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La musique tejano

La musique tejano est - comme son nom l’indique - une esthétique purement texane. Parfois appelée « Tex-Mex », cette musique est née du mélange des cultures, occasionné par l’installation des Mexicains au nord du Rio Grande au Texas. Grand brassage, elle a combiné au travers des âges de nombreuses esthétiques, d’abord d’inspiration mexicaine, celle des mariachis et des bandas, puis des styles américains comme le folk, la country, le rock ou le blues. La polka, importée par des migrants originaires d'Allemagne et de Pologne au Texas et au Mexique à la fin du XIXe siècle, a, elle aussi, été déterminante dans la structuration de la musique tejano ainsi que dans l’usage de l'accordéon, devenu un élément essentiel du genre. Un autre instrument particulièrement important dans son essor est le bajo sexto, une basse espagnole à douze cordes.

Des trois principaux courants de musique tejano, le conjunto est le plus populaire. Aussi appelé « Conjunto norteño » ou « Conjunto tejano », le terme désigne autant un type d’orchestre que le genre musical qui a été développé autour de lui, une forme plus traditionnelle et moins américanisée. L'accordéoniste texan Flaco Jiménez est l’emblème du conjunto tandis que Narciso Martínez, lui aussi accordéoniste, en est le pionnier. Aujourd’hui, c’est Santiago Jimenez, Jr., vétéran de San Antonio qui maintient le conjunto vivant.

La première star de la musique tejano dans les années 1940 était Lydia Mendoza, Anselmo Martinez a été quant à lui une des premières grandes voix dans les années 1960 et Selena est de loin le nom le plus important toute époque confondue. Née au Texas en 1971, de parents américano-mexicains, elle est l’emblème de cette musique métissée qu’elle a participé à diffuser aux États-Unis et en Amérique Latine. Son assassinat par une ancienne collaboratrice en 1995 a ému toute l’Amérique.

La country

Le Texas est indissociable de cette image du cow-boy solitaire, au milieu de ses bêtes, les conduisant d’un bout à l’autre de l’État. Solitaire oui, mais toujours accompagné de la musique country. Rencontre entre le rythm & blues noir américain et les tonalités celtes apportées par l’immigration anglo-saxonne, elle est dans ses textes et son esprit, la musique qui comprend le cow-boy, celle dans laquelle il se retrouve, lui et son quotidien, ses préoccupations…

Même si, selon les spécialistes, le berceau du genre serait la région des Appalaches et que Nashville, dans le Tennessee - et sa scène mythique du Grand Ole Opry - est toujours le cœur de l’industrie, la country demeure un genre aux racines profondément ancrées dans le sol texan. Déjà parce que ses premières stars sont associées à la région. D’abord Jimmie Rodgers, le pionnier, et son célèbre « blue yodel » qui passa de longues années au Texas (où il mourut). Puis Bob Wills, le père du « Western Swing », style de country caractéristique du Texas. Lui et ses Texas Playboys ont su incorporer les instruments du jazz, mais aussi et surtout un nouveau swing à la musique country.

Dans les années 1950, les lignes bougent. Inspiré par Bob Wills et emmené par la superstar Hank Williams, le style Honky Tonk, joyeux et dansant, domine le paysage country. Avec sa formule et des titres comme Move It On Over Hank Williams contribue malgré lui à l’avènement du rock & roll, genre détrônant peu à peu la country dans les ventes. L'industrie de la musique country, basée à Nashville, réagit dans les années 1960 en poussant une version de la country très grand public - presque de la pop « saveur country » - supposée répondre au succès du rock & roll.

C’est ainsi que nait dans les années 1970, le mouvement « outlaw country », fusion revêche, brute, de country et rock, en opposition complète avec la fadeur du son de Nashville, portée par les emblématiques Texans Willie Nelson et Waylon Jennings. Et si Nashville est le QG de la country grand public, c’est Austin qui s’impose comme le repaire des outlaws. Austin est aujourd’hui, « l’autre » grande capitale de la country. On peut y voir se produire les derniers grands noms de la country et surtout ceux du Texas comme Wade Bowen, le Randy Rogers Band, Rich O’Tool le groupe Asleep at the Wheel.

Quiconque veut écouter ou danser la country devra se rendre dans un honky tonk, l’institution du genre au Texas. Le honky tonk, c’est le lieu où les amateurs de country communient tous ensemble. Il s’agit d’un bar, accueillant un groupe de musiciens et possédant une grande piste de danse pour permettre aux clients de valser. Le décor peut être agrémenté d’un jeu de fléchettes, de billards, de parcs pour les rodéos… Lors d’une première visite au Texas, il faut impérativement s’y rendre si l’on veut vraiment gouter à la culture country.

Parmi les incontournables, on citera sans hésiter le Broken Spoke à Austin, l’un des meilleurs honky tonk de l’État, une véritable institution. Depuis 50 ans, les plus grands chanteurs de country viennent y interpréter leurs tubes dans une ambiance très conviviale. Les habitués ne manquent jamais d’initier les néophytes à quelques pas de danse. Austin toujours, institution encore, le White Horse est un honky tonk texan tout ce qu’il y a de plus traditionnel avec de la musique live presque tous les soirs. À Houston, le Wild West est le célèbre honky tonk en ville. Expérience authentique garantie.

Autrement, le San Antonio Stock Show and Rodeo, au mois de février, est associé à un festival de musique country et le Tri-State Exposition d’Amarillo, propose aussi pas mal de concerts de country.

Le rock

Oui, le Texas est sans conteste une terre de rock. Et un acteur important dans l’histoire du genre quand on prend en compte que Buddy Holly est d’ici et qu’il a eu une influence sur des jeunes musiciens en devenir comme John Lennon, Paul McCartney ou encore Eric Clapton. Sans compter qu’un autre grand pionnier du rock & roll, Roy Orbison, est originaire de Wink, au Texas. Les années 1960 ont vu naître de nombreux rockeurs très influents, dont l’immense Janis Joplin, originaire de Port Arthur. Née en 1943, Janis Joplin explose dans les années 1960 avec le groupe Big Brother. Véritable impératrice du rock & roll des années 1960, la chanteuse demeure dans les esprits pour son incroyable voix rocailleuse, aux accents blues. L’album Cheap Thrills en 1968, où l’on trouve notamment Piece of my Heart et Summertime est un immense succès qui installe immédiatement l’artiste au sommet de son art. Elle meurt d'une overdose en 1970, à l'âge de 27 ans, participant ainsi à consolider le mythe du « Club des 27 ».

Le mouvement rock psychédélique des années 1960 et 1970 a des racines profondément ancrées au Texas, notamment car le groupe légendaire The Thirteenth Floor Elevators est originaire d'Austin. Même époque, mais autre genre, c’est en 1969, à Houston que se forme le groupe de hard rock barbu le plus célèbre de tous les temps : ZZ Top.

Plus récemment, la région a encore joué un grand rôle dans le paysage du rock en voyant naitre des groupes au tempérament texan comme At The Drive In (d’El Paso), post-hardcore fiévreux et Pantera (d’Arlington) qui a eu une très grande influence sur le métal.

Aujourd’hui, ce sont les Black Angels (d’Austin), qui reprennent le flambeau du rock psyché local et Khruangbin (de Houston) funk rock multicolore et sans frontière qui tiennent le haut de l’affiche.

La musique classique

Le Texas n’a pas offert de grands noms à la musique classique ou l’opéra - hormis peut-être Barbara Smith Conrad (1937 – 2017) une mezzo-soprano à la carrière internationale - mais il y a tout de même deux ensembles intéressants à mentionner. D’abord le Dallas Symphony Orchestra (DSO), professionnel depuis 1945, et qui a accueilli quelques directeurs musicaux remarquables comme l’excellent Jaap van Zweden, actuel directeur du très prestigieux New York Philharmonic et plus récemment Fabio Luisi, qui a été chef principal du Metropolitan Opera de New York entre 2011 et 2017 et Directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Vienne de 2005 à 2013. L’orchestre se produit au Meyerson Symphony Center, réalisé par l’architecte d’origine chinoise IM Pei (connu chez nous pour avoir dessiné la Pyramide du Louvre).

L’autre ensemble important du Texas est la Houston Symphony, qui a notamment été dirigée par André Previn entre 1967 et 1969, ainsi que par le très bon chef colombien Andrés Orozco-Estrada entre 2014 et 2022. L’orchestre se produit au Jones Hall, scène accueillant chaque année environ 170 représentations.

Les musiques actuelles

La reine du hip-hop, Beyoncé, que l’on ne présente plus, est texane. Née en 1981 à Houston, elle se révèle au grand public au début des années 2000 avec le groupe Destiny's Child qui va multiplier les succès commerciaux et cumuler quelque 80 millions de disques. Son premier album solo, Dangerously in Love, est couronné de cinq Grammy Awards. En à peine une décennie, elle est devenue une icône de la musique internationale. En 2010, les magazines Forbes et Time la classent parmi les personnes les plus influentes du monde.

Avant Beyoncé, bien avant, Houston a été une capitale méconnue (par le grand public) du hip-hop. Moins réputée que ses deux cousines du rap sudiste, à New Orleans et Atlanta, la scène de Houston a pourtant été un bastion de ce que l’on appelle le « dirty south ». Houston est une ville tellement grande que la plupart des rappeurs locaux ont longtemps pu se contenter du marché local avant de s’attaquer à l’échelle nationale. Une scène repliée sur elle-même, mais qui a pu élaborer sa propre identité à l’ombre des grandes tendances du rap.

L’aventure du rap de Houston débute avec les Geto Boys, groupe pionnier devenu culte, très sombre, violent et gangster. Issu de ce groupe, le rappeur Scarface a connu une carrière solo explosive couronnée de millions de ventes. Dans le même esprit, on trouve Lil Troy et surtout UGK, duo, lui aussi devenu culte, constitué de Bun B et Pimp C dont beaucoup de rappeurs sudistes se sont revendiqués l’héritage.

Mais Houston, c’est avant tout DJ Screw et son fameux « chopped & screwed », tous deux indissociables de l'identité du rap de la ville. Dans les années 2000, à une époque où les sirops à la codéine faisaient des ravages auprès de la population pauvre américaine - et des rappeurs - DJ Screw a restitué les effets de l’analgésique dans sa musique en la ralentissant à l’extrême, l’engourdissant et la rendant cotonneuse et planante. Une petite révolution qui a transformé le son du rap en son temps.

Après Dj Screw, Houston a continué à cultiver les talents locaux, parfois très liés à l’identité de la ville, parfois plus du tout. Parmi les plus connus, Chamillionaire demeure célèbre pour son tube Ridin, diffusé en boucle à sa sortie en télé et radio et, plus récemment, Travis Scott a transcendé les barrières en emmenant le son de Houston (et le rap en général) sur des terres très arty. Notons aussi que des rappeurs non-natifs de la ville comme le New-Yorkais A$AP Rocky ont connu le succès en utilisant le son de Houston.

Hors de Houston, le Texas a aussi produit quelques rappeurs notables comme la talentueuse Megan Thee Stallion, originaire de San Antonio.

Impossible de parler de musique au Texas sans aborder le cas d’Austin. Surnommée « music city », la ville abrite l’une des plus dynamiques scènes musicales des États-Unis, grâce à la quantité astronomique de concerts proposés chaque semaine sur place. Plus de 200 scènes dans une ville de taille moyenne (pour les États-Unis), ça donne une densité extraordinaire de musique au mètre carré. La ville est donc l’endroit idéal pour se frotter à la jeune création musicale du pays, surtout si l’on s’y rend durant un de ses épatants festivals tels que South By Southwest (SXSW), rendez-vous pluridisciplinaire (musique, cinéma, technologies numériques), l’un des plus importants du pays, où plus de 2 000 artistes se produisent ou Keep Austin Weird, festival célébrant l’originalité d’Austin avec de la musique psychédélique, de l’artisanat local, des concours de déguisement, une course de 5 kilomètres…