Faune maritime et estuarienne

Cinq espèces de tortues marines viennent pondre sur les plages surinamaises. Parmi elles, la tortue luth (Dermochelys coriacea, la plus grande espèce : 400 kg pour 1,60 m), la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea, la plus petite), la tortue verte (Chelonia mydas) ou encore la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata). Toutes ces espèces sont protégées. Matapica et la Réserve naturelle Galibi sont les principales plages qui chaque année, entre février et août, accueillent des milliers de femelles. Pour autant, le littoral surinamais est changeant et certaines plages disparaissent au profit d'autres, en fonction des courants marins. C'est l'occasion de découvrir, la nuit tombée sous un ciel étoilé, le magnifique spectacle de la ponte, ou encore d'assister aux éclosions des petites tortues deux mois plus tard, se ruant vers la mer à peine sorties de l'œuf. La tortue luth est la plus grande espèce de tortues marines : environ 500 kg pour 1,80 m. C'est entre avril et août que chaque année des milliers de femelles, après avoir parcouru des distances incroyables, viennent déposer leurs précieux œufs, qui écloront deux mois plus tard.

Le dauphin de Guyane au ventre rose (Sotalia guianensis), appelé également costero, est aussi une très belle rencontre que l'on fait lors d'une balade sur les estuaires et fait partie des activités incontournables du Suriname. Avec 70 kg pour 1,80 m en moyenne, c’est l’un des plus petits représentants de l’ordre des cétacés ! Longtemps méconnu, ce dauphin a récemment fait l’objet d’études qui ont permis de distinguer deux espèces : le Tucuxi (Sotalia fluviatilis), dauphin rose que l’on retrouve dans les eaux saumâtres du bassin de l’Amazone, et le Dauphin de Guyane (Sotalia guianensis), qui fréquente plutôt les côtes caraïbes et atlantiques du Nicaragua au Brésil. La WWF a organisé un inventaire en 2015 réalisé sur les 4 grands fleuves du Suriname et le long des côtes : 10 groupes de dauphins de Guyane ont été observés, composés de 1 à 8 individus. Entre le fleuve Suriname et Commewijne, les chances d’en voir sont fortes, et même d’apercevoir leur ventre rose lorsqu’ils sautent face au bateau. Les opérateurs qui proposent cette sortie sont en règle générale consciencieux et respectent des règles strictes pour ne pas perturber leur comportement. Cette merveilleuse découverte peut se faire facilement, sans aller très loin : non loin de la capitale, vous aurez l'occasion de vous balader en bateau, avec Waterproof Tours Suriname par exemple, sur le fleuve et découvrir les richesses de ce milieu particulier.

Les lamantins des Caraïbes (Trichechus manatus), plus rares, sont aussi une belle rencontre à faire. Longtemps confondus avec des sirènes de par leurs mamelles et palettes natatoires, ils font partie de l'ordre des Siréniens. Pouvant peser de 400 kg à plus d'une tonne pour une taille allant de 2,50 à presque 4 m, ces mammifères aquatiques placides se nourrissent de plantes et subissent hélas les effets de la présence humaine croissante sur les estuaires (hélices de bateaux, filets, braconnage et pollution de leur milieu contribuent au déclin de l'espèce). Pour certaines populations amérindiennes, il incarnerait l’esprit de l’eau et serait responsable des noyades ou renversements de pirogue.

Autre habitant des lieux : le piranha. La seule évocation de son nom fait frémir ! Ce terme désigne plusieurs espèces de poissons présents dans les rivières amazoniennes. Ces prédateurs aux dents aiguisées se regroupent pour s'attaquer à des proies d'envergure. Cependant ils n'attaquent qu'en présence de sang dans l'eau, qu'ils peuvent détecter à plusieurs kilomètres. S'il est possible de se baigner dans les rivières au Suriname, mieux vaut s'abstenir en cas de plaies ou de blessures ouvertes... pour votre sécurité !

Les animaux de la jungle

Dendrobates, singes, serpents, insectes de toutes les tailles : la variété des espèces que vous rencontrerez en forêt est surprenante. Si l'on peut se faire une idée de la faune présente au Suriname en se rendant au Zoo du Jardin botanique Cultuurtuin, non loin du centre de Paramaribo, c'est bien en s'enfonçant dans l'intérieur des terres que l'on découvrira les animaux de l'amazone dans toute leur majesté. Leur observation nécessite patience et détermination : certaines espèces s'observant à l'aube et d'autres la nuit, il faudra s'adapter et apprendre à se mouvoir sans bruit, les yeux rivés vers les arbres, notamment au cœur du Parc naturel de Brownsberg ou de la Réserve naturelle du Suriname Central.

Côté mammifères, le Suriname en abrite près de 200 espèces, dont les tailles sont très diverses. Le tapir ou maïpouri (Tapirus terrestris) est le plus gros mammifère terrestre d'Amérique du Sud, avec un poids pouvant aller jusqu'à 300 kg. Les félins, bien que de plus en plus rares en raison du braconnage et de la déforestation, sont présents en forêt amazonienne, avec parmi eux le majestueux jaguar (Panthera onca), le puma (Puma concolor) ou encore l'ocelot (Leopardus pardalis). Les primates sont nombreux eux aussi, et certaines espèces sont facilement observables : on entendra par exemple les fameux cris des pacifiques singes hurleurs (Alouatta seniculus) et on appréciera l'agilité des singes araignées ou atèles (Ateles paniscus), tous deux dotés d'une queue préhensile. Différentes espèces de gibiers sont aussi très répandues au Suriname (et appréciées dans la cuisine créole), comme les biches, les agoutis, les pécaris ou encore le fameux cabiaï, appelé également capybara (Hydrochaeris hydrochaeris). Ce dernier est le plus gros rongeur du monde et peut atteindre 1,35 m de long pour un poids de 65 kg. Certains mammifères du Suriname se démarquent aussi par leur originalité : le tatou, avec sa carapace à bandes, les marsupiaux, avec leurs poches ventrales ou encore le fourmilier géant (Myrmecophaga tridactyla), au museau allongé lui permettant de fouiller termitières et fourmilières. Parmi les espèces amusantes à observer, on retrouvera le lent et gracieux mouton paresseux (ou paresseux à trois doigts ou aï) ainsi que l'agile et curieuse loutre géante (Pteronura brasiliensi). Cette dernière est beaucoup plus rare que le paresseux : on aura la chance de l'apercevoir dans les fleuves les plus éloignés du Suriname. Elle peut mesurer jusqu'à 1,80 m pour 45 kg et c'est aussi une espèce intégralement protégée.

En termes d'insectes, la forêt amazonienne en est l'un des plus importants réservoirs : papillons multicolores, longicornes originaux, scarabées robustes ou fourmis géantes, les scientifiques auraient répertorié environ 2,5 millions d'espèces d'insectes. Pour autant, les recherches continuent et tous les ans de nombreuses nouvelles espèces sont ajoutées à la liste. Parmi les plus connus, on ne citera que la fameuse mygale, pas si agressive qu'on le prétend, ainsi que le célèbre morpho, papillon géant à la couleur bleue électrique.

Enfin, les reptiles (130 espèces en tout) et amphibiens (99 espèces) sont tout aussi importants et leur rencontre est des plus faciles : les serpents sont nombreux en forêt, mais il faudra faire preuve de patience pour les repérer. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les attaques sont rares et tous ne sont pas venimeux. Les grenouilles et dendrobates sont quant à elles nombreuses et arborent des couleurs vives, synonyme de danger pour de potentiels prédateurs. La fameuse dendrobate bleue (Dendrobates azureus) est une des plus belles représentantes. Pour ce qui est des caïmans – facilement repérables de nuit grâce à la lumière des lampes se réfléchissant dans leurs yeux, notamment dans la Réserve naturelle Copi –, il en existe 4 espèces : le caïman à lunettes (Caiman crocodilus) le plus fréquent, le caïman noir (Melanosuchus niger), pouvant atteindre 7 m de longueur, ou encore les caïmans rouge et gris.

Le paradis des ornithologues

Avec plus de 700 espèces répertoriées, le Suriname est un lieu prisé des ornithologues du monde entier ! Que l'on soit en forêt ou à proximité des villes, la diversité ornithologique saute aux yeux et titille l'oreille. On appréciera le chant des perroquets, le rouge vif des ibis (Eudocimus rubber) dans la Réserve naturelle Wia Wia, le cri perçant des aras dans la Réserve naturelle de Peruvia, l'envol maladroit des toucans, ou encore les couleurs magnifiques du coq de roche (Rupicola peruvianus). En forêt, de nombreux oiseaux rares comme les hoccos, agamis, marails, tangaras, oiseaux cloche, coracines chauves ou caracaras à gorge rouge sont aussi observables.

Mais le plus impressionnant de tous est bien l'aigle forestier, plus connu sous le nom de harpie féroce (Harpia harpyja). Très rare dans toute son aire de répartition, c'est un oiseau puissant et massif d'un mètre pour un poids de 9 kg. Ses ailes courtes (2 m d'envergure) lui permettent de se diriger rapidement à travers les branches des arbres pour s'attaquer aux grands singes ou paresseux. Son bec et ses serres épaisses et pointues lui permettent de maintenir sa proie en vol jusqu'au nid. Cette proie peut peser jusqu'à plus de 70 % de son propre poids.

Autre célébrité parmi les oiseaux surinamais : le picolette. Ne vous étonnez pas de voir ces petits oiseaux en cage baladés à vélo ou suspendus à des arbres, ils sont connus pour leur chant et peuvent rapporter à leur propriétaire une belle somme lors des concours organisés sur la place de l'Indépendance à Paramaribo. Le concours a des règles très précises : les cages sont mises l’une à côté de l’autre afin que les mâles s’affrontent. Pendant un temps chronométré, l’oiseau va chanter, l’idéal étant des chants courts et nombreux, de manière consécutive. Malheureusement, suite à de nombreux prélèvements dans leur milieu naturel, les picolettes sont en voie de disparition au Suriname et en Guyane française.

Bigi Pan, dans le district de Nickerie, est la réserve la plus prisée pour l'observation d'oiseaux. Le Cultuurtuin (jardin botanique), situé à 2 km du centre-ville de Paramaribo, attire également de nombreuses espèces, idem pour le Peperpot Nature Park dans le district du Commewijne.

Flore et réserves naturelles

Peu adapté au tourisme de masse, le Suriname dévoile des territoires authentiques et peu foulés par l'homme, et c'est à travers ses réserves et parcs que l'on pourra surtout observer l'étonnante diversité de la flore et de la faune surinamaises. La végétation y est des plus luxuriantes, avec environ 4 500 espèces de plantes, allant du fromager au nénuphar, en passant par l'orchidée et l'hibiscus. Les plantes et arbres que vous découvrirez ici sont d'une diversité extraordinaire en raison de la grande variété de milieux : savanes, zones marécageuses, petites rivières et grands estuaires, sans oublier l'immense forêt tropicale. Un survol de la canopée permet de sonder rapidement cette richesse : certains arbres culminent à 60 m !

Dans le seul territoire du Brownsberg Nature Park, plus de 1 450 espèces de plantes ont été recensées, dont des mousses et des fougères étonnantes. Sur cette variété floristique, 138 espèces sont même considérées comme rares et 12 comme endémiques à cette montagne. La Réserve naturelle Central Suriname affiche une variété non moins impressionnante : parmi les 3 000 espèces de plantes répertoriées, environ 50 sont rares et endémiques à la zone.
Au nombre des espèces végétales surinamaises retenant l'attention, on citera le margousier ou Neem (Azadirachta indicata), originaire d'Inde. Cet arbre, appelé aussi « pharmacie du village », possède moult vertus médicinales. Antipaludique, il agit aussi contre la fièvre, la soif, les maladies de peau ou encore les piqûres de scorpion et de serpent.
Le palmier est aussi une espèce importante au Suriname : palmiers à huile (Elaeis guieensis) ou palmiers Tallipot (Corypha umbaculiferaa), ils sont partout et rendent de nombreux services à l'homme. Certaines de ces plantes (considérées comme tels, car elles possèdent un stipe en guise de tronc) produisent même des graines comestibles et très bonnes pour la santé, et que de nombreux animaux comme le toucan viennent déguster. Pour tous les découvrir, mieux vaut se rendre à la Réserve naturelle de Peruvia, connue pour son importante collection, incluant le fameux palmier-bâche (Mauritia flexuosa).

A Paramaribo, on appréciera l'ombre dispensée par les magnifiques palmiers royaux (Roystonea regia) du Palmentuin : originaires du Venezuela, ils peuvent mesurer jusqu’à 50 m de hauteur ! Dans la capitale, on ne manquera pas non plus les majestueux Mahogany (Swietenia mahagoni) ou acajous d'Amérique ou des Antilles, connus pour leur résistance au feu. Longtemps exploités pour la production de meubles et d'habitations de qualité, ils sont désormais en voie de disparition. Toujours dans la capitale, tous les dimanches matin à Cultuurtuin, les amateurs d'orchidées trouveront à coup sûr leur bonheur au marché aux orchidées, avec des espèces des plus courantes aux plus exceptionnelles.

Enfin, parmi les plantes aquatiques, on relèvera le magnifique et rare lotus bleu : dans les marécages aménagés, notamment au Fort Nieuw Amsterdam, il a été importé par les Indonésiens et peut même être dégusté dans certains plats.