XVIe-XVIIe siècle

C’est à cette époque que le peuplement du Bénin s’est effectué en plusieurs phases. Dans le Sud, ce sont les Adja, originaires du Togo, qui ont fondé les puissants royaumes d’Allada (1575), d’Abomey (1645) et de Porto-Novo (1688). Les Yoruba, originaires de l’actuel Nigeria, se sont implantés dans le Sud-Est et le Centre. Enfin les Bariba, des cavaliers venus du Nigeria (Busa), ont essentiellement peuplé le Nord-Est du Bénin. Moins nombreux, les Dendi sont surtout concentrés dans le Nord-Ouest, tandis que les Fulani (ou Peuls) se trouvent dans le Nord et que les Bétamaribé, communément appelés Somba, peuplent les montagnes de l’Atacora.

1645-1685

C’est l’époque du règne de Houégbadja, considéré comme le troisième roi d’Abomey et surtout comme le fondateur du royaume d’Abomey, appelé également Agbomè, Danxomé ou Dan-Homé. Houégbadja, qui a quitté le royaume d’Allada, où régnait une autre branche des descendants d’Agusuvi (des Adja originaires de Tado au Togo), met alors en place les bases d’une administration politique et administrative. A la succession de son père, Houessou deviendra le roi Akaba (1685-1708). Il élargira le royaume jusqu’à l’Ouémé.

1708-1732

L’héritier d’Akaba étant trop jeune pour gouverner, son oncle Dossou gouverne à sa place et se fait sacrer roi sous le nom d’Agadja (1708-1732), le « roi conquérant ».

7 février 1727

Comptoirs et traite négrière

Après avoir annexé le royaume d’Allada en 1724, Agadja lance une attaque contre le royaume de Savi ce 7 février 1727. Une attaque qui lui permet d’annexer le royaume et sa capitale économique Ouidah, mettant en place les bases d’un important commerce avec les Européens qui fera la richesse du royaume. Et la sienne puisqu’Agadja décide de détourner à son profit les richesses procurées par la traite des esclaves en mettant en place une taxe.
A cette période, les Portugais, les Danois, les Français, les Allemands et les Hollandais négocient avec les différents rois l’établissement de comptoirs à Ouidah et à Allada. La traite commence alors pour faire face aux besoins de main-d’œuvre apparus sur le continent américain. Ce commerce, pratiqué du Ghana au Nigeria, dépeuple progressivement les côtes du golfe de Guinée. Au Dahomey, la traite négrière sera alors très développée à Porto-Novo et surtout à Ouidah.

1732-1789

Le règne exceptionnellement long de Tegbessou (1732-1774) est marqué par des affrontements avec les Yoruba d’Oyo et les Houéda. A sa mort, son frère Kpingla (1774-1789) engage les hostilités avec le roi de Porto-Novo, qui a créé un avant-port à Ekpè, concurrençant le commerce d’esclaves de Ouidah. Les guerriers d’Abomey pillent et brûlent la ville.

1797-1818

Après le règne d’Agonglo (1789-1797), qui a succédé à Kpingla, son successeur Adandozan (1797-1818) se distingue par sa cruauté. Il malmène les Européens de Ouidah et jette en prison Francisco de Souza, un métis brésilien grand commerçant. Aidé par le prince Gakpé, le futur roi Ghézo, de Souza s’échappe et aide à son tour le prince à monter sur le trône.

1818-1858

C’est le temps du règne roi Ghézo. Ghézo sera l’un des plus grands rois d’Abomey. Déployant une stratégie de conquête, il réorganise l’armée et crée un corps d’amazones (femmes guerrières). Après avoir battu les Yoruba d’Oyo, les Mahi de Savé et deux chefs du Pays mahi, il fait reposer son trône sur les quatre crânes de ces chefs. Excellent guerrier, Ghézo se montre aussi sage administrateur. Il développe dans son royaume la culture du palmier à huile ainsi que de plantes importées du Brésil, comme le manioc, le maïs, le bananier, l’oranger et l’arachide. Il instaure une justice équitable et signe un traité d’amitié avec les Français. Il succombera à une blessure mortelle qui lui sera infligée par un Yoruba, près de Kétou.

1848

L’abolition de l’esclavage

Le 27 avril 1848, après l’abdication de Louis-Philippe et la proclamation de la IIe République, Victor Schœlcher, sous-secrétaire d’Etat à la Marine et aux colonies, fait signer le décret qui met fin à l’esclavage et à la traite négrière. En réalité, le commerce des esclaves se poursuivra de manière clandestine jusqu’à la fin du XIXe siècle. 

1858

C’est la date à laquelle monte sur le trône Glélé, le fils de Ghézo, qui décide de venger son père en attaquant le royaume yoruba de Kétou, dont il brûle la ville. Glélé laisse les Français s’installer à Cotonou. Quand Jean Bayol, le représentant de la France, tente d’obtenir des garanties à propos de Cotonou et de Porto-Novo, le roi Glélé est malade, et il se heurte à une fin de non-recevoir de la part du prince Kondo, le futur roi Béhanzin.

1889

C’est la date de la mort de Glélé. Béhanzin monte alors sur le trône. Il sera le dernier roi à régner sur le royaume d’Abomey. Plein d’ambition, il engage rapidement les hostilités avec la France. Son yovogan (haut dignitaire) de Ouidah capture des commerçants français et les fait emprisonner. La présence française à Cotonou est remise en cause. Béhanzin ne tarde pas à attaquer les faubourgs de Cotonou, où il est mis en échec. Il se lance ensuite sur Porto-Novo. Là, les armées françaises reculent. Pour éviter l’escalade, des émissaires sont dépêchés auprès de Béhanzin afin de négocier un accord de paix. Le roi demande alors un tribut important à la France pour la laisser commercer depuis Cotonou, mais refuse qu’elle maintienne sa présence à Ouidah. A la suite de quoi, les Français se préparent à reprendre la guerre.

1892

Les guerriers d’Abomey envahissent les territoires sous protectorat français. Le roi Toffa demande alors assistance à la France, qui dépêche Victor Ballot, lequel est accueilli par des coups de fusil. La guerre reprend. Nommé commandant supérieur des établissements français du Dahomey, le colonel Dodds part à la tête d’une armée de 3 000 soldats. Il débarque en 1892 et envoie une missive à Béhanzin. Celui-ci y répond en libérant les ressortissants français, mais refuse de retirer ses troupes. Dès le 19 septembre, les Dahoméens attaquent les troupes du colonel Dodds, causant de part et d’autre de nombreuses pertes. Finalement, les Français sortent victorieux de la bataille et prennent Abomey, le 17 novembre. Entre-temps, Béhanzin s’est réfugié dans l’arrière-pays avec ses troupes.

1894

La colonie du Dahomey

Le 25 janvier 1894, sur la place de Goho à Abomey, Béhanzin se rend au colonel Dodds. Il est alors exilé, avec quelques-uns de ses proches, à la Martinique puis en Algérie, où il meurt en 1906. Son frère accède au trône d’Abomey, sous le nom d’Agoli-Agbo, mais le pouvoir lui est arraché au bout de six ans. Dès lors, le Dahomey est dirigé par les Français et Victor Ballot est nommé gouverneur de cette colonie, créée en 1894.

1904

Dès 1904, la colonie est rattachée à l’Afrique-Occidentale française (AOF), dont le gouverneur général réside à Dakar, au Sénégal. Le Dahomey est alors réorganisé administrativement en 8 cercles découpés en cantons et villages.

1906

Dans le cadre des missions catholiques, le père Steinmetz est nommé vicaire ; il assurera jusqu’en 1934 l’évangélisation du pays. Dans un ultime hommage au travail considérable qu’il a accompli, son nom sera donné, en 1941, à un boulevard de Cotonou.

1915-1919

En 1915, la révolte gronde parmi la population. Beaucoup d’hommes ont été enrôlés de force dans les armées engagées en Europe où la Première Guerre mondiale gronde, et Bio Guéra, un chef bariba, décide de reprendre les hostilités. Il blesse l’administrateur de Parakou et soulève les villes de Nikki et de Bembéréké, mais il sera finalement capturé et décapité en 1919. Dans l’Atacora, les Somba, avec Kaba à leur tête, se rebellent également contre les Français, et Kaba sera, lui aussi, tué avec ses guerriers, en 1918.

1934-1938

Le Dahomey est réorganisé en 13 cercles en 1934 et, enfin, 9 cercles en 1938. Le gouverneur réside à Porto-Novo, d’où il dirige la colonie avec l’aide d’administrateurs français et de quelques Dahoméens.

1944

La conférence de Brazzaville

Lors de la conférence de Brazzaville, la France se penche sur la question des droits des Africains en présence du général Charles de Gaulle alors que la guerre fait rage en Europe. C’est dire l’importance de la question d’une participation accrue des Africains à la vie politique locale.

1946-1956

En 1946, sont institués le travail libre, le droit de vote, qui n’est pas encore universel, ainsi qu’une représentation démocratique au sein du Parlement français. De 1946 à 1956, le grand conseil de l’AOF (Afrique-Occidentale française), les assemblées territoriales et nombre de municipalités élues prennent en main les affaires locales.

1956

L’AOF est alors un territoire de 46 300 km² qui compte 18,7 millions d’habitants et est divisé en 8 territoires : la Côte-d’Ivoire, le Dahomey, la Guinée, la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Soudan français (actuel Mali). Cette année-là est adoptée une loi modifiant en profondeur les relations entre la métropole et les colonies. C’est la Loi-cadre Deferre, qui instaure en Afrique le suffrage universel et dote les territoires d’un régime de semi-autonomie, prélude à l’autonomie. Elues par tous les citoyens, les assemblées territoriales ont le pouvoir de nommer les ministres. L’accès aux plus hauts postes de direction est facilité aux Africains. Des collectivités rurales sont mises en place dans les campagnes. Enfin, la loi Defferre crée les conditions légales de l’action politique. Sourou Migan Apithy fonde le parti républicain du Dahomey (PRD), Hubert Maga le Regroupement démocratique dahoméen (RDD) et Justin Ahomadegbé l’Union démocratique dahoméenne (UDD).

1958

La République du Dahomey est proclamée le 4 décembre. Hubert Maga devient Premier ministre et chef du gouvernement, mais le Dahomey fait encore partie de la Communauté française.

1960

L’indépendance du Dahomey

Ce n’est que deux ans plus tard, le 1er août 1960, que le Dahomey accède véritablement à l’indépendance. Hubert Maga devient le premier président du Dahomey, tandis qu’Apithy est nommé vice-président. Cependant, le Dahomey indépendant est un Etat fragile où la cohésion nationale fait défaut, et une longue période d’instabilité politique va s’ouvrir.

1965-1972

L’instabilité politique

Coup d’Etat militaire, le 22 décembre 1965. Puis, le 17 décembre 1967, de jeunes militaires, dirigés par le commandant Maurice Kouandété et constitués en Comité militaire révolutionnaire, portent l’un des leurs au pouvoir. Celui-ci interdit par décret aux anciens leaders politiques de briguer un mandat électif. En 1968, à l’issue d’élections organisées à la hâte, les militaires nomment le docteur Emile-Derlin Zinsou à la tête de l’Etat. Il n’y reste pas longtemps. Le 10 décembre 1969, il est renversé par les militaires. Appelés à diriger le pays, les leaders historiques Maga, Ahomadégbé et Apithy trouvent alors un terrain d’entente, et instaurent un Conseil présidentiel avec présidence tournante.

1972-1974

L’heure du marxisme-léninisme

Le 26 octobre 1972, l’armée prend le pouvoir et dissout le Conseil présidentiel et l’Assemblée nationale. Le commandant Mathieu Kérékou prend la tête du nouveau gouvernement, appelé Gouvernement militaire révolutionnaire (GMR). Le 30 novembre, il présente son programme qui engage le pays sur une nouvelle voie. Une nouvelle institution est alors créée en 1973 : le Conseil national de la révolution. La formation idéologique et patriotique devient obligatoire. Puis, en 1974, la réforme de l’administration territoriale supprime les structures traditionnelles. Les maires et les délégués se substituent dès lors aux chefs de village, couvents et prêtres animistes. Enfin, le gouvernement adopte officiellement, le 30 novembre 1974 à Abomey, la doctrine du marxisme-léninisme et passe ainsi dans le camp soviétique.

1975

Un parti unique est créé : le Parti de la révolution populaire béninoise (PRPB). La même année, le Dahomey devient la République populaire du Bénin. Les grandes entreprises – banques, assurances et hôtels – sont nationalisées.

1977-1986

Le régime s’est radicalisé et, en août 1977, le Conseil national de la révolution adopte la Loi fondamentale qui conforte le règne du parti unique, avec l’instauration d’un système de candidature unique aux élections. L’opinion est muselée, les prisonniers politiques sont internés des années durant à Parakou, sans être jugés. La mauvaise gestion des finances du pays et la corruption aidant, le pays se retrouve plongé dans une grave crise économique en 1986. Le système politique est qualifié avec dérision de « laxisme-béninisme ».

1988-1989

A partir de 1988, les difficultés ne font que s’aggraver. Le régime est soumis à la pression de la rue ainsi qu’à la vindicte des évêques. Le président échappe à un complot en mars et à un putsch militaire en juin. Quand une grève générale illimitée est décrétée, en avril 1989, le pouvoir est aux abois. Le 29 novembre, Kérékou décide d’organiser une Conférence nationale réunissant tous les acteurs politiques et des représentants de la société civile, afin de trouver une issue à la crise.

1990

La Conférence nationale, la première du genre en Afrique, se tient à Cotonou du 19 au 28 février 1990, sous la présidence de l’archevêque de Cotonou, Monseigneur Isidore de Souza. Elle décide de suspendre la Loi fondamentale en attendant l’adoption de la nouvelle Constitution, qui doit instituer un véritable Etat de droit et autoriser le multipartisme. Les bases de la démocratie et d’une économie libérale sont alors jetées. Nicéphore Soglo est nommé Premier ministre par les participants de la Conférence nationale. Il forme un gouvernement de transition sous la présidence de Kérékou, pour remettre le pays au travail, restaurer l’autorité de l’Etat, moraliser la vie publique et préparer les élections. Un référendum est ainsi organisé le 2 décembre 1990, à l’issue duquel la nouvelle Constitution est adoptée.

1991

Le Bénin démocratique

Les élections législatives ont lieu en février. L’assemblée est présidée par Adrien Houngbédji. L’élection présidentielle est remportée par Nicéphore Soglo. Toutefois, une situation économique difficile attend le nouveau gouvernement et, bien que l’aide internationale soit de retour, la population ne perçoit guère les fruits des réformes économiques.

1996-2006

Dans un contexte socio-économique difficile, Mathieu Kérékou, rallié à la cause démocratique, va être élu en mars 1996, puis réélu en mars 2001. Mais c’est une bien curieuse démocratie que l’on a pu voir à cette occasion ! Soglo et Houngbédji déclarent forfait à l’issue du premier tour qu’ils qualifient de « mascarade », et Bruno Amoussou, qui se retrouve face à Kérékou au second, appelle les électeurs à voter pour… Kérékou. En mars 2006, Mathieu Kérékou a finalement décidé de quitter la scène politique, la Constitution limitant à deux le nombre de mandats. Même si la tentation a été grande de suivre l’exemple d’autres chefs d’Etat africains et de modifier la Constitution...

2006-2016

En mars 2006, Yayi Boni, candidat « neuf » sur la scène politique est élu et arrive avec des idées novatrices. Si le bilan économique de son premier mandat est mitigé, la stabilité politique est maintenue et il est réélu dès le premier tour pour un second mandat en 2011. Un second mandat marqué par une ambiance tendue dans le pays. Yayi Boni soupçonnant ses opposants, l'homme d'affaires Patrice Talon en tête, de vouloir l'atteindre. Boni accuse Talon d'avoir voulu l'empoisonner en 2012 puis d'avoir tenté un coup d'Etat en 2013 depuis Paris (où il est en exil). Mais Boni sera contraint de respecter la Constitution et Talon va pouvoir revenir au Bénin et se présenter à l'élection présidentielle.

2016-2021

Les élections présidentielles vont voir pas moins de 48 candidats sur la ligne de départ ! Patrice Talon est finalement élu en mars 2016. Un camouflet pour Yayi Boni, mais une leçon de démocratie. Grand réformateur, Talon est réélu dès le premier tour en mars 2021.