Cérémonie vaudou à Cotonou © Sani Segun Kabir - Shuttertstock.com.jpg
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A l’origine du vodoun

Le vodoun est la religion traditionnelle des communautés adja-fon et yoruba. Cette dernière, surtout présente au Nigeria, utilise le vocable d’orisha, mais le culte lui-même ne présente que de légères différences. Il est apparu dès la fin du XVIe siècle sur les rives du fleuve Mono qui sépare le Togo du Bénin.
Le vodoun compte aujourd’hui dans le monde près de 60 millions d’adeptes. A l’origine, il s’est développé lors de la création et du développement du royaume du Danxomè, qui deviendra évidemment plus tard le Bénin. S’il est né entre Abomey, Ouidah et Porto-Novo essentiellement, il a ensuite été exporté par les esclaves lors de la traite en Amérique du Sud et centrale (notamment aux Caraïbes, au Brésil et en Haïti).
L’origine du terme vaudou vient de vodoun qui est la traduction littérale en fon d’une idée de partage avec les divinités. Le « n » final, quasiment inaudible, fut ensuite retiré phonétiquement par les colons qui ont donc évoqué le vaudou en langue française. Mais au Bénin, c’est évidemment le terme en fon qui est utilisé.
Quant à sa définition, le vodoun désigne en fait à la fois le monde surnaturel qui rassemble les forces invisibles et les dieux, mais aussi et surtout les manières de parvenir à entrer en contact avec ces forces divines. Dans la pratique, pour mettre en relation ces deux mondes, le prêtre vaudou fait appel à un messager qui ouvre les portes des deux mondes : Papa Legba.  Naturellement, les rituels diffèrent grandement d’une ethnie à l’autre. Mais ils conservent un principe de base, qui est la mise en transe des fidèles lors de la cérémonie.

Le panthéon des divinités

Il existe plus de 150 divinités vaudoues dont les esprits se manifestent la plupart du temps dans des objets inanimés de la nature, comme des pierres ou des arbres. On les appelle les iwa, voire les Mystères ou les Invisibles. Ils servent d'intermédiaire entre la divinité créatrice Mawu et les humains. Durant le culte, ils sont priés, honorés et loués en fonction de leur préférence et de leurs attributs au moyen d'offrandes, de danses et de rythmes sacrés, entre autres services rendus. L'un de ces principaux iwa est Erzulie, déesse de la beauté et de l'amour. Incarnant la figure du féminin, elle souhaite pour offrandes des objets de toilette, des parfums, des bijoux et des mets délicats.
On peut également citer Ogun (Gu ou Gun, selon différentes orthographes), le dieu de la guerre et le patron des forgerons. Sa mission sur terre est d’en faire un lieu avenant pour accueillir les humains, mais cette tâche est loin d'être achevée. C'est un guerrier puissant et redoutable qui possède le pouvoir qu'a le fer de couper et de tuer. Parlons aussi de Mami Wata, la déesse de l'eau. Elle est décrite comme une femme noire d'une grande beauté, aux cheveux noirs et crépus. On la dépeint parfois sous les traits d'une sirène mi-femme, mi-poisson. Il faut se méfier de sa beauté fulgurante car selon les croyances, l'esprit enlève les gens pendant qu'ils nagent ou sur les bateaux. Elle les emmène dans son royaume aquatique. Si par chance la personne revient dans le monde des vivants, c’est généralement dans des vêtements secs, avec une intelligence spirituelle renouvelée. N'oublions pas les iwa Sakpata, dieu de la terre qui offre l'abondance des récoltes, et Hébiosso, vodun du tonnerre qui foudroie les scélérats. Papa Legba, quant à lui, joue le rôle d'intermédiaire et de messager des dieux. Sans lui, on ne peut entrer en contact avec les iwa. Son invocation permet donc d'ouvrir les portes entre le monde du visible et de l'invisible. Il est la personnification de la sagesse et de l'humilité. Les offrandes qui lui sont faites sont plus modestes que celles des autres iwa. Toutes ces divinités sont principalement le reflet de forces naturelles, d'ancêtres divinisés ou encore des puissances spirituelles. Elles permettent de garder une certaine harmonie entre les hommes, leurs groupes ethniques ou clans sociaux et la nature, où ils prennent ce dont ils ont besoin pour vivre sereinement.

Mawu, la divinité créatrice

Au sommet des divinités vaudoues se trouve Mawu Lisa (Olodumaré chez les Yoruba), dieu suprême qui règne sur les autres dieux. Sa personnalité est cependant mal définie et elle est considérée parfois comme un personnage androgyne, parfois comme deux esprits distincts. Pour les Fon, le monde aurait été créé par un dieu hermaphrodite, Nana Buluku, qui aurait donné naissance à des jumeaux, Mawu et Lisa. La femme, Mawu, a pour royaume la nuit et gouverne la lune. Plus âgée, elle est plus sage et douce que son frère-époux, Lisa. La nuit est d'ailleurs le temps du repos, de la fraîcheur et des rapprochements. Quant à Lisa, il a pour domaine le jour, avec comme élément fondateur le soleil. C'est un homme vif et rude qui représente l'effort, car le jour correspond au temps du travail. Toutefois, la majorité des fidèles au culte vaudou ne connaît que l'entité de Mawu Lisa. N'ayant pas de forme, la divinité n'est jamais représentée ni associée à des objets. C'est la créatrice des autres vaudous, dont leur rôle est d'être en relation avec les humains et le monde réel. Elle représente une entité à part entière plutôt qu'une personne.

Les cérémonies vaudoues

Il existe différents rituels vaudous qui varient selon les coutumes propres à chaque ethnie. Toutefois, ils sont fondés sur les mêmes principes de mise en transe d'un ou plusieurs adeptes lors des cérémonies. Ces rituels sont pratiqués pour diverses raisons : pour soigner, lors de l'anniversaire d'un esprit, pour lui demander une faveur ou encore une protection. Ils sont présidés par un prêtre vaudou ou une prêtresse qui a pour rôle de mettre en relation les humains, le monde des esprits et celui des morts. En plus d'invoquer les iwa avec des paroles sacrées et des offrandes, il se sert d'un hochet, creusé dans une calebasse contenant des os de serpent, des graines ou encore des perles, qui symbolise son pouvoir. Au rythme des chants et tambours, le maître vaudou, et les initiés lors des cérémonies collectives, se met alors à danser jusqu'à entrer dans une profonde transe, de possession par les esprits. Ce culte des esprits est également associé à la divination des fétiches qui sont investis de l'esprit du dieu vaudou lors de ces cérémonies mystiques. Empreints d'une grande symbolique cultuelle, ils sont ornés de plusieurs objets et matériaux, comme des ossements, des fourrures ou encore des fers rituels. Durant le rite, le féticheur verse plusieurs libations (sang de poulet, huile de palme, boissons alcoolisées…) sur les fétiches pour intervenir auprès du dieu. Le vaudou est d'ailleurs souvent assimilé à de la magie noire et à de la sorcellerie, notamment à travers le rituel des poupées, qui consiste à prendre le pouvoir sur une personne particulière à distance. Contrairement à la croyance populaire, la poupée vaudoue n'est pas seulement utilisée pour jeter des sorts à quelqu'un, mais peut être aussi employée pour une bonne cause : envoyer un charme, attirer la chance à quelqu'un, soigner une personne… Comme dans de nombreuses religions animistes africaines, les rites initiatiques vaudous marquent le passage de l'adolescent dans le monde des adultes. Pendant cette période, souvent un temps de réclusion dans une forêt sacrée, le jeune est initié à l'histoire, aux rites religieux, aux danses et au langage initiatique de son clan. Les rites d'initiation comportent également des épreuves destinées à augmenter la force physique et morale de l'initié. La plupart des cérémonies vaudoues se déroulent dans la sphère privée, souvent cachée, mais il existe des cérémonies collectives, ouvertes parfois aux non-initiés.

Le système de divination, Fa

Fa désigne à la fois le nom donné à l'oracle d'origine yorouba et un système de divination ancestrale. Il signifie en langue locale « là où les esprits vaudous viennent parler ». Selon plusieurs légendes, cette divination serait apparue dans la ville d'Ile-Ife, au Nigeria, avant de se répandre dans les pays voisins. Unique en Afrique, cette géomancie s'appuie sur un système complexe de seize figures divines principales et deux cent quarante signes secondaires. Les interprétations du prêtre vaudou, le bokonon, sont alors guidées par Fa, cet esprit prophétique considéré comme la divinité de la sagesse et du destin. Cette méthode est utilisée pour connaître son avenir et prendre des décisions importantes, qu'elles soient individuelles ou collectives. Sous la pression religieuse et l'influence occidentale, cette géomancie est de nos jours de moins en moins pratiquée. Les prêtres, devenus âgés, n'ont pas les moyens nécessaires pour transmettre ces connaissances mystiques, sans parler du manque d'intérêt croissant des jeunes d'aujourd'hui. Pour préserver cet art de divination ancestral, ce système de divination est inscrit sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO, depuis 2005.

Les sociétés secrètes

Le culte vaudou a ses sociétés secrètes dont la fonction est autant sociale que religieuse. Les Egoun, les Guélédé et les Oro sont les trois principales sociétés d’origine yoruba, présentes au Bénin.

Les Egoun sont des « morts revenants ». C’est par eux que les morts se manifestent à leurs descendants. Les sociétés des Egoun sont exclusivement masculines. Vêtus de pagnes très colorés, ornés de coquillages et de paillettes, le visage masqué, les Egoun sortent le jour uniquement. Une cérémonie Egoungoun dure un bon mois et s’achève par un spectacle public où les femmes ne sont pas admises. Le danseur devenant lui-même vaudou, les hommes écoutent ses conseils.

Les Zangbéto, littéralement « gardiens de la nuit », sont une société secrète qui joue le rôle de police et de justice dans les villages. Ils apparaissent comme un masque conique fait de fibre de raphia. Ils interviennent lorsqu’un individu commet une action qui va à l’encontre des intérêts de la communauté. Les Zangbéto entourent du plus grand secret leurs cérémonies, leurs adeptes et leurs temples.

Quant aux sociétés Oro, elles sont très présentes à Porto-Novo.

Citons enfin les sociétés Guélédé en pays yoruba dont les masques sont aujourd’hui célèbres. Les membres de ces sociétés portent des masques d’une grande inventivité recouvrant entièrement le corps. De même, les danses, très codifiées, sont devenues extrêmement raffinées.

A Ouidah, la fête du vodoun

Si le 10 janvier la fête du vodoun est célébrée dans tout le pays, c'est la ville de Ouidah qui est l'épicentre de cette véritable fête nationale. La ville est alors jalonnée de nombreux temples vaudous reconnaissables à leur étendard blanc, la couleur du culte. Pour assister à des cérémonies, vous pouvez demander conseil aux guides du Fort portugais ou de la forêt sacrée, ou bien vous renseigner à l'avance dans les agences de voyages de Cotonou.