Découvrez le Bénin : Société (vie sociale)

La société béninoise est fortement marquée par les ethnies qui la composent. L'appartenance à une ethnie (le Bénin en compte une cinquantaine, mais les trois principales sont les adja-fon, les yoruba et les bariba) peut en effet se retrouver dans le ou les prénoms portés, dans les tenues vestimentaires, voire dans les scarifications faciales. C'est donc un élément central de la vie sociale, comme l'est aussi le lignage, la famille. Une famille dont la vie est régie depuis une vingtaine d'années par un code légal, institutionnalisant l'égalité des droits entre les hommes et les femmes et interdisant notamment la polygamie. Quant à l'éducation et au système scolaire, ils sont fortement impactés par une donnée démographique. La population du Bénin est très jeune : près de la moitié a moins de 15 ans ! Les effectifs scolaires sont donc pléthoriques et les enfants ont tendance à interrompre leur scolarité relativement tôt.

Une grande richesse de prénoms

La panoplie des prénoms est d'une grande richesse au Bénin. Car au prénom d'origine chrétienne ou musulmane, qui est parfois très ancien et n'est plus guère utilisé qu'en Afrique (comme Clotaire, Guenièvre ou Guillemette), s'ajoute un second prénom traditionnel. Il peut être propre à l'ethnie ou révéler une particularité de la naissance. Par exemple, le premier-né des jumeaux est presque systématiquement nommé Zinsou et le second Sagbo.

Les scarifications faciales

Au-delà des prénoms, les ethnies se distinguent aussi par divers ornements vestimentaires ou corporels dont les plus étonnants sont les scarifications faciales. Il en existe une multitude qui varie au sein même des groupes et en fonction des rites d'initiation, notamment vaudous. De la simple entaille sur la joue aux impressionnantes estafilades parallèles allant du haut du crâne au menton, les scarifications sont un moyen de reconnaissance sociale pour les initiés. Pas besoin d'aller au fin fond de la brousse pour en voir. L'ex-président Mathieu Kérékou, originaire du Nord, avait le visage marqué par de fines cicatrices parallèles en dessous des yeux.

Un niveau d’instruction à la traîne

Avant l'indépendance, le Dahomey comptait de nombreux cadres travaillant dans l'administration coloniale française, et a longtemps gardé la réputation d'être « le Quartier latin » de l'Afrique, pour reprendre l'expression du philosophe Emmanuel Mounier. Si, aujourd'hui, le Bénin possède des cadres d'une grande compétence dans diverses organisations internationales, le niveau général de l'instruction n'est pas brillant. En milieu rural, les filles sont en effet rarement scolarisées. Elles doivent très tôt s'occuper des travaux ménagers, de la corvée d'eau… Et lorsque les enfants vont à l'école, le taux de décrochage est extrêmement élevé : 6 enfants sur 10 accèdent au collège, et seuls deux d'entre eux le terminent ! L'autre problème, c'est la taille des effectifs. Du côté des enseignants, le personnel qualifié et les infrastructures de qualité viennent vite à manquer et du côté des élèves, les effectifs sont pléthoriques : près de la moitié de la population béninoise a moins de 15 ans ! Résultat, l'âge moyen de départ de l'école est de 14 ans et le taux d'alphabétisation s'élève à peine à 45,8 % de la population (56,9 % des hommes et 35 % des femmes).

Système éducatif. Les collèges d'enseignement moyen général et les lycées couvrent presque l'ensemble du pays. La plupart d'entre eux appartiennent à l'État, mais il existe aussi des établissements d'enseignement privés et confessionnels. L'université nationale du Bénin, à ne pas confondre avec l'université du Bénin qui est au Togo, se trouve à Abomey-Calavi, à la périphérie donc de Cotonou. Une mise à l'écart visant à l'origine à tempérer les ardeurs contestataires des étudiants. C'est le seul établissement public d'enseignement supérieur au Bénin et il n'accueille guère plus d'une dizaine de milliers d'étudiants. À l'époque de la révolution, de très nombreux boursiers partaient dans les pays d'Europe de l'Est pour faire des études supérieures, mais avec la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'URSS, cette voie s'est fermée.

L’habitat, de la concession à la propriété privée

Au temps du royaume d'Abomey, le logement était régi par la concession, le droit qu'octroie le chef des terres de s'installer sur une parcelle de terrain. La terre n'appartenait en principe à personne. Il existait seulement un droit d'usage. En zone de savane surtout, nul ne pouvait occuper un terrain sans en avoir reçu l'autorisation coutumière. Le chef de terre, généralement issu de la lignée des premiers arrivants qui ont défriché la terre, était le responsable de son attribution. Toute nouvelle installation nécessitait l'accord des génies du lieu et, souvent, la construction de la case était assortie d'une offrande. La concession est alors devenue l'unité d'habitation comprenant une ou plusieurs cases, où vivait la famille élargie aux grands-parents, frères, enfants, différentes femmes dans les sociétés polygames, ainsi que l'espace réservé à la cuisine, les auvents pour s'abriter du soleil, etc. Et c'est aussi le lieu qui servait d'abri pour les animaux. En ville, la concession était plus petite et s'adaptait aux conditions du milieu urbain. Aujourd'hui, monde moderne oblige, les terrains font l'objet de transactions en espèces sonnantes et trébuchantes, en dehors des zones humides qui restent la propriété de l'État.

Une espérance de vie peu élevée

L'espérance de vie à la naissance, qui était de 36 ans en 1960, a, depuis, bien progressé mais reste à un niveau assez bas : 63 ans (en 2024) : 61,1 ans pour les hommes et 65 ans pour les femmes. De même, le taux de mortalité infantile s'améliore, mais reste à un niveau élevé puisqu'il a été estimé à 52,9 ‰ en 2024. L'assainissement de l'eau apparaît primordial, en particulier l'accès à l'eau potable en milieu rural. Car les statistiques sont formelles. Les maladies d'origine hydrique représentent plus de 50 % de l'ensemble des maladies.
Le paludisme reste cependant, comme dans un grand nombre de pays d'Afrique, la première cause de mortalité, notamment chez les enfants de moins de cinq ans. Et, facteur peu encourageant, une très grande partie de la population du Bénin attribue le paludisme à la consommation excessive d'huile, à l'exposition prolongée au soleil et à la sorcellerie.
Le virus du sida est un autre motif de préoccupation. Après une nette progression où le taux de prévalence est passé de 0,3 % en 1990 à 4,1 % en 2001, il est retombé à 0,8 % selon les derniers chiffres fournis fin 2023. Cette progression est cependant inégale puisque ce taux continue de grimper et peut atteindre 10 % dans certaines régions où les mouvements de population sont importants.
L'excision est toujours pratiquée, notamment dans le Nord, chez les Bariba, les Peuls, les Wama et les Dendi, ainsi que les Yoruba ou les Nagos. En revanche, l'excision n'est pas une tradition dans le sud du pays.
Enfin, la médecine traditionnelle, qui fait surtout appel à la phytothérapie, a encore de beaux jours devant elle, les services de santé publics étant largement déficients. On compte en moyenne 1 médecin et 1 sage-femme pour environ 10 000 habitants.

Mœurs et faits de société

Ethnies, lignages, familles, rites initiatiques, comme souvent en Afrique, les mœurs béninoises sont bien différentes de celles que nous connaissons en Occident.

Structure de la société. D'après le journaliste spécialiste de l'Afrique Bernard Nantet, la forte solidarité que l'on observe dans les sociétés africaines est liée à leur organisation très structurée en ethnie, lignage et clan. L'ethnie forme un groupe humain ayant en commun un héritage culturel comprenant la langue, la culture et l'histoire, mais qui n'est pas nécessairement uni par une autorité commune. L'origine de l'ethnie se réfère à un ancêtre mythique. En Afrique, la filiation se transmet, suivant les ethnies, soit par la mère, soit par le père. Au sein de l'ethnie, le lignage est constitué par une grande famille dont la parenté remonte à plusieurs générations jusqu'à un unique ascendant et dont les membres sont astreints à une obligation de solidarité. Enfin, le clan est le groupe des individus qui se réfèrent à une personnalité politique ou religieuse et qui perpétuent sa spécificité.

La famille. Cela ne s'est pas fait facilement, mais après plusieurs années de tergiversations, les députés ont adopté, en juin 2004, un nouveau code de la famille qui va, certes, à l'encontre de traditions anciennes, mais qui reconnaît l'égalité des droits entre hommes et femmes. Ainsi, la polygamie est désormais interdite par la loi. De plus, les filles peuvent hériter des biens de leurs parents décédés, tout comme le conjoint survivant (l'homme comme la femme) a le droit d'hériter des biens de son conjoint décédé. Enfin, la femme mariée a le droit de conserver son nom de jeune fille, et les enfants naturels jouissent des mêmes droits que les enfants légitimes. Toutes ces dispositions ne sont cependant pas appliquées au pied de la lettre, le mariage coutumier restant une possibilité pour les musulmans d'être polygames.

Le lévirat est une pratique répandue en Afrique de l'Ouest qui consiste à donner une veuve pour épouse à l'un des frères de son mari défunt. Cette coutume, qui a pour but d'empêcher la veuve de quitter la famille en contractant un autre mariage et donc d'avoir des enfants hors de la famille de son mari défunt, est toutefois interdite depuis l'adoption du nouveau code de la famille en 2004.

Rites initiatiques. Chez certaines ethnies, la société est structurée en classes d'âge, notamment chez les Bétammaribè (Somba) dans l'Atacora. À l'âge de la puberté, les jeunes sont initiés aux traditions selon des rites bien établis. Ce n'est qu'après avoir suivi cette initiation qu'ils sont considérés comme des adultes à part entière et en ont les droits et les obligations. Le Diffoni, qui se déroule tous les quatre ans, est le rite d'initiation des garçons. Chaque jeune garçon est confié à un conseiller, responsable notamment de son éducation sexuelle. Le Diffoni comprend plusieurs étapes au cours desquelles il faut notamment se rendre du site où se trouve le génie de la terre à la forêt sacrée. Lors de cette cérémonie de passage, les jeunes garçons sont roués de coups. Leur courage et leur aptitude à devenir des hommes sont attestés par les marques et les cicatrices qui en restent. Quatre ans plus tard, à l'occasion de la nouvelle cérémonie du Diffoni, ces jeunes initiés reçoivent les attributs des chasseurs : un chapeau aux cornes de buffle, des boucles d'oreilles en cuivre et des armes. Le Dikuntiri, le rite d'initiation des jeunes filles, précède le Diffoni. Elles ont également une conseillère, mais le rite est plus court. Dès que les jeunes femmes sont initiées, elles ont le droit de porter un chapeau aux cornes d'antilope et peuvent habiter avec leur mari, qui leur est souvent donné dès leur jeune âge.

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