrit un nombre impressionnant de chansons. Ces dernières, composées dans les années 1950 et 1960, brillent encore aujourd’hui par leur étonnante pertinence. Autre personnalité importante de la musique béninoise, Nel Oliver en est peut-être le plus flamboyant. Voire le plus Américain car il chante souvent en anglais et que sa musique flirte avec les genres tels que la funk ou la soul. Une esthétique hybride quelque part entre tradition – comme l'akpala yoruba – et l’afro-funk, le jazz, le rock, ou le reggae. N’oublions surtout pas de mentionner le fabuleux Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou. Crée en 1966, inspiré par le funk, le groupe va devenir un des plus courus de l’Afrique francophone, composant plus de 500 chansons et une cinquantaine d’albums où il forge ce style unique fait notamment de soukous et de musique afro-latine. Tombés dans l’oubli dans les années 1980, une série de compilation les remet sur le devant de la scène dans les années 2000 et les envoie sur les scènes du monde. Si le succès reste cantonné à un public de niche, partout dans le monde on trouve désormais des fans de l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou.

Les musiques actuelles

Pays stable avec une politique culturelle dynamique, le Bénin jouit d’une jeune scène presque foisonnante qui a pour particularité de cultiver un vrai penchant pour le jazz. Par exemple, quelques grands noms comme le guitariste Lionel Loueké (collaborateur d’Avishai Cohen ou d’Herbie Hancock) ou le pianiste Tchangodei – que les mélomanes lyonnais connaissent bien puisqu’il a ouvert le Bec de Jazz dans la capitale des Gaules – sont béninois. Et puis du jazz on en trouve aussi dans quelques groupes populaires comme Fâ qui mélange le genre avec des rythmes traditionnels africains, tout comme le Gangbé Brass Band, chez qui on trouve même des rythmes vaudous ou la Fanfare Eyo’nlé, qui joue une musique trempée des rythmes du sud-est du pays. Dernière sensation en date, Star Feminine Band a fait une entrée remarquée auprès de la presse française (peut-être parce que le groupe est signé sur Born Bad, un label français). Composé de sept filles âgées de 10 à 17 ans, Star Feminine Band établit des liens entre rock, pop, highlife, rumba congolaise et sato béninois tout en cherchant à promouvoir l'égalité des sexes au Bénin - et dans le monde. Le futur de la musique béninoise s’accorde au féminin.

A  Cotonou, le Jammin Bar et son ambiance décontractée ainsi que l’Institut français sont des endroits privilégiés pour assister à des concerts.